Le Québec a un besoin criant de main-d'œuvre spécialisée. Nous l'avons encore remarqué lors des journées franco-québécoises des 30 novembre et 1er décembre derniers à Paris, où plusieurs dizaines d'entreprises de la Belle Province avaient réservé des stands et envoyé des délégations afin d’accueillir, et si possible de recruter, des personnels français ou francophones qualifiés : ébénistes, chauffeurs routiers, chefs cuisiniers... Des profils que l'on ne trouve que difficilement là-bas, nous expliquaient les exposants. En tout cas, si l’offre est là – 140 000 postes qualifiés seraient actuellement en souffrance au Québec, la demande semblait aussi de la partie, au vu de la foule qui se pressait dans les allées pour faire la queue devant les stands. 1 500 à 2 000 postes étaient à pourvoir lors de ces journées, selon Martin Dupont, directeur général de la région de Drummondville, qui avait amené de nombreuses entreprises avec lui. Nous consacrons un focus à cette région québécoise dans le présent numéro.
Un commerce franco-québecois excédentaire
Les échanges extérieurs franco–québécois s’intensifient, à la faveur d'une reprise sensible de nos exportations vers la Belle Province après des années de relative disette. Nous avons ainsi vendu en 2018 pour 2,1 milliards d'euros de biens au Québec (+14,1 % par rapport à 2017). Les observateurs remarquent que nous revenons presque ainsi au niveau record de 1999 (2,26 milliards d'euros alors).Dans le même temps, l'excédent bilatéral de notre balance commerciale s'est accrue, en raison d'un effet de ciseaux, car nos importations en provenance du Québec ont, dans le même temps, décru. Le solde positif ressort ainsi à 1,1 milliard d’euros (plus 41,7 %).
Quatre grandes catégories de produits français représentent, selon l’Institut de la statistique du Québec, trois quarts de nos ventes là-bas. Dans l’ordre, on relève tout d’abord les « produits des industries chimiques » (620 millions de dollars canadiens CAD), en hausse de 12 % par rapport à 2017. Cette catégorie comprend les produits pharmaceutiques, mais aussi les produits de la parfumerie et les cosmétiques.
En second lieu, viennent les « machines et équipements industriels » (avec 594 millions de CAD environ 21 %). On y trouve notamment les pièces destinées à l’aéronautique. Ensuite, arrive le secteur agroalimentaire (+11 %, à 588 millions de CAD), où l’on trouve le fromage, les vins…Dernière ces grandes strates, celle du matériel de transport (497 millions de CAD, +16 %). Les ustensiles de navigation des aériennes absorbent plus des trois quarts de ce montant. Si l'on regarde maintenant les importations françaises, les trois secteurs principaux sont : les produits minéraux – minerai de fer essentiellement – (455 millions de CAD), les machines et appareils (384 millions de CAD), puis le matériel de transport, (avions principalement), en nette hausse à 248 millions d’euros.
Le Québec demeure la province canadienne avec laquelle nos échanges commerciaux sont les plus denses, représentant près de la moitié du total avec le pays nord-américain à la feuille d’érable.Nous étions en 2018 le septième fournisseur international du Québec et le troisième européen (derrière l’Allemagne, puis le Royaume-Uni, mais avec très peu de différence entre nous). Tout cela loin derrière les Etats-Unis, mais aussi la Chine, et dans une moindre mesure, le Mexique.Si on regarde maintenant les exportations québécoises, nous sommes le premier client, très loin derrière les Etats-Unis (70 % de parts de marché). La Chine et le Mexique sont également devant nous, mais à des niveaux nettement plus faibles.
Drummondville : une industrie puissante, une qualité de vie plaisante
Le Québec ouvre, à travers l’Alena, à un marché de 600 millions de consommateurs potentiels, dont beaucoup à haut pouvoir d'achat… sans compter les possibilités d'exportation vers l'Union européenne, en franchise de droits de douane, grâce au Ceta.Seule région francophone, et en dehors de ses atouts propres, la Belle Province attire les Français : touristes, étudiants, travailleurs et entrepreneurs. Il est vrai aussi que le territoire est vaste, et que le Québec est désireux d’accueillir de nouveaux talents pour son économie. Le taux de chômage n'est que de 3,5 % au Québec – 5,9 % pour l'ensemble du Canada. Voilà, vous êtes convaincu de l'intérêt d'une implantation, d'un investissement, d'une expatriation ! Mais où aller au Québec ? La province représente une superficie égale à cinq fois celle de la France. Même si le Québec habité est plus restreint, vous avez cependant l'embarras du choix. Bien sûr, on pense spontanément à la ville de Montréal, ou à la ville de Québec, sa capitale. Mais il vaut mieux raisonner en termes de spécificité des régions, de leurs activités économiques dominantes – cadrent-elles ou pas avec votre projet – et de la qualité de vie.
Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir Drummondville. Cette région compte 225 000 habitants, et se situe « au centre du Québec », concrètement à 100 km de Montréal et à 150 de la ville du Québec, selon les termes de Martin Dupont, directeur général de son agence de développement économique. « Notre économie est florissante, grâce à un entrepreneuriat dynamique », se réjouit Martin Dupont, utilisant l’expression de « paradis de la PME ».Une économie florissante, mais aussi diversifiée, orientée cependant vers l'industrie, avec un tissu de 650 entreprises manufacturières « qui font la gloire de notre ville et de notre agglomération », lance Martin Dupont.Cette industrie est diversifiée : machinerie–métal–transport (nombreux sous-traitants de Bombardier), avec 4 500 employés, aliments–boissons (2 000 employés), TI (technologies de l'information), ouvrage du bois, produits chimiques, plastique, enfin textile.Le textile, activité largement dominante dans l'industrie jusque dans les années 80, où elle occupait 50 % de la population active dans le secondaire, a chuté aujourd’hui à seulement 1,4 %.
Le calme et la technicité
Au total, la région de Drummondville compte 200 000 emplois dans le commerce et les services et 180 000 – presque autant – dans l’industrie, c’est un niveau très élevé.Il est vrai que la région de Drummondville ne ménage pas ses efforts pour la développer avec, en particulier, des investissements considérables dans des ZI modernes d’une surface totale de 20 millions de mètres carrés. « C’est que chaque emploi manufacturier amène la création simultanée de trois emplois dans le commerce et les services, souligne Martin Dupont, et que cette dynamique correspond bien au recentrage de l’ensemble du Québec sur le secteur manufacturier ». D’où la volonté du Québec d’attirer des talents. A cet égard, Drummondville présente des caractéristiques propres à susciter l’intérêt. Martin Dupont énumère quelques-unes d’entre elles : « Une ville très calme, sûre, de grands espaces, une belle qualité d’existence et un coût de la vie 20 % moins élevé que dans les grands centres ». Des infrastructures appropriées pour les jeunes, en particulier l’Université du Québec–Les Trois-Rivières permettent de compléter les éléments d’attractivité pour les familles.
42 filiales étrangères de 12 pays, dont la France, sont implantées dans la région de Drummondville. La Strasbourgeoise Soprena y emploie ainsi 300 collaborateurs. Pour ceux qui ont besoin d’un accompagnement la SDED dispose des équipes appropriées. On peut venir à Drummondville pour un job qualifié, reprendre une entreprise, mais aussi en démarrer une. Une grande pépinière d’entreprises, facilite leurs débuts – pour les start-ups comme pour les autres projets.