La relation France-Québec demeure toujours privilégiée dans le contexte franco-canadien. Même si d'autres provinces de ce pays d'Amérique du Nord drainent depuis quelques années davantage d'investissements tricolores que naguère, la Belle Province demeure notre partenaire principal, tant en termes d’exportations que de créations de filiales ou de prises de participation.
Ainsi, si l'on reprend les données 2017 du ministère de l’Economie du Québec, les importations en provenance de France représentaient alors près de 45 % de la totalité des achats de marchandises canadiennes à notre pays (2, 8 milliards de dollars canadiens), en hausse de 8,6 % par rapport à 2016.La France est le troisième fournisseur du Québec dans l’UE (alors à 28), ce qui ne fait tout de même que 12,2% au total des importations en provenance de l’Union européenne et 3% du total. Les Etats-Unis (35%) se taillent évidemment la part du lion, la Chine (12,5%), l’Allemagne (5,5%) juste devant le Royaume-Uni et dans une moindre mesure le Mexique (4,8%).
Nos cinq groupes de produits les plus vendus sont : le vin de raisin frais (11,7% du total), les avions, les hélicoptères et les autres véhicules aériens ou spatiaux (3,8%); les médicaments dosés (7,3%), les produits de beauté et le maquillage (4,5%); enfin les parties d’avions, d’hélicoptères et de véhicules aériens (3,7%).
Les produits de « moyenne-haute technologie » dominent dans nos ventes sur place, selon les analystes de la Belle Province.
En tous cas, dans un océan de déficits, notre commerce extérieur est régulièrement excédentaire avec le Québec.
En effet, les exportations de marchandises québécoises vers la France n’ont atteint que 1,7 milliard de dollars canadiens en 2017, en dépit d’une hausse de 4,2% par rapport à 2016. A noter que cela représente près de 50% des ventes canadiennes dans notre pays.
Les cinq têtes de gondole québécoises demeurent dans l’ordre : le minerai de fer et ses concentrés (31,4%), les turboréacteurs, les turbopropulseurs et autres turbines à gaz (14,3%), les parties d’avion, d’hélicoptères et autres véhicules aériens (13%), les accumulateurs électriques (4,4%), enfin les huiles de pétrole raffinées. Une part significative de matières premières par conséquent, même si la haute technologie est également bien présente.
Au final, on note un excédent de plus de 1 milliard de dollars canadiens en notre faveur. Remarquons cependant que ce solde varie souvent de manière erratique, car le montant de nos exportations est soumis à d’assez importantes fluctuations, tandis que les ventes canadiennes tendent à augmenter régulièrement, sans à-coups.
Notons que le nombre de filiales d’entreprises françaises établies au Québec s’élevait à 336 en 2016 (48% de celles installées au Canada), et soulignons que nos sociétés ont 733 filiales aux Etats-Unis et seulement 149 au Royaume-Uni.
Une pénurie de main-d’œuvre récurrente
On entend souvent dire que le Québec manque de main-d’œuvre qualifiée. Il semble que ce soit toujours le cas. Le centre d’information et de documentation québécois rapporte ainsi qu’au deuxième trimestre de 2018, une étude menée par ses services démontrait que plus de 100 000 postes étaient alors vacants. Avec 116 440 postes non pourvus, on se retrouve ainsi au niveau le plus élevé depuis 2015.
Les places disponibles se trouvent principalement dans « quatre industries » : la fabrication (16 630), le commerce de détail (14 605), les soins de santé et l’assistance sociale (13 570) puis les services d’hébergement et de restauration (12 820).
Liaisons aériennes : l’abondance
Que ce soit pour des motifs touristiques, d’études ou d’affaires, les relations avec le Canada, et tout particulièrement le Québec, sont très développées.
Pas étonnant dans ces conditions que l’offre aérienne soit étoffée, tout particulièrement en été. Pour Air France, c’est une destination importante, même si la compagnie est déployée partout dans le monde, en direct de Paris ou de province, ou via KLM.
