International

Japon : à ne pas négliger

Dans les années 70-80, le Japon attirait l’attention, et inquiétait même à certains égards, vu son appétence pour les investissements à l’étranger. Ses pépites résonnaient aux oreilles de tout de le monde. Depuis, la Chine l’a éclipsé. Cependant, le Japon demeure une puissance économique considérable, malgré une croissance assez faible ces dernières années et le vieillissement de sa population. Le poids de son PIB par habitant doit retenir néanmoins notre attention, car il est synonyme de pouvoir d’achat élevé. Nous vous livrons quelques éléments contextuels de nature à remettre ce poids lourd de la zone Asie-Pacifique à l’honneur.

Tout d’abord, pointons quelques chiffres : le Japon, certes avec une population vieillissante, compte 125 millions d’habitants. Son PIB annuel par habitant est de 33 853 dollars, contre 12 669 pour la Chine et, il est vrai, 76 343 dollars aux Etats-Unis. Sa croissance est faible depuis plusieurs années, mais on part de haut. Le PIB national est donc important. Sur le plan des flux, tandis que son solde commercial est devenu négatif, les revenus du portefeuille d’investissements à l’étranger et celui des IDE entrants font plus que compenser son déficit.

La croissance est certes toujours peu vigoureuse actuellement, mais elle se compare à celle de l’UE (1 % en 2023, sans doute la même chose en 2024), l’inflation quant à elle, si elle s’avère plus élevée qu’auparavant, paraît raisonnable (2,5 % en 2023, idem en 2024 selon les prévisions).

En outre, contrairement à ce qui se passe ailleurs, les taux d’intérêt demeurent à la limite de zéro. Notons, en revanche, que le rapport de la dette publique par rapport au PIB est considérable : plus de 260 %. Mais le maintien de taux faibles, conjugué à la proportion élevée de détenteurs nationaux de cette dette (90 %), sont des facteurs rassurants, même si le solde budgétaire dépasse les 5 % du PIB.

Comme n’importe quel pays, celui des samouraïs présente des points faibles, malgré sa robustesse. On l’a dit supra, on pense d’abord au vieillissement de la population qui provoque la volonté d’investir dans davantage de robots et de machines, puisque les Japonais sont rétifs à l’immigration. Ce qui, en fin de compte, et à ce stade, contribue à dynamiser les investissements, un moteur pour l’économie.

Un autre phénomène important, est celui de la stagnation des revenus réels, associée à l’augmentation de la part des travailleurs précaires. Ces éléments négatifs contrastent avec beaucoup d’autres, particulièrement favorables, et qui sont relayés par Coface dans sa dernière analyse pays. Il s’agit de la localisation de l’archipel dans une région très dynamique, d’un niveau d’épargne élevé (25 % du PIB), de la fabrication dans ses usines de produits de haute technologie et diversifiés grâce à un outil industriel performant. On n’oubliera pas les effets positifs pour l’économie japonaise des accords commerciaux signés avec l’Union européenne et la zone Transpacifique.

France-Japon : des exportations en belle hausse

Pour en revenir au commerce extérieur français, nous avons connu en 2022 (dernières données complètes disponibles) une hausse de 17 % de nos ventes hors aéronautique et -1,2 sans elle, sachant que les livraisons d’Airbus étaient alors à l’arrêt et que pour leur comptabilisation, tout dépend de l’endroit où ils sont fabriqués.

Pour le reste, on a remarqué une poussée généralisée dans plusieurs secteurs, par exemple dans les équipements industriels, la chimie, l’électronique (un tiers de nos ventes) mais surtout l’agroalimentaire et les biens de consommation, mais c’est plus inattendu, dans le domaine des services numériques de PME et de start-up. Les produits haut de gamme du textile, de l’habillement, des chaussures ou des parfums ont la cote et la réouverture du tourisme extérieur nous favorise indéniablement. Ces postes pèsent 29 % du total.

L’agroalimentaire se montre également en pleine forme, atteignant un total de 1,4 milliard d’euros de ventes en 2022 (+18 % sur 2021). Parmi elles, celles des boissons, qui étaient en hausse de 23 %, portées par principalement, il est vrai, par l’élévation des prix dans le haut de gamme. Dans un tout autre domaine, on relève aussi une reprise de la pharmacie. Les exportations japonaises, en particulier vers la France, ont été favorisées par la faiblesse du yen, qui est récurrente et a été accentuée par la hausse des taux d’intérêt dans le reste du monde. Que nous vendent-ils ? Principalement des équipements mécaniques, électroniques, électriques et informatiques (1,3 milliard d’euros), des machines industrielles (2,4 milliards), des produits des secteurs chimie, parfums, cosmétiques et bien sûr du matériel de transport, essentiellement des automobiles. Ces dernières ventes ont cependant été freinées en 2022 par les problèmes de fabrication que l’on connaît.

Au total, nos deux secteurs excédentaires sont l’agroalimentaire et le textile. De l’avis des spécialistes, nos performances à cet égard devraient encore s’améliorer, du fait de la reprise de la consommation au Japon et de l’appétence pour le haut de gamme là-bas.

