International

Déclarations douanières : Delta I et Delta E arrivent : quels objectifs ?

Les déclarations douanières, qui emportent avec elles les liquidations des droits, sont un des éléments administratifs fondamentaux des démarches d’exportation et d’importation. Elles ont considérablement évolué depuis une vingtaine d’années, sous l’impact d’une part, d’une dématérialisation accélérée, d’autre part de la volonté de la Commission européenne de coordonner et de centraliser tout cela.
Nous avons rencontré les représentants de Conex, leader des éditeurs de progiciels douaniers, pour en savoir davantage sur la nouvelle évolution à venir l’an prochain.

Delta I/E remplacera les précédents applicatifs de dédouanement encore en vigueur aujourd’hui, à savoir Delta G, ECS BS, Delta X. Notons cependant que, pour les valeurs inférieures à 150 euros, la déclaration se fera toujours dans l’actuel applicatif nommé Delta H7. Rappelons que, pour ces petites valeurs, seule la TVA est due sur les produits importés dans l’UE, donc en France, mais qu’il faut quand même déclarer ces dernières à la douane.

Les pouvoirs publics motivent l’arrivée de Delta I et Delta E par l’obligation de mise au standard du CDU des systèmes de dédouanement import/export, ainsi que de la construction d’un système permettant d’interconnecter les systèmes nationaux pour les besoins de dédouanement centralisé.

Les pouvoirs publics motivent l’arrivée de Delta I et Delta E par l’obligation de mise au standard du CDU des systèmes de dédouanement import/export, ainsi que de la construction d’un système permettant d’interconnecter les systèmes nationaux pour les besoins de dédouanement centralisé.

In fine, Bruxelles vise un système d’échange de données douanières entièrement automatisé entre Etats membres pour la gestion de leurs opérations.

Alban Gruson, fondateur de Conex, relève effectivement deux objectifs principaux à travers la mise en place de Delta I puis de Delta E, à savoir à terme une uniformisation complète des informations recueillies au plan communautaire, mais aussi un enrichissement des données à fournir, de façon probablement à ce que les douanes puissent analyser plus finement les flux à l’import comme à l’export. « On va analyser désormais au plus fin », résume en substance Bertrand Gruson, directeur général de Conex. Cette nouvelle étendue de données est rendue possible par la disparition du DAU. Certes, il était devenu électronique, mais mis à part cela, comme pour les déclarations de TVA, le formulaire demeurait identique. Avec Delta I puis Delta E, plus de limitations liées à ce format. On transmet un jeu d’écritures électroniques par définition illimitées en théorie. C’est-à-dire que les entreprises importatrices/exportatrices, doivent se préparer à maîtriser de nouveaux outils ; elles ou les sociétés auxquelles elles délèguent les déclarations douanières.

Colombie : une puissance qui compte en Amérique Latine

La troisième semaine de novembre dernier, Conquérir a effectué un voyage de dix heures vers Bogota, dans le but d’assister à l’événement réputé le plus important en matière d’investissements de ce pays sud-américain le « Colombia Investment Summit ».

La république de Colombie est située, rappelons-le, à l’extrême nord de l’Amérique du Sud. Elle est organisée administrativement en trente-deux départements décentralisés, ainsi que le district spécifique de la capitale. Sa forme de gouvernement est de type présidentiel.

Si l’on veut mieux cerner l’importance actuelle de la Colombie au niveau mondial, on peut citer quelques données significatives. Premièrement, elle a réussi à devenir le 27e pays le plus peuplé au monde, avec 52 millions d’habitants, sa capitale en comptant presque 8 millions. Dernièrement, son PIB s’est hissé au quatrième rang en Amérique latine et au 28e au niveau mondial. Ces données économiques et démographiques incitent chaque fois davantage d’entreprises et d’investisseurs étrangers à s’implanter en Colombie. La diversité des paysages que l’on peut y trouver accentue aussi ce phénomène : des forêts tropicales jusqu’aux Andes en passant par des plantations de café. D’où le thème mis en avant de « pays de la beauté » par Procolombia.

Procolombia est « l’agence gouvernementale de la branche exécutive du gouvernement [colombien] en charge de promouvoir les exportations […], le tourisme international et l’investissement étranger […], pour doter les entreprises nationales de l’appui et des conseils nécessaires pour ses activités de commerce international ». Procomlobia dispose de vingt-quatre bureaux dans le monde et est précisément l’organisatrice du Colombia Invesment Summit.

Ce qui était sa huitième édition en 2023 se présentait sous la forme d’un « roadtrip ». De la sorte, Conquérir, seul titre français présent, eut l’opportunité de visiter quelques-unes des villes les plus importantes du pays, comme Bogotá et Barranquilla, capitale du département Atlántico, particulièrement réputée pour son carnaval, reconnu aujourd’hui comme le deuxième plus important du monde après celui de Rio de Janeiro.

Le Colombia Investment Summit débuta le 20 novembre à la Chambre de Commerce de la ville de Bogotá. On estimait ainsi que le nombre de participants à environ 700 personnes, essentiellement des entrepreneurs et des investisseurs.

