Le marché automobile, si l’on regarde les immatriculations, a nettement repris des couleurs depuis le début de 2023. Il est vrai qu’il avait été fortement perturbé ces dernières années, d’abord par la crise du covid, puis par ses conséquences, accentuées par la guerre en Ukraine. Aujourd’hui, le marché est plus tonique. Qu’en est-il pour les flottes d’entreprises ?
Le marché du VP a progressé globalement de 5,8 % sur les huit premiers mois de 2023, et celui du VUL, beaucoup plus tonique, de 23 %. On parle là d’immatriculations. Or, 2021 et 2022 ont été marquées par des pénuries de composants, qui ont fortement perturbé les approvisionnements.
Tandis que les immatriculations de 2023 se nourrissent du rattrapage de livraisons de véhicules commandés bien antérieurement, la régularisation de la production devrait aboutir – sans doute au début 2024 selon Ivan Segal, directeur de commerce France de la marque au losange, à un retour à la normale c’est-à-dire à la réalité d’un marché de commandes qui semble incertain pour le moment.
Aujourd’hui, on semble donc globalement revenu à des délais de livraison « normaux ». Par exemple, Vincent Foucher, responsable des ventes entreprises de Nissan, évoque pour sa marque des délais rarement au-dessus de trois mois. Du coup, il y a un phénomène de rattrapage des immatriculations. Quant aux commandes, les professionnels du métier sont plus circonspects à l’instar d’Ivan Segal. Il est vrai que le prix facial des véhicules augmente, de même que les taux d’intérêt. De plus, les entreprises – cela est valable dans de nombreux secteurs, estiment la visibilité incertaine sur le plan économique, ce qui freine les initiatives. Cela ne les empêche pas malgré tout de désirer renouveler leurs parcs, d’autant que, pendant la crise du covid, elles ont eu tendance à prolonger les durées de leurs contrats de LLD.
Et puis, il y a les obligations d’électrification des parcs. Or, une telle électrification « obligatoire » était généreusement subventionnée jusqu’à présent. Mais voilà, l’Etat doit faire des économies. Alors, les incitatifs fiscaux tendent à être rabotés (bonus et primes). La tentation est grande de les réduire, plus particulièrement sur les véhicules produits à l’étranger, en premier lieu en Asie.
Un texte en préparation donnerait à l’Ademe le pouvoir de classifier les modèles les plus vertueux en prenant en compte la pollution ou la carbonation engendrée depuis la production jusqu’à la distribution. Et non pas seulement celles issues des véhicules, électriques ou hybrides, directement. Un peu plus compliqué pour les acheteurs et les constructeurs de s’y retrouver !
L’électrique en plein ascension
Malgré tout, dans un marché favorable, certains acteurs tirent mieux leur épingle du jeu que d’autres. C’est le cas du groupe Renault, à travers Dacia, ainsi qu’à celle de la marque au losange qui a repris beaucoup de couleurs depuis 2022.
Ivan Segal, se réjouit ainsi pour Renault d'une progression, tant en volumes qu’en parts de marché. Sa hausse durant les huit premiers mois de 2023 a été de 17 % en VP et 13 % en VU. De quoi conforter sa place de leader dans cette dernière catégorie et de se rapprocher de la première place en VP.
Dans les flottes, le mouvement est encore plus spectaculaire, avec + 21 % en VP. Ces chiffres très positifs de Renault, en particulier en ce qu’elle surperforme le marché, sont principalement dus, selon Ivan Segal, à une percée sur le segment C où elle était moins présente ces dernières années. Les arrivées successives de Arkana, de Megane e-tech puis de Austral, ont dopé les ventes dans le segment. L'Austral full hybride a été bien accueilli, tout spécialement dans les flottes.
Le full hybride est approprié pour les conducteurs professionnels et permet une véritable réduction du TCO et de l'empreinte carbone, selon Ivan Segal, alors que le pur électrique peine encore à s'imposer dans les flottes.
25 % de part de marché
MG Motor, constructeur chinois à la marque mythique déjà bien implanté en France, avec « 200 points de vente VP et VL » a fait une percée fulgurante en deux ans. A fin août, Jacky Delorme, responsable des ventes entreprises, pointe déjà 15 000 immatriculations, dont 60 % de MG4, son véhicule phare 100 % électrique.
Alors que le modèle a été lancé en 2022, deux nouvelles versions sont déjà arrivées, avec quelques ajustements pour tenir compte des retours du marché, « alors que la plate-forme était déjà toute nouvelle, ce qui prouve notre réactivité », se réjouit Jacky Delorme. Une des deux nouvelles versions augmente l’autonomie du MG4, la portant à 520 kilomètres.
La gamme de MG Motor comprend aussi les ZS thermique et électrique ou encore la MG5. Jacky Delorme prévoit plus de 20 000 immatriculations d’ici à fin 2023, nettement plus du double qu’en 2022.