Roumanie : des atouts malgré une démographie terne

La Roumanie est régulièrement évoquée ces derniers temps en raison de sa frontière partagée avec l’Ukraine. Puissance économique agricole et industrielle non négligeable, membre de l’UE, la Roumanie mérite cependant l’attention.

La Roumanie est plutôt une grande puissance, au moins en termes de population, du bloc des Peco, puisqu’avec 19,2 millions d’habitants au dernier recensement, elle se situe au deuxième rang derrière la Pologne. La démographie, c’est pourtant le talon d’Achille du pays des Carpates. En effet, le taux de natalité est faible, et les jeunes bien formés — on pense aux médecins par exemple, ont tendance à aller vers l’Ouest. Et l’on note, comme le souligne Coface dans sa note de synthèse de la mi-2022, « de fortes disparités régionales en termes d’éducation, de formation professionnelle et de transport, avec des régions rurales encore souvent paupérisées ».

En revanche, nous avons ici un relativement vaste marché intérieur, un PIB par habitant assez élevé de 14 795 dollars US par habitant, et bien sûr l’appui de l’Union européenne qui a favorisé sa santé économique, même si le pays n’est pas encore dans les clous de la zone Euro, à supposer que d’y rentrer soit toujours un avantage.

Des échanges de nature industrielle

Les importations romaines ont bondi de 22,1 % en 2021, sous la poussée de la demande intérieure, mais aussi des prix de l’énergie et des matières premières. Les produits chimiques, plastiques et le caoutchouc (18,5 %) figurent parmi les principaux postes, devant les métaux et articles en métal (11 %), les produits agroalimentaires (10,3 %), puis les matériels de transport.

 

France-Roumanie : des parts de marché en recul

Les échanges commerciaux franco-roumains sont loin d’être négligeables. Ils représentaient en 2021 8,6 milliards d’euros (+15,4 % sur 2020), portés qu’ils sont par une présence tricolore sur place importante. Nous sommes le troisième client de la Roumanie (6,4 % des exportations du pays des Carpates) et son septième fournisseur (4,2 % de leurs achats), bien après l’Allemagne (20,1 %), l’Italie (8,9 %), la Hongrie (6,9 %), la Chine (6,3 %), la Pologne (6,2 %) et la Turquie (4,5 %). Une bonne partie du commerce résulte des échanges intra- groupes.

Qu’est-ce qui a boosté nos ventes en 2021 ? Tout d’abord les produits métallurgiques et métalliques (+25,9 %), les produits chimiques (+14,4 %), toutefois pénalisés par le retrait des produits pharmaceutiques (-14,4 %). Nos exportations de produits agroalimentaires ont également fortement monté (+26,4 %).

IDE : la France troisième

Le stock d’IDE entrants en Roumanie a atteint 90,8 milliards d’euros en 2021, d’après les données rapportées par le Trésor.

Le stock d’IDE français représente 9,6 % du total. Les entreprises françaises possèdent de fait un rôle important dans le pays. De grandes entreprises bien sûr, à commencer par Renault-Dacia (18 000 employés), Michelin (4 500), Hella (4 500 aussi), Faurecia. D'autres grands groupes sont présents : Saint-Gobain, Airbus, Thales, Air Liquide, Engie, Orange (premier opérateur mobile). La distribution est également omniprésente avec Carrefour, Auchan, Cora, Leroy- Merlin, qui figurent dans les toutes premières places du classement dans leurs domaines. Dans le secteur bancaire, la BRD (groupe Société Générale) est la troisième banque commerciale, tandis que Groupama détient une place significative dans le secteur des assurances. De grands noms connus, mais aussi de plus petits. Le tissu de PME est dense. Au total 4150 entreprises à capitaux majoritairement tricolores sont recensées. Elles emploient plus de 125 000 personnes, pour un CA de 18 milliards d’euros, soit 8 % du PIB.

Colombie : une puissance qui compte en Amérique Latine

La troisième semaine de novembre dernier, Conquérir a effectué un voyage de dix heures vers Bogota, dans le but d’assister à l’événement réputé le plus important en matière d’investissements de ce pays sud-américain le « Colombia Investment Summit ».

La république de Colombie est située, rappelons-le, à l’extrême nord de l’Amérique du Sud. Elle est organisée administrativement en trente-deux départements décentralisés, ainsi que le district spécifique de la capitale. Sa forme de gouvernement est de type présidentiel.

Si l’on veut mieux cerner l’importance actuelle de la Colombie au niveau mondial, on peut citer quelques données significatives. Premièrement, elle a réussi à devenir le 27e pays le plus peuplé au monde, avec 52 millions d’habitants, sa capitale en comptant presque 8 millions. Dernièrement, son PIB s’est hissé au quatrième rang en Amérique latine et au 28e au niveau mondial. Ces données économiques et démographiques incitent chaque fois davantage d’entreprises et d’investisseurs étrangers à s’implanter en Colombie. La diversité des paysages que l’on peut y trouver accentue aussi ce phénomène : des forêts tropicales jusqu’aux Andes en passant par des plantations de café. D’où le thème mis en avant de « pays de la beauté » par Procolombia.

Procolombia est « l’agence gouvernementale de la branche exécutive du gouvernement [colombien] en charge de promouvoir les exportations […], le tourisme international et l’investissement étranger […], pour doter les entreprises nationales de l’appui et des conseils nécessaires pour ses activités de commerce international ». Procomlobia dispose de vingt-quatre bureaux dans le monde et est précisément l’organisatrice du Colombia Invesment Summit.

