Logistique / Transport
Brexit : Conex à la manœuvre
Le Brexit va encore beaucoup faire parler de lui ces prochains mois. Conex, leader des progiciels douaniers, se situe à un point charnière des échanges commerciaux internationaux. L'éditeur des Hauts-de- France est très impliqué dans la préparation du post–Brexit. C’est l’occasion de faire un point avec Alban Gruson, son PDG.
Conquérir : Peut-être un bref rappel de vos activités pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Alban Gruson : Nous sommes le partenaire douanier des entreprises. Notre plate-forme Delta permet aux chargeurs d’effectuer leurs déclarations douanières en toute simplicité. Notre rôle va cependant au-delà d’un transfert électronique des données, ce qui est un atout majeur leur permettant d’éviter des problèmes de compatibilité. Nous fournissons aussi des conseils à nos clients, sur le plan réglementaire par exemple.
Conquérir : Avez-vous des nouveautés à proposer à vos clients en 2020 ?
Alban Gruson : Tout à fait. En premier lieu, la nouvelle version de notre logiciel douanier sera opérationnelle au printemps. Elle présente de nombreux avantages par rapport à la précédente. Cette solution est plus souple, plus performante tout en respectant la réglementation internationale.
Nous présenterons également sur la SITL notre gamme Zen via Conex, à travers une des trois à quatre conférences thématiques qui se dérouleront sur notre stand. Zen via Conex est un module d’archivage permettant de stocker et de mettre à disposition des opérateurs des données correspondant aux messages échangés avec l’administration des Douanes pour finaliser la déclaration. On peut y joindre d’autres éléments ayant servi à son élaboration qui seront certifiés en quelque sorte par une attache avec une blockchain. La valeur probante sera bien supérieure à celle d’un fichier classique. Zen via Conex assurera un confort supplémentaire au déclarant.
Conquérir : Le Brexit a eu lieu, mais on ne sait encore rien des accords de sortie après la période de transition. Avez-vous pu vous y préparer ?
Alban Gruson : Effectivement, on ne sait pas avec certitude si la date de fin de la période de transition sera le 31 décembre 2020. Cela dit, nous travaillons depuis plus d’un an au passage à des échanges hors UE, en collaboration avec les douanes françaises, très en avance dans ce domaine d'ailleurs.
L'idée est évidemment d'empêcher les engorgements de camions à l'entrée en France, en organisant un couloir vert, sans contrôle physique de la marchandise, et une zone orange pour les cargaisons demandant une étude plus attentive. Dès lors, il faut le prévoir à l’avance, grâce aux outils modernes. Le chargeur enverra – via notre plate-forme – une déclaration douanière anticipée aux Douanes françaises. La déclaration sera accompagnée d’un code barre spécifique, qui sera remis au chauffeur. La plaque d’immatriculation du camion sera également renseignée. Pendant que le poids lourd cheminera vers la France, les Douanes auront tout loisir pour examiner les risques potentiels, et donc décider en amont de son arrivée du statut – vert ou orange – du chargement. Après cela, les Douanes enverront un message au chargeur pour qu’il confirme ou pas sa déclaration. Cette validation pourra être automatisée à travers notre plate-forme Delta.
De l’autre côté de la Manche, nous avons créé une filiale pour proposer le même service pour les entrées de marchandises, en Grande-Bretagne cette fois.
Conquérir : La Chine est un des grands opérateurs du commerce mondial. Qu'en est-il des problématiques d'importation de ce pays ?
Alban Gruson : La particularité de nos importations de Chine, c’est l’importance considérable du nombre de colis provenant de transactions issues du e-commerce. Les paquets ou colis sont donc à faible valeur ajoutée. Concernant, les droits de douanes, les autorités de l’UE ont décidé d'en exonérer les importateurs pour tous les montants unitaires inférieurs à 150 euros. En revanche, afin d'éviter les distorsions de concurrence, la TVA sera due au premier euro.
Ce process est complexe, car on parle de 700 000 colis par jour en moyenne. Le système de traitement devra donc être automatisé. Une complication supplémentaire provient de la pérénigration rendue nécessaire au titre de la perception par les Etats de la TVA collectée.
En effet, l'aéroport d'arrivée est situé dans un pays qui n'est pas forcément le destinataire ultime de la marchandise. Conex fait partie des intervenants de l'univers douanier associé aux réflexions en cours, afin de proposer des solutions adaptées à cette question.
