Le salon Solutions, manifestation rituelle de la profession des éditeurs de solutions de rationalisation de la gestion et de la conquête de marchés, se tiendra les 5 et 6 octobre prochains à la Porte de Versailles.
L’occasion pour les exposants de revoir partenaires, clients ou visiteurs en recherche de solutions. Le salon de l’an dernier, juste avant les nouvelles interdictions fut, en effet, en demi-teinte.
Les acteurs de la profession se portent, en général, bien, voire très bien. La nécessité de poursuivre les activités à distance, ainsi que les obligations légales de plus en plus nombreuses, poussent les entreprises, y compris les PME-PMI, à s’équiper. Cela fait par exemple le bonheur d’Esker, dont le CA et le résultat explosent. Esker, qui est très internationalisée historiquement, avec une forte présence aux USA, a d’autant mieux résisté à la crise, que ,rapporte Thomas Honegger, directeur général France, l’impact sur les affaires du prestataire lyonnais aux Etats-Unis et en Asie par rapport au niveau attendu a été quasiment nul en 2020, contrairement à ce qui est arrivé en Europe du Sud.
Cela étant, « l’enjeu est fort dans l’order to pay et l’order to cash », indique-t-il. Dès lors, des projets – parfois de grande dimension – continuent d’arriver chez Esker, avec « un engouement marqué pour la digitalisation des processus », toujours selon Thomas Honegger.
Pour répondre à la demande actuelle et future, Esker multiplie les innovations, « en perfectionnant ses suites logicielles et en les complétant régulièrement, comme par exemple récemment avec un module spécifique de credit management ».
L’obligation faite aux entreprises de recourir à l’envoi de factures dématérialisées dés 2023, même à leurs partenaires du privé, fait le bonheur d’Esker, comme des autres intervenants de la place, à l’image de Ventya.
Dominique Bougnot, son directeur général, fait valoir un exercice 2020-2021 raisonnablement satisfaisant, eu égard au contexte, sachant que son CA repose principalement sur les transactions effectuées au travers de son portail Clear’Invoice et que Ventya est très bien implantée dans le domaine de la mobilité, fortement touché par la pandémie.
Les fondamentaux poussent cependant en sa faveur. La ruée sur la digitalisation se poursuit, même dans des milieux réticents à la base comme les coopératives agricoles. Pendant ces longs mois, beaucoup de factures clients n’étaient pas honorées, du fait du télétravail (une bonne excuse parfois !).
Les entreprises ont donc fait contre mauvaise fortune bon cœur, en prenant ainsi en considération, souligne Dominique Bougnot, le gain économique sur l’envoi de chaque facture, « puisqu’une facture électronique revient quatre fois moins cher que son homologue papier ».
Ventya propose à ses clients d’opérer via son portail Clear’Invoice des échanges électroniques avec ses partenaires commerciaux (factures entrantes, sortantes…). Un service d’éditique, de mise sous pli et l’expédition par courrier est cependant disponible. Même dans le cas de commandes de l’Etat, Dominique Bougnot estime qu’il est plus pratique de faire transiter les factures par le portail de Ventya, qui gère ainsi « l’ensemble du portefeuille », que d’aller directement sur Chorus, plate-forme des fournisseurs de commandes publiques. Cela évite, par exemple, de faire revalider régulièrement sa signature électronique, puisque c’est Ventya qui le fait. Les factures peuvent être stockées sous une forme hautement sécurisée, pendant dix ans, via le partenaire de référence qu’est Arkhineo (Groupe Docapost).
Ventya a su diversifier sa clientèle ces dernières années, au-delà de son socle de base vers d’autres métiers, la cosmétique (Yves Rocher), la mobilité (tourisme, voyage d’affaires, assistance) ou encore les coopératives agricoles. Plus généralement, toutes les tailles d’entreprises sont accessibles, « avec une importante capacité de personnalisation de la solution, si besoin est ».
Univers des ERP : des PME agiles
Celles qu’on appelait autrefois les SSII ont été la plupart du temps créées par des informaticiens. Elles se sont développées au fil du temps, pour être fréquemment revendues par la suite à des groupes, à la suite du départ en retraite du principal fondateur. Ce qui leur a fait perdre en authenticité. C’est dommage car elles sont souvent nées puis ont prospéré en province. On peut penser à Qualiac en Auvergne (Aurillac), ou à Sylob à Albi, entre de nombreux exemples. Qualiac et Sylob ont été vendues à des groupes depuis quelques années.
Heureusement, il existe encore des exemples d’entreprises du secteur des CRM, ou des ERP, qui demeurent indépendantes et progressent, parfois discrètement.
Il en est ainsi de Info 3W, fondée il y a vingt ans et dont le principal établissement se trouve à Obernai (Alsace). Guy White, père des actuels dirigeants, Michel et Dominic, avait, dans les années 80, fondé une entreprise (Sem Suhne) spécialisée dans la fabrication de transformateurs spécifiques, destinés en particulier, à l’origine, à l’univers de la téléphonie.