Ce qui était sa huitième édition en 2023 se présentait sous la forme d’un « roadtrip ». De la sorte, Conquérir, seul titre français présent, eut l’opportunité de visiter quelques-unes des villes les plus importantes du pays, comme Bogotá et Barranquilla, capitale du département Atlántico, particulièrement réputée pour son carnaval, reconnu aujourd’hui comme le deuxième plus important du monde après celui de Rio de Janeiro.

Le Colombia Investment Summit débuta le 20 novembre à la Chambre de Commerce de la ville de Bogotá. On estimait ainsi que le nombre de participants à environ 700 personnes, essentiellement des entrepreneurs et des investisseurs.

Plusieurs personnalités s’y exprimèrent. Parmi elles, Carmen Caballero Villa, qui assura, arguments à l’appui, que la Colombie était un pays digne de confiance pour un investisseur. Du reste, le pays andin figure au top 30 des réceptionnaires de flux d’IDE dans le monde. A ce stade, les autorités colombiennes assurent avoir réussi à attirer 194 projets d’investissement, provenant de 95 pays différents. Ils sont synonymes de création de 150 000 emplois dans des secteurs divers, comme l’industrie en général, l’hydrogène vert…

Après cette intervention - encourageante, de la présidente de Procolombia, la vice-ministre technique des finances et des crédits publics, Maria Fernanda Valdés Valencia ajouta qu’en 2023, l’économie colombienne aura connu une croissance supérieure à 10 %. Sans doute en partie parce que ce pays est un de ceux qui se sera remis le plus vite de la crise du covid-19. La vice-ministre augure d’une croissance encore plus forte en 2024 et en 2025.

Le bilinguisme et les services mis en avant

Le jour suivant, 21 novembre, le sommet se poursuivit à Bogotá, avec une réunion présidée par le ministre des mines et de l’énergie. Le thème majeur en fut la promotion de la transition énergétique. Le ministre annonça que son gouvernement travaillait avec obstination à la décarbonisation du secteur de l’automobile. Ce qui profitera à tout le monde à la fois. Il exposa le concept de « la Colombie et des 6 GW ». Cette explosion des 6 GW est un des axes majeurs de la stratégie du ministère en vue d’accélérer la « transition énergétique juste » en Colombie. Le troisième jour, le 22 de novembre, nous assistions à ce qui serait le dernier événement de ce séjour. Il nous amena à la cité portuaire de Barranquilla. Nous fûmes accueillis par la municipalité de la ville. La principale thématique abordée fut le bilinguisme. La volonté des autorités est de faire de Barranquilla la première ville d’Amérique latine 100 % bilingue. Deux programmes furent exposés : « je suis bilingue » et « l’anglais pour le travail ». Le but est de pouvoir atteindre cet objectif, en huit ans, grâce à 200.000 heures d’enseignement en primaire dispensées par 2.356 professeurs. L’idée est d’attirer Colombiens et étrangers intéressés par cet évolution.

Par la suite, nous avons visité deux start-up dont la multinationale d’origine française Teleperformance. Rappelons que Teleperformance est spécialisée dans l’administration des relations avec les clients et la communication. Elle dispose de la bagatelle de 28 sites en Colombie, employant plus de 30 000 personnes sur place, à Bogotá, Medellín, Baranquilla et Tunja. Nous avons pu, au travers de nos échanges, mieux comprendre le fonctionnement de cette entreprise, ainsi que son organisation. Enfin, nous avons eu le plaisir de nous rendre à l’université du Nord de Baranquilla, une université privée, considérée comme l’une des meilleures du pays. On nous expliqua les différentes formations proposées - le bilinguisme étant là aussi très présent, ainsi que des soutiens financiers pour les étudiants moins fortunés. Au total, ce fut une expérience enrichissante pour nous de nous rendre compte sur place des projets mis en oeuvre par les autorités, en particulier ceux tournés vers la transition énergétique et le bilinguisme.

Turquie : une économie puissante malgré le contexte monétaire

Le tremblement de terre de février dernier a malheureusement endeuillé le pays et nous avons de la compassion pour les familles meurtries. Le pays se relèvera comme il a su le faire par le passé. En mai 2023 devraient avoir lieu les élections générales. L’occasion pour nous de faire le point sur l’évolution économique de ce puissant pays à la lisière de l’Union européenne. Une population nombreuse, une main d’oeuvre qualifiée, un revenu moyen plutôt élevé et une situation géographique stratégique sont des atouts significatifs pour l’ancien empire ottoman.

Même si les échanges franco-turcs demeurent plutôt limités par rapport à l’Allemagne, à l’Italie, voire à l’Espagne, nos entreprises doivent étudier les possibilités d’exportations ou d’investissements sur place, en fonction de leurs activités bien sûr.

Dans un premier temps, quel est le contexte de l’économie turque ? A vrai dire, il est très contrasté. Si on l’examine sous le prisme de l’inflation (80 % en glissement annuel), il semble plutôt inquiétant. Et pourtant, la politique monétaire de la Banque centrale turque, sous l’impulsion du président Erdogan est souple, voire accommodante, puisque les taux sont régulièrement abaissés. Contraintes étatiques aidant, les entreprises peuvent donc se financer à plutôt bon compte.

