Difficile de tirer des enseignements d’une année aussi perturbée que 2020, à tous points de vue, y compris de celui relatif au commerce extérieur de la France, d’autant que nous avons été fortement pénalisés par le ralentissement du transport aérien, qui a eu une répercussion immédiate sur nos ventes dans l’aéronautique.
Cependant, les comparaisons avec nos partenaires et concurrents de l’Union européenne, qui ont vécu des situations similaires, permettent de remarquer les différences de comportement de nos économies pendant cette crise.
Globalement, nos échanges extérieurs se sont contractés, comme ceux de la plupart des pays du monde. Cependant, nos exportations sont en recul plus net (-15,9 %) que nos importations (-13 %). Dans ces conditions, notre déficit FAB/FAB se dégrade à nouveau de 7,3 milliards d’euros à 65,2 milliards contre 57,9 en 2019. Un sommet depuis 2012, remarquent les experts de la statistique publique du département des Douanes et droits indirects du ministère des Finances.
Alors que l’on parle beaucoup de la nécessaire réindustrialisation de la France, après tant d’années d’abandon, notre solde manufacturier – négatif de 22,3 milliards d’euros –pèse lourd dans la balance. Si les ventes, comme les achats du reste, de produits pharmaceutiques demeurent dynamiques, les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique nous apportent des déboires. Ponctuellement, nos importations de masques de protection (5,9 milliards d’euros) ont durement affecté nos comptes. Cependant, la baisse du prix moyen du pétrole en 2020, additionnée à la diminution de l’activité, ont fortement allégé notre fardeau énergétique (déficit de 25,7 milliards d’euros contre 44,8 milliards), tandis que notre excédent agricole reculait légèrement, de 0,4 à 1,4 milliard. In fine, nos importations FAB reviennent à 493 milliards d’euros, et nos exportations à 428,1 milliards.
UE et Asie pèsent lourd dans notre déficit
En incluant le matériel militaire et certaines autres données, le solde commercial CAF/FAB se monte à 82 milliards d’euros (en hausse de 4,7 milliards d’euros par rapport à 2019) en-dessous cependant du plus haut niveau historique atteint en 2011 (91,7 milliards). Mais attention, le solde énergétique était alors beaucoup plus élevé.
Géographiquement, d’où provient essentiellement ce déficit ? Sans surprise, de l’Asie (dégradation de 9,6 milliards dont 6,6 avec la Chine), alors que parallèlement, l’excédent avec les USA se réduit de 5,4 milliards, toujours par rapport à 2019. Tandis que le déficit – considérable – avec l’UE (à 27) demeure stable, à 45 milliards d’euros quand même – notre solde – limité, s’améliore avec des pays tiers autres que l’Amérique. Pour ce qui est du Royaume-Uni, notre solde positif se réduit… On verra qui souffre le plus du Brexit (9,9 milliards d’excédent quand même). Notons que notre déficit avec l’ensemble de l’Asie ressort à 43,5 milliards d’euros, dont 38,9 pour la seule Chine.
Partant du principe que tous les pays du monde ont peu ou prou été touchés par le ralentissement économique, il est intéressant de comparer les évolutions des uns et des autres. Force est de constater que les résultats de cette étude nous sont défavorables. Ainsi, la baisse des exportations de biens en volume (-15,4 %) est supérieure à celle de la demande mondiale adossée à la France, selon le département des Douanes et droits indirects. Dès lors, notre part de marché est en baisse, cela alors que le taux de change de l’euro est relativement stable.
Observons maintenant de plus près l’évolution de nos principaux partenaires de l’UE.
L’Allemagne a certes vu son solde commercial se dégrader quelque peu, mais son excédent est toujours notable (5,5 % du PIB contre 6,7 % en 2019), alors que notre déficit passe dans le même temps de 3,1 % du PIB à 3,6 %.
Quant à l’Espagne et à l’Italie, leur solde relativement au PIB s’améliore même (1,3 % en territoire négatif au lieu de 1,4 % outre Pyrénées et 3,8 % en positif outre Arno, au lieu de 3,1 %). C’est que nos exportations ont chuté plus lourdement que chez nos trois voisins immédiats, où le recul est d’environ 10 %, seulement.
On peut remarquer – ce qui traduit sans doute le maintien d’une plus grande vitalité économique sur son sol – que la diminution des importations allemandes ( -7,6 %) est deux fois moins élevée que chez ses principaux partenaires européens. Cela étant, quelle tendance pour nos zones d’exportation privilégiées ? Force est de constater que, sur le long terme (2000 à 2020), nos parts de marché en Asie (+6 points) progressent sensiblement, presque autant que celles de l’Allemagne ((+7 points). L’Espagne ((+3 points) et l’Italie (+2 points) sont un peu plus à la traîne. La pharmacie en forme Dans cet environnement de crise sanitaire, nulle surprise à remarquer l’augmentation de nos ventes de produits pharmaceutiques (+4,7 %), même si elle s’inscrit dans une tendance de long terme. Parmi nos meilleurs acheteurs, figurent les Etats-Unis, en dépit d’une légère baisse, mais aussi la Suisse, la Belgique et l’Italie. En revanche, nos livraisons aéronautiques et spatiales s’effondrent de 45,5 %, après il est vrai un record historique de ventes à 64 milliards d’euros en 2019. La fin 2020 s’est avérée cependant beaucoup plus positive à cet égard. Malgré, là encore, une reprise au deuxième semestre, nos ventes d’automobiles assemblées ont également chuté – de 18,7 %, à peu près autant en pourcentage que celles des produits métallurgiques (-18 %). Pour le reste, tout est en territoire négatif, y compris dans nos points forts. Ainsi, nos exportations de produits agroalimentaires ont-elles décru de 4,3 %. Les boissons ont été impactées par les taxations imposées par les USA, provoquant là-bas un recul de nos ventes de cognac, de champagne, voire de vin. Les parfums et cosmétiques – un autre de nos points forts – n’ont pas échappé à la tendance (-12,7 %), de même que les textiles et l’habillement (-10,6 %), ou encore les produits informatiques (-16,6 %). Remarquons que, du côté de nos importations, on retrouve – mis à part le domaine des produits énergétiques – une relative symétrie, puisque les achats aéronautiques baissent de 44 % et celui des automobiles de 14,3 %. En revanche, nos importations de produits agricoles poursuivent leur progression
(+2,5 %), impactés il est vrai par la hausse des cours des denrées. On l’a dit supra, nos achats de produits pharmaceutiques ont nettement progressé – de 10,4 %, pour des raisons que vous savez, tandis que l’importation de masques a boosté nos importations dans la filière des produits de l’industrie textile (+21,3 % !). Mais la performance sans doute la plus remarquable provient du secteur des bateaux (+46,2 %), aussi bien des paquebots, des bateaux citernes, que plus généralement ceux conçus pour le transport des marchandises comme celui des personnes.