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Chine : Canton attire les investisseurs français

Le Parti communiste chinois a tenu récemment son congrès annuel. Xi Jinping a réaffirmé à cette occasion ses orientations et affermi son pouvoir, qu’il tient d’une main ferme. Cependant, l’ancien Empire du Milieu est très difficile à appréhender globalement, lorsqu’on veut y réaliser des affaires. Nous voulions aujourd’hui vous donner un éclairage sur la dynamique et sudiste province du Guangdong (Canton). D’autant qu’elle pèse régulièrement pour plus de 10% du PIB chinois et plus du quart de ses exportations.

Les entrepreneurs tricolores, attentifs à ces données, ont du reste concentré largement leurs investissements dans la région de Canton ces dernières années, parfois jusqu’à 50% du total. Dans le même temps, elle capte environ 20% des flux commerciaux franco-chinois, rappelait assez récemment le service économique régional (SER) de notre ambassade à Pékin.
Alors, pourquoi cet attrait ? Notre SER en détaille les principales raisons : un tissu manufacturier dense, de caractère « de plus en plus innovant », des secteurs high-tech et financiers sur place, et, bien entendu, la proximité des régions administratives spéciales de Hong Kong et Macao.
Province la plus urbaine de Chine, Guangdong compte plus de 110 millions d’habitants. Le niveau d’éducation y est élevé, puisqu’on dénombre 138 institutions supérieures, où étudient plus de 520 000 élèves. Notons que 19 « laboratoires clé d’Etat » y sont délocalisés. L’université Sun Yat-sen de Canton figure au 14e rang des plus prestigieuses du pays, tandis que l’université technologique de Chine du Sud, sise dans la même ville, bénéficie également d’une réputation dépassant largement les frontières du pays.

Une économie plus dynamique que la moyenne

On sait que la croissance chinoise demeure très élevée, au-dessus de 6% et même proche à nouveau de 7%.
Malgré les difficultés d’obtenir des chiffres totalement fiables au niveau national et encore davantage à l’échelon local, on peut être quasiment certains que la province de Canton se développe à un niveau encore plus élevé, sans doute près de 8%. En 2014, son PIB atteignait ainsi 6779,2 milliards de yuans, ce qui la plaçait une fois de plus en tête des régions les plus prospères. La classe moyenne y progresse rapidement, sans compter celle des très riches, puisque le revenu disponible par habitant dépasse les 26 000 yuans.
Comme partout cependant, il existe un écart considérable – de 1 à 12 – entre les niveaux de vie respectifs des populations rurale et citadine. Les autorités provinciales en sont parfaitement conscientes et cherchent à réduire cet écart. Bon courage !
Cette santé insolente de l’économie régionale est sans doute en partie imputable à un secteur privé fort sur place. Shenzhen, deuxième ville du Guangdong, compterait ainsi près de 75 chefs d’entreprises pour 1000 habitants. Shenzhen et Canton comptent d’autre part chacune environ 50 000 millionnaires (respectivement troisième et quatrième rangs nationaux). Les capitalistes hongkongais ne s’y sont pas trompés, puisqu’ils représentent plus de 60% des IDE captés ces dernières années. La province s’est affirmée « comme le hinterland de la colonie britannique dans les années 80 », rappelle notre SER à Pékin. Une grande partie de l’industrie hongkongaise y a été délocalisée : électronique, jouets, textile, chaussures, ordinateurs…
Quoi qu’il en soit, le secteur secondaire reste puissant, avec plus de 45% du PIB local. Parmi les secteurs les plus en vue, on remarque la fabrication d’équipements de communication, d’ordinateurs et d’équipement électroniques, puis celle d’équipements et de machines électriques, de produits chimiques, mais aussi la construction automobile.
Au milieu des années 2010, près de 1,6 million de véhicules étaient produits dans le Guangdong, soit 13% de la production nationale. Nissan, Toyota, Hyundai, DS sont présents. De plus, dans le cadre de la zone franche développée depuis mars 2015, des dispositions ont été prises pour favoriser le commerce d’automobiles et de composants autos.
Au-delà de l’automobile, le SER relève le fait que les autorités provinciales cherchent à développer les télécommunications et la pétrochimie. Pour l’heure, l’électronique, les équipements électroniques et l’automobile dominent toujours largement. Malgré sa puissance, le secteur secondaire est toutefois surpassé par le tertiaire (49% du total, un secteur tiré par la vente de gros et de détail 24%), l’immobilier (plus de 12%) mais aussi les secteurs financiers et logistiques.
Les ventes au détail de produits de consommation courante explosent littéralement depuis deux ans. Elles atteignent aujourd’hui annuellement plus de 3000 milliards de yuans, soit plus de 10% de celles réalisées sur l’ensemble du territoire chinois.

Commerce et investissements : la France très active

20% du commerce franco-chinois passe régulièrement par le Guangdong. En 2013, par exemple, la France s’avérait le quatrième partenaire commercial européen de la province, avec 9,7 milliards de USD de flux, cependant largement derrière l’Allemagne (22, 9 milliards USD), le Royaume-Uni (14,4 milliards) et les Pays-Bas (12,6 milliards).
Sans surprise, notre balance commerciale avec cette région de l’Empire du Milieu était largement déficitaire de 3,8 milliards USD (2,9 milliards de ventes contre 6,7 milliards d’achats).
Notons qu’au niveau mondial, notre rang – 18e – est modeste dans le classement des partenaires commerciaux du Guangdong. Hong Kong arrive, on s’en doute, largement en tête du palmarès, devant les USA, le Japon, la Corée du Sud…
Portée historiquement par des exportations à faible prix, la province de Canton voit son commerce extérieur demeurer largement excédentaire. Cependant, les autorités peinent à dynamiser les exportations de produits à haute valeur ajoutée.
Logiquement, les principaux produits importés localement sont les matières plastiques primaires, le pétrole brut, le cuivre et l’acier.
Parallèlement, le Guangdong draine près d’un quart des IDE réalisés en Chine, par exemple 26,9 milliards d’USD en 2014. Plus de 6000 nouveaux projets avaient alors été approuvés par les autorités locales, pour un montant de 43,1 milliards d’USD. Plus de 2500 entreprises étrangères sont enregistrées sur place. Le stock d’IDE français cumulés de 1979 à 2013 se montait à 2,2 milliards d’USD. Près de 50% des IDE français sont régulièrement réalisés sur place. La France y est ainsi le deuxième investisseur européen, derrière les Pays-Bas.
Parmi les entreprises françaises connues – on trouve beaucoup de PME aussi – notons Faurecia, Valeo, EDF, Alstom, Schneider, Total, Véolia Environnement, BNP Paribas, le Crédit Agricole, Société Générale, Auchan, Carrefour, Decathlon, Sanofi-Pasteur…
La zone de libre-échange de Guangdong, approuvée fin 2013, mue par le modèle instauré cette même année à Shanghai devrait accélérer ces mouvements.