Plusieurs personnalités s’y exprimèrent. Parmi elles, Carmen Caballero Villa, qui assura, arguments à l’appui, que la Colombie était un pays digne de confiance pour un investisseur. Du reste, le pays andin figure au top 30 des réceptionnaires de flux d’IDE dans le monde. A ce stade, les autorités colombiennes assurent avoir réussi à attirer 194 projets d’investissement, provenant de 95 pays différents. Ils sont synonymes de création de 150 000 emplois dans des secteurs divers, comme l’industrie en général, l’hydrogène vert…

Après cette intervention - encourageante, de la présidente de Procolombia, la vice-ministre technique des finances et des crédits publics, Maria Fernanda Valdés Valencia ajouta qu’en 2023, l’économie colombienne aura connu une croissance supérieure à 10 %. Sans doute en partie parce que ce pays est un de ceux qui se sera remis le plus vite de la crise du covid-19. La vice-ministre augure d’une croissance encore plus forte en 2024 et en 2025.

Le bilinguisme et les services mis en avant

Le jour suivant, 21 novembre, le sommet se poursuivit à Bogotá, avec une réunion présidée par le ministre des mines et de l’énergie. Le thème majeur en fut la promotion de la transition énergétique. Le ministre annonça que son gouvernement travaillait avec obstination à la décarbonisation du secteur de l’automobile. Ce qui profitera à tout le monde à la fois. Il exposa le concept de « la Colombie et des 6 GW ». Cette explosion des 6 GW est un des axes majeurs de la stratégie du ministère en vue d’accélérer la « transition énergétique juste » en Colombie. Le troisième jour, le 22 de novembre, nous assistions à ce qui serait le dernier événement de ce séjour. Il nous amena à la cité portuaire de Barranquilla. Nous fûmes accueillis par la municipalité de la ville. La principale thématique abordée fut le bilinguisme. La volonté des autorités est de faire de Barranquilla la première ville d’Amérique latine 100 % bilingue. Deux programmes furent exposés : « je suis bilingue » et « l’anglais pour le travail ». Le but est de pouvoir atteindre cet objectif, en huit ans, grâce à 200.000 heures d’enseignement en primaire dispensées par 2.356 professeurs. L’idée est d’attirer Colombiens et étrangers intéressés par cet évolution.

Par la suite, nous avons visité deux start-up dont la multinationale d’origine française Teleperformance. Rappelons que Teleperformance est spécialisée dans l’administration des relations avec les clients et la communication. Elle dispose de la bagatelle de 28 sites en Colombie, employant plus de 30 000 personnes sur place, à Bogotá, Medellín, Baranquilla et Tunja. Nous avons pu, au travers de nos échanges, mieux comprendre le fonctionnement de cette entreprise, ainsi que son organisation. Enfin, nous avons eu le plaisir de nous rendre à l’université du Nord de Baranquilla, une université privée, considérée comme l’une des meilleures du pays. On nous expliqua les différentes formations proposées - le bilinguisme étant là aussi très présent, ainsi que des soutiens financiers pour les étudiants moins fortunés. Au total, ce fut une expérience enrichissante pour nous de nous rendre compte sur place des projets mis en oeuvre par les autorités, en particulier ceux tournés vers la transition énergétique et le bilinguisme.

Italie : des partenariats franco-italiens attractifs

L’Italie est une des principales puissances de l’Union européenne. Son image, comme la réalité du reste, est contrastée. Un Nord riche et industriel, un Sud plus pauvre -16,3 % des habitants vivaient sous le seuil de pauvreté en 2022, un tissu économique actif et internationalisé, mais une dette publique très élevée… Le tout pour un Etat dont le revenu par habitant (24 000 euros) est supérieur à celui de l’Espagne. De quoi s’y intéresser de près, afin de savoir où nos voisins transalpins en sont.

Le gouvernement italien issu des dernières élections parlementaires en 2023 a suscité beaucoup d’émoi, et une part a priori semble persister, y compris dans les commentaires d’analystes qu’on pourrait penser neutres. Force est de constater que les nouvelles autorités ont fait preuve de pragmatisme, en gérant les affaires du pays d’une manière prudente. C’est en particulier le cas pour les questions économiques. Des fonds européens étaient ainsi promis par l’UE, à condition « de bien se tenir ». Avec un ratio dette publique/PIB de 140 % en 2023, lequel n’est qu’en légère baisse sur 2021 (record à 147,1 %), l’Italie ne pouvait pas se permettre de faire dans les excès.

Avant d’en venir aux échanges extérieurs de notre voisin transalpin, quelques chiffres peut-être. La croissance est poussive, mais guère davantage que celle de la France (0,6 % prévue en 2024). Comme ailleurs, l’inflation fera sans doute une pause cette année (2,2 % selon Coface, après un bond de 6,1 % en 2023). Le solde budgétaire est proche en pourcentage du nôtre (-4,5 % prévus en 2024, après -5,3 % l’an dernier).

Cela étant, quels sont les points forts et faibles de l’Italie aujourd’hui ? Tout d’abord, selon différents spécialistes, dont ceux de Coface, le redressement du tourisme, qui est un des piliers de son activité économique, permet de soutenir la croissance.

Ensuite - et c’est là bien un succès du gouvernement Meloni, la stratégie de diversification géographique en matière d’approvisionnement énergétique est un atout remarqué. Le pays héritier de la grande Rome bénéficie aussi d’une très bonne position dans l’agroalimentaire haut de gamme, les tissus et l’habillement de bonne facture.

