Gestion
Rationaliser et améliorer la trésorerie
Ventya se veut un spécialiste du sur-mesure à des conditions raisonnables. C’est ce que confirme un de ses clients, Cédric Lardeau, DSI de A2micile, qui résume ainsi la prestation de Ventya : « Ils ont standardisé une prestation à la carte ». A2micile exerce principalement ses activités dans le marché – très concurrentiel – des services à la personne à travers ses marques commerciales Azaé et Domaliance (ménage, repassage, jardinage, aide aux seniors et aux personnes dépendantes). Le groupe détient, en direct ou à travers des filiales, 250 agences en France, et est également déployé en Allemagne comme en Belgique, cela dans « un marché très morcelé ». A2micile emploie 12 000 personnes. Si la partie B2B est déterminante, A2micile exerce aussi en B2C. A savoir que certaines prestations à domicile ont pour donneurs d’ordre des assisteurs mandatés par les assureurs, dans le cadre des garanties qu’ont souscrites les clients de ces derniers. « Cela représente plusieurs centaines de missions par jour, explicite Cédric Lardeau, et un volume de facturation équivalent, car chaque prestation donne lieu à facturation ». La nature de ces interventions occasionne assez souvent des écarts de facturation car elles peuvent voir leur durée prolongée ou au contraire être annulées. Et les règles sont différentes selon les caractéristiques des garanties souscrites par les bénéficiaires.
« Cela entraîne de nombreuses opérations de gestion à la main, chronophages et provoquant des délais de règlement plus longs », relate Cédric Lardeau. Il se trouvait qu’un des assisteurs travaillait déjà avec Ventya sur la partie rapatriement. Le projet a été mis en œuvre en 2017. « Désormais, rapporte encore Cédric Lardeau, le flux de notre système d’information est connecté à celui de Ventya, auquel nous envoyons notre flux de facturation, avec des échanges de données informatisés mentionnant les éléments relatifs à la mission réalisée (le nombre d'heures d'interventions, le numéro du client…) Ventya communique ensuite à l’assisteur des flux de la manière dont il est attendu, agissant ainsi en tant qu’intermédiaire de confiance ». Dans l’heure qui suit, « tous les décalages de facturation nous reviennent », indique le DSI.
Outre les gains de temps obtenus sur la gestion, un avantage intéressant pour la trésorerie de l'entreprise est apparu puisque, alors qu'auparavant les factures n'étaient honorées par l’assisteur qu’après que tous les « litiges » aient été purgés, aujourd'hui les paiements sont libérés immédiatement pour la partie des montants qui ne sont pas fixes. « Au total, moins de stress, plus de rapidité de traitement et financièrement un avantage », se réjouit Cédric Lardeau. Très satisfait, il s’est mué cette fois en force de propositions pour Ventya auprès des autres assisteurs avec lesquels il travaille, toujours dans le but de simplifier et de rationaliser les flux.
RSE et conséquences de la crise sanitaire, réflexions d’Emmanuel Millard, président de la DFCG
Emmanuel Millard, président de la DFCG, association des directeurs financiers et des contrôleurs de gestion, nous fait part du rôle des directions financières et du contrôle de gestion pendant la crise sanitaire, ainsi que les orientations RSE préconisées par son organisation.
Les directions financières et de contrôle de gestion
Les fonctions régaliennes des directions financières et de contrôle de gestion sont l’élaboration et le pilotage de la politique financière de l’entreprise avec les équipes de comptabilité, de la trésorerie et parfois même de l’informatique. En complément, ces dernières années, les dirigeants financiers ont élargi progressivement leur champ de compétences tant vis-à-vis des fonctions internes de l’entreprise que des partenaires externes et leur intervention sur les leviers clés de la performance de l’entreprise. En effet, certains projets d’optimisation de la fonction finance (réduction des coûts notamment), ont conduit à des missions de changement en coordination avec les autres directions (mise en place de centres de services partagés, externalisation de pans entiers des métiers back-office et comptables, implémentation d’ERP…). Les équipes des directions financières et de contrôle de gestion se sont alors mises à accompagner les opérationnels dans la mise en place de leurs outils de suivi. Les différentes directions ont ainsi été munies de tableaux de bord incluant des indicateurs métiers et financiers pour l’optimisation de la rentabilité des différentes activités. Cet accompagnement est enrichi par l’évolution des compétences des fonctions finance et gestion dont le rôle est, de plus en plus, de prévoir et d’anticiper dans un contexte d’incertitude.
L’entreprise pendant la crise sanitaire
Les entreprises et leurs dirigeants ont vécu depuis 18 mois maintenant des situations de crise multiples et ont dû s’adapter en permanence. Ces modifications fréquentes et imprévues ont remis en cause les modèles économiques. D’un côté, les opérations ont été impactées par les différentes évolutions réglementaires et sanitaires et ont fait face à de nouvelles contraintes au quotidien. De l’autre côté, ces adaptations ont suscité une recherche d’agilité et de raccourcissement des délais de prévisions, dans les domaines de la trésorerie en particulier. Il est à noter que les directions financières ont souvent été remarquablement promptes à passer à une gestion totalement ou partiellement dématérialisée.
Comment tirer son épingle du jeu
Dans ce contexte chaotique, bon nombre de dirigeants ont dû lutter pour la survie de leurs activités. Les aides de l’Etat ont permis de repousser les défauts de paiement mais les échéances à venir vont mettre à mal les trésoreries et la santé financière des entreprises dans les prochains mois. Pour autant, ce temps de crise est idéal pour se poser les bonnes questions : impacts post-Covid, revues des portefeuilles d’activités ou de filiales, fermetures de sites, changements d’organisation et d’ERP… et fixer pour ces actions des objectifs et leurs indicateurs de suivi de la performance. Les directions financière et de contrôle de gestion sont au cœur de cette transformation pour permettre aux dirigeants de piloter finement les projets comme :
- Réévaluation de leur modèle économique ;
- Amélioration de l’exploitation de leurs données financières mais aussi extra-financières ;
- Développement de l’intelligence collective en brisant les silos internes.
Portefeuille clients : une analyse préventive nécessaire
Le portefeuille clients doit faire l’objet d'une surveillance régulière, soit à l’aide de moyens automatisés - souvent avec l’appui d'un prestataire extérieur, soit à travers une approche directe. La détérioration actuelle de la conjoncture s’accompagne d'une augmentation encore modérée des défaillances d’entreprises. Nicolas Flouriou, président de l’AFDCC (Association française des credit managers et conseils), évoque avec nous les principaux points d’actualité de son métier.
Conquérir : Peut-être tout d’abord quelques mots sur votre association et son actualité ?