Qu’en est-il de la croissance ? Comme un peu partout, elle a ralenti en 2022, autour de 2,5 %, après une hausse de 11 % en 2021, alors même qu’elle n’avait pas fléchi en 2020. Parmi les points forts de la Grande Porte, figure, selon Coface, un secteur manufacturier diversifié et expert, une population jeune, et un déficit des balances commerciales et des comptes publics à des niveaux très raisonnables, même si, sur ce dernier point, on n’appréhende que le déficit du gouvernement central.

Le solde public devrait atteindre 4 % du PIB en 2022 et la dette publique 36,5 % du même PIB. Nous n’en sommes pas là du tout en France (115 % environ). Coface n’en décèle pas moins des éléments assez défavorables pour la Turquie. En particulier sa dépendance visà- vis d’importations d’énergie comme de biens intermédiaires, une inflation, on l’a vu, très élevée avec, en corollaire, une livre turque au plus bas.

La Chine en pôle position

Qui vend à la Turquie ? En premier lieu la Chine (23 milliards d’USD en 2020, +20,3 %), devant l’Allemagne (21, 7 milliards, 12,6 %). La Russie figurait alors à la troisième place (17, 9 milliards, +12,6 %) puis les Etats-Unis (11,5 milliards), l’Italie (9,2 milliards), l’Irak, la Suisse… La France, alors en léger progrès, s’avérait le huitième fournisseur de la Turquie, avec une part de marché stable à 3,2 % (7 milliards d’USD). Cela est loin d’être négligeable.

Quels biens les anciens ottomans achètent-ils ? Le Trésor nous le confirme : les deux premiers postes d’exportation demeurent les véhicules automobiles et leurs parties pour 22,1 milliards d’USD alors, puis les chaudières, machines, appareils, engins mécaniques et leurs parties (16,8 milliards). Puis viennent les machines, appareils électriques et leurs parties (9,3 milliards d’USD), le fer et l’acier.

La Turquie a bien progressé en 2020 sur d’autres créneaux, en particulier celui de l’agroalimentaire, avec une mention pour les fruits et noix comestibles ou encore les préparations à base de céréales, de féculents ou de lait. Notons aussi la belle progression de spécialités médicales, dont les appareils d’assistance respiratoire développés localement.

Qu’achètent les Turcs de leur côté ? En 2020, et en valeur, en premier lieu des hydrocarbures (28, 9 milliards d’USD) devant les pierres gemmes, les métaux précieux (26, 6 milliards, + 9,9 %). C’est que les Turcs se sont alors rués sur l’or, si l’on peut dire, pour se protéger de la chute de la monnaie locale. Troisième poste d’importation, les chaudières, machines, engins mécaniques et leurs parties, pour 25,2 milliards d’USD (+13,9 %). Quant aux achats de véhicules automobiles, ils avaient bondi de 52,7 % sur 2020 à 15,3 milliards d’USD.

Entreprises africaines : un potentiel de croissance sous-estimé par les investisseurs européens

Emmanuel Millard, président de la DFCG, président international de CFO Alliance et Axelle Legrand, présidente franco-béninoise de TQM Consulting, sont des experts des sujets de financement sur le continent africain. Ils proposent à nos lecteurs leur vision de l’intérêt que représente l'Afrique pour les entreprises françaises et européennes.

L’Afrique est à n’en pas douter un continent en pleine expansion économique, regorgeant d'entreprises dynamiques et innovantes. Cependant, le potentiel de croissance de ces entreprises reste encore boudé par les investisseurs étrangers. Le secteur informel, faisant référence à l'économie non réglementée et non officielle, représente environ 55 % du PIB en Afrique subsaharienne. Il regroupe les petits commerces de rue, les vendeurs ambulants, les marchés… Ces entreprises, bien qu’informelles, jouent un rôle crucial dans l’économie africaine en fournissant des emplois, en stimulant la production et en réduisant le chômage. Leur structure leur rend l'accès au financement traditionnel comme les prêts bancaires aux investisseurs en capital-risque difficile, limitant ainsi leur capacité de développement, pourtant très importante.

Les entreprises de taille moyenne dans les critères varient d'un pays à l'autre comptent généralement entre 50 et 250 employés et réalisent un chiffre d'affaires annuel compris entre quelques millions et quelques dizaines de millions de dollars. D'après la Banque Mondiale, ces entreprises représentent environ 20 % du PIB en Afrique subsaharienne. Elles sont actrices de la diversification économique et représentent environ 30 % de l’emploi total en Afrique subsaharienne. Elles contribuent de manière significative à la production et à la productivité et sont présentes dans différents secteurs tels que l'agro- industrie, les technologies de l'information et de la communication, la logistique, le tourisme, les services financiers, etc. Elles jouent un rôle crucial dans la réduction du chômage et la promotion de l’inclusion sociale, mais aussi dans la mise en oeuvre des objectifs de développement durable et de matérialité financière et environnementale. Selon une étude de l'OCDE, ces entreprises ont connu une croissance annuelle moyenne de 6,1 % entre 2010 et 2018, dépassant la moyenne mondiale de 4,5 %. Cela démontre leur dynamisme et leur potentiel de croissance, et la place qu'elles occupent dans l'économie.