Et puis, on l’a dit supra, un écosystème de PME compétitives à l’export soutient l’économie. En outre, l’endettement privé demeure faible (107 % du PIB contre 162 % en moyenne dans la zone Euro). Tout va pour le mieux ? Non, bien sûr. Comme partout, certains points négatifs sont à relever. Nous n’allons pas tous les énumérer.

Naturellement, les taux d’intérêts élevés pèsent sur les coûts d’emprunt des ménages et des entreprises. Les ménages commencent de plus en plus à être sevrés d’aides gouvernementales - le quoi qu’il en coûte italien. On peut parler ainsi de la suppression de l’incitation fiscale « super–bonus », ou encore du régime de protection sociale « revenu citoyen ». La dette publique et donc la deuxième plus élevée de l’Union européenne derrière la Grèce, tandis qu’une part assez significative (20 %) de ce montant est détenu par des investisseurs privés étrangers, ce qui est évidemment contraignant, car on est soumis à leurs arbitrages et à leurs pressions. Néanmoins, certains facteurs portent davantage à l’optimisme. Ainsi, le reflux des importations, en particulier relevant de l’énergie, conjugué au bon dynamisme des exportations, contribue au retour à l’équilibre de la balance courante. L’Italie souffre, en revanche, d’une pression migratoire persistante ainsi que d’une démographie déclinante, ce que le gouvernement Meloni voudrait corriger. Face à cette situation contrastée, les autorités entendent poursuivre la mise en oeuvre de leur programme « Vision 2035 », qui affiche des objectifs ambitieux, dont le triplement du revenu par tête d’habitant… vraiment très ambitieux. Il faudra aussi lutter contre la corruption, toujours un véritable fléau, si l’on en croit l’organisme Transparency International qui classe l’Italie au 130e rang sur 180 en la matière. Au total, une économie très développée mais avec des travers encore inattendus. Qu’en est-il maintenant du commerce extérieur de l’Italie, dont il est vrai qu’elle est connue pour ses succès à l’exportation ?

Des IDE importants, de grands projets de coopération

La France est donc le premier investisseur dans la péninsule avec un stock d’IDE de 80,1 milliards d’euros en 2022, et un flux de 2,7 milliards cette année-là. C’est considérable, selon des chiffres calculés selon l’approche géographique, c’est-à-dire de l’investisseur ultime. Quoi qu’il en soit, notre stock augmente rapidement, puisqu’il a doublé en dix ans, faisant de l’Italie notre 5e pays de prédilection, après les Etats- Unis (232,9 milliards), les Pays-Bas (194,9), la Belgique (138,7), puis le Royaume-Uni (120,1). Nous comptons, d’après les éléments fournis par la Direction générale du Trésor, plus de 2 200 participations dans les entreprises italiennes, qui emploient plus de 300 000 collaborateurs. Qu’en est-il dans le sens inverse ? L’Italie fait également bonne figure, avec un stock d’IDE de 50,7 milliards d’euros, toujours selon l’approche de l’investisseur ultime, arrivant ainsi au 5e rang, après les Etats-Unis (139,8 milliards), l’Allemagne (107,3), la Suisse (107,1) et le Royaume-Uni (86,6). L’Italie compte des participations dans plus de 2 000 entreprises en France, assurant ainsi l’emploi de plus de 100 000 salariés. Ses secteurs de prédilection sont l’énergie, l’automobile, le spatial, l’aéronautique, la pharmacie, ou encore les assurances. Le secteur manufacturier est majoritaire.

Une coopération privée et publique exemplaire

Pas étonnant que le secteur manufacturier soit majoritaire puisque le nombre d’entreprises industrielles outre Rubicon est nettement plus élevé qu’en France (plus de 365 000 contre 274 000). Le tissu général d’entreprises est plus dense du reste, avec 4,5 millions d’entreprises (4,1 chez nous) incluant beaucoup d’entreprises industrielles et familiales.

La France et l’Italie entendent stimuler la résilience des secteurs stratégiques, en particulier en lançant, ou en approfondissant des coopérations industrielles dans cinq d’entre eux : l’hydrogène, le cloud, la micro-électronique, la santé et l’espace.

Des échanges commerciaux franco-italiens en légère baisse

Les échanges commerciaux avec notre voisin transalpin ont diminué légèrement en 2023, à 105,5 milliards d’euros contre 109 en 2022. L’Italie est notre deuxième client (8,7 % de nos exportations), après l’Allemagne (13,5 %) et notre 5e fournisseur, derrière l’Allemagne (12,8 %), la Chine 10,2 %), la Belgique (8,6 %) ou encore les Etats-Unis (7,8 %). Nos ventes ont reculé de 2,9 % en 2023. On y trouve en premier lieu les hydrocarbures (7,1 milliards d’euros), les produits chimiques, les parfums et cosmétiques (5,6 milliards d’euros), puis les produits agro-alimentaires (4,4 milliards d’euros) - un poste en hausse comme les précédents ; le textile-habillement (3,9 milliards) ; devant les produits informatiques et électroniques (2,2 milliards).