Nicolas Flouriou : Nous rassemblons environ 1 000 credit managers, de PME jusqu’aux plus grands comptes, ainsi que des membres associés gravitant dans notre écosystème (sociétés de recouvrement, éditeurs de logiciels de recouvrement, créateurs de plates-formes, tout en un permettant de choisir une prestation à l’unité, assureurs crédits, factors, fournisseurs de données qualitatives…). Il est à noter que 50 % de nos membres exercent leur activité en province.
Conquérir : Il y a un an, j’avais rencontré votre prédécesseur Eric Scherer. Son inquiétude portait sur les conséquences du remboursement des PGE. On n’a pas l’impression que cela ait impacté grandement le nombre des défaillances…
Nicolas Flouriou : …Vous avez en partie raison. Cela étant, le nombre de défaillances commence à augmenter modérément, à la faveur en particulier de la reprise des recouvrements par l’URSSAF. De plus, malheureusement quatre cinquièmes des ouvertures de procédures aboutissent actuellement à des liquidations, une proportion plus élevée qu’à l'ordinaire. Quant au remboursement du PGE, qui a commencé pour beaucoup, il pourrait occasionner de graves répercussions pour les entreprises qui l’ont utilisé, alors que beaucoup ne s’en sont pas servi.
Au-delà de l’aspect PGE et de difficultés spécifiques, de nombreuses sociétés souffrent d’autres maux : hausse du prix des matières premières, reconstitution de stocks compliquée à la fois en raison de la raréfaction des intrants et de la trésorerie importante à y engager. Quant à l'inflation, les entreprises qui ne sont pas en mesure de répercuter la hausse des prix de leurs fournisseurs ou des salaires, vont souffrir.
Conquérir : Dans ce contexte, il faut être vigilant !
Nicolas Flouriou : Plus que jamais ! C’est précisément le rôle du credit manager de rendre des avis sur l’ouverture de nouveaux comptes clients, des montants de crédit alloués, toujours ainsi à la lisière du commercial et de la finance. Un credit manager, ou toute autre personne remplissant en partie cette fonction comme dans les TPE, peut s’aider d'outils automatisés de spécialistes de la donnée commerciale et financière. De même, pour relancer les paiements à l’aide de scénarios pré-établis. Cependant, l’humain sera toujours là, par exemple pour surveiller de plus près les clients à risque de nos jours ou pour les négociations, plus ou moins complexes, avec ses clients ou prospects.
Conquérir : Quels sont vos principaux chantiers aujourd’hui ?
Nicolas Flouriou : Tout d'abord, le passage en trois étapes du 01/07/2024 au 01/07/2026 à l'obligation faite à toutes les entreprises de transmission électronique des factures dans le domaine commercial privé. Ces données devront être fournies à l’Etat à travers un dispositif spécifique. C’est un enjeu primordial pour les prochains mois et nous entendons à l’AFDCC apporter toutes les informations au plus vite à nos adhérents afin qu’ils bénéficient des meilleures pratiques. L’idée est, bien sûr, d’automatiser ces process. Les credit managers vont être les chefs de ces projets dans leurs entreprises. Un certain nombre d’opérateurs de plates-formes privées doivent être prochainement certifiés par l’Etat. Ce seront celles avec lesquels nous pourrons travailler.
Au-delà de cette question, celle des délais de paiement est toujours d’actualité bien sûr. Les retards avaient diminué, après la loi LME. On a assisté ensuite ces dernières années à un effet « plateau ». Alors que les retards sont stables chez les TPE-PME, on remarque désormais leur hausse dans les grandes entreprises ou les PME les plus importantes, souvent sous l’effet d’une obligation de transmettre des documents sur des plates-formes dont le fonctionnement est complexe ou les procédures inutilement compliquées voire absurdes.
Conquérir : Avec la fin de la période de fermeture Covid, quels événements organisez- vous ?
Nicolas Flouriou : Nous n’allons pas abandonner le digital avec nos webinaires nationaux ou régionaux qui fonctionnent très bien. Cela nous permet de multiplier nos prises de parole et les contacts entre les adhérents, qui parfois ne peuvent pas se déplacer facilement.
Cependant, les événements physiques ont évidemment leur importance, pour faire du réseautage par exemple, échanger avec des collègues, des professionnels du métier… Notre point d'orgue se situe en novembre, comme d'habitude, avec notre Journée Credit traditionnelle (18 novembre cette année). Auparavant, nous nous serons retrouvés pour notre événement de rentrée autour des perspectives économiques. Trois autres grands moments nationaux sont aussi régulièrement inscrits à notre agenda : les Journées d’Information juridique, la Journée Innovation, entendue au sens large (produits, aspect réglementaire…) et les Assises des délais de paiement et des financements en partenariat avec la Figec.
Conquérir : Pouvez-vous faire part à nos lecteurs de quelques points saillants du programme de la Journée Crédit du 18 novembre, dont Conquérir est traditionnellement partenaire ?
Nicolas Flouriou : Le programme sera chargé. Outre les moments de convivialité, au moment du cocktail déjeunatoire et de la soirée, je mentionnerais cependant deux temps forts, qui offriront la parole à des personnalités renommées : une grande conférence économique avec Anne-Laure Delattre : « 360° d’un monde macroéconomique en pleine mutation » et « Abandonner ? Jamais ! », une conférence exceptionnelle avec Virginie Delalande.
2022 : une vigilance nécessaire sur les comptes-clients
L’AFDCC (Association française des credit managers et conseils) tiendra sa traditionnelle et très attendue Journée Crédit annuelle au Pavillon Dauphine le 26 novembre. Un événement d’autant plus attendu cette fois qu’il coïncidera avec la célébration des 50 ans de l’association. Conquérir en sera partenaire, comme d’habitude.
Nous faisons le point avec Eric Scherer, président de l’AFDCC, sur quelques temps forts de la manifestation, mais nous commençons par un tour d’horizon sur les sujets actuels de préoccupation des credit managers et sur leurs préconisations éventuelles aux entreprises.
Conquérir : L’an dernier, vous sembliez plutôt inquiet quant à la situation des entreprises fragiles, en raison de la crise du Covid, en particulier au début de l’échéance pour certaines du remboursement du PGE initialement prévu au terme d’un an, en tout cas en franchise d’intérêt. Aujourd’hui, on constate un niveau très bas de défaillances d’entreprises. Que s’est-il passé ?
Eric Scherer : Effectivement, pour le moment, cela va plutôt bien de ce point de vue. L’Etat et les organismes publics, ou encore les banques, se sont montrés très cléments. Ainsi, la franchise de remboursement sans intérêt a été allongée. D’autre part, on a constaté de nombreuses annulations de dettes fiscales et sociales. L’Urssaf ou encore le Trésor public n’ont en tout cas pas assigné les débiteurs au Tribunal de commerce, limitant ainsi le nombre de dépôts de bilan.