D’autres acteurs sont également impliqués, comme Air Canada mais aussi Air Transat, la valeur montante de ces dernières années. Air Transat appartient au groupe de tourisme canadien Transat, dont l’activité se déploie tout particulièrement en Amérique du Nord et dans les Caraïbes (agences de voyages, tour operating, hôtels). La compagnie aérienne compte actuellement 30 appareils dont 20 A330. Dans le cadre d’un renouvellement de sa flotte, elle va mettre en service à partir de 2019 des A321 « mono-couloirs », notamment pour ses liaisons avec la France (Québec-Charles de Gaulle, Bâle et Nice (Montréal).
« Cela va nous permettre d’augmenter le nombre de fréquences, grâce à cet appareil qui permet une plus grande flexibilité opératoire », se réjouit en substance Gilles Ringwald, directeur commercial monde. Si Air Transat est essentiellement connue pour son activité loisirs, elle s’est intéressée récemment aux déplacements professionnels, en premier lieu ceux générés par les PME. Ses atouts, énumérés par Gilles Ringwald ? Une classe économique supérieure, dite « Club », « avec un service proche de celui d’une classe affaires, un espace séparé de la cabine économique, et une restauration élaborée à l’aide d’un chef ».
Le marché France de Air Transat lui apporte ses plus hauts revenus à l’extérieur, alors que nous avons battu cette année un nouveau record de Français se rendant au Canada (dont 15 000 étudiants). La base parisienne d’Air Transat se trouve au T3 de Roissy, plus fluide que les autres terminaux : 1 à 3 vols quotidiens sur Montréal par jour selon la saison, 3 liaisons hebdomadaires en direct vers Québec en été. Toronto et Vancouver sont également desservis depuis Paris à la belle saison. Des départs, toujours en été, sont possibles depuis les principales villes de province, ainsi que de Bâle.
« Un excellent rapport qualité-prix, avec un taux de ponctualité de 98%, entraîne l’adhésion d’un nombre croissant de voyageurs, y compris pour motif d’affaires ou de bleisure, aussi bien en premium economy qu’en Eco », conclut Gilles Ringwald, non sans indiquer que dès avril, « de nouvelles classes tarifaires avec des billets annulables et remboursables sans frais » apparaîtront à partir de début avril en classe économique.
Air France
Air France dessert Montréal en direct depuis Paris-CDG jusqu’à 13 fois par semaine l’hiver, et jusqu’à 3 fois par jour l’été. Les vols sont effectués en B 777-300 configuré en trois classes (Affaires, Premium Economy, Economy).
Pour les voyageurs qui veulent se rendre dans la capitale de la Province, un car Air France relie l’aéroport international de Montréal à la ville de Québec, cela gratuitement pour les passagers d’Air France ou de KLM.
D’autre part, 15 villes du Canada sont desservies par Westjet, en correspondance depuis Montréal, et en partage de codes avec Air France, ce qui permet, entre autres, l’enregistrement des bagages en soute de bout en bout. Ces vols sont accessibles « à l’ensemble de la gamme tarifaire d’Air France ».
Région de Québec : une alternative à creuser
Vu de ce côté-ci de l’Atlantique, nous percevons en général Montréal comme un pôle économique majeur du Canada, a fortiori du Québec, et la capitale éponyme de la Belle Province comme une ville administrative et touristique. Comme le souligne par ailleurs Xavier Chambon, PDG de Classe Affaires, cette image ne correspond pas à la réalité. Nous nous sommes entretenus à ce propos avec Carl Viel, Président-directeur général de Québec International, structure de développement économique de la région métropolitaine de Québec — une des huit majeures du Canada, et avec la vice-présidente, Line Lagacé.