Mais l'Afrique, c'est aussi plus de 700 entreprises multinationales qui opèrent dans des secteurs clés tels que les télécommunications, l'énergie et les services financiers, et contribuent à la croissance économique du continent. Certaines d'entre elles figurent parmi les plus grandes du monde !

Un accès difficile aux financements classiques

Malgré ce fort potentiel de croissance, les entreprises africaines peinent à accéder aux financements traditionnels. Les financements traditionnels font référence aux frais bancaires, lignes de crédit, ou aux émissions d'actions ou d’obligations sur les marchés financiers.

Parmi les raisons qui justifient leurs difficultés d'accès aux prêts et aux financements figurent le manque de garanties et d'historique en matière de crédit requis par les institutions financières, l'insuffisance ou l'absence de formalisme et de documentation juridique, administrative, ou encore financière qui tient souvent à une organisation, une structure et des opérations non stabilisées, ce qui rend difficile voire impossible la présentation des documents attendus par les financeurs. Par ailleurs les barrières et procédures réglementaires complexes ainsi que les obstacles bureaucratiques et administratifs peuvent aussi décourager les entreprises à demander des financements.

Mieux analyser les marchés

L’un des principaux facteurs de dissuasion des investisseurs reste la perception du risque élevé, en raison de la volatilité économique, des risques de change, de l’instabilité et des défis politiques mais aussi des incertitudes légales et réglementaires. Enfin, le manque de connaissances ou d’analyse approfondie du marché africain, de ses opportunités et de ses spécificités constitue aussi un frein sérieux à l’investissement.

Pourtant, plusieurs autres facteurs combinés, outre sa croissance économique soutenue et solide, font de l’Afrique un marché dynamique et prometteur pour les investissements. Tout d’abord, la population jeune et en expansion de l’Afrique crée une demande croissante de biens de consommation, de services et d’infrastructures, offrant ainsi de grandes opportunités d’investissements. L’urbanisation rapide en Afrique crée des besoins en infrastructures, logements, transports, services financiers et autres secteurs, et ainsi des opportunités d’investissement supplémentaires.

De plus, la richesse des ressources naturelles du continent, notamment le pétrole, le gaz, les minéraux et la grande étendue des terres arables sont des atouts pour les investissements dans les secteurs de l’énergie, de l’exploitation minière et de l’agriculture. L’intégration économique régionale en Afrique, à travers des organisations telles que le Comesa, la Cedeao et l'Uma, facilite la circulation des biens et des services offrant ainsi des opportunités dans des marchés plus vastes.

La croissance rapide de l'adoption des technologies de l'information et de communication en Afrique crée des opportunités dans les domaines de la fintech, de l'e- commerce et des services numériques. Enfin, les réformes économiques entreprises par de nombreux pays africains pour améliorer le climat des affaires, attirer les investissements étrangers et stimuler la croissance économique contribuent à rendre le marché africain attractif pour les investisseurs. La prise en compte de ces défis permet d’apporter des solutions adaptées autour des questions de financement, de formation professionnelle et de moyens matériels nécessaires au développement économique.

C'est ici que les financements privés européens et français notamment ont un rôle crucial dans le développement de ces entreprises africaines à travers l'apport de ressources financières et compétences techniques. En 2019, le Cnuced évaluait les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique à 45 milliards de dollars, dont une part importante provenait d’investisseurs européens.

Ces financements privés européens offrent aux entreprises africaines des opportunités de croissance importantes à condition qu’elle se modernisent, voire se restructurent, passage obligé pour envisager un développement à l’international.

En retour, les investisseurs européens peuvent bénéficier d'un marché en expansion. Selon une étude récente, le PIB de l'Afrique pourrait attendre 3000 milliards de dollars d'ici 2030, offrant ainsi de nombreuses opportunités commerciales. De plus, les investissements privés ont un impact social important en créant des emplois et en stimulant le développement économique local, à condition de s'inscrire dans une démarche environnementale et durable maîtrisée. Avec des besoins d’investissements importants et un marché en forte croissance, les financements privés européens peuvent jouer un rôle clé dans le développement des entreprises africaines et contribuer à la transformation économique du continent. Et dans ce cadre, le renforcement des partenariats entre l'Europe et l'Afrique est plus que jamais essentiel.

Brésil : une bonne dynamique, la France très présente

L’élection présidentielle qui s’y déroulait a remis récemment le Brésil sur le devant de la scène. Le président sortant avait privilégié la continuité de l’économie pendant la crise majeure du covid qui a secoué son pays. Sur ce plan - nous ne parlons pas des aspects sanitaires bien sûr, sa stratégie a plutôt bien fonctionné. Une enquête récente montrait que ce grand Etat lusophone pointait en tête des intentions d’embauche parmi quaranteet- un pays majeurs au monde.

 

Deuxième débouché de la France en Amérique latine

Nous ne sommes certes que 10e fournisseur du Brésil, qui n’est que notre 30e client. Mais il faut relativiser tout cela, car notre commerce extérieur est avant tout orienté vers l’Union européenne, l’Europe en général, les Etats-Unis, la Chine et toujours l’Afrique, même si nous y perdons pied chaque jour davantage.