D’une manière générale, les aides ont été largement prolongées et le sont parfois encore (fonds de solidarité, chômage partiel, coûts fixes pris en charge par l’Etat dans les secteurs soumis à des fermeture administratives…). Les banques ont accordé des moratoires à leurs débiteurs, à travers un report de mensualités jusqu’à six mois. Quant aux bailleurs, après de longues discussions, ils ont accepté de faire un effort, là encore soutenus par l’Etat. Aujourd’hui, ces béquilles ont été retirées, sauf principalement dans le tourisme ou l'événementiel.
Conquérir : Vous craignez une rechute ?
Eric Scherer : Pour le moment, en effet, la trésorerie des PME est plutôt bonne, en partie grâce au PGE. Mais, à partir de mars, pour celles quil’ont souscrit dès mars 2020, il faudra rembourser et dans le même temps reprendre le paiement normal des cotisations fiscales et sociales. Et là, celles qu’on appelle les entreprises zombies risquent de rechuter. Euler Hermès prévoit ainsi une hausse de 40 % des défaillances en 2022 vis-à-vis de 2021.
Fort heureusement, certaines PME ont mis à profit le ballon d'oxygène du PGE pour faire des efforts sur leurs charges, se restructurer… Parallèlement à ces aspects plutôt relatifs à la trésorerie, nous entrons dans une zone de turbulences.
La reprise, qui a pris corps depuis le début 2021, demeure chaotique car elle est altérée par un certain nombre d’événements qui la contrarient : pénurie de matières premières et dans le même temps hausse des coûts, attentes de conteneurs, transports de marchandises introuvables ou coûteux…
Tout cela a un impact, parfois important sur le CA – si l’on ne peut pas honorer ses commandes en temps utile par exemple, et bien sûr sur les marges. La reprise se trouve donc freinée, alors qu'au surplus l'inflation croissante fait que l'on redoute une hausse des taux, alors que le besoin d'investissement, particulièrement en matière énergétique, se fait pressant. Ce contexte est évidemment préoccupant pour la santé des entreprises…
Conquérir : … comment peut-on pallier les difficultés?
Eric Scherer : L’Etat, soit par des dispositions propres, soit au travers de directives européennes, s’efforce de préserver les accidents graves menant à des liquidations.
Deux ordonnances vont dans ce sens. La première est d’origine nationale : la PTSC, une procédure judiciaire temporaire et dérogatoire dite de « traitement de sortie de crise » qui a été mise au point par le législateur pour traiter à la source les maux causés par la pandémie (loi n° 2021-689 du 31 mai 2021 relative à la gestion de sortie de crise sanitaire).
Cette procédure se veut novatrice car elle doit permettre l’adoption rapide d’un plan de nature à restructurer l’endettement de l’entreprise et à régler les difficultés occasionnées ou aggravées par la crise sanitaire et économique. Elle vise à trouver une solution de viabilisation des entreprises en difficulté, une viabilisation qui pourrait passer par un remboursement du passif étalé jusqu’à 100 %. Un gros risque à suivre pour les credit managers… Le décret d’application a été publié le 17 octobre. Temporaire et spécifique, la procédure est entrée en vigueur le 18 octobre 2021 et s’appliquera jusqu’au 1er juin 2023.
L’AFDCC a collaboré à la réflexion préalable, à la demande du Parlement et des économistes de Bercy. Le 12 novembre, dans le cadre des journées d’information juridique et financière organisées pour nos adhérents, nous présenterons en détail ces dispositions, et surtout l’impact possible pour les créanciers.
Conquérir : … vous parliez aussi d’une autre ordonnance en préparation…
Eric Scherer : … oui, elle découle cette fois d’une directive européenne, et touche plutôt les grandes entreprises exerçant dans des domaines nécessitant une restructuration rapide (sous-traitance automobile, aéronautique, fonderies…). Des classes de créanciers sont instituées, laissant un avantage substantiel à ceux qui disposent de garanties ou apportent de l'argent. La classe des chirographaires pourrait en souffrir.
Conquérir : Qu'en est-il de l'évolution des délais de paiement dans ce contexte ?
Eric Scherer : Là encore, d’une diminution des retards observés à partir de 2015 environ, puis d'une stabilisation autour de 11 jours de retard de paiement, nous sommes remontés en 2021 à 15 jours, le BTP présentant des retards encore plus importants. Nous redoutons désormais un dérapage. La pression sur les marges que j'ai évoquée tout à l'heure pèse sur le BFR et pourrait entraîner la tentation de laisser filer le crédit fournisseur.
Nous, à l’AFDCC, en collaboration avec d'autres organisations, souhaitons sensibiliser les responsables d'entreprises à l’aspect citoyen de tenir leurs engagements en matière de délais de paiement.
Conquérir : Vous organisez donc la Journée Crédit le 26 novembre. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Eric Scherer : C’est, vous le savez, l'occasion pour nous de fêter nos 50 ans. L'ambiance sera donc assez festive. Pour autant, nous n'oublions pas le caractère studieux de cet événement, qui sera jalonné de plusieurs conférences.
Le matin, ce sera notre conférence économique, où nous bénéficierons de l’expertise de Alexis Karklins-Marchay, intervenant sur Radio Classique et auteur de nombreux ouvrages dont L’économie et le monde de Balzac. Il voyage beaucoup et pourra nous éclairer sur ce qu’il estime être les forces et les faiblesses de notre pays.
Plusieurs médiateurs connus interviendront dans d’autres conférences, dont celles de Bernard Thellier, négociateur du GIGN et de Marc Thiercelin dit « Captain Marck », navigateur et skipper professionnel français. Une table ronde d’ampleur réunira cinq grands acteurs partenaires de l’AFDCC (Altares, Ellisphere, Dimo Gestion, Serrola, Euler Hermès) afin de faire un point sur l’évolution des différents secteurs d’activité. Comme toujours, un espace de rencontre sera consacré à nos partenaires des métiers du credit management, où nos adhérents pourront se familiariser avec les dernières techniques du métier.
Propos recueillis par Alain Gazo
Crédit du Nord : focus sur l’open banking
L'univers bancaire demeure très concurrentiel : banques généralistes nationales et internationales, structures mutualistes… Les acteurs doivent pouvoir se distinguer par une structure de clientèle - et donc d'approche ciblée, ainsi que par des solutions innovantes. Le Crédit du Nord met actuellement en exergue pour sa clientèle une politique dite d’open banking, à travers des partenariats bancaires ou extra-bancaires. Nous avons rencontré à ce propos Bruno Magnin, directeur de la clientèle corporate du groupe Crédit du Nord.
