Alors que le nombre de défaillances d’entreprises, en forte hausse, retrouve son niveau normal, que les modes de transmission des factures sont appelés à changer, que les délais de paiement – visibles ou masqués, sont toujours une question cruciale, l’AFDCC (Association française des credit managers et conseils) entend jouer un rôle croissant en portant ses thématiques auprès des pouvoirs publics et des grandes entreprises. Nous avons rencontré son président, Nicolas Flouriou, pour évoquer les ambitions de son association en la matière.
Conquérir : Nous voyons l’AFDCC poster désormais régulièrement ses prises de position à travers les réseaux sociaux. Quel en est le but ?
Nicolas Flouriou : Seule association de credit management, nous entendons être le porte-voix de notre profession de manière encore plus audible qu’auparavant. Nous publions régulièrement nos avis étayés afin de défendre notre métier et l’importance du respect des délais de paiement. Nous comptons 1.000 membres sur toute la France, qui travaillent dans de grandes entreprises, mais aussi des PME-PMI, lesquelles n’ont pas forcément de credit manager dédié, mais un collaborateur qui gère ces aspects-là et auquel nous pouvons apporter des conseils adéquats. Notre objectif est de compter 3.000 adhérents à fin 2026.
Conquérir : Pouvez-vous identifier pour nos lecteurs vos prises de position récentes ?
Nicolas Flouriou : Certainement. Tout d’abord, un avertissement sur les pratiques visant à éluder la loi LME qui impose des délais de règlement très encadrés. Comme le délai court à partir de la date d’émission de la facture, la tentation est grande de contourner la loi en différant l’envoi du bon de commande numéroté, parfois au-delà de la délivrance de la prestation. D’après l’Observatoire des Délais de Paiement, les retards de paiement représentent un préjudice de 12 milliards d’euros de trésorerie perdue pour les PME, qui en pâtissent. Nous avons également indiqué les 10 bonnes pratiques pour améliorer le Cash Clients, les enjeux du DSO, les clés pour dimensionner son équipe… L’un des sujets, c’est d’ailleurs ce que nous attendons des fournisseurs d’informations commerciales et financières du fait de la raréfaction de l’information commerciale, suite à la possibilité de publier ses comptes en confidentiel totalement ou partiellement (NDLR : sauf pour les sociétés cotées). 860.000 font usage de cette opportunité. Cette absence de transparence n’aide pas les credit managers à prendre des décisions…
Conquérir : L’enjeu des délais de paiement est toujours là ?
Nicolas Flouriou : Il est plus que jamais crucial. L’encours du crédit interentreprises est évalué à 700 milliards d’euros, soit quatre à cinq fois supérieur à celui du crédit bancaire à court terme sous toutes ses formes. Le non-respect de ces délais de paiement a un impact de 12 milliards d’euros pour les PME. Le retard du délai de paiement facial ressort à 11–12 jours en 2022 comme en 2023 en moyenne, tiré vers le haut par les grandes entreprises. Nous considérons d’ailleurs qu’un label incitatif pouvant intégrer les délais de paiement comme un critère RSE serait un bon moyen de freiner ces écarts, à l’instar du « name and shame » de Bercy. L’Observatoire des délais de paiement, qui inclut notre enquête AFDCC annuelle, contribue à maintenir la vigilance sur ce sujet.