Les entreprises, tout particulièrement celles oeuvrant dans le secteur des nouvelles technologies, sont confrontées à des difficultés de recrutement. Comment faire pour réaliser ces objectifs ? Nous vous proposons l’exemple de Kelio (ex-Bodet Software) et de son campus de Cholet.
Une maison très anciennement établie peut demeurer à la pointe de l’innovation, en termes techniques comme de ressources humaines. Il en est ainsi le cas de Kelio, leader dans l’édition de logiciels de gestion RH et de contrôle d’accès. Ses responsables ont imaginé il y a quelques mois Otium, un nouvel espace de 1 500 m2 « dédié à la qualité de vie au travail - QVT ». Plus de 500 collaborateurs y ont accès. Nous nous sommes rendus sur place, à Cholet, pour visiter les lieux, et nous entretenir avec son directeur général, Eric Ruty, ainsi qu’avec Martial Boutin, directeur des services partagés et Cédric Lampin, responsable marketing.
Attirer les talents, les conserver, en particulier dans les métiers en tension, c’est compliqué. Travailler dans une bonne ambiance, dans des locaux neufs ou rénovés, c’est important. Le campus de Bodet (direction générale et services partagés du groupe), ainsi que de Kelio, filiale Solutions RH, attire favorablement l’attention dès l’abord de par sa superficie, qui a permis la construction de bâtiments d’un étage au plus. Nous avons visité celui plus récent de Kelio. L’architecture intérieure évite les longues lignes droites classiques. Une décoration originale va de pair. Les équipes sont regroupées dans des salles qui favorisent la concentration individuelle, mais aussi le partage. Ces équipes associent des collaborateurs de différents compétences (technique, marketing…). Un contexte agréable donc, aussi bien extérieur qu’intérieur. Cependant, la nouveauté de cette année a été l’inauguration de l’espace Otium, un pôle multi-activités au service de ses collaborateurs. Il a été inauguré en juillet dernier. Otium s’adresse aux salariés de Kelio, nouveau nom de Bodet Software, ainsi qu’à ceux du siège, 600 personnes en tout environ.
Une entreprise à la technicité eprouvée
La société Bodet existe depuis plus de 150 ans. Son directeur général est actuellement Pascal Bodet - de la cinquième génération depuis la fondation en 1868 et le président du Conseil d’administration, Jean-Pierre Bodet. Le groupe réalisé un CA de 110 millions d’euros en 2021 et compte environ 900 collaborateurs à ce jour. Ses activités ont été progressivement filialisées avec Bodet Campanaire, qui adresse depuis l’origine l’équipement des clochers des églises, des horloges d’édifices publics (gares, hôtels de ville…), Bodet Time et Sport (horlogerie et équipement sportif ), et enfin, Kelio - anciennement Bodet Software, filialisée depuis l’an 2012 et qui emploie plus de 500 personnes. Le siège de Kelio est installé à Cholet depuis 2000, de même que celui de la la maison mère depuis 2018. Le berceau du groupe Bodet est dans le Choletais, à Trémentines. C’est là que Bodet Campanaire développe ses activités. Le groupe demeure très majoritairement familial.
Eric Ruty, directeur général : Otium renforce notre politique QVT
Conquérir : Kelio est le nouveau nom de Bodet Software depuis début octobre. Qu’en est-il de vos activités ?
Eric Ruty : Kelio est le nom de notre solution logicielle RH et de contrôle d’accès depuis plus de vingt ans. En plus de notre activité d’édition de logiciels de gestion, nous fabriquons et assurons la maintenance des systèmes de badgeage et de contrôle des temps associés. Ces systèmes ont considérablement évolué depuis l’origine. Leader historique en matière de gestion du temps de travail, nous avons cependant entrepris un virage stratégique important depuis dix ans qui aboutit aujourd’hui au développement d’un SIRH complet (Système d’Information de Ressources Humaines), regroupant 4 familles de fonctionnalités :
- la gestion administrative du collaborateur,
- la gestion des talents,
- la gestion des temps de travail et d’activités,
- la gestion de la paie.
Nous disposons dès lors d’une offre cohérente, avec une base logicielle unique, agrégeant toutes les questions RH. Cela étant, si un de nos clients préfère s’en référer à une solution plus pointue, en fonction de besoins spécifiques, nous sommes à même d’interconnecter Kelio à ce modèle.
Conquérir : Parlez-nous de votre univers concurrentiel !
Eric Ruty : Nos concurrents proviennent de plusieurs horizons et leur nombre s’accroît d’année en année. Leur profil n’est pas le même suivant les segments de marché. A côté d’acteurs spécialisés dans telle ou telle application répondant à un besoin bien précis, on remarque des sociétés de grande taille et plus généralistes, françaises mais souvent aussi internationales. En ce qui concerne notre SIRH, Kelio adresse tous types d’activité (retail, industrie, services…) et toutes tailles d’entreprises (des PME jusqu’aux grands comptes en passant par les ETI) même s’il est vrai qu’historiquement, nous avons commencé par les PME. Ces PME peuvent être séduites, outre par la qualité de nos produits, par le maillage très fin du territoire, car nous ne travaillons pas d’une manière centralisée. Nous disposons d’agences, mais surtout de collaborateurs salariés travaillant en « home office » couvrant de manière pratiquement totale la métropole mais aussi les Antilles. J’ajoute que, leader de la gestion de temps en France, nous sommes un des leaders en Europe, où nous disposons de cinq filiales.
Conquérir : Le développement de Kelio est quasi exponentiel depuis quelques années. Cela nécessite de recruter de nouveaux collaborateurs et de fidéliser ceux qui sont déjà en place. Vous avez créé Otium… De quoi s’agit-il ?