Tout d'abord, il convient de resituer le Crédit du Nord dans son contexte opérationnel et financier. Le groupe Crédit du Nord regroupe neuf banques locales, très connues dans leur région et implantées de longue date puisque, par exemple la Banque Courtois a été créée au XVIIIe siècle. Actuellement filiale de Société Générale, le groupe Crédit du Nord est implanté nationalement avec, en particulier, de fortes positions en région parisienne, dans le Nord et le Nord-Ouest à travers la banque éponyme, dans le couloir rhodanien avec la SMC (Société Marseillaise de Crédit), ainsi que dans le Sud-Ouest (Banque Courtois).
Les autres banques régionales sont Kolb, Laydernier, Nuger, Rhône-Alpes, Tarneaud, Société de Banque Monaco, tandis que la célèbre société de Bourse Gilbert Dupont fait également partie du groupe.
Le groupe Crédit du Nord « compte 8 000 collaborateurs, répartis dans plus de 700 agences sur tout le territoire, 1,75 million de clients particuliers, 153 000 clients professionnels et 43 000 clients entreprises ». Il s’adresse dans les segments des entreprises plus particulièrement aux PME car, souligne en substance Bruno Magnin, « nos banques régionales sont de véritables PME qui s’adressent à leurs homologues, et cela se retrouve dans leur ADN de naissance car elles ont été fondées par des entrepreneurs pour des entrepreneurs ».
Un dialogue permanent avec la clientèle
Questionné plus en détail sur la spécificité de ces banques, Bruno Magnin évoque « un dialogue permanent, et de confiance avec les clients [favorisé] par l'autonomie de décision locale, permettant les décisions rapides ». Proche des PME locales, le groupe Crédit du Nord, à travers ses différentes banques, a eu à cœur de soutenir ses clients entreprises pendant la crise sanitaire, « avec des reports d’échéance quand il le fallait, ou encore en se montrant proactif sur des propositions de PGE ». Les montants alloués à ce titre ont été supérieurs à la part de marché du réseau, mentionne-t-il.
Cette part de marché, le groupe Crédit du Nord souhaite la maintenir et si possible l'augmenter. Dès lors, ses équipes s'efforcent de proposer des produits ou des solutions répondant aux besoins identifiés de ses clients, voire en les anticipant.
Originalité revendiquée, celle de l’open banking, à savoir donc « la construction d’offres bancaires ou non bancaires » avec des partenaires. De quoi « simplifier la vie des clients, et sécuriser leurs projets d'entreprise ».
Trois sujets majeurs ont été identifiés par la banque, nous rapporte-t-on en substance : la sécurité, la transition énergétique et le digital au sens large. Quant à la sécurité, il s’agit de sensibiliser les entreprises aux risques cyber, « qui peuvent concerner les ETI, mais aussi les PME, voire les TPE ». Les sensibiliser, mais aussi les aider à se protéger, grâce à des solutions assurancielles et techniques, dans ce dernier cas à travers des partenaires aguerris.
Transition énergétique et RSE
Autre sujet identifié, celui de la transition énergétique et de la RSE. Là encore, aussi bien en matière d’économie d’énergie, que de diminution de l’empreinte de CO2, le groupe Crédit du Nord propose des solutions relevant de son métier premier – la fourniture de financements, mais aussi la mise en relation avec des partenaires « de confiance » pour mettre en place en pratique des évolutions soutenables en la matière. Sans oublier l’aide à la recherche des multiples aides accessibles pour aller vers la transition énergétique.
Pour revenir à l’univers bancaire à proprement parler, le réseau Crédit du Nord propose un prêt de transition environnemental pour appuyer les investissements dans ce domaine, ainsi que des prêts à impact positif. Il s'agit dans ce dernier cas de prêts qui ne sont pas nécessairement fléchés vers des investissements directs dans « le vert », mais qui peuvent avoir des impacts positifs en matière de RSE. Moyennant le respect de certains critères, les entreprises emprunteuses peuvent bénéficier de bonifications sur le taux d’intérêt acté, deux ans puis quatre ans après le début du crédit.
Dernier domaine visé par les nouveautés exposées, celui des innovations en matière de digital. « Les besoins en la matière et les réponses que nous y apportons se sont considérablement renforcés ces dernières années », souligne Bruno Magnin. Il évoque, en particulier, la promotion de la signature électronique, le suivi des opérations du client – en France ou à l’international, en temps réel et « en association avec une start-up, une solution de gestion de trésorerie 100 % en ligne, remplaçant efficacement les outils Excel de partage de documents ».
A propos des opérations à l’international, qui concernent nombre d’entre vous, chers lecteurs, Bruno Magnin fait part de la présence de spécialistes du commerce international dans toutes les banques locales, « à même de répondre aux traitements et au financement des opérations, tant à l’import qu’à l’export, ainsi qu’aux ouvertures de comptes à l’étranger ». Le groupe Crédit du Nord bénéficie, en outre, de l’implantation de sa maison-mère, Société Générale, dans de nombreux pays du monde.
Propos recueillis par Alain Gazo
ERP, CRM, dématérialisation… un solide bilan malgré la crise sanitaire
Le salon Solutions, manifestation rituelle de la profession des éditeurs de solutions de rationalisation de la gestion et de la conquête de marchés, se tiendra les 5 et 6 octobre prochains à la Porte de Versailles.
L’occasion pour les exposants de revoir partenaires, clients ou visiteurs en recherche de solutions. Le salon de l’an dernier, juste avant les nouvelles interdictions fut, en effet, en demi-teinte.
Les acteurs de la profession se portent, en général, bien, voire très bien. La nécessité de poursuivre les activités à distance, ainsi que les obligations légales de plus en plus nombreuses, poussent les entreprises, y compris les PME-PMI, à s’équiper. Cela fait par exemple le bonheur d’Esker, dont le CA et le résultat explosent. Esker, qui est très internationalisée historiquement, avec une forte présence aux USA, a d’autant mieux résisté à la crise, que ,rapporte Thomas Honegger, directeur général France, l’impact sur les affaires du prestataire lyonnais aux Etats-Unis et en Asie par rapport au niveau attendu a été quasiment nul en 2020, contrairement à ce qui est arrivé en Europe du Sud.
Cela étant, « l’enjeu est fort dans l’order to pay et l’order to cash », indique-t-il. Dès lors, des projets – parfois de grande dimension – continuent d’arriver chez Esker, avec « un engouement marqué pour la digitalisation des processus », toujours selon Thomas Honegger.
Pour répondre à la demande actuelle et future, Esker multiplie les innovations, « en perfectionnant ses suites logicielles et en les complétant régulièrement, comme par exemple récemment avec un module spécifique de credit management ».