Dès la fin des années 90, un logiciel fut créé pour rationaliser les pratiques de la production, avec donc une visée interne. Il fonctionnait à la satisfaction générale. Du coup, Michel et Dominic White eurent l’idée de monter une nouvelle structure, Info 3W, afin de commercialiser leur logiciel d’ERP/SetInUp destiné à gérer une entreprise « de la production à la facturation en passant par les interventions ». « C’est un outil informatique conçu par des industriels pour des industriels », énonce Michel White. « Nous connaissons très bien les évolutions en la matière en milieu industriel, et sommes capables de faire bénéficier de notre expertise nos confrères industriels, non seulement en matière logicielle, mais aussi en les conseillant dans leurs process ».
Michel White énonce trois objectifs principaux pour les prochaines années : développer SetInUp sur le cloud, affirmer sa position dans les secteurs de l’industrie, mais aussi celui de la pose-installation-intervention, souvent connexe, enfin demeurer éditeur et intégrateur du logiciel. L’implémentation, est soit dit en passant, souvent effectuée par Michel White lui-même. La version on premise (traditionnelle) se nomme Alix.
Le gérant d’Info 3W annonce également l’arrivée récente d’un module de gestion de projets. Il se montre raisonnablement optimiste pour la suite, « alors que les entreprises sont conscientes que l’on gagne beaucoup de temps, donc d’argent, avec le numérique ».
Les agriculteurs s’y mettent aussi
Les agriculteurs, population des plus traditionnelles, se mettent à l’utilisation des moyens modernes, par choix ou par nécessité. C’est ainsi que la dématérialisation de documents fait une percée chez eux depuis quelques années, souvent directement ou indirectement à travers les coopératives auxquelles ils sont affiliés.
En voici un exemple, au travers des services rendus à 42 coopératives en France, rassemblant plus de 100 000 agriculteurs par Adherents.Coop, qui est une émanation de la Coopération Agricole, créée il y a vingt ans, au moment de l’émergence d’Internet et des nombreux outils qui allaient y être associés. Ces outils allaient profondément modifier la communication entre les coopératives et les agriculteurs partenaires.
Partenaire, cela correspond à un triple lien :
- Capitalistique : ces agriculteurs sont porteurs de parts de leur coopérative.
- Client : ils livrent leur production à la coopérative.
- Fournisseur : la coopérative leur fournit, en particulier, les intrants nécessaires à leur production.
L’idée d’Adherents.Coop était de fournir à l’agriculteur un maximum d’informations sur leur relation avec leurs coopératives au travers d’un portail de services dédiés, explique son directeur, Sébastien Gaborit. « Nous offrons, poursuit-il, une série de briques applicatives dans lesquelles les coopératives clientes viennent chercher ce qui leur paraît utile, pour bâtir leur propre portail de services ».
Adherents.Coop assure le développement, le support et l’hébergement de sa solution. Ces échanges de documents à travers les portails se sont étendus ces dernières années aux factures. Les factures sont toujours émises par la coopérative (auto-facturation pour les remises de marchandises par les agriculteurs, facturation fournisseur pour les produits livrés en vue de leur exploitation).
Jusqu’à un terme assez récent, les factures étaient toujours adressées par courrier. Les duplicatas étaient stockés et disponibles sur le portail, mais sans valeur probante. « Nous avons pour ambition de faire passer intégralement les agriculteurs à un parcours de factures purement digital, explique encore Sébastien Gaborit, d’autant que l’obligation légale d’y recourir se rapproche ». Adherents.Coop propose donc un service entièrement digital à travers le portail extranet de chaque coopérative concernée, qui génère des factures au format PDF avec valeur fiscalement probatoire.
La prestation est exécutée d’une manière totalement transparente pour les intéressés par Ventya, qui signe et génère un certificat électronique et procède au stockage de documents dix ans garanti sans modification, ce qui est conforme aux normes en vigueur.
Ventya a été choisie après un appel d’offres, principalement sans doute pour sa capacité à bien comprendre le métier des coopérateurs et donc à leur proposer, « dans le cadre d’une entreprise à taille humaine », la solution aboutie la plus adaptée. Une fois le dispositif mis en place, qu’en est-il de l’adhésion des agriculteurs ? « Même si l’habitude d’imprimer les PDF reste forte, admet Sébastien Gaborit, les agriculteurs sont généralement satisfaits du nouveau process, qu’ils demeurent libres ou pas d’adopter ». « En effet, relève-t-il, ils apprécient de pouvoir à coup sûr récupérer leurs factures, parfois égarées auparavant, et surtout peut-être la rapidité dans l’expédition des factures ». Le volume des factures traitées par les coopératives concernées va de 15 000 à 300 000 par an.