« Des huit grandes régions métropolitaines du Canada, de Québec – 850 000 habitants – est celle dont la croissance est la plus soutenue dans la durée, régulièrement au-dessus de 2 % ; 2,6 % prévus en 2019 », énonce d'emblée Carl Viel. « Et cette croissance, ajoute-t-il aussitôt, s’appuie sur une économie diversifiée, où l’industrie du haut savoir représente 40 % des emplois créés, contre un quart ailleurs. Du reste, poursuit-il, un organisme international de réflexion a classé récemment Québec parmi les 10 premières villes du monde, selon le critère de la diversité économique ».La capitale nationale investit des sommes importantes en R&D. Sept grands secteurs en sont les bénéficiaires : les sciences de la vie, les TIC (incluant le jeux vidéo et l’animation), l'électronique et l'optique-photonique, l'alimentation et la nutrition, les matériaux à valeur ajoutée, l'environnement et l'énergie, les assurances et services financiers. Dynamisme économique, mais dans le contexte « d'une ville à taille humaine et d'une grande agilité pour la mise en place de projets ». Québec International est là pour vous accompagner dans votre processus d’intégration, aussi bien à titre professionnel que personnel. Les investissements tournés vers la haute technologie (numérique, intelligence artificielle…) sont particulièrement appuyés et les créateurs peuvent bénéficier des ressources de l'université Laval, qui accomplit un gros travail de relation entre le milieu universitaire et celui de l’entreprise.
Ubisoft, ou encore Thales (centre de recherches), sont implantés à Québec, mais beaucoup de TPE-PME aussi.
Certains expatriés y ouvrent un commerce ou un service dans le cadre d’une franchise. D’autres reprennent une affaire sur place, dont le cédant veut prendre sa retraite, par exemple. Enfin, d’aucuns tentent un concept pointu. Pour ces derniers, un incubateur de validation commerciale est à leur disposition.
Tous pourront profiter d’une implantation bénéfique en Amérique du Nord, qui leur permettra d’aller plus loin ensuite, en tirant partie des multiples accords commerciaux noués par le Canada, que ce soit avec le Mexique et les Etats-Unis ; avec l’Europe, à travers le Ceta, ou encore avec des pays riverains du Pacifique.Lorsqu’on s’expatrie, – ce sera souvent le cas – on vient avec sa famille. « Les jeunes y trouveront un terrain propice aux études de haut niveau, en particulier avec l'université de Laval dont les diplômes sont reconnus au niveau nord-américain, tandis que les conjoints auront des facilités à trouver un travail alors que nous sommes en pénurie de main-d'œuvre », souligne encore Carl Viel.L'agence de développement économique veillera à appuyer l’entrepreneur sur les volets de l’immigration, comme sur celui des affaires, en l’aidant à structurer son projet.Quant à la question du niveau de vie à Québec, Line Lagacé évoque des chiffres très parlants : des salaires proposés entre 2 500 et 5 000 $ mensuels équivalent euros selon la technicité requise ; alors que le loyer d’un T3 ressort à 450 équivalents euros par mois, et l’achat d’une maison à 100 000-150 000 euros ! Cela est attractif, même si les prix de la vie courante sont proches de ceux constatés à Paris.
Mais attention, réfléchissez bien à votre projet et ne vous lancez pas tête baissée !
Québec : porte d’entrée sur le continent nord-américain
Les rencontres bisannuelles France Québec d’automne se tenaient les 1er et 2 décembre dernier à Paris. Nous avons pu constater l’engouement suscité par une immigration au Québec auprès de nos compatriotes.
Les files d’attente s’allongeaient devant les stands d’environ 200 sociétés canadiennes venues précisément recruter en France. Ces entreprises n’ont apparemment que l’embarras du choix, tant la demande est grande. Cependant, tout n’est pas aussi simple qu’il y paraît pour les postulants. Obtenir un visa de travail requiert une démarche plutôt complexe, et il faut être francophone. Le Québec est attrayant, car l’économie y tourne à plein régime et que le taux de chômage y est très bas – en dessous de 4 %. A côté des cohortes étoffées de l’immigration de travail, ils sont également nombreux à vouloir monter une affaire dans la Belle Province ou d’en reprendre une. Là encore, les opportunités sont là, mais le parcours doit être soigneusement balisé au préalable.Voilà qui a amené Xavier Chambon, entrepreneur français installé au Québec depuis 12 ans, à créer Classe Affaires.Classe Affaires organise des journées exploratoires de trois ou quatre jours au Québec pour des investisseurs potentiels, qui vont permettre à ces derniers de s’imprégner de la culture d’affaires locale, sans oublier le volet individuel d’une implantation, qui revêt parfois les traits d’une réelle expatriation.