L’obligation faite aux entreprises de recourir à l’envoi de factures dématérialisées dés 2023, même à leurs partenaires du privé, fait le bonheur d’Esker, comme des autres intervenants de la place, à l’image de Ventya.
Dominique Bougnot, son directeur général, fait valoir un exercice 2020-2021 raisonnablement satisfaisant, eu égard au contexte, sachant que son CA repose principalement sur les transactions effectuées au travers de son portail Clear’Invoice et que Ventya est très bien implantée dans le domaine de la mobilité, fortement touché par la pandémie.
Les fondamentaux poussent cependant en sa faveur. La ruée sur la digitalisation se poursuit, même dans des milieux réticents à la base comme les coopératives agricoles. Pendant ces longs mois, beaucoup de factures clients n’étaient pas honorées, du fait du télétravail (une bonne excuse parfois !).
Les entreprises ont donc fait contre mauvaise fortune bon cœur, en prenant ainsi en considération, souligne Dominique Bougnot, le gain économique sur l’envoi de chaque facture, « puisqu’une facture électronique revient quatre fois moins cher que son homologue papier ».
Ventya propose à ses clients d’opérer via son portail Clear’Invoice des échanges électroniques avec ses partenaires commerciaux (factures entrantes, sortantes…). Un service d’éditique, de mise sous pli et l’expédition par courrier est cependant disponible. Même dans le cas de commandes de l’Etat, Dominique Bougnot estime qu’il est plus pratique de faire transiter les factures par le portail de Ventya, qui gère ainsi « l’ensemble du portefeuille », que d’aller directement sur Chorus, plate-forme des fournisseurs de commandes publiques. Cela évite, par exemple, de faire revalider régulièrement sa signature électronique, puisque c’est Ventya qui le fait. Les factures peuvent être stockées sous une forme hautement sécurisée, pendant dix ans, via le partenaire de référence qu’est Arkhineo (Groupe Docapost).
Ventya a su diversifier sa clientèle ces dernières années, au-delà de son socle de base vers d’autres métiers, la cosmétique (Yves Rocher), la mobilité (tourisme, voyage d’affaires, assistance) ou encore les coopératives agricoles. Plus généralement, toutes les tailles d’entreprises sont accessibles, « avec une importante capacité de personnalisation de la solution, si besoin est ».
Univers des ERP : des PME agiles
Celles qu’on appelait autrefois les SSII ont été la plupart du temps créées par des informaticiens. Elles se sont développées au fil du temps, pour être fréquemment revendues par la suite à des groupes, à la suite du départ en retraite du principal fondateur. Ce qui leur a fait perdre en authenticité. C’est dommage car elles sont souvent nées puis ont prospéré en province. On peut penser à Qualiac en Auvergne (Aurillac), ou à Sylob à Albi, entre de nombreux exemples. Qualiac et Sylob ont été vendues à des groupes depuis quelques années.
Heureusement, il existe encore des exemples d’entreprises du secteur des CRM, ou des ERP, qui demeurent indépendantes et progressent, parfois discrètement.
Il en est ainsi de Info 3W, fondée il y a vingt ans et dont le principal établissement se trouve à Obernai (Alsace). Guy White, père des actuels dirigeants, Michel et Dominic, avait, dans les années 80, fondé une entreprise (Sem Suhne) spécialisée dans la fabrication de transformateurs spécifiques, destinés en particulier, à l’origine, à l’univers de la téléphonie.
Dès la fin des années 90, un logiciel fut créé pour rationaliser les pratiques de la production, avec donc une visée interne. Il fonctionnait à la satisfaction générale. Du coup, Michel et Dominic White eurent l’idée de monter une nouvelle structure, Info 3W, afin de commercialiser leur logiciel d’ERP/SetInUp destiné à gérer une entreprise « de la production à la facturation en passant par les interventions ». « C’est un outil informatique conçu par des industriels pour des industriels », énonce Michel White. « Nous connaissons très bien les évolutions en la matière en milieu industriel, et sommes capables de faire bénéficier de notre expertise nos confrères industriels, non seulement en matière logicielle, mais aussi en les conseillant dans leurs process ».
Michel White énonce trois objectifs principaux pour les prochaines années : développer SetInUp sur le cloud, affirmer sa position dans les secteurs de l’industrie, mais aussi celui de la pose-installation-intervention, souvent connexe, enfin demeurer éditeur et intégrateur du logiciel. L’implémentation, est soit dit en passant, souvent effectuée par Michel White lui-même. La version on premise (traditionnelle) se nomme Alix.
Le gérant d’Info 3W annonce également l’arrivée récente d’un module de gestion de projets. Il se montre raisonnablement optimiste pour la suite, « alors que les entreprises sont conscientes que l’on gagne beaucoup de temps, donc d’argent, avec le numérique ».
Les agriculteurs s’y mettent aussi
Les agriculteurs, population des plus traditionnelles, se mettent à l’utilisation des moyens modernes, par choix ou par nécessité. C’est ainsi que la dématérialisation de documents fait une percée chez eux depuis quelques années, souvent directement ou indirectement à travers les coopératives auxquelles ils sont affiliés.
En voici un exemple, au travers des services rendus à 42 coopératives en France, rassemblant plus de 100 000 agriculteurs par Adherents.Coop, qui est une émanation de la Coopération Agricole, créée il y a vingt ans, au moment de l’émergence d’Internet et des nombreux outils qui allaient y être associés. Ces outils allaient profondément modifier la communication entre les coopératives et les agriculteurs partenaires.
Partenaire, cela correspond à un triple lien :
- Capitalistique : ces agriculteurs sont porteurs de parts de leur coopérative.
- Client : ils livrent leur production à la coopérative.
- Fournisseur : la coopérative leur fournit, en particulier, les intrants nécessaires à leur production.
L’idée d’Adherents.Coop était de fournir à l’agriculteur un maximum d’informations sur leur relation avec leurs coopératives au travers d’un portail de services dédiés, explique son directeur, Sébastien Gaborit. « Nous offrons, poursuit-il, une série de briques applicatives dans lesquelles les coopératives clientes viennent chercher ce qui leur paraît utile, pour bâtir leur propre portail de services ».
Adherents.Coop assure le développement, le support et l’hébergement de sa solution. Ces échanges de documents à travers les portails se sont étendus ces dernières années aux factures. Les factures sont toujours émises par la coopérative (auto-facturation pour les remises de marchandises par les agriculteurs, facturation fournisseur pour les produits livrés en vue de leur exploitation).
Jusqu’à un terme assez récent, les factures étaient toujours adressées par courrier. Les duplicatas étaient stockés et disponibles sur le portail, mais sans valeur probante. « Nous avons pour ambition de faire passer intégralement les agriculteurs à un parcours de factures purement digital, explique encore Sébastien Gaborit, d’autant que l’obligation légale d’y recourir se rapproche ». Adherents.Coop propose donc un service entièrement digital à travers le portail extranet de chaque coopérative concernée, qui génère des factures au format PDF avec valeur fiscalement probatoire.