Dès lors, en Amérique latine, le Brésil est devenu en 2021 notre premier client, devant le Mexique. Notre commerce bilatéral a progressé l’an dernier de 15,6 % à 6,2 milliards d’euros. Cependant, le niveau de 2019 - pré-pandémie, n’a pas été retrouvé. Nos ventes se sont avérées en hausse de 13,3 % à 63,3 milliards d’euros (0,7 % de notre total mondial). Notre solde commercial reste excédentaire, à 403 millions d’euros - c’est déjà cela de pris. Que vend-on au Brésil ? Essentiellement des produits manufacturés à haute valeur ajoutée, nous répond notre service économique régional. En tête de gondole, les produits chimiques, les parfums et cosmétiques (+13,2 % à 913 millions d’euros, 28 % du total). Puis, viennent les matériels de transport (595 millions d’euros, 18 % du total). Il s’agit en l’occurrence principalement d’aéronefs qui remontent un peu à la faveur de la reprise du trafic aérien. Les produits pharmaceutiques constituent aussi un poste important, là aussi en reprise (375 millions d’euros, 11,4 % de nos ventes). Juste devant les machines industrielles, agricoles et diverses (10,7 % à 353 millions d’euros). Les experts du service économique régional de Brasilia tempèrent cependant la lecture optimiste de prime abord au vu de ces résultats.

En effet, ils remarquent que les entreprises tricolores n’ont pas su, ou pu, tirer profit de l’embellie économique de la puissance lusophone en 2021, en raison d’un profil d’exportations orienté vers les matériels, biens d’équipement et intrants industriels, qui ont relativement souffert d’une faible reprise des investissements. Du côté des importations, il s’agit pour une grande majorité de produits de base - agricoles, agro-industriels ou encore de minerais. L’agro-alimentaire domine largement (27,8 % de nos achats à 802 millions d’euros), en premier lieu des tourteaux de soja et les aliments pour animaux. Les hydrocarbures et autres produits des industries extractives sont en plein rebond - hausse des cours aidant, à 678 millions d’euros (14,4 %) du total. Dans le même esprit, le poste bois-papier-carton s’est montré en plein rebond (111 millions d’euros, 14,4 % de l’ensemble). La part des produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture est également significative (11,1 % de l’ensemble à 321 millions d’euros).

IDE : une présence française dense

La place de la France dans le commerce extérieur brésilien est relativement modeste. En revanche, comme le souligne notre service économique régional, le Brésil est un partenaire majeur de notre pays dans ce qu’il est convenu d’appeler la sphère émergente, bien qu’à notre sens, le grand Etat amazonien présente à bien des égards le profil d’une puissance de premier plan. Quoi qu’il en soit, le Brésil est la deuxième direction de nos IDE, derrière la Chine. Notre stock d’IDE atteignait 21,9 milliards d’euros en 2020 (11e position), ce qui représentait 68,6 % du total français dans la région. En termes de flux, c’était un peu moins bien (14e destination en 2020, avec 596 millions d’euros générés). Notre stock d’IDE se concentre avant tout dans quatre secteurs : les services (47 %), les activités financières et assurantielles (23,6 %), l’industrie extractive (22,6 %), puis manufacturière (22,1 %). La banque centrale du Brésil nous situe comme cinquième investisseur derrière les Pays-Bas, les Emirats Arabes Unis et le Luxembourg. Ce qui ne fait cependant que 5 % du total. Selon le critère dit du « contrôle fiscal », nous serions même troisième, avec 6,2 % du total du stock d’IDE sur place.

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Finlande : solide mais discrète

La Finlande fait beaucoup parler d’elle en ce moment en raison de son adhésion à l’OTAN et de sa très longue frontière avec la Fédération de Russie. Elle jouit d’une bonne image quant à l’industriosité de son peuple et à son caractère innovant. Ses relations économiques sont principalement fortes avec les pays scandinaves et la Russie.

La place de la France dans ses échanges commerciaux est relativement faible en valeur relative et surtout en valeur absolue car le poids économique global de ce pays de 5,5 millions d’habitants est limité. Cependant, il est important de mieux connaître chacun des marchés de l’Union européenne de la Zone Euro, alors que nos entreprises, en premier lieu les PME, se développent principalement dans ce bassin protégé.

Des IDE soutenues.

Quoi qu’il en soit, la Finlande bénéficie donc d’une bonne réputation – économie innovante, main-d’oeuvre hautement qualifiée, zone stratégique orientée vers la R&D et la haute technologie. Dès lors, les IDE reçues de l’étranger représentaient en 2021 un stock de 98,5 milliards de dollars US (+8,8 % par rapport à 2020), grâce à l’apport d’un flux supplémentaire de 9,4 milliards de dollars US. La part de la Suède dans le stock est est évaluée à 28 %, et celle du Luxembourg comme des Pays-Bas à 14 %. Nous sommes loin derrière… Le secteur financier (30 %) devance l’activité financière et l’assurance (18 %), l’information et la communication (13 %), devant les activités immobilières 9 %, selon les experts de BNP Paribas. Notons que 44 % des IDE nouveaux se tournent vers les communications, les médias, les logiciels et les services commerciaux ou professionnels.