Nos achats sont un peu plus soutenus que nos ventes, puisqu’ils n’ont baissé que de 1 % en 2023, à 32,5 milliards. Qu’importe-t-on principalement d’Italie ? En premier lieu - cela ne surprendra personne, des produits du secteur textile-habillement - cuir, chaussures (en hausse de 13,9 % à 7,2 milliards d’euros), puis des machines industrielles et agricoles (+10,9 à 6,6 milliards), ensuite des produits des industries agro-alimentaires (en progrès de 9,7 % à 5,6 milliards) devant des produits pharmaceutiques (+9,2 % à 2,2 milliards). Ainsi, nous sommes quasiment à l’équilibre.

Quant aux échanges de services, le solde est, en général, nettement favorable à notre pays. L’industrie touristique est évidemment importante pour Paris comme pour Rome (8,5 % du PIB pour la France, 13 % pour l’Italie). L’année 2023 a constitué un record à cet égard pour nos échanges, qui ont crû d’environ 10 %.

Entreprises africaines : un potentiel de croissance sous-estimé par les investisseurs européens

Emmanuel Millard, président de la DFCG, président international de CFO Alliance et Axelle Legrand, présidente franco-béninoise de TQM Consulting, sont des experts des sujets de financement sur le continent africain. Ils proposent à nos lecteurs leur vision de l’intérêt que représente l'Afrique pour les entreprises françaises et européennes.

L’Afrique est à n’en pas douter un continent en pleine expansion économique, regorgeant d'entreprises dynamiques et innovantes. Cependant, le potentiel de croissance de ces entreprises reste encore boudé par les investisseurs étrangers. Le secteur informel, faisant référence à l'économie non réglementée et non officielle, représente environ 55 % du PIB en Afrique subsaharienne. Il regroupe les petits commerces de rue, les vendeurs ambulants, les marchés… Ces entreprises, bien qu’informelles, jouent un rôle crucial dans l’économie africaine en fournissant des emplois, en stimulant la production et en réduisant le chômage. Leur structure leur rend l'accès au financement traditionnel comme les prêts bancaires aux investisseurs en capital-risque difficile, limitant ainsi leur capacité de développement, pourtant très importante.

Les entreprises de taille moyenne dans les critères varient d'un pays à l'autre comptent généralement entre 50 et 250 employés et réalisent un chiffre d'affaires annuel compris entre quelques millions et quelques dizaines de millions de dollars. D'après la Banque Mondiale, ces entreprises représentent environ 20 % du PIB en Afrique subsaharienne. Elles sont actrices de la diversification économique et représentent environ 30 % de l’emploi total en Afrique subsaharienne. Elles contribuent de manière significative à la production et à la productivité et sont présentes dans différents secteurs tels que l'agro- industrie, les technologies de l'information et de la communication, la logistique, le tourisme, les services financiers, etc. Elles jouent un rôle crucial dans la réduction du chômage et la promotion de l’inclusion sociale, mais aussi dans la mise en oeuvre des objectifs de développement durable et de matérialité financière et environnementale. Selon une étude de l'OCDE, ces entreprises ont connu une croissance annuelle moyenne de 6,1 % entre 2010 et 2018, dépassant la moyenne mondiale de 4,5 %. Cela démontre leur dynamisme et leur potentiel de croissance, et la place qu'elles occupent dans l'économie.

Mais l'Afrique, c'est aussi plus de 700 entreprises multinationales qui opèrent dans des secteurs clés tels que les télécommunications, l'énergie et les services financiers, et contribuent à la croissance économique du continent. Certaines d'entre elles figurent parmi les plus grandes du monde !

Un accès difficile aux financements classiques

Malgré ce fort potentiel de croissance, les entreprises africaines peinent à accéder aux financements traditionnels. Les financements traditionnels font référence aux frais bancaires, lignes de crédit, ou aux émissions d'actions ou d’obligations sur les marchés financiers.

Parmi les raisons qui justifient leurs difficultés d'accès aux prêts et aux financements figurent le manque de garanties et d'historique en matière de crédit requis par les institutions financières, l'insuffisance ou l'absence de formalisme et de documentation juridique, administrative, ou encore financière qui tient souvent à une organisation, une structure et des opérations non stabilisées, ce qui rend difficile voire impossible la présentation des documents attendus par les financeurs. Par ailleurs les barrières et procédures réglementaires complexes ainsi que les obstacles bureaucratiques et administratifs peuvent aussi décourager les entreprises à demander des financements.

Mieux analyser les marchés

L’un des principaux facteurs de dissuasion des investisseurs reste la perception du risque élevé, en raison de la volatilité économique, des risques de change, de l’instabilité et des défis politiques mais aussi des incertitudes légales et réglementaires. Enfin, le manque de connaissances ou d’analyse approfondie du marché africain, de ses opportunités et de ses spécificités constitue aussi un frein sérieux à l’investissement.

Pourtant, plusieurs autres facteurs combinés, outre sa croissance économique soutenue et solide, font de l’Afrique un marché dynamique et prometteur pour les investissements. Tout d’abord, la population jeune et en expansion de l’Afrique crée une demande croissante de biens de consommation, de services et d’infrastructures, offrant ainsi de grandes opportunités d’investissements. L’urbanisation rapide en Afrique crée des besoins en infrastructures, logements, transports, services financiers et autres secteurs, et ainsi des opportunités d’investissement supplémentaires.

