Le 18 novembre s’est tenue la traditionnelle Journée Crédit de l’AFDCC (Association française des credit managers et conseils), comme d’habitude au Pavillon Dauphine à Paris. Le nombre de participants – plus de 400 credit managers et partenaires – prestataires et fournisseurs du métier, étaient présents, selon les données de l'organisateur.
En tout cas, alors que cela fait plus de vingt ans que nous sommes partenaires de cet événement majeur de l’AFDCC, nous avons pu constater un net regain d’affluence par rapport à 2021. Que sont venus faire les participants ?
D’une part, écouter des conférenciers intéressants, d’autre part et peut-être surtout échanger avec leurs homologues d’autres entreprises, et bien sûr les prestataires exposants. Quant aux conférences, au contenu souvent dense, mentionnons deux temps forts : l’un de nature économique avec l’intervention de Anne-Marie Delattre, sur le thème « 360° d’un monde économique en pleine mutation », l’autre sur l’axe
« Abandonner, jamais » avec Virginie Delalande.
La Journée Crédit est aussi le moment pour les credit managers venus d'Ile-de-France, mais pour beaucoup aussi de province, de faire le point avec leurs élus sur l'actualité du mouvement, dirigé depuis un an par un nouveau président, Nicolas Flouriou.
Parmi les provinciaux, nous avons rencontré le délégué du Nord de la France, où l’AFDCC semble bien progresser avec actuellement une volonté de coopération, voire d’extension, en Wallonie. Pendant les pauses, les participants à la convention, _ les credit managers, pouvaient visiter les stands de certains partenaires de l’AFDCC présents.
Le monde de la gestion du poste clients était là : assurance-crédit (Coface, Credendo, Allianz Trade), sociétés de recouvrement, éditeurs de logiciels de cash management ou encore spécialistes du renseignement financier et commercial. La plupart des principaux acteurs de ce dernier secteur étaient de la partie. Ainsi en était-il de Creditsafe, filiale française d’un groupe scandinave fondée en 1998 par son actuel PDG, Cato Syversen et dirigé dans notre pays par Damien Barthélémy. Creditsafe fêtait la veille de la Journée Crédit ses vingt-cinq ans (seize ans dans notre pays) à l’Aquarium du Trocadéro.
Cato Syversen expliqua les débuts de la start-up en Norvège dès 1998, avec l'idée d'utiliser les canaux d’un Internet encore balbutiant pour fournir des informations commerciales et financières à un plus grand nombre d’entreprises que ne le faisaient alors les intervenants du secteur. Plus vite donc et à moindre coût. L’aventure fut un succès, après les balbutiements du départ, car l’idée était la bonne, mais Internet pas encore installé chez ses clients potentiels.
Le succès est au rendez-vous, puisqu’après un rapide déploiement à l’international, Creditsafe est aujourd’hui implanté directement dans quatorze pays, dont la France, la Suède, l’Italie, le Royaume-Uni et bien sûr la Norvège. Le tout pour un dernier CA total de 275 millions d’euros, dont un cinquième dans notre pays.
L’acteur français Infolegale, venu sur le marché à la fin des années 2000 cette fois, avec au moins au départ un positionnement sur les plus grandes entreprises et les ETI, s’est renforcé cette année à travers l’arrivée de nouveaux investisseurs et de la croissance externe avec l’acquisition de Covline, société basée à Strasbourg, éditant un logiciel de cash management en mode SaaS, Eloficash. Le directeur commercial de cette société, Richard Jauffraud, qui confirme qu’il continue de jouir d’une autonomie au sein du groupe Infolegale, énonce une proposition de « CRM financier », à savoir un logiciel de gestion du poste clients qui autorise « la constitution de dossiers complets, de la facture à l'encaissement », avec une cible prioritaire d’ETI et de grandes entreprises.
Renseignement et recouvrement
Chez Ellisphere, acteur majeur de la sphère du renseignement commercial et financier, Thierry Bès, directeur de la communication, se réjouissait, malgré « un contexte général chahuté, d’une année assez bien maîtrisée avec un développement du CA ». Pourquoi ces bons résultats affichés ? Deux raisons principales à cela selon lui :
- une relation clients « digne de ce nom, avec une organisation technologique et RH bien perçue par eux ».
- Des solutions répondant aux enjeux des entreprises, quel que soit leur secteur d’activité, grâce par exemple à des scorings spécifiques sur les probabilités de défaillance, à côté bien sûr de solutions standards.
Pour 2023, et aussi les années suivantes, Thierry Bès estime que le chamboulement apporté par l’obligation de transmission électronique des factures pour toutes les entreprises – au plus tard pour les plus petites en 2026, devrait par ricochet porter ses fruits pour les acteurs du renseignement financier puisque la nécessité de disposer de données entièrement fiables se fera encore plus sentir qu’aujourd’hui.
Le renseignement est primordial certes, mais la gestion du poste clients passe aussi par l'affacturage et l’assurance-crédit, en direct ou à travers des courtiers, comme Verspieren Crédit et Finance. Son directeur du développement, Ghislain Verstraete, évoquait une année 2022 de croissance pour cette filiale du spécialiste nordiste reconnu du courtage. Une croissance organique puisque les besoins de financement sont croissants, à preuve « la hausse de 16 % des montants affacturés au plan national au premier semestre, suite au début des remboursements des PGE et aux effets de l'inflation » et que la nécessité de se protéger des risques devient plus prégnante. La croissance de Verspieren Crédit et Finance provient aussi de rachats, comme celui récent « d’un jeune pure player de l’affacturage, Tresoptim».
A un moment donné, malgré toutes les précautions du monde que l’on a pu prendre, nous pouvons être amenés à faire appel à une société de recouvrement. Parmi elles, un acteur plutôt jeune, mais déjà bien ancré dans le paysage, Recouvéo.
Les dirigeants de cette start-up installée à Paris et à Marseille, Cédric Brun et Lionel Rabayrol, affirmaient ainsi son positionnement : « Nous sommes un cabinet de recrutement à taille humaine, plutôt premium, axé principalement sur les créances complexes et litigieuses avec une préparation de dossier dotée d’une teinte juridique, afin d’anticiper une possible action contentieuse, le tout à des coûts maîtrisés ».
Le nombre de nouveaux acteurs du monde de la gestion du poste clients se multiplie ces dernières années.
Parmi les nouveaux acteurs, Hoopiz, fondé et dirigé par Christophe Goffinon. Hoopiz propose une solution SaaS de credit management tout en un, « favorisant la maîtrise du poste clients, de la prospection à l’encaissement », cela pour « les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, spécialement les PME-PMI». La start-up a noué des partenariats avec plusieurs acteurs de premier plan, du renseignement commercial à l’assurance-crédit, en passant par l’affacturage entre autres.