On parle beaucoup de retour à la normale post-covid d’abord, post-JO maintenant. Qu’en est-il en matière de déplacements professionnels, en particulier en France métropolitaine ?
Les JO, puis les Jeux Paralympiques se sont bien passés. Tant mieux ! Evidemment, ils ont eu un impact sur les déplacements professionnels partout et surtout en amontmême de leur déroulement. Philippe Maria, directeur marché entreprises de SNCF Voyageurs, évoque ainsi un coup de frein sur les réservations dès début juin. On a observé du reste de longues périodes de télétravail prescrites cet été à certains salariés de la région parisienne, parfois, il faut le dire, sans raison vraiment valable.
Quoi qu’il en soit, cela a freiné les mouvements professionnels en cette période. Globalement cependant, ils sont revenus « à peu près au même niveau qu’en 2019 », selon un fin connaisseur de ce monde, Michel Dieleman, président de l’AFTM. « On n’en est cependant pas encore au stade pré-covid, remarque-t-il, car on privilégie plus que jamais les déplacements qui ont un sens avec un ROI à la clé, par exemple à l’occasion de la signature d’un contrat ». « Nous avons eu à faire face à une restructuration des habitudes professionnelles », considère Philippe Maria. Après la décision très rapide de passer en télétravail, poursuit-il, on a assisté en 2022 et 2023 à un rééquilibrage vertueux entre la visio, le télétravail et la présence physique au bureau comme en rendez-vous ». « Le besoin de se retrouver avec ses collègues, ses partenaires… fait que l’échange traditionnel en face-à-face s’avère nécessaire, rebondit Michel Dieleman. Cependant, avertit-t-il, les déplacements récompenses ou encore en équipe inutilement nombreuse ne sont plus d’actualité ».
A propos de télétravail, il note néanmoins qu’ils reviennent désormais à deux jours en moyenne au lieu de trois. Pour ceux qui y sont habilités bien entendu. Quant aux déplacements à proprement parler, ils sont devenus plus longs, pour éviter les parcours inutiles. Et pourquoi pas, signale Philippe Maria, les prolonger ou les anticiper en mode bleisure. Un retour à une certaine « normalité des voyages professionnels », mais sous quelle forme ?
RSE et budget
A cet égard, deux facteurs impactants influent principalement leur évolution. D’une part un budget parfois contraint, « même dans le luxe », note Philippe Maria, d’autre part et surtout la RSE. Le budget global subit une augmentation en raison des hausses de tarifs des opérateurs, tout spécialement dans l’hôtellerie où ceux des nuitées ont parfois flambé dernièrement de 20 à 40 % selon les observateurs. Voilà de quoi retenir l’attention des acheteurs.
Raison de plus pour les entreprises de s’intéresser davantage à ce poste. C’est le cas, en premier lieu dans les plus grandes d’entre elles. Une étude présentée par H Corpo dans une convention nationale de l’AFTM chez Accor le 4 juillet dernier, faisait ainsi ressortir qu’une large majorité des sociétés (87 %) disposait « d’un volet spécifique à l’hôtellerie d’affaires ». Et 96 % des entreprises consultées ont mis en place des « programmes hôtels » avec des tarifs négociés et ce, sur un nombre relativement limité d’établissements.
Au-delà de la question tarifaire, la volonté de privilégier la RSE, tout spécialement dans les grands groupes, a un effet direct, à la fois certainement sur le nombre de voyages, mais aussi leurs modalités. On l’a vu à l’occasion de la deuxième édition des Trophées de la mobilité en juin dernier organisée par SNCF Voyageurs. La quasi-totalité des grandes entreprises privilégie le train versus la voiture ou l’avion.