De plus, la richesse des ressources naturelles du continent, notamment le pétrole, le gaz, les minéraux et la grande étendue des terres arables sont des atouts pour les investissements dans les secteurs de l’énergie, de l’exploitation minière et de l’agriculture. L’intégration économique régionale en Afrique, à travers des organisations telles que le Comesa, la Cedeao et l'Uma, facilite la circulation des biens et des services offrant ainsi des opportunités dans des marchés plus vastes.

La croissance rapide de l'adoption des technologies de l'information et de communication en Afrique crée des opportunités dans les domaines de la fintech, de l'e- commerce et des services numériques. Enfin, les réformes économiques entreprises par de nombreux pays africains pour améliorer le climat des affaires, attirer les investissements étrangers et stimuler la croissance économique contribuent à rendre le marché africain attractif pour les investisseurs. La prise en compte de ces défis permet d’apporter des solutions adaptées autour des questions de financement, de formation professionnelle et de moyens matériels nécessaires au développement économique.

C'est ici que les financements privés européens et français notamment ont un rôle crucial dans le développement de ces entreprises africaines à travers l'apport de ressources financières et compétences techniques. En 2019, le Cnuced évaluait les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique à 45 milliards de dollars, dont une part importante provenait d’investisseurs européens.

Ces financements privés européens offrent aux entreprises africaines des opportunités de croissance importantes à condition qu’elle se modernisent, voire se restructurent, passage obligé pour envisager un développement à l’international.

En retour, les investisseurs européens peuvent bénéficier d'un marché en expansion. Selon une étude récente, le PIB de l'Afrique pourrait attendre 3000 milliards de dollars d'ici 2030, offrant ainsi de nombreuses opportunités commerciales. De plus, les investissements privés ont un impact social important en créant des emplois et en stimulant le développement économique local, à condition de s'inscrire dans une démarche environnementale et durable maîtrisée. Avec des besoins d’investissements importants et un marché en forte croissance, les financements privés européens peuvent jouer un rôle clé dans le développement des entreprises africaines et contribuer à la transformation économique du continent. Et dans ce cadre, le renforcement des partenariats entre l'Europe et l'Afrique est plus que jamais essentiel.

Portugal : des IDE français les balances de services et élevés, de biens déficitaires

Le Portugal ne fait pas forcément beaucoup parler de lui. Sa situation politique plutôt stable, la taille de sa population ou de son économie n’en font pas un acteur majeur dans l’UE. Pourtant, les touristes français s’y rendent en masse et nos IDE sur place se situent au deuxième rang avec 17,38 milliards d'euros, juste derrière ceux de l’Espagne. De quoi aviver notre intérêt à en savoir plus.

La population du Portugal est relativement stable depuis des décennies – environ 10 millions d’habitants. La saignée produite par une émigration massive, tout particulièrement en France où nous avons accueilli dans les années 1960-1970 un million de Lusitaniens, n’a pas été compensée par l’arrivée des rapatriés d’Angola, ni par un taux de natalité qui demeure désespérément bas. En revanche, le niveau de vie a considérablement augmenté, suite à l’intégration dans l’UE et aux aides subséquentes qui lui ont été versées. Aujourd’hui encore, le Portugal bénéficie largement du fonds de soutien européen.

La croissance du tourisme, mais aussi de l’industrie automobile, reposant en grande partie sur le partenariat avec Stellantis, l’attrait du pays pour les retraités européens aussi ont permis une certaine prospérité économique pour ceux qui sont restés au pays, même s’il demeure des poches de pauvreté, dans l’Alentejo par exemple. Le PIB par habitant est aujourd’hui évalué à 24 296 dollars. Evidemment, c’est moins qu’en France, en Allemagne ou au Royaume-Uni… mais ce n’est pas si mal. Le pouvoir d’achat des Portugais et donc appréciable.

Ce qui est assez remarquable, lorsqu’on se penche sur les principaux indicateurs économiques, relayés par exemple par Coface, c’est qu’actuellement ils sont plutôt meilleurs que la moyenne de ceux de l’UE, de la France en particulier. La croissance a même été assez forte en 2023 (environ 2,5 %), nettement au-dessus de la moyenne de l’UE, avec une prévision de 1,4 % en 2024, selon Coface. Les comptes publics sont surtout quasiment équilibrés. Le solde public est évalué en très léger déséquilibre en 2023, la même chose en 2024. Rappelons qu’en France, on a « fait » -5,5 % l’an dernier. Tout cela alors qu’au pays de Vasco de Gama, le « quoi qu’il en coûte » a été quasiment supprimé. Quant au fameux ratio dette publique/PIB, il est certes élevé (106,2 % en 2023), mais il devrait cette année reculer assez sensiblement à 103,1 %. C’est encore une fois mieux que nous.

Encore des faiblesses structurelles

Alors, tout va-t-il pour le mieux dans le meilleur des mondes au pays du nostalgique fado ? Pas tout à fait, prévient Coface. L’assureur-crédit français pointe à cet égard « des insuffisances croissantes en matière d’infrastructures », un secteur manufacturier à la valeur ajoutée faible ou moyenne, un système juridique lent et des banques grevées par des portefeuilles de créances à risques.

