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Afrique de l’Ouest : une croissance souvent dynamique

La plupart des pays d’Afrique de l’Ouest connaissent une croissance dynamique. Leur volonté de se doter d’infrastructures plus modernes? jointe dans certains d’entre eux, à une amélioration du pouvoir d’achat des habitants, contribue à dynamiser les échanges, ainsi qu’à susciter un intérêt plus marqué de nos entreprises, pour y exporter, ou s’y implanter. Pour autant, tout n’est pas rose. Nous cherchons pour vous, à la suite de faire la part des choses.

 

Côte d’Ivoire : le retour de la locomotive

La Côte d’Ivoire était un des fleurons de l’empire français. Un leader sage a pu la faire passer de la domination coloniale à l’indépendance. C’est pourquoi la communauté française était demeurée importante là-bas. Car, dans le même temps, l’économie était relativement prospère. Après la mort de Houphouët Boigny, la Côte d’Ivoire a connu, dans un premier temps, une transition correcte. Malheureusement, assez rapidement, des conflits politiques? s’appuyant sur des bases ethno-religieuses, ONT plongé le pays dans une crise grave et longue.
Aujourd’hui, les choses se sont apaisées, malgré la proximité d’une zone sahélienne dangereuse. La gouvernance d’Alassane Ouattara paraît solide. Elle a contribué à une reprise économique significative, tandis que les comptes publics étaient surveillés de près, en accord avec le FMI. Ainsi, le solde déficitaire du budget doit-il tendre vers 3% en 2019. Cela rappelle quelque chose ! Il a pourtant tendu augment2 régulièrement ces dernières années, atteignant 4% en 2016, pour une prévision de -3,6% en 2017.
Selon les analystes, l’augmentation des dépenses - certaines d’entre elles indispensables, comme pour la sécurité, la santé ou l’éducation, ont pesé sur le déficit. Il convient de rappeler que la Côte d’Ivoire a bénéficié d’un allègement de sa dette en 2012, ce qui lui permet d’afficher un niveau se situant à un pourcentage raisonnable du PIB (49% en 2016, 48,3% en 2017 selon les projections).
Pendant ce temps-là, la croissance de l’économie demeure extrêmement vigoureuse, à 8% en 2016, après 8,5% en 2015 et peut-être de nouveau 8% cette année. Notons qu’en parallèle l’inflation est très faible (1% en 2016).
Cette croissance est tirée par les grands travaux de remise à niveau des infrastructures, mais aussi par la normalisation de la situation, rappellent en substance les experts de Coface dans leur dernière analyse. Les investissements sont particulièrement soutenus également dans les secteurs agro-alimentaires et du logement, alors que la consommation privée s’avère vigoureuse, à la suite de la mise en place de prix garantis aux agriculteurs, de la CMU, ainsi que d'un relèvement des salaires.
Cependant, les analystes de Coface pointent certaines difficultés. Ils soulignent ainsi la nécessité de continuer à développer le secteur manufacturier, de réduire les inégalités –criantes, en particulier chez les jeunes urbains. Malgré tout, une diversification économique est en cours, au-delà du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial. D’autres richesses, agricoles mais aussi minières ou pétrolières, sont à signaler. La production d’hydrocarbures est cependant actuellement en recul. Elle devrait rebondir d’ici quelques années, à la faveur de la mise en exploitation de nouveaux gisements.

Des échanges commerciaux franco-ivoiriens toniques

Les échanges commerciaux franco-ivoiriens se retrouvent en plein regain, après une stagnation bien compréhensible jusqu’en 2011. Au regard des données de 2015, nous constatons une hausse globale de 10,8% des flux de marchandises, selon les données fournies par le service économique régional d’Afrique de l’Ouest de l’ambassade de France en Côte d’Ivoire. Nos exportations ont pris 3,9% à 1,11 milliard d’euros. La structure de nos ventes reste stable. Dominent les équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques (27%), suivis des produits agricoles et halieutiques (18%) ou encore agro-alimentaires (13%). Notons que les céréales comptent à elles seules pour 11% du total en 2015.
Parmi les poussées notables en 2015, signalons les machines pour l’extraction, la construction ou l’usage général (+29% à 49M€), les équipements de communication (40M€, +28,3%), ou encore informatiques (29M€, +39%).
Quant à l’agro-alimentaire, il est marqué par une notable hausse de nos exportations de vin (+25%, à 15M€). En revanche, nous avons vendu en 2015 moins d’automobiles (17M€, -20%), mais encore de matériel de distribution et de commandes électriques (18M€, -17%). La Côte d’Ivoire reste le 3e client de la France en Afrique sub-saharienne, avec 9% de parts de marché, derrière l’Afrique du Sud (14,8%) et le Nigéria (10,6%). Quant à nos importations de l’ancien pays des éléphants, elles ont bondi de 22% en 2015 à 722M€.
Le cacao se taille, si l’on peut dire, la part du lion (305M€, +13%, en raison de la hausse du prix de cette matière première) devant le café et les autres plantes à boissons (171M€, +61%). La Côte d’Ivoire est devenue notre premier fournisseur en zone France.

IDE 2016

La France arrive en tête des IDE en Côte d’Ivoire en 2016, selon les données fournies par le Cepici, grâce à deux grands investissements privés. Nous arriverions à 12% des agréments (80,6 milliards de francs CFA, juste devant le Nigéria). Le secteur du BTP attire principalement des investisseurs devant les NTIC, l’agro-industrie et les transports. Le gouvernement ivoirien a la volonté de favoriser les investissements étrangers – plus de 50% proviennent d’Afrique, en favorisant l’environnement des affaires.