La prestation est exécutée d’une manière totalement transparente pour les intéressés par Ventya, qui signe et génère un certificat électronique et procède au stockage de documents dix ans garanti sans modification, ce qui est conforme aux normes en vigueur.
Ventya a été choisie après un appel d’offres, principalement sans doute pour sa capacité à bien comprendre le métier des coopérateurs et donc à leur proposer, « dans le cadre d’une entreprise à taille humaine », la solution aboutie la plus adaptée. Une fois le dispositif mis en place, qu’en est-il de l’adhésion des agriculteurs ? « Même si l’habitude d’imprimer les PDF reste forte, admet Sébastien Gaborit, les agriculteurs sont généralement satisfaits du nouveau process, qu’ils demeurent libres ou pas d’adopter ». « En effet, relève-t-il, ils apprécient de pouvoir à coup sûr récupérer leurs factures, parfois égarées auparavant, et surtout peut-être la rapidité dans l’expédition des factures ». Le volume des factures traitées par les coopératives concernées va de 15 000 à 300 000 par an.
Digitalisation, numérisation : des succès français à l’honneur
Emprise croissante des ERP, des CRM, dématérialisation des factures et des documents, digitalisation de pans entiers de l’économie, tout cela a fait la fortune des acteurs qui ont su se positionner avec succès dans ces secteurs. Ils le doivent à leur intelligence, à leur savoir-faire, et bien sûr aussi à une bonne appréciation de leur marché. Dans ce numéro « Spécial 40 ans », nous avons souhaité donner la parole à quelques-uns d’entre eux, de dimensions différentes, mais qui ont tous su se positionner avec succès dans cet univers. Ce sont Esker, Ventya et Infolegale. Il y en a bien sûr de nombreux autres, mais c’est sur eux que nous avons souhaité porter notre éclairage aujourd’hui.
Esker, une percée impressionnante
Esker, éditeur rhône-alpin, comme d'autres dans cette région particulièrement entreprenante, il faut le souligner, est né en 1985, mais sa progression a été particulièrement notable ces dernières années, à travers une augmentation de son périmètre général d'activité et une expansion soutenue à l’international. Nous nous sommes entretenus avec Thomas Honegger, directeur des opérations France à propos de l’évolution dans le temps de la firme, de ses activités actuelles et de ses projets.
Esker fut, de prime abord, éditeur de logiciels émulateurs de terminaux (boîtiers Unix). Cela de 1985 à 2000, afin, en particulier, « de rendre les écrans plus conviviaux pour les utilisateurs ».
C'est en 2001 que se produisit une bifurcation dans le métier principal exercé. Esker passa à la mise en place d’une plate-forme multi canal « pour diffuser dans le bon format et dans le bon média les documents émis d’une entreprise à l’autre et de nature commerciale (factures clients et fournisseurs) ». Les médias furent le fax et l’e-mail.
Les dirigeants d’Esker eurent alors l’idée « de remonter dans la chaîne de valeur pour traiter plus globalement les flux de gestion ». C’est-à-dire de proposer un outil sophistiqué allant plus loin dans son but que, en quelque sorte, le métier de postier. On va alors pouvoir extraire les éléments des factures pour pouvoir les intégrer directement dans la comptabilité, les imputer analytiquement, ou encore mettre en place un système de validation des pièces.
« Nous générons ainsi des transactions financières et digitalisons des processus cash in et cash out », explique Thomas Honegger. Il relève deux faits particulièrement marquants pour Esker qui ont favorisé son développement très impressionnant depuis.
- Son positionnement précoce dès 2003, comme un éditeur en mode SaaS, ce qui était très novateur à l’époque. Aujourd’hui, il s’agit « d’une plate-forme cloud mondiale ».
- Un phénomène extérieur, cette fois, celui de l'accélération de la dématérialisation des flux de gestion, pour les Etats comme les entreprises, accélération notable à partir des années 2010.
Actuellement l'offre d’Esker, résume Thomas Honegger, consiste en une plate-forme unique, avec deux suites logicielles, l’une nommée « Order-to-cash », la seconde
« Procure-to-pay ».
La première concerne la relation avec les clients, comporte différents modules, dont celui de la gestion du compte client, facilitée par la digitalisation des commandes entrantes, module qui peut être complété par deux autres, à savoir un CRM de recouvrement et un module de gestion des encaissements permettant d'assurer la réconciliation des paiements entre la banque et le client.
Quant à la suite « Procure-to-pay », elle facilite le traitement des commandes et la gestion des factures entrantes jusqu'au processus de réconciliation, déjà évoqué supra pour les clients.
La plateforme est unique certes, mais les clients d’Esker peuvent ne choisir qu’une des deux suites ou même que certains modules de chacune d'entre elles. Cependant, selon Thomas Honegger, les directeurs financiers ont plutôt avantage, et c'est, selon lui, souvent leur choix, de souscrire aux deux, afin de mutualiser les coûts et de faciliter la formation interne.
De ce point de vue, selon le directeur des opérations, Esker bénéficie d’un net avantage concurrentiel, car les autres grands acteurs, souvent américains ou scandinaves, n’ont pas une couverture fonctionnelle aussi large, et offrent « très rarement » les deux suites en même temps.
Alors, quelles perspectives pour Esker ? Thomas Honegger se montre très optimiste. D'une part, le marché est très dynamique car « la prise de conscience des dirigeants qu'il faut continuer à digitaliser leurs process s’est accélérée depuis le début de la crise du Covid, leur faisant prendre conscience de l'importance de garantir leur continuité opérationnelle ». Esker ne reste évidemment pas non plus les bras croisés, par exemple en apportant de nouvelles fonctionnalités, comme celle offerte par le module Esker pay, donnant accès directement à des solutions de reverse factoring, de paiement plus traditionnelles, à des scorings externes…
La conquête de nouveaux marchés est également en marche, par exemple « en allant vers les achats stratégiques des entreprises » et bien sûr, par une expansion, toujours soutenue, à l’international.
Ventya : une structure souple, un savoir-faire bien ancré
Ventya est un spécialiste de longue date de la dématérialisation de factures fiscalement probatoires. « Nous avons trouvé notre place dans un marché très concurrentiel », se félicite Dominique Bougnot, directeur général et cofondateur de la firme. « Société de taille moyenne dans notre secteur, nous nous distinguons par notre capacité à personnaliser notre offre aux métiers de nos clients », poursuit-il. Progressivement, le nombre de secteurs où Ventya est présent s’étoffe : assistance, voyages d’affaires, livre, location de voitures, agriculture… tout en ne perdant pas cette spécificité originelle de l’approche fine du client.
