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Chine : un grand pays qui se cherche

Après la formidable expansion liée à la politique menée par le petit timonier, Deng Xiaoping, à partir des années 1980, la Chine semble se chercher aujourd’hui un nouveau souffle, au sens propre comme au figuré d’ailleurs, tant la problématique de la pollution y est prégnante. Nous avons souhaité dans ce numéro faire un point sur l’évolution du pays de la grande muraille, à l’aune bien sûr des opportunités, mais aussi des difficultés que peuvent présenter les initiatives que vous, patrons de PME-PMI ou d’ETI, pourrez prendre là-bas.

Le premier constat est clair : certes, la croissance est moins robuste en pourcentage qu’auparavant (un peu plus de 6,5% au lieu de 10% pendant longtemps) mais l’on part évidemment de plus haut, et la Chine détient la deuxième place du concert des nations en termes de PIB. Le PIB par habitant est cependant beaucoup moins élevé qu’en France (8220 USD contre 38 458 USD chez nous). Elle demeure le pays le plus peuplé au monde, avec près de 1,4 milliard d’habitants vivant dans un peu moins de 10 millions de km2. La politique de l’enfant unique, abandonnée en 2015, a pourtant freiné la progression et provoqué un vieillissement de la population qui commence à poser des problèmes.
Quoi qu’il en soit, l’atterrissage, en principe en douceur, de l’économie chinoise devrait se poursuivre en 2016, malgré les mesures de relance budgétaire, car, relève l’assureur Coface, les entreprises sont très endettées et dès lors l’assouplissement monétaire s’avère inefficace. Quant à l’augmentation du revenu disponible, elle devrait ralentir et freiner la progression de la demande intérieure que souhaitent promouvoir les autorités dans un contexte de moindre consommation. Malgré une explosion des ventes en ligne, le commerce de détail est en effet moins vigoureux, selon le FMI.
Les performances à l’export sont également moins spectaculaires que précédemment. C’est lié à la relative faiblesse de la demande internationale, mais aussi à une compétitivité mise à mal par la hausse des salaires qui rend certains pays d’Asie du Sud Est plus attractifs de ce point de vue. Un autre point d’inquiétude soulevé par Coface est relatif à l’endettement élevé des entreprises, particulièrement des PME-PMI, lesquelles auraient de plus en plus souvent recours au « shadow banking » qui finance des projets à des taux prohibitifs. De même, la Bourse a franchement reculé ces derniers mois et le marché obligataire a connu des défauts «  en nombre croissant » sans pourtant que les investisseurs cèdent la panique. D’ailleurs, les services financiers poursuivent leur développement. Le marché de l’immobilier est quelque peu déprimé même si les prix sont repartis à la hausse dans les grandes villes. Un « choc de grande ampleur » est cependant probable, selon les experts de Coface.
L’assureur, dans son dernier rapport sur l’Empire du Milieu, insiste cependant sur « un accès difficile […] aux bilans d’entreprises, et sur une protection en ligne insuffisante des créanciers.

