Dans les années 70-80, le Japon attirait l’attention, et inquiétait même à certains égards, vu son appétence pour les investissements à l’étranger. Ses pépites résonnaient aux oreilles de tout de le monde. Depuis, la Chine l’a éclipsé. Cependant, le Japon demeure une puissance économique considérable, malgré une croissance assez faible ces dernières années et le vieillissement de sa population. Le poids de son PIB par habitant doit retenir néanmoins notre attention, car il est synonyme de pouvoir d’achat élevé. Nous vous livrons quelques éléments contextuels de nature à remettre ce poids lourd de la zone Asie-Pacifique à l’honneur.
Tout d’abord, pointons quelques chiffres : le Japon, certes avec une population vieillissante, compte 125 millions d’habitants. Son PIB annuel par habitant est de 33 853 dollars, contre 12 669 pour la Chine et, il est vrai, 76 343 dollars aux Etats-Unis. Sa croissance est faible depuis plusieurs années, mais on part de haut. Le PIB national est donc important. Sur le plan des flux, tandis que son solde commercial est devenu négatif, les revenus du portefeuille d’investissements à l’étranger et celui des IDE entrants font plus que compenser son déficit.
La croissance est certes toujours peu vigoureuse actuellement, mais elle se compare à celle de l’UE (1 % en 2023, sans doute la même chose en 2024), l’inflation quant à elle, si elle s’avère plus élevée qu’auparavant, paraît raisonnable (2,5 % en 2023, idem en 2024 selon les prévisions).
En outre, contrairement à ce qui se passe ailleurs, les taux d’intérêt demeurent à la limite de zéro. Notons, en revanche, que le rapport de la dette publique par rapport au PIB est considérable : plus de 260 %. Mais le maintien de taux faibles, conjugué à la proportion élevée de détenteurs nationaux de cette dette (90 %), sont des facteurs rassurants, même si le solde budgétaire dépasse les 5 % du PIB.
Comme n’importe quel pays, celui des samouraïs présente des points faibles, malgré sa robustesse. On l’a dit supra, on pense d’abord au vieillissement de la population qui provoque la volonté d’investir dans davantage de robots et de machines, puisque les Japonais sont rétifs à l’immigration. Ce qui, en fin de compte, et à ce stade, contribue à dynamiser les investissements, un moteur pour l’économie.
Un autre phénomène important, est celui de la stagnation des revenus réels, associée à l’augmentation de la part des travailleurs précaires. Ces éléments négatifs contrastent avec beaucoup d’autres, particulièrement favorables, et qui sont relayés par Coface dans sa dernière analyse pays. Il s’agit de la localisation de l’archipel dans une région très dynamique, d’un niveau d’épargne élevé (25 % du PIB), de la fabrication dans ses usines de produits de haute technologie et diversifiés grâce à un outil industriel performant. On n’oubliera pas les effets positifs pour l’économie japonaise des accords commerciaux signés avec l’Union européenne et la zone Transpacifique.
France-Japon : des exportations en belle hausse
Pour en revenir au commerce extérieur français, nous avons connu en 2022 (dernières données complètes disponibles) une hausse de 17 % de nos ventes hors aéronautique et -1,2 sans elle, sachant que les livraisons d’Airbus étaient alors à l’arrêt et que pour leur comptabilisation, tout dépend de l’endroit où ils sont fabriqués.
Pour le reste, on a remarqué une poussée généralisée dans plusieurs secteurs, par exemple dans les équipements industriels, la chimie, l’électronique (un tiers de nos ventes) mais surtout l’agroalimentaire et les biens de consommation, mais c’est plus inattendu, dans le domaine des services numériques de PME et de start-up. Les produits haut de gamme du textile, de l’habillement, des chaussures ou des parfums ont la cote et la réouverture du tourisme extérieur nous favorise indéniablement. Ces postes pèsent 29 % du total.
L’agroalimentaire se montre également en pleine forme, atteignant un total de 1,4 milliard d’euros de ventes en 2022 (+18 % sur 2021). Parmi elles, celles des boissons, qui étaient en hausse de 23 %, portées par principalement, il est vrai, par l’élévation des prix dans le haut de gamme. Dans un tout autre domaine, on relève aussi une reprise de la pharmacie. Les exportations japonaises, en particulier vers la France, ont été favorisées par la faiblesse du yen, qui est récurrente et a été accentuée par la hausse des taux d’intérêt dans le reste du monde. Que nous vendent-ils ? Principalement des équipements mécaniques, électroniques, électriques et informatiques (1,3 milliard d’euros), des machines industrielles (2,4 milliards), des produits des secteurs chimie, parfums, cosmétiques et bien sûr du matériel de transport, essentiellement des automobiles. Ces dernières ventes ont cependant été freinées en 2022 par les problèmes de fabrication que l’on connaît.
Au total, nos deux secteurs excédentaires sont l’agroalimentaire et le textile. De l’avis des spécialistes, nos performances à cet égard devraient encore s’améliorer, du fait de la reprise de la consommation au Japon et de l’appétence pour le haut de gamme là-bas.