La Finlande ne met pas de barrières aux investissements, sauf dans les domaines jugés sensibles comme celui de la défense, également lorsqu’ils sont susceptibles d’affecter un secteur en difficulté. Comme partout d’ailleurs, les aides au démarrage sont prévues dans le cadre de dossiers bien définis. Les principales entreprises étrangères actives en Finlande sont H&M, Mango, Zara, Lidl, Starbucks ou encore McDonald’s. La Finlande dispose, de son côté, de grands noms, en particulier dans les biens d’équipements, comme Nokia (infrastructures télécom), Konecranes, Ramirent.

France-Finlande : un commerce extérieur déséquilibré.

Le commerce extérieur de la France dépend beaucoup de ses pépites, à savoir les Airbus ainsi que les cosmétiques ou encore les vins et spiritueux. Et notre déficit est généralisé. Dans les grandes lignes, nos échanges avec la Finlande ne démentent pas ces grands fondamentaux. Notre commerce extérieur est déficitaire (-1,3 milliard d’euros en 2022). Il s’accroît même dans la mesure où nos importations (3,1 milliards d’euros) progressent de 12 %, alors que nos ventes ne grappillent qu’un petit 3 % à 1,8 milliard d’euros.

Alors, que vend-on aux Finlandais ? Le premier grand secteur est celui des équipements mécaniques, du matériel électrique, électronique et informatique (510 millions d’euros, 28 % du total, en forte hausse). On parle de machines industrielles et agricoles, de produits informatiques électroniques et optiques, ou encore d’équipements électriques et ménagers. Ensuite, vient le matériel de transport (automobiles et surtout avions lorsque Finnair en commande). Comme il n’y eut pas de livraison en 2022, ce secteur du transport a plafonné à 220 millions d’euros. Enfin nos points forts : les produits chimiques, ainsi que les parfums et cosmétiques (15 % du total de nos ventes). Et bien sûr l’agroalimentaire (+ 2 % à 210 millions d’euros), dont 40 % de vins et autres boissons alcoolisées. A propos de vins, nous sommes le deuxième fournisseur de la Finlande et nos performances s’améliorent encore (+18 % en 2022), malgré la concurrence de l’Italie, de l’Espagne voire de l’Allemagne ou du Chili.

Du côté de nos achats, on note que le poste bois, papier et carton (+20 % en 2022, hausse des prix oblige) a rejoint celui des équipements mécaniques, électriques et électroniques à 770 millions d’euros (25 % du total de chacun). Les produits métallurgiques et métalliques dont les métaux non ferreux, viennent ensuite avec 540 millions d’euros.

Afrique du Sud : réels atouts et points de faiblesse

L’Afrique du Sud apparaît de prime abord comme un pilier solide de l'Afrique subsaharienne. Cependant, la situation n'y est pas si rose malgré un état de développement comparativement plus avancé depuis des décennies. Nos relations économiques avec ce pays sont relativement limitées à l'aune de nos échanges mondiaux. En revanche, si on les rapporte à ceux avec l'Afrique subsaharienne dans son ensemble, elles sont significatives, devant la Côte d'Ivoire sous certains aspects. Il nous a donc paru intéressant de nous pencher sur cet Etat de la pointe du continent.

L'Afrique du Sud a su passer sans trop de casse du système de l’apartheid à un régime dominé par la majorité noire avec une ANC qui s'est maintenue au pouvoir, amenant ainsi une certaine stabilité. Cependant, cet équilibre est fragile. La popularité de l’ANC tend à s’éroder, suite à de nombreux scandales, dont celui de corruption présumée de l’ancien président Jacob Zuma. L’aile extrême de l’ANC veut accentuer les mesures favorisant les populations non blanches (plan Black Economic Enpowerment) en développant les expropriations.

Des émeutes surviennent de temps à autre, favorisées par un chômage de masse - l'assureur-crédit Credendo parle d'un taux de 35 %, ce qui amène à des troubles de nature xénophobe.

Cela étant, si Coface évaluait récemment le risque pays de l’Afrique du Sud à C, ce qui n’est pas bon, l’environnement des affaires est, lui, coté à A4. De fait, le pays du Cap de Bonne Espérance jouit de nombreux atouts. A commencer par des ressources naturelles abondantes (or, platine, charbon, minerais rares), un marché financier développé, et un système bancaire en bonne santé selon Coface. A cet égard, Credendo valorise l'accroissement de la dette publique détenue par les investisseurs nationaux.

En revanche, les aspects négatifs ne doivent pas être occultés. Outre un chômage élevé, la pauvreté toucherait 20 % de la population, créant un climat social délétère (criminalité, grèves…). En dépit d’un taux d’emploi insuffisant, on constate en outre un manque de main-d’œuvre qualifiée. Les autres structures sont souvent insuffisantes en matière de transport ou d’énergie, occasionnant par exemple de fréquentes coupures de courant. L’emblématique électricien Eskom est, du reste, en grande difficulté.