En revanche, Coface relevait en 2023 parmi les points positifs une gouvernance politique plutôt stable. Actuellement, c’est un peu moins bien, on le sait, mais il semble que le PSD et le PSP, adversaires pendant la campagne électorale, aient conclu a minima un pacte de non-agression, car le PSD et ses alliés ne veulent pas traiter avec Chega, parti qualifié d’extrême droite. Il y a fort à penser que la politique du PSD sera similaire à celle du PSP, ne serait-ce que parce que c’est la commission européenne qui est le chef d’orchestre dans l’UE et impose ses vues, surtout à un pays qui a besoin des fonds européens. A cet égard d’ailleurs, son taux d’absorption des dits fonds est supérieur à la moyenne. Car il faut savoir que le taux d’emploi n’est pas forcément très élevé dans tous les pays. Autre point positif rapporté par Coface, le faible coût de la main-d’oeuvre et la naissance d’une industrie manufacturière nouvelle, dans les produits alimentaires et électroniques. Enfin, alors que l’on parle à longueur de journée de transition énergétique, le potentiel de cet Etat de l’extrême-ouest européen en matière d’énergie renouvelable est significatif, tant en matière d’hydroélectricité que d’éolien ou de photovoltaïque.

Attractivité touristique et en matière d’investissement

Parmi les atouts du Portugal, il y a évidemment le tourisme, même s’il est dimensionné à une taille plus réduite que l’Espagne, par définition. Il a connu un rebond post-pandémie qui l’a porté au-dessus du niveau de 2019. Les dépenses des voyageurs français en 2023 ont du reste atteint un record à plus de 3,1 milliards d’euros, après un creux à 1,5 milliards en 2020 et un premier sommet à 2,5 milliards en 2019. Même si l’on considère l’effet de l’inflation (du reste en recul à 2,6 % en 2023, après 6,5 % en 2022 et peut-être 1,4 % en 2024), le saut est considérable. Lesquels éléments, combinés, mettent notre balance des services bilatérale en piteux état (-4,1 milliards d’euros).

Pour ce qui est des IDE, nos positions sont à l’inverse, très fortes. Nous détenons la deuxième position, avec donc 17,3 milliards d’euros de stock, faisant de nous le deuxième investisseur étranger derrière l’Espagne. Le service économique de notre ambassade à Lisbonne recense 1 200 filiales d’entreprises tricolores, opérant dans des secteurs variés, à commencer par l’automobile et l’aéronautique, mais aussi le tourisme bien entendu, les services au sens large, la logistique et d’autres secteurs industriels. Ces filiales emploient la bagatelle de 110 000 personnes et réaliseraient un CA annuel de plus de 17 milliards d’euros.

Finlande : solide mais discrète

La Finlande fait beaucoup parler d’elle en ce moment en raison de son adhésion à l’OTAN et de sa très longue frontière avec la Fédération de Russie. Elle jouit d’une bonne image quant à l’industriosité de son peuple et à son caractère innovant. Ses relations économiques sont principalement fortes avec les pays scandinaves et la Russie.

La place de la France dans ses échanges commerciaux est relativement faible en valeur relative et surtout en valeur absolue car le poids économique global de ce pays de 5,5 millions d’habitants est limité. Cependant, il est important de mieux connaître chacun des marchés de l’Union européenne de la Zone Euro, alors que nos entreprises, en premier lieu les PME, se développent principalement dans ce bassin protégé.

Des IDE soutenues.

Quoi qu’il en soit, la Finlande bénéficie donc d’une bonne réputation – économie innovante, main-d’oeuvre hautement qualifiée, zone stratégique orientée vers la R&D et la haute technologie. Dès lors, les IDE reçues de l’étranger représentaient en 2021 un stock de 98,5 milliards de dollars US (+8,8 % par rapport à 2020), grâce à l’apport d’un flux supplémentaire de 9,4 milliards de dollars US. La part de la Suède dans le stock est est évaluée à 28 %, et celle du Luxembourg comme des Pays-Bas à 14 %. Nous sommes loin derrière… Le secteur financier (30 %) devance l’activité financière et l’assurance (18 %), l’information et la communication (13 %), devant les activités immobilières 9 %, selon les experts de BNP Paribas. Notons que 44 % des IDE nouveaux se tournent vers les communications, les médias, les logiciels et les services commerciaux ou professionnels.

La Finlande ne met pas de barrières aux investissements, sauf dans les domaines jugés sensibles comme celui de la défense, également lorsqu’ils sont susceptibles d’affecter un secteur en difficulté. Comme partout d’ailleurs, les aides au démarrage sont prévues dans le cadre de dossiers bien définis. Les principales entreprises étrangères actives en Finlande sont H&M, Mango, Zara, Lidl, Starbucks ou encore McDonald’s. La Finlande dispose, de son côté, de grands noms, en particulier dans les biens d’équipements, comme Nokia (infrastructures télécom), Konecranes, Ramirent.

France-Finlande : un commerce extérieur déséquilibré.

Le commerce extérieur de la France dépend beaucoup de ses pépites, à savoir les Airbus ainsi que les cosmétiques ou encore les vins et spiritueux. Et notre déficit est généralisé. Dans les grandes lignes, nos échanges avec la Finlande ne démentent pas ces grands fondamentaux. Notre commerce extérieur est déficitaire (-1,3 milliard d’euros en 2022). Il s’accroît même dans la mesure où nos importations (3,1 milliards d’euros) progressent de 12 %, alors que nos ventes ne grappillent qu’un petit 3 % à 1,8 milliard d’euros.

