Le tremblement de terre de février dernier a malheureusement endeuillé le pays et nous avons de la compassion pour les familles meurtries. Le pays se relèvera comme il a su le faire par le passé. En mai 2023 devraient avoir lieu les élections générales. L’occasion pour nous de faire le point sur l’évolution économique de ce puissant pays à la lisière de l’Union européenne. Une population nombreuse, une main d’oeuvre qualifiée, un revenu moyen plutôt élevé et une situation géographique stratégique sont des atouts significatifs pour l’ancien empire ottoman.
Même si les échanges franco-turcs demeurent plutôt limités par rapport à l’Allemagne, à l’Italie, voire à l’Espagne, nos entreprises doivent étudier les possibilités d’exportations ou d’investissements sur place, en fonction de leurs activités bien sûr.
Dans un premier temps, quel est le contexte de l’économie turque ? A vrai dire, il est très contrasté. Si on l’examine sous le prisme de l’inflation (80 % en glissement annuel), il semble plutôt inquiétant. Et pourtant, la politique monétaire de la Banque centrale turque, sous l’impulsion du président Erdogan est souple, voire accommodante, puisque les taux sont régulièrement abaissés. Contraintes étatiques aidant, les entreprises peuvent donc se financer à plutôt bon compte.
Qu’en est-il de la croissance ? Comme un peu partout, elle a ralenti en 2022, autour de 2,5 %, après une hausse de 11 % en 2021, alors même qu’elle n’avait pas fléchi en 2020. Parmi les points forts de la Grande Porte, figure, selon Coface, un secteur manufacturier diversifié et expert, une population jeune, et un déficit des balances commerciales et des comptes publics à des niveaux très raisonnables, même si, sur ce dernier point, on n’appréhende que le déficit du gouvernement central.
Le solde public devrait atteindre 4 % du PIB en 2022 et la dette publique 36,5 % du même PIB. Nous n’en sommes pas là du tout en France (115 % environ). Coface n’en décèle pas moins des éléments assez défavorables pour la Turquie. En particulier sa dépendance visà- vis d’importations d’énergie comme de biens intermédiaires, une inflation, on l’a vu, très élevée avec, en corollaire, une livre turque au plus bas.
La Chine en pôle position
Qui vend à la Turquie ? En premier lieu la Chine (23 milliards d’USD en 2020, +20,3 %), devant l’Allemagne (21, 7 milliards, 12,6 %). La Russie figurait alors à la troisième place (17, 9 milliards, +12,6 %) puis les Etats-Unis (11,5 milliards), l’Italie (9,2 milliards), l’Irak, la Suisse… La France, alors en léger progrès, s’avérait le huitième fournisseur de la Turquie, avec une part de marché stable à 3,2 % (7 milliards d’USD). Cela est loin d’être négligeable.
Quels biens les anciens ottomans achètent-ils ? Le Trésor nous le confirme : les deux premiers postes d’exportation demeurent les véhicules automobiles et leurs parties pour 22,1 milliards d’USD alors, puis les chaudières, machines, appareils, engins mécaniques et leurs parties (16,8 milliards). Puis viennent les machines, appareils électriques et leurs parties (9,3 milliards d’USD), le fer et l’acier.
La Turquie a bien progressé en 2020 sur d’autres créneaux, en particulier celui de l’agroalimentaire, avec une mention pour les fruits et noix comestibles ou encore les préparations à base de céréales, de féculents ou de lait. Notons aussi la belle progression de spécialités médicales, dont les appareils d’assistance respiratoire développés localement.
Qu’achètent les Turcs de leur côté ? En 2020, et en valeur, en premier lieu des hydrocarbures (28, 9 milliards d’USD) devant les pierres gemmes, les métaux précieux (26, 6 milliards, + 9,9 %). C’est que les Turcs se sont alors rués sur l’or, si l’on peut dire, pour se protéger de la chute de la monnaie locale. Troisième poste d’importation, les chaudières, machines, engins mécaniques et leurs parties, pour 25,2 milliards d’USD (+13,9 %). Quant aux achats de véhicules automobiles, ils avaient bondi de 52,7 % sur 2020 à 15,3 milliards d’USD.