Comme chaque année, nous faisons le point sur l’actualité financière pratique des entreprises avec Nicolas Flouriou, président de l’AFDCC (Association française des credit managers et conseils).
Conquérir : Quels sont les principaux points d’évolution en 2024 qui peuvent impacter vos métiers ?
Nicolas Flouriou : Cette année est marquée par l’instabilité politique, une conjoncture encore incertaine, et une augmentation notable des défaillances d’entreprises. Nous avons, en outre, toujours à faire face à une inflation pas encore complètement maîtrisée, même si les prix de l’énergie, qui avaient eu un fort impact l’an dernier, en particulier sur les entreprises industrielles, se sont quelque peu apaisés depuis.
Quoi qu’il en soit, le nombre de défaillances a fortement augmenté puisque, sur douze mois glissants, il a crû de 25,2 % et même de 6,3 % comparé à la période 2010-2019. Bien entendu, il y a encore dans ces chiffres un effet rattrapage des entreprises qui avaient bénéficié du PGE, de la flexibilité de l’Urssaf pendant trois ans, ou encore d’aides directes liées à des fermetures administratives.
Une partie d’entre elles, une fois qu’elles ont dû commencer à rembourser un PGE déjà utilisé partiellement ou totalement, et/ou s’acquitter des cotisations Urssaf… sont tombées en défaillance, faute de trésorerie suffisante, et ont dû mettre la clé sous la porte. Certaines d’ailleurs auraient dû le faire bien avant, s’il n’y avait pas eu les aides gouvernementales dûes à cet épisode du covid….
Conquérir : Les dépôts de bilan sont souvent liés à la défaillance de gros clients, mais aussi à des recouvrements de créances trop tardifs. Où en est-on, à ce propos des délais de paiement ?
Nicolas Flouriou : Il est indéniable que la situation s’est beaucoup améliorée depuis 2008, date de la loi LME, puisque les délais légaux de paiement ont été ramenés à un maximum de soixante jours pleins. Cependant, les retards de paiement sont toujours là, de douze jours en moyenne. Les petites entreprises - mais aussi les petites collectivités locales, paient mieux, au contraire des grandes entités, souvent en raison de procédures administratives de validation trop complexes. Si problème de règlement ou d’obtention de crédit comme de lignes d’affacturage il y a, je conseille vivement à vos lecteurs de se rapprocher de la Médiation des Entreprises ou la Médiation du Crédit. s instances de médiation concernées. C’est gratuit et discrétionnaire.
Conquérir : Il y a la Journée crédit, dont notre magazine est partenaire !
Nicolas Flouriou : Effectivement, c’est le point d’orgue de l’année réservé à nos adhérents. Cela sera cette fois le 21 novembre, à Paris, toujours au Pavillon Dauphine. Nous attendons 400 à 450 personnes, dont de nombreux adhérents. Pour cette journée de conférences et d’échanges, je mentionnerais trois temps forts :
- Une conférence économique donnée par un spécialiste de très haut niveau, Philippe Dessertine.
- Une table-ronde sur l’évolution du métier de credit manager et des passerelles existantes vers celui de DAF ou de dirigeant de société.
- Une conférence inspirante de Sophie Lavaud, alpiniste de haut niveau, qui a gravi les huit plus grands sommets du monde. La longue préparation de ces exploits peut être mise en parallèle avec l’établissement de politiques de long terme en matière de crédit-clients, en coopération avec les équipes commerciales.