Alors, que vend-on aux Finlandais ? Le premier grand secteur est celui des équipements mécaniques, du matériel électrique, électronique et informatique (510 millions d’euros, 28 % du total, en forte hausse). On parle de machines industrielles et agricoles, de produits informatiques électroniques et optiques, ou encore d’équipements électriques et ménagers. Ensuite, vient le matériel de transport (automobiles et surtout avions lorsque Finnair en commande). Comme il n’y eut pas de livraison en 2022, ce secteur du transport a plafonné à 220 millions d’euros. Enfin nos points forts : les produits chimiques, ainsi que les parfums et cosmétiques (15 % du total de nos ventes). Et bien sûr l’agroalimentaire (+ 2 % à 210 millions d’euros), dont 40 % de vins et autres boissons alcoolisées. A propos de vins, nous sommes le deuxième fournisseur de la Finlande et nos performances s’améliorent encore (+18 % en 2022), malgré la concurrence de l’Italie, de l’Espagne voire de l’Allemagne ou du Chili.

Du côté de nos achats, on note que le poste bois, papier et carton (+20 % en 2022, hausse des prix oblige) a rejoint celui des équipements mécaniques, électriques et électroniques à 770 millions d’euros (25 % du total de chacun). Les produits métallurgiques et métalliques dont les métaux non ferreux, viennent ensuite avec 540 millions d’euros.

Japon : à ne pas négliger

Dans les années 70-80, le Japon attirait l’attention, et inquiétait même à certains égards, vu son appétence pour les investissements à l’étranger. Ses pépites résonnaient aux oreilles de tout de le monde. Depuis, la Chine l’a éclipsé. Cependant, le Japon demeure une puissance économique considérable, malgré une croissance assez faible ces dernières années et le vieillissement de sa population. Le poids de son PIB par habitant doit retenir néanmoins notre attention, car il est synonyme de pouvoir d’achat élevé. Nous vous livrons quelques éléments contextuels de nature à remettre ce poids lourd de la zone Asie-Pacifique à l’honneur.

Tout d’abord, pointons quelques chiffres : le Japon, certes avec une population vieillissante, compte 125 millions d’habitants. Son PIB annuel par habitant est de 33 853 dollars, contre 12 669 pour la Chine et, il est vrai, 76 343 dollars aux Etats-Unis. Sa croissance est faible depuis plusieurs années, mais on part de haut. Le PIB national est donc important. Sur le plan des flux, tandis que son solde commercial est devenu négatif, les revenus du portefeuille d’investissements à l’étranger et celui des IDE entrants font plus que compenser son déficit.

La croissance est certes toujours peu vigoureuse actuellement, mais elle se compare à celle de l’UE (1 % en 2023, sans doute la même chose en 2024), l’inflation quant à elle, si elle s’avère plus élevée qu’auparavant, paraît raisonnable (2,5 % en 2023, idem en 2024 selon les prévisions).

En outre, contrairement à ce qui se passe ailleurs, les taux d’intérêt demeurent à la limite de zéro. Notons, en revanche, que le rapport de la dette publique par rapport au PIB est considérable : plus de 260 %. Mais le maintien de taux faibles, conjugué à la proportion élevée de détenteurs nationaux de cette dette (90 %), sont des facteurs rassurants, même si le solde budgétaire dépasse les 5 % du PIB.

Comme n’importe quel pays, celui des samouraïs présente des points faibles, malgré sa robustesse. On l’a dit supra, on pense d’abord au vieillissement de la population qui provoque la volonté d’investir dans davantage de robots et de machines, puisque les Japonais sont rétifs à l’immigration. Ce qui, en fin de compte, et à ce stade, contribue à dynamiser les investissements, un moteur pour l’économie.

Un autre phénomène important, est celui de la stagnation des revenus réels, associée à l’augmentation de la part des travailleurs précaires. Ces éléments négatifs contrastent avec beaucoup d’autres, particulièrement favorables, et qui sont relayés par Coface dans sa dernière analyse pays. Il s’agit de la localisation de l’archipel dans une région très dynamique, d’un niveau d’épargne élevé (25 % du PIB), de la fabrication dans ses usines de produits de haute technologie et diversifiés grâce à un outil industriel performant. On n’oubliera pas les effets positifs pour l’économie japonaise des accords commerciaux signés avec l’Union européenne et la zone Transpacifique.

France-Japon : des exportations en belle hausse

Pour en revenir au commerce extérieur français, nous avons connu en 2022 (dernières données complètes disponibles) une hausse de 17 % de nos ventes hors aéronautique et -1,2 sans elle, sachant que les livraisons d’Airbus étaient alors à l’arrêt et que pour leur comptabilisation, tout dépend de l’endroit où ils sont fabriqués.

Pour le reste, on a remarqué une poussée généralisée dans plusieurs secteurs, par exemple dans les équipements industriels, la chimie, l’électronique (un tiers de nos ventes) mais surtout l’agroalimentaire et les biens de consommation, mais c’est plus inattendu, dans le domaine des services numériques de PME et de start-up. Les produits haut de gamme du textile, de l’habillement, des chaussures ou des parfums ont la cote et la réouverture du tourisme extérieur nous favorise indéniablement. Ces postes pèsent 29 % du total.