SITL : Le GNV et le Brexit attirent l’attention
La SITL, Semaine internationale du transport et de la logistique, dont Conquérir est partenaire depuis de nombreuses années, s’est tenue du 26 au 28 mars derniers à la Porte de Versailles à Paris. Le public est toujours nombreux et qualifié. En revanche, le périmètre de la manifestation bouge d’année en année.
Cette fois, l’organisateur, Reed Exhibitions, avait placé face à l’entrée le pôle que nous appellerons « transport vert » avec la présence de Volvo Trucks, mais aussi de pétroliers et de gaziers.Le stand de Total Marketing France était particulièrement en évidence, avec six pôles représentés. Tout d’abord le réseau Total à proprement parler, et celui de sa filiale AS24, puis les lubrifiants, Total Fleet (nouveau nom de Total GR, correspondant mieux à son activité englobant désormais de nombreux services), Total Solar, mais aussi une start-up achetée il y a deux ans, Pit Point.Pit Point est une « pépite » néerlandaise spécialisée dans la conception et l’installation de sites d’avitaillement de carburants GNV, soit GNC (gaz naturel comprimé), soit GNL (gaz naturel liquéfié). Longtemps confiné à un petit nombre de sites privatifs, essentiellement des collectivités locales ou des transporteurs publics, le GNV va bénéficier de l’augmentation du nombre de points de distribution ouverts à tous. C’est ainsi que Total a pour objectif de disposer d’un réseau de 110 stations offrant du GNV à l’horizon 2022, parfois du GNC ou du GNL.
Sans rentrer dans les considérations trop techniques exposées par Arnaud Bellier, le responsable du bureau France de Pit Point, le GNC est plutôt indiqué pour les courtes et moyennes distances, et le GNL pour les parcours plus longs. Les enlèvements sont plutôt le fait de flottes au rayonnement local, transporteur mais aussi chaînes de distribution de transporteurs internationaux pour le second.« Le GNV, sous sa forme comprimée ou liquéfiée, est une alternative intéressante face aux défis de la qualité de l’air et du réchauffement climatique, affirme en substance Arnaud Bellier. Dès lors, précise-t-il, outre les collectivités locales et le service public des transports, les acteurs du monde industriel ou de celui de la distribution, dont la politique RSE est prégnante, sont intéressés par le GNV.Les pays européens sont loin d’être tous au même niveau d’utilisation du GNV. L’Italie compte ainsi 1 200 stations, pourvoyant aux besoins de particuliers comme de professionnels, tandis que la France n’en compte que quelques dizaines.Notons que les enlèvements de carburant peuvent être réglés par carte Total GR dans les stations éponymes, et AS24 dans celles de ce réseau dédié uniquement aux transporteurs. La carte Eurotrafic a un spectre européen beaucoup plus large.
Logistique, transport, douane
Qui dit exportations ou importations dit aussi déclarations douanières évidemment plus complexes hors Union européenne. Pour ceux dont les opérations sont récurrentes, une solution pratique, nommée Delta, est proposée depuis plusieurs années par le leader français des progiciels douaniers, Conex.Son président, Alban Gruson, participait à une conférence commune avec les douanes françaises, où fut évoquée la dématérialisation des échanges de données entre les douanes de l’UE dans le cadre du code des douanes de l’union CDU. Ce qu’Alban Gruson appelle « un bus de données » permettra de faciliter l’instauration généralisée, à partir de 2021, du principe de pays de rattachement. C’est-à-dire que les déclarations d’entrée ou de sortie de marchandises concernant différents pays de l’UE pourront être effectuées auprès d’une seule des douanes de l’Union, à charge pour elle de transmettre les éléments indispensables – fiscaux en particulier – à la douane dite « de présentation ».Quant au Brexit, toujours en gestation, Conex, qui a installé une filiale au Royaume-Uni, proposera à ses clients actuels et futurs installés des deux côtés de la Manche, d’utiliser Delta pour faciliter les démarches douanières supplémentaires qui en résulteront, dans le cadre de la volonté des pouvoirs publics de fluidifier au maximum la circulation des poids lourds. Nous aurons l’occasion de revenir prochainement sur ce sujet.
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