Si cette personnalisation est particulièrement demandée chez les très gros clients, elle peut l’être aussi chez les plus petits, qui bénéficient toutefois d’une offre plus simple. Ventya a noué un certain nombre de partenariats, soit pour proposer l’envoi de factures papier pour ceux qui le souhaitent encore, soit pour servir, en marque blanche, les clients d’opérateurs de domaines connexes comme Canon France au travers de la solution Cloud Facture pour l’envoi de factures électroniques.
A travers son portail Clear’Invoice, Ventya procède donc à l’envoi dématérialisé de factures ou à leur réception, toujours avec une garantie du respect de la législation et bientôt des nouvelles exigences liées au passage progressif au tout numérique des échanges de factures entre entreprises privées à partir du 1er juillet 2024. Dès lors, Dominique Bougnot voit 2022 comme une année de transition.
Néanmoins, l’année devrait être favorable pour Ventya et les autres opérateurs du métier, pour deux raisons selon lui :
- La prise de conscience liée au Covid 19 qui a mis en difficulté les services comptables.
- L’accélération du processus de transformation digitale liée à l’échéance 2024-2026.
A ce moment-là, les entreprises devront opter soit pour utiliser la solution qui sera mise en place par l’Etat, laquelle sera cependant « généraliste », selon Dominique Bougnot, soit pour les plates-formes extérieures de prestataires, à l’exemple de celle de Ventya. « Ces plates-formes devront être immatriculées et homologuées », commente-t-il encore.
Outre ses capacités de personnalisation, il valorise pour Ventya « une solution française basée en France, dont le support client et la R & D sont également fixés dans notre pays, et qui ”parle français” ». Les factures sont également conservées dans l’Hexagone. De quoi rassurer…
Bodet Software : l’exigence industrielle dans le monde informatique
Parmi les entreprises digitales, la très grande majorité sont issues d’informaticiens qui ont développé des solutions dans différents domaines (ERP, CRM et SIRH, bien sûr).
Bodet Software fait exception à la règle. En effet, elle est issue de la création d'une activité complémentaire d'un industriel, en l'occurrence Bodet, horloger bien connu pour la fabrication d'horloges de grandes dimensions à destination d’édifices, de gares…
Cette origine différente nous a incité à creuser davantage le sujet avec son responsable du marketing, Cédric Lampin. Et cette origine, cela tombe bien, elle remonte aussi, comme Conquérir, à environ 40 ans. A vrai dire, dans les années 70, existait chez Bodet une activité très réduite, d’horlogerie spéciale, permettant d’horodater les heures d’entrée et de sortie des salariés. Le pointage en somme. Cette petite activité va bénéficier d’un élan considérable porté par différents événements successifs.
Ce fut d’abord vers les années 83-84 l’arrivée des premiers ordinateurs individuels dans les entreprises. L’informatisation des listings de contrôle fut alors rendue possible, et du reste nécessaire, à la faveur d’évolutions législatives importantes, comme celles liées à la possibilité d’instaurer des horaires variables.
En 89, Bodet Software fut, se souvient avec fierté Cédric Lampin, le premier à mettre sur le marché un système de badgeage centralisé sur PC IBM, avec un système d’exploitation DOS. Des fonctions avancées ont pu être ainsi mises en place :
- un meilleur contrôle du temps de travail en journée,
- une individualisation des horaires, permettant un calcul plus aisé des heures supplémentaires,
- la possibilité d’ouvrir les accès physiques à l’entreprise en utilisant le badge de pointage.
L’irruption d’Internet change la donne
L’arrivée de Microsoft Windows a représenté aussi bien sûr « une étape majeure » dans le processus de démocratisation de l’utilisation des solutions proposées par Bodet Software et d’autres éditeurs. Elle a favorisé « une plus grande décentralisation de la fonction RH ».
Vers la fin des années 90, souligne Cédric Lampin, ces évolutions se confirment pour des raisons cette fois politiques. La loi Aubry et ses fameuses 35 heures nécessitent une réorganisation complète du temps de travail dans les entreprises et aussi de la comptabilisation des heures. Bodet Software s’est attelé à faire en sorte que sa solution évolue au diapason.
L’irruption d’Internet dans les années 2000, en particulier cette fois à travers les messageries, a permis le développement de produits ou de modules de gestion RH orientés vers le collaboratif et la planification collective, par exemple le partage de plannings de présence, de congés… entre les services RH et l'ensemble des salariés.
Les années 2010 ont été marquées par « le principe du Cloud ou Software as a
Service » en affranchissant les entreprises de la maintenance et leur permettant de toujours bénéficier des dernières fonctionnalités logicielles. Parallèlement, la mobilité s’est accrue, facilitée par l’explosion des smartphones. « Notre solution logicielle Kelio était calibrée pour faire en sorte que toutes les fonctionnalités puissent être traitées en
mobilité », se souvient encore Cédric Lampin. « Nous avons fait en sorte que notre logiciel permette de traiter l’ensemble des problématiques RH et cela en partage – ce qu’on nomme le SIRH », souligne Cédric Lampin. « Nous couvrons, poursuit le responsable marketing de Bodet Software, l'ensemble du processus de gestion des temps, gestion administrative du personnel et gestion des talents avec le recrutement, les entretiens professionnels, la gestion du plan de formation, l’onboardings, la gestion des notes de frais…
Et en 2020, nous avons ajouté un nouveau maillon à la chaîne, celui de la production de bulletins de paye », se réjouit-t-il.
« Nous avons pendant ces 40 ans de mutation, imposé une logique industrielle dans les processus informatiques de gestion RH, c’est-à-dire celle de la pérennité et de l’accompagnement dans la durée », conclut Cédric Lampin.
Infolegale : apporter de la valeur ajoutée dans l’information
Acteur français de référence pour la sécurisation de la relation BtoB, Infolegale s’est donnée pour mission d’aider les entreprises à pérenniser leurs relations d’affaires et se positionne comme l’expert de l’information légale, capitalistique, financière et réputationnelle sur les entreprises et leurs dirigeants. Elle propose une gamme complète de solutions d’évaluation et de mesure des risques liés à la solvabilité, la fraude, la conformité et la réputation.