L’agroalimentaire se montre également en pleine forme, atteignant un total de 1,4 milliard d’euros de ventes en 2022 (+18 % sur 2021). Parmi elles, celles des boissons, qui étaient en hausse de 23 %, portées par principalement, il est vrai, par l’élévation des prix dans le haut de gamme. Dans un tout autre domaine, on relève aussi une reprise de la pharmacie. Les exportations japonaises, en particulier vers la France, ont été favorisées par la faiblesse du yen, qui est récurrente et a été accentuée par la hausse des taux d’intérêt dans le reste du monde. Que nous vendent-ils ? Principalement des équipements mécaniques, électroniques, électriques et informatiques (1,3 milliard d’euros), des machines industrielles (2,4 milliards), des produits des secteurs chimie, parfums, cosmétiques et bien sûr du matériel de transport, essentiellement des automobiles. Ces dernières ventes ont cependant été freinées en 2022 par les problèmes de fabrication que l’on connaît.

Au total, nos deux secteurs excédentaires sont l’agroalimentaire et le textile. De l’avis des spécialistes, nos performances à cet égard devraient encore s’améliorer, du fait de la reprise de la consommation au Japon et de l’appétence pour le haut de gamme là-bas.

Roumanie : des atouts malgré une démographie terne

La Roumanie est régulièrement évoquée ces derniers temps en raison de sa frontière partagée avec l’Ukraine. Puissance économique agricole et industrielle non négligeable, membre de l’UE, la Roumanie mérite cependant l’attention.

La Roumanie est plutôt une grande puissance, au moins en termes de population, du bloc des Peco, puisqu’avec 19,2 millions d’habitants au dernier recensement, elle se situe au deuxième rang derrière la Pologne. La démographie, c’est pourtant le talon d’Achille du pays des Carpates. En effet, le taux de natalité est faible, et les jeunes bien formés — on pense aux médecins par exemple, ont tendance à aller vers l’Ouest. Et l’on note, comme le souligne Coface dans sa note de synthèse de la mi-2022, « de fortes disparités régionales en termes d’éducation, de formation professionnelle et de transport, avec des régions rurales encore souvent paupérisées ».

En revanche, nous avons ici un relativement vaste marché intérieur, un PIB par habitant assez élevé de 14 795 dollars US par habitant, et bien sûr l’appui de l’Union européenne qui a favorisé sa santé économique, même si le pays n’est pas encore dans les clous de la zone Euro, à supposer que d’y rentrer soit toujours un avantage.

Des échanges de nature industrielle

Les importations romaines ont bondi de 22,1 % en 2021, sous la poussée de la demande intérieure, mais aussi des prix de l’énergie et des matières premières. Les produits chimiques, plastiques et le caoutchouc (18,5 %) figurent parmi les principaux postes, devant les métaux et articles en métal (11 %), les produits agroalimentaires (10,3 %), puis les matériels de transport.

 

France-Roumanie : des parts de marché en recul

Les échanges commerciaux franco-roumains sont loin d’être négligeables. Ils représentaient en 2021 8,6 milliards d’euros (+15,4 % sur 2020), portés qu’ils sont par une présence tricolore sur place importante. Nous sommes le troisième client de la Roumanie (6,4 % des exportations du pays des Carpates) et son septième fournisseur (4,2 % de leurs achats), bien après l’Allemagne (20,1 %), l’Italie (8,9 %), la Hongrie (6,9 %), la Chine (6,3 %), la Pologne (6,2 %) et la Turquie (4,5 %). Une bonne partie du commerce résulte des échanges intra- groupes.

Qu’est-ce qui a boosté nos ventes en 2021 ? Tout d’abord les produits métallurgiques et métalliques (+25,9 %), les produits chimiques (+14,4 %), toutefois pénalisés par le retrait des produits pharmaceutiques (-14,4 %). Nos exportations de produits agroalimentaires ont également fortement monté (+26,4 %).

IDE : la France troisième

Le stock d’IDE entrants en Roumanie a atteint 90,8 milliards d’euros en 2021, d’après les données rapportées par le Trésor.

Le stock d’IDE français représente 9,6 % du total. Les entreprises françaises possèdent de fait un rôle important dans le pays. De grandes entreprises bien sûr, à commencer par Renault-Dacia (18 000 employés), Michelin (4 500), Hella (4 500 aussi), Faurecia. D'autres grands groupes sont présents : Saint-Gobain, Airbus, Thales, Air Liquide, Engie, Orange (premier opérateur mobile). La distribution est également omniprésente avec Carrefour, Auchan, Cora, Leroy- Merlin, qui figurent dans les toutes premières places du classement dans leurs domaines. Dans le secteur bancaire, la BRD (groupe Société Générale) est la troisième banque commerciale, tandis que Groupama détient une place significative dans le secteur des assurances. De grands noms connus, mais aussi de plus petits. Le tissu de PME est dense. Au total 4150 entreprises à capitaux majoritairement tricolores sont recensées. Elles emploient plus de 125 000 personnes, pour un CA de 18 milliards d’euros, soit 8 % du PIB.

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