Commerce extérieur : une part croissante de la France

On l’a vu plus haut, les exportations chinoises ont quelque peu rebondi au premier trimestre. L’an dernier, elles avaient cependant reculé sensiblement à 2277,1 millions de dollars (-2,8%) tandis que les importations connaissaient une baisse beaucoup plus marquée, en partie liée à la chute des prix du pétrole (-14,3% à 1682 millions de dollars). On voit que l’excédent chinois reste considérable.
Dans ce contexte, le commerce extérieur bilatéral franco-chinois a progressé d’environ 10% en 2015. Si nos exportations progressent, avec 16,4 milliards d’euros (cumul sur les onze premiers mois de 2015), notre déficit demeure considérable, à 26,1 milliards d’euros.
La Chine s’avérait néanmoins notre 7e plus gros client (4,33% de nos exportations) et notre deuxième fournisseur (9,39% de leurs importations). Loin derrière les plus grands fournisseurs de l’Empire du Milieu (la Corée du Sud, Taïwan, les USA, le Japon, l’Allemagne, l’Australie voire le Brésil), nous tirons cependant notre épingle du jeu dans l’aéronautique, les équipements numériques, l’électronique et l’informatique, les produits alimentaires, et bien sûr les parfums et cosmétiques. A propos de vins, notre part se maintient à 43,8% en 2015, malgré la concurrence chilienne et australienne. Notre part est encore plus importante dans les spiritueux (76% en 2014).
Face à une clientèle chinoise davantage férue de produits réputés plus sains et plus occidentaux, nos produits épiciers et laitiers trouvent davantage preneur. La tendance est la même dans le domaine de la santé, en raison du vieillissement de la population, mais aussi d’une plus grande propension à de meilleurs soins. Business France relève ainsi que le marché des dispositifs médicaux va bientôt accéder au premier rang mondial. Nous sommes n°1 en matière de cosmétiques.
Une population nombreuse augure d’un marché automobile puissant. C’est le cas. Et nous tirons notre épingle du jeu, avec Renault ou encore DS. 23,5 millions de véhicules ont été vendus en 2014.
Dans le domaine énergétique, nos offres en matière d’énergie propre, souvent performantes, peuvent trouver leur place, explique Business France, alors que la pollution dont souffrent les villes chinoises retient l’attention des autorités. Le plan quinquennal en cours prévoit l’accroissement de la part du nucléaire, mais aussi celle des énergies renouvelables.
Si l’on observe un léger ralentissement des PME entrant en Chine (128,5 milliards d’USD pour 2014, soit +3,7% en glissement annuel d’après la Banque mondiale), le pays-phare de l’Asie de l’Est reste la première destination mondiale des PME, loin devant les Etats-Unis (92,4 milliards d’USD pour ces derniers en 2014).
Quant à nous, nous serions, d’après le ministère du Commerce intérieur de Pékin, le 8e plus gros investisseur étranger et surtout le deuxième européen pour les huit premiers mois de 2015.
Toujours d’après les autorités chinoises, plus de 1500 entreprises tricolores étaient présentes là-bas en 2014, ce qui correspond à environ 2500 implantations. Elles sont principalement concentrées à Shanghaï (36%), à Pékin (20%) ou encore dans le secteur de Canton (15%). Nos entrepreneurs s’implantent désormais aussi dans les zones moins répertoriés précédemment, du centre et de l’ouest.

 
Quelques conseils élémentaires

Business France nous rappelle un certain nombre de conseils élémentaires. Le « global english » est insuffisant en Chine, en tout cas en règle générale. « Le mandarin reste la langue des affaires » soulignent ses experts. Dès lors, il convient de faire appel à « un interprète de bon niveau » pour les rendez-vous d’affaires.
Les recherches sur la Chine sont essentiellement accessibles sur place à travers les seuls sites de recherche chinois. En ce qui concerne les importations, elles sont soumises à trois catégories de droits et de taxes. Les droits de douane à proprement parler, la TVA et une taxe sur la consommation. Business France met également en garde sur les normes en matière d’emballage ou d’étiquetage, ces normes pouvant parfois s’imposer, même pour des exportations temporaires, en vue d’expositions par exemple.
En revanche, les experts de Business France se veulent rassurants en matière de protection intellectuelle, la législation en vigueur leur paraissant raisonnablement protectrice à cet égard. Mais, évidemment, la réglementation est complexe et il convient de s’entourer de bons spécialistes en la matière.

Transport aérien : l’abondance

Tous les principaux acteurs aériens, et même de nombreux plus petits, se sont intéressés au trafic vers la Chine, en progression exponentielle ces dernières années. Air France revendique le fait d’y avoir été présente bien avant les autres, dès 1966, ce dans la foulée de la politique gaulliste et du rapprochement de notre pays avec la Chine populaire. Cette longue histoire a sans doute contribué au fait qu’Air France KLM est leader européen sur les liaisons entre l’Europe et l’Empire du Milieu, en nombre de passagers transportés. Les deux compagnies desservent neuf destinations en propre depuis leurs hubs respectifs de Paris CDG et Amsterdam-Schipol : Pékin, Chengdu, Canton, Hangzhou, Hong Kong, Shanghaï, Taïpei, Wuhan et Xiamen. Ce qui représente jusqu’à 89 vols par semaine dans cette configuration.
En termes de confort du passager, Air France propose son nouveau produit long-courrier Best sur l’ensemble des destinations opérées en propre (Pékin, Canton, Hong Kong, Shanghaï et Wuhan/Canton). L’A380 dessert Shanghaï et Hong Kong (certains jours de la semaine). De nombreuses autres villes chinoises sont reliées grâce à des partenariats avec des compagnies chinoises.