Notre économie est actuellement assez poussive. Les derniers chiffres du chômage le prouvent. Qu’en est-il du marché automobile, un des poumons de la consommation ? Là encore, on peut parler de stagnation dans les VU et de léger recul dans les VP. Le total des immatriculations de VP en 2024 a été de 1 718 416, selon les données du CCFA, soit une baisse de 3,2 % sur 2023. Dans tout cela, des mouvements sensibles peuvent être remarqués. Ainsi, les véhicules thermiques poursuivent un recul remarquable au profit des hybrides, surtout non rechargeables, tandis que les pures électriques progressent plus légèrement.
Stagnation du marché VU
Le marché du VU a donc été atone et a chuté de 100 000 véhicules depuis 2019. Philippe Quétaud, directeur des ventes spéciales de Renault, s’affirme circonspect vis-à-vis d’une reprise nette d’ici la fin 2025, même s’il remarque de meilleures perspectives depuis peu dans le BTP. Dans un monde où l’électrification gagne beaucoup de terrain, le VU se démarque par une forte résistance du thermique. Renault joue le jeu du futur avec une version électrique pour chacun de ses modèles. Cependant, Philippe Quétaud reconnaît que, globalement, on pourrait mieux faire pour que la donne évolue. « Il y a de l’appétence pour basculer vers l’électrique, observe-t-il, mais son TCO n’est pas forcément compétitif à l’heure actuelle, sauf dans certaines situations ». Des réflexions sont en cours pour améliorer le TCO de l’électrique, « qui représente l’avenir pour les VU aussi », conclut le directeur des ventes spéciales.
Un marché entreprises peu tonique
Venons-en maintenant au marché entreprises VP, qui nous intéresse particulièrement dans nos colonnes. Force est de constater qu’il n’a pas brillé l’an dernier puisque les ventes flottes VP ont baissé de 7,5 %, plus drastiquement que l’ensemble. « Plusieurs facteurs expliquent ce mauvais résultat, analyse Philippe Quétaud, l’atonie de l’économie, les incertitudes budgétaires et les prolongations des contrats de LLD ».
La deuxième observation de Philippe Quétaud concerne un changement « qualitatif » fondamental.
A savoir une impressionnante variation du mix énergétique. L’hybride a progressé de 33 %, au détriment du diesel (-33 % précisément). Le pur électrique progresse plus modestement de 5 %. Ce début d’année est globalement assez poussif. « La dynamique générale n’est pas terrible, car l’attentisme règne », constate encore Philippe Quétaud. Les responsables de parcs essayaient il y a peu de bien cerner l’impact des mesures du nouveau budget, de même d’ailleurs que les constructeurs. C’est que la pression pour faire reculer les véhicules thermiques ne faiblit pas. Les lois CAFE et Lomme sont durcies. Les assouplissements annoncés récemment par la Commission Européenne redonneront sans doute de l’oxygène. Quant au bonus, il a été suspendu pour les entreprises fin 2024. Le dispositif lié au CEE qui le remplace et moins attractif, surtout pour les VP. Dans ce contexte, Renault fait partie des constructeurs qui ont affiché de bons résultats financiers et commerciaux l’an dernier.
La marque au losange a bénéficié du lancement de cinq nouveaux modèles VP : Rafale, Scenic, Captur, Symbioz, R5 (voiture de l’année 2025). Cela, sans compter les cousins, le Dacia Bixter ou encore l’Alpine A290. Pour 2025, Philippe Quétaud espère profiter en année pleine de ces lancements opérés en 2024. « La stratégie de Renault fonctionne bien, développe-t-il, car elle est bâtie sur deux piliers, la gamme E-Tech (full hybride), qui concerne tous les modèles, de Clio au Rafale, et le 100 % électrique qui s’étoffe régulièrement : Megane, Scenic, R5 et en 2025, R4 ». La part des ventes en 100 % électrique va donc nécessairement progresser chez Renault. La marque au losange est numéro un en flottes, Clio est numéro un toutes catégories confondues et les performances générales sont bonnes, « plaçant même quatre modèles E-tech parmi le top 10 des ventes en flottes », se réjouit Philippe Quétaud.
Renault dispose aussi d’une autre corde à son arc, grâce à Alpine, dont la gamme se développe au-delà de la célèbre A 110, avec la A 290 « dont 30 % des volumes se font en entreprise » et bientôt la A 390, de quoi taquiner une certaine marque allemande. Il s’agit d’un modèle « full électrique ». Et puis, arrive très bientôt la R4, en tout électrique également. Chez Audi, François Larher, responsable des ventes entreprise et VO, se félicite de « bonnes perspectives pour sa marque dans les flottes ». Le début d’année a été marqué par une forte appétence pour les véhicules électriques, puisqu’ils ont représenté 45 % des ventes en entreprises, avec une poussée remarquable du Q6 et du Q4 dans cette motorisation. L’autonomie affichée de 650 km pour le Q6 est très incitative sans aucun doute.Notons que, parmi les 48 000 véhicules de la marque allemande vendus en 2024, près de la moitié l’ont été en flottes (+4 % sur 2023). François Larher indique « chercher les 24 000 » en 2025. Cela, grâce aux lancements des motorisations PHEV pour A3, A5, Q5 et nouvelle A6 au premier quadrimestre et surtout le nouveau Q3 en juin.