Eric Ruty : Notre politique RH est très orientée QVT depuis longtemps, avec un double objectif, celui de responsabiliser nos collaborateurs et celui de les motiver. Cependant, nous avons donné un coup de booster à cette politique avec la création d’Otium. Le projet, dont le nom - c’est caractéristique de notre démarche, est issu d’une proposition des collaborateurs - a été bâti en en pleine concertation avec le CSE.
Nous disposions d’un restaurant d’entreprise ainsi que de quelques équipements connexes depuis la construction du premier bâtiment de Kelio en 2000 - bâtiment du reste en cours de réhabilitation. L’arrivée sur le site d’un deuxième bâtiment de Kelio, puis du siège du groupe, nécessitait a minima une reconstruction du restaurant afin de l’agrandir. Nous avons mis à profit cette circonstance pour établir un projet plus vaste, s’inscrivant dans la logique du moment qui est celle du bien-être au travail. Le campus de Bodet à Cholet dispose désormais d’un vaste espace, Otium. Outre le restaurant, il dispose d’un spacieux local abritant des jeux (baby-foot, billard…) mais aussi, un terrain de volley, un terrain de basket, un cours de tennis, des salles de gymnastique, une salle de répétition de musique pour notre orchestre interne, une bibliothèque, des douches… ainsi qu’une salle de sieste. Ces équipements sont disponibles de midi à 14 h et, pour certains d’entre eux, avant et après les heures de travail. Inauguré début février, Otium a bénéficié d’un excellent accueil de la part des collaborateurs qui l’ont immédiatement adopté, ce qui a même révélé leur appétence pour certaines activités proposées !
Martial Boutin directeur des services partagés : des atouts RH valorisés
Si le groupe Bodet a filialisé trois de ses activités, ces dernières bénéficient de services centraux centralisés (compta- finances, contrôle de gestion… et ressources humaines). Martial Boutin est le directeur des services partagés. Il est donc en particulier en charge les RH du groupe, aussi bien pour le siège que pour les filiales, en collaboration avec les équipes de ces dernières. Ce n’est pas une mince affaire, car la société est en expansion et les besoins de recrutement importants. Actuellement, « soixante postes sont ouverts pour un total d’environ 900 collaborateurs », indique Martial Boutin. « Mon rôle en central et en appui des filiales est de les aider à recruter, en valorisant notre marque employeur. » Remarque-t-il des tensions, comme dans tant d’autres secteurs ? « Oui, il existe une forte tension, pas forcément cependant dans tous les métiers », répond-il encore. Plusieurs questions se posent. La première d’ordre géographique.
Cholet, 50 000 habitants, est une petite ville relativement à ses voisines Angers et Nantes, a priori plus attractives. A cela s’ajoutent des goulots d’étranglement dans certains métiers. Chez Kelio, il s’agit des ingénieurs bureaux d’études (développement informatique, testeurs ingénieurs hardware…). Que des personnes très courtisées sur le marché. Quant aux consultants de terrain, forcément mobiles, une moindre appétence à l’itinérance constitue un frein. Dès lors, comment faire ? « Le logiciel est connu depuis plus de vingt ans, cependant nous nous sommes concentrés sur la qualité de vie au travail avec Otium ainsi qu’un pôle de R&D adapté afin d’attirer des talents et de les fidéliser », résume Martial Boutin. L’univers RH est, en effet, largement composé de start-ups, un modèle attrayant pour les jeunes. De plus, souligne le directeur des services partagés, le faible niveau de chômage dans la région a inversé dans bien des cas le rapport de force en faveur des salariés. Cependant, l’effet Covid a amené certains foyers à quitter la région parisienne, augmentant les ressources humaines disponibles « avec le besoin de se retrouver au grand air ». Cholet bénéficie de cette évolution, d’autant qu’elle est à la fois proche de la campagne, de la mer et des grandes villes de Angers et de Nantes, où sont du reste parfois installés des collaborateurs, à la faveur d’un accord portant sur un jour ou deux de télétravail par semaine.
Cédric Lampin, responsable marketing : nouveau nom, nouvel élan
Kelio est devenu le nom de la filiale software du groupe Bodet. « Ce changement de nom est très important, il va donner un nouvel élan à notre entreprise, nous allons être dorénavant plus visibles, notamment à l’international, où la dénomination Kelio passera mieux », se réjouit Cédric Lampin, responsable du marketing. « D’autant, ajoute-t-il, qu’il est accompagné d’innovations produits qui vont encore davantage nous positionner au centre des besoins RH des entreprises, en particulier à travers l’arrivée de notre version 5 début 2023 ». « Le changement de dénomination de l’entreprise Kelio s’inscrit en parallèle du lancement d’une nouvelle version de notre logiciel éponyme, centrée sur le Core RH. Grâce à lui, le logiciel dispose d’une base de données RH unique, qui centralise toutes les informations relatives aux collaborateurs d’une société. Tous les aspects du logiciel disposent de la même information pour une gestion facilitée des entretiens, des formations, des notes de frais, ou encore du contrôle d’accès du personnel de l’entreprise », commente encore Cédric Lampin. Il évoque le décompte des présences, des absences, de la prise de congés, mais aussi l’intégration de la QVT, des questions de santé… « Cherchant à améliorer la vie des collaborateurs dans les entreprises et les relations avec les employeurs, nous devons appliquer cet état d’esprit à nous-mêmes en étant innovants en matière de RH » conclut le responsable du marketing. 5 millions de personnes utilisent Kelio aujourd’hui sous ses différents aspects, en France et à l’international.