Sénégal : une industrialisation balbutiante

La capitale du Sénégal, Dakar, était également celle de l’AOF. Force est de regretter que ce pays, malgré le départ d’un président si charismatique, Léopold Sédar Senghor et une succession plutôt bien maîtrisée, soit resté un peu à la traîne ces dernières années. La pauvreté y est encore très prégnante, tandis que l’environnement régional est trouble (problèmes de la Gambie apparemment en cours de résolution, ou encore rébellion endémique en Casamance). Cependant, la croissance, là-aussi, s’emballe. Voilà les raisons de s’intéresser à ce pays.

La croissance a en effet atteint 6,6% en 2016 pour se situer probablement à 6,8% en 2017. De grands projets d’investissement sont mis en œuvre, afin d’améliorer les infrastructures, mais pas seulement. L’Etat a engagé de gros chantiers, mais souhaite y associer des investisseurs privés. Les secteurs stratégiques, résument en substance les analyses de Coface, soutiennent l’économie : agriculture, agro-industrie, énergie, extraction minière, tourisme. Le Sénégal devrait bénéficier à moyen et à long terme, de l’exploitation de nouveaux gisements d’hydrocarbures, au large des côtes, et dés à présent de la mise en service d’une importante centrale à énergie solaire. Tout cela devrait également améliorer la fourniture d’énergie sur place, fourniture parfois déficiente.
Coface souligne d’autre part « l’effet de diversification entrepris à travers le développement des exportations de ciment et des dérivés de phosphates ». Bien entendu, les recettes d’un tourisme en expansion, jointes aux envois d’argent des travailleurs expatriés, constituent des recettes en devises significatives. Les produits des ventes de l’or, des hydrocarbures, et de l’agriculture, sont très fluctuants et liés aux marchés mondiaux des matières premières.
Le Plan Sénégal Emergent (PSE), mis en place avec l’aide de bailleurs de fonds internationaux, devrait soutenir la croissance ces prochaines années, de même que l’amélioration en cours de la gouvernance.
Cependant, le déficit budgétaire, même s’il est en régression, reste élevé (-4,2% du PIB en 2016, peut-être -3,7% cette année). Plus préoccupant, le solde des échanges extérieurs est au rouge vif (-8,4% en 2016, sans doute -8,2% en 2017). Deux points positifs à relever cependant une inflation sage, quoiqu’en hausse récente (1% en 2016, évaluée à 1,8% en 2017), et une dette publique contenue en-deçà de 60% (57,3% en 2016). Les taux d’intérêt souverains demeurent un des plus faibles d’Afrique sub-saharienne… mais les IDE également !

Des IDE poussés par le PSE

Le PSE a dopé les investissements directs étrangers ces dernières années, après une chute de 20% lors de la crise de 2008/2009. Les IDE entrants avaient atteint 403 millions de dollars en 2014, avant de revenir à 345 millions en 2015.
Le stock d’IDE atteignait 20,5% du PIB cette année-là. La découverte en 2016 d’un important gisement gazier sous-marin au large des côtes sénégalo-mauritaniennes devrait favoriser l’afflux d’IDE à l’avenir, de même que le besoin de mise à niveau du réseau électrique, de l’agriculture, des réseaux d’eau potable ainsi que de la santé. Nous soulignerons enfin que la France est historiquement le pays qui investit le plus au Sénégal.
Investir au Sénégal, pourquoi pas ? Mais il faudra faire attention à l’endroit où l’on met les pieds, car ce pays d’Afrique de l’Ouest se situe au 153e rang parmi 189 dans le classement Doing Business de la Banque mondiale établi en 2016 ! L’index de responsabilité des managers pointe à 1,0 (9 aux USA, 5 en Allemagne, 4 en moyenne en Afrique sub-saharienne dans son ensemble !). En revanche, l’index de transparence des transactions se situe à un niveau très satisfaisant (6,02).

Echanges commerciaux : la France premier fournisseur

Le déficit commercial sénégalais avait légèrement reculé à 1715 XOF en 2015, contre 1755 en 2014. La hausse notable des exportations (+13,3% à 1366 XOF) y a largement contribué, alors que les importations ne progressaient que de 4% à 3081 XOF.
La croissance des exportations est portée principalement par une hausse des ventes en volume, « notamment parmi les produits des industries agro-alimentaires et minières », souligne le service économique Sénégal, Cap Vert, Gambie de la direction générale du Trésor. Du côté des importations, les achats d’équipements destinés aux industriels du BTP ont porté la demande, tandis que les cours des produits alimentaires se sont nettement contractés.
Cependant, ce sont ces derniers qui arrivent en tête (22%) devant les hydrocarbures (19%), enfin les machines et appareils.
La France demeurait en 2015 le premier fournisseur du Sénégal (16%), devant la Chine (10%) et le Nigéria (9%). Certains autres pays nous devancent cependant, dans des secteurs précis (sucre pour le Brésil, riz et médicaments pour l’Inde, par exemple). Réciproquement, notre pays est le premier client du Sénégal parmi les pays de l’Union européenne, absorbant 4% des exportations totales. Cependant, le Mali (essentiellement à travers la réexportation de carburant), mais aussi la Suisse, la Côte d’Ivoire, l’Inde et la Chine sont de meilleurs clients que nous ! Notons que le phosphate et ses dérivés (17%), premier poste de ventes à l’étranger du Sénégal devant l’or (11%) - vers la Suisse, et les EAU, à égalité avec les produits halieutiques. Le déséquilibre des échanges commerciaux franco-sénégalais est très important, puisque notre excédent atteignait 681 M€ en 2015 (763 M€ d’exportations, 86 seulement d’importations).