Les visiteurs auront un aperçu de quelques points-clés en matière de planification financière, de budget familial, de fiscalité, d’ouverture de compte… et bien sûr aussi de différences culturelles.« Au Québec, on existe par ce qu’on fait et non par ce que l'on est » résume Xavier Chambon d’une manière imagée.Ces visites exploratoires permettent aussi de découvrir rapidement les deux pôles principaux du Québec : Montréal (plutôt tournée vers la haute technologie–intelligence artificielle en particulier) zone la plus plus peuplée, mais «quelque peu saturée et chère», et la métropole de la capitale provinciale, Québec, en pleine expansion. Une fois cette visite exploratoire passée, ceux qui confirment leur intention d'investir au Québec pourront être accompagnés dans la durée par Classe Affaires. Car une préparation plus ample est nécessaire. « Le profil type de celui qui réussit est un entrepreneur bien préparé et qui sait s’adapter », indique Xavier Chambon. Il convient de s’appuyer sur un réseau d’experts en amont (spécialistes de l’immigration) et en aval (avocat, fiscaliste, comptable…), que Classe Affaires peut coordonner. Moyennant quoi, « on se trouvera à portée de main du premier marché mondial essentiel ». Mais, « le Québec, même si on vous tend les bras d’entrée, se mérite », prévient Xavier Chambon. Une implantation sur place peut consister en une reprise d’entreprise car les opportunités sont nombreuses ; l’ouverture d’un commerce ou d’un service en franchise; ou une création ex nihilo. Beaucoup cherchent aussi un relais de croissance à une activité en France en ouvrant une filiale au Canada, dans un marché nord-américain très porteur.
Un designer ébéniste à Montréal
Patrick Darnis, designer ébéniste exerçant sa profession à Chambéry depuis 30 ans, a franchi le pas et s’est installé en août dernier à Montréal, muni d’un visa d’entrepreneur d’une durée de trois ans.
Patrick Darnis continue néanmoins ses activités en France, deux de ses collaborateurs continuant de servir une clientèle locale autour de Chambéry et d’Aix-les-Bains. Il exerce sous la marque Agem, du nom d’un fabricant de meubles sur mesure installé dans la Sarthe. Ses meubles sont produits pour les particuliers comme pour les professionnels (commerces et services). Agem a ainsi développé en France un réseau de 65 agences indépendantes, qui partagent cependant une identité et des actions de communication communes.
Patrick Darnis éprouvait le besoin d’affronter de nouveaux défis, et Agem – une société de 250 personnes – d’aller chercher en Amérique du Nord de nouveaux marchés. C’est ainsi qu’il développa en 2016 un projet d’implantation au Québec. Ce projet prit une forme concrète en août dernier, avec déménagement à la clé de la famille à Montréal.
Ce délai de deux ans fut mis à profit par l’intéressé pour se préparer à son nouvel environnement, avec le concours de Classe Affaires, qui le mit en relation avec son réseau d’experts là-bas (avocats en particulier), « car les lois fiscales, du travail… sont très différentes de celles qui ont cours en France ».
Le temps aussi de réaliser une petite étude de marché qui démontra que la concurrence des designers ébénistes québecois ne bénéficiait pas du précieux support d’un industriel tel qu’Agem. Ce qui permet aussi à Patrick Darnis d’obtenir son précieux visa d’entrepreneur car, pour aller au Canada, il faut montrer patte blanche, à savoir démontrer que l’on apporte « une vraie valeur ajoutée sur place » mais aussi que « son historique n’est pas négatif – casier judiciaire éventuel, dettes fiscales non honorées…
« Leur recherche d’immigration est sélective », résume Patrick Darnis.
Moyennant quoi, il traite déjà actuellement sa première affaire, et se félicite encore de l’état d’esprit des Québecois qui « sont ouverts et dépourvus de préjugés ». Il faut évidemment faire ses preuves ensuite…