« Infolegale est venue injecter de la valeur ajoutée et de la prédictibilité dans les data et les indicateurs mis à la disposition des entreprises pour limiter les risques induits par les échanges commerciaux », explique son cofondateur Bertrand Laffay. Depuis une dizaine d’année, les paradigmes du marché de l’information ont considérablement changé au gré des évolutions technologique mais aussi réglementaires et comportementales. Les moyens d’obtention et de distribution des informations ont également évolué. « Infolegale, dès sa création, indique Bertrand Laffay, s’est appuyée sur de nouveaux modes de collecte digitale et collaborative des informations via ses programmes de collecte SmartData et la création d’un écosystème de plateformes digitales permettant l’enrôlement des sociétés, afin qu’elles déposent de l’information à partager avec la communauté. »
Infolegale a également développé de nouveaux modes de traitement et d’analyse des données caractérisant la relation BtoB, afin d’améliorer la prédictibilité et la pertinence de ses scores dans un contexte, d’une part, de raréfaction relative de la donnée financière disponible du fait de la règlementation autorisant la demande de confidentialité des comptes déposés aux greffes qui restent par ailleurs accessibles aux sociétés de scoring telles qu’Infolegale, pour calculer leurs scores et d’autre part, e d’augmentation du volume et de la rapidité d’accès à une multitude d’informations transactionnelles ou réputationnelles sur les entreprises, informations plus ou moins qualitatives et difficilement vérifiables, donc difficilement exploitables et interprétables avec fiabilité.
Anticiper les risques
La digitalisation des échanges, qui se concrétise plus sensiblement dans les mentalités et dans les flux transactionnels depuis l’après Covid, offre de nouvelles opportunités d’amélioration de la mesure et de l’anticipation des risques, sous réserve que les informations puissent être « opposables » et que les traitements qui leur sont appliqués puissent permettre aux entreprises une utilisation simple, fiable et exploitable au quotidien.
Les grandes entreprises et les ETI se sont d’ores et déjà approprié une grande part de la valeur ajoutée de cette approche via l’intégration des données dans des solutions logicielles au moyen de connecteurs ou depuis des plateformes en ligne. « La généralisation de la digitalisation, permet à présent une démocratisation de l’accès à ces informations exhaustives et qualitatives, ainsi qu’à la prédictibilité des scores, souligne Bertrand Laffay. Infolegale accompagne le mouvement en lançant dès le début de l’année prochaine une offre pure player, de rapport de solvabilité. » Baptisée Presto Infolegale, elle donnera accès, pour des achats à l’unité et sans engagement, à toute la valeur ajoutée de ses informations. L’offre de rapports Presto Infolegale s’adressera principalement aux TPE et PME, « afin de leur donner accès, simplement et à faible coût, à des rapports d’identité et de solvabilité à forte valeur ajoutée, les aidant ainsi à parfaire la connaissance de leurs partenaires commerciaux et à pérenniser durablement leurs relations d’affaires », résume encore Bertrand Laffay.
Caisses d’Epargne : focus sur la transformation et la transition écologique des entreprises.
La transition énergétique requiert des investissements. On le voit dans ce dossier, l’Etat est à la manœuvre pour favoriser son redéploiement. EDF, énergéticien majeur en France, est en première ligne. Les banques ont évidemment aussi un rôle à jouer et les Caisses d’Epargne développent des solutions pour aider les dirigeants d’entreprises à concilier au mieux performance et responsabilité environnementale.
Nous nous sommes entretenus avec Frédéric Cormerois, directeur du marché des entreprises, de l’économie sociale et des institutionnels à BPCE pour le réseau des Caisses d’Epargne.
Conquérir : Quelles actions concrètes avez-vous menées auprès des entreprises pendant la crise ?
Frédéric Cormerois : Nos chargés d’affaires ont été immédiatement mobilisés aux côtés des entrepreneurs sur l’ensemble du territoire pour trouver les solutions adaptées aux impacts d’une crise inédite par son ampleur et sa brutalité, à commencer par permettre le versement des salaires ou lutter contre la cybercriminalité. Mais aussi pour déployer massivement les mesures d’accompagnement : 68.000 Prêts Garantis par l’Etat (PGE) ont été octroyés à nos clients pour plus 10 Milliards d’euros et 130.000 prêts ont fait l’objet de reports d’échéances.
Le niveau d’endettement des entreprises est à son plus haut historique et un reprofilage de cette dette s’imposera pour nombre d’entreprises. Nous les accompagnerons dans ce sens, à la fois pour leur permettre de faire face à leur remboursement, mais aussi pour leur donner l’opportunité de continuer à investir sur l’avenir.
Conquérir : Quels moyens allez-vous mettre en œuvre afin d’accompagner les PME–ETI dans leur transformation et notamment en matière de transition énergétique ?
Frédéric Cormerois : En tant qu’acteur bancaire engagé dans les territoires de longue date, les Caisses d’Epargne ont l’ambition d’encourager et d’accompagner leurs clients dans leurs projets de transformation au sens large. Tout l’enjeu aujourd’hui est de proposer une approche globale au dirigeant d’entreprise pour servir au mieux ses projets de transformation en matière de digitalisation, de développement à l’international et de transition environnementale. Cela passe par comprendre sa stratégie et lui apporter les conseils personnalisés et bien entendu, le cas échéant, le financement de ses besoins de trésorerie et d’investissements pour lui permettre d’accélérer sa croissance, mais aussi faciliter sa transition énergétique.
Dans ce domaine, notre accompagnement sera focalisé dans trois directions : la rénovation thermique des locaux professionnels, la production d’énergie renouvelable, principalement à travers l’installation de panneaux photovoltaïques, et la mobilité verte. J’entends par là la mise en place de financements dédiés incluant non seulement les véhicules ou la flotte de véhicules de tourisme ou utilitaires, électriques ou hybrides, mais aussi les infrastructures de recharge. Cela sera possible par le biais de financements locatifs de type crédit-bail ou LLD (location longue durée), mais aussi par des financements traditionnels.
Afin d’encourager les entreprises et les associations à s’engager massivement dans une démarche responsable, nous allons mettre à leur disposition un nouveau type de financement : « les prêts à impact ». Le client pourra bénéficier d’une bonification de son taux s’il atteint l’objectif à vocation sociale ou environnementale défini à l’avance.
Au-delà des financements, nous proposons également une large sélection de placements qui s’appuient sur des investissements socialement responsables ou éco-responsables.
Caisses d’Epargne : une place croissante auprès des entreprises françaises
Les Caisses d’Epargne sont un réseau de 15 banques régionales mutualistes, couvrant la métropole comme les DOM-TOM. Au total, 350 chargés d’affaires entreprises, répartis dans 110 centres d’affaires, accompagnent au quotidien des entreprises quel que soit leur taille et leur secteur d’activité sur des opérations courantes et plus complexes (gestion des flux, financement, digitalisation, ingénierie sociale, reprofilage de dettes, développement à l'international, innovation et gestion de patrimoine…). Aujourd’hui, « une PME sur cinq est aujourd’hui cliente des Caisses d’Epargne, et une ETI sur trois, rapporte Frédéric Cormerois, et la tendance s’accélère ».
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