Une croissance de croisière à l’aune des pays européens

La croissance sud-africaine est faiblarde. Elle suit une courbe assez comparable aux pays de l’Ouest européen, voire s’avère un tantinet plus faible. Début 2022, le consensus tournait pour cette année autour de 2 %, après +5,1 % en 2021 et -6,4 % en 2020. En 2021, le rebond a été occasionné par l’explosion des exportations de matières premières, mises sous cloche lors du premier épisode du Covid. L’augmentation des prix a fait le reste.  Cette année, les experts pensent qu’il n’en sera pas de même et que la consommation intérieure ne pourra pas prendre le relais, d’autant que le taux d’inflation sera élevé, sans doute de 5 %. Ce qui a amené la Banque centrale, qui est indépendante, à donner un tour de vis monétaire, en relevant récemment son taux directeur à 4,75 %. Le manque, déjà patent –d’investissements, devrait donc se faire encore plus sentir sauf, selon Coface, dans le domaine des énergies renouvelables. Les IDE, par parenthèse, sont faibles. Malgré tout, le solde public (-8 % en 2021 après -10,8 % en 2020) devrait s’alléger à -6,5 % en 2022 selon Coface.

Observons que la dette publique attendrait 73 % en 2022, ce qui nous fait pâlir d’envie, nous Français. Tout cela est bien incertain néanmoins, et très dépendant du niveau de prix des matières premières à l'export, comme à l'import (pétrole), du rythme de reprise du tourisme… Quoi qu'il en soit, les réserves de change restent satisfaisantes (cinq mois environ du montant des importations).

Second partenaire commercial de la France

Nous l’avons dit supra, l’Afrique du Sud est le deuxième partenaire commercial de la France (en Afrique subsaharienne premier client et deuxième fournisseur) et avec un excédent commercial à la clé de 530 millions d’euros (+16 %) en 2021. On est bien loin du record du début des années 2010 (+1,4 milliard d’euros), mais dans la période de disette actuelle, on ne va pas se plaindre !

Du reste, l'an dernier, nos exportations ont progressé de 20 % pour atteindre 1,6 milliard d'euros, récupérant tout le terrain perdu en 2020. L'augmentation a été tirée par « les machines industrielles et agricoles (+48 % à 249 millions d'euros) » à l'instar des pièces détachées pour le la construction et l’industrie minière ou encore des machines de sondage et de forage de la terre.

Tout cela en lien avec le boom des matières premières, bien entendu. Nos ventes de produits agroalimentaires ont bondi aussi de 41 %, pour atteindre 201 millions d’euros, particulièrement en raison de la levée des restrictions à l’importation d’alcools, favorisant le cognac et le champagne. En revanche, le matériel de transport était encore à la traîne, alors que la reprise du trafic aérien se faisait alors attendre. Globalement, si l’on s’en tient à la nomenclature des douanes, « les produits chimiques, cosmétiques et parfums » demeurent notre premier poste d’exportation – environ 20 % du total. Viennent ensuite « les machines industrielles et agricoles », qui montent au deuxième rang, grâce en particulier, à la vente de parties de réacteur nucléaire ou de matériels pour l’industrie minière.

Une deuxième place au détriment des produits pharmaceutiques, en régression à 15 %, juste devant l’agro-alimentaire, en hausse de quatre points à 13 %.

Les experts du Trésor, tout en reconnaissant que « l’Afrique du Sud est un débouché secondaire pour les produits français » – 0,3 % du total de nos exportations en 2021 –soulignent qu’elle demeure notre premier client en Afrique subsaharienne, avec 16 % devant la Côte d’Ivoire (14 %) tandis que nous sommes son dixième fournisseur (2,1 %) en Europe derrière l’Allemagne (8,2 %) et l’Italie (2,7 %).

Du côté des importations, elles ont progressé en 2021 à peu près dans les mêmes proportions que nos exportations (+20 % à 1,1 milliard d’euros). Nos achats de « produits métallurgiques et métalliques » ont bondi de 120 % à 121 millions d’euros. Sans surprise, ce sont les produits des industries minières qui mènent la danse à 175 millions d’euros, dopés essentiellement par le fer et le manganèse. Notons cependant que le premier poste était celui du matériel de transport, à 362 millions d’euros en particulier celui de la véhiculation de marchandises.

La Chine principal partenaire

La France tient donc une place relativement honorable dans les échanges commerciaux de l’Afrique du Sud, loin cependant derrière la Chine. L’Empire du Milieu était en 2020 son premier fournisseur (20,8 % du total), mais aussi son premier client (11,5 %). Côté ventes, venaient ensuite les USA (8,4 %), l’Allemagne (7,5 %), le Royaume-Uni (5 %), puis le Japon (4,5 %). Quant à leurs achats, les Sud-Africains se tournent en second lieu vers l’Allemagne (9,1 %) ensuite les Etats-Unis (6,4 %), l’Inde (5,2 %) et l’Arabie Saoudite (3,9 %).

C’est que le pétrole et les produits assimilés représentent le premier poste à l’importation à 12,6 % du total, loin devant les appareils électriques pour la téléphonie (3,6 %), les véhicules de tourisme (3,1 %) puis les médicaments (2,6 %). Du côté des ventes, le platine, le palladium, l’iridium, l’oxium… représentent 12,6 %, devant l’or sous toutes ses formes (7,9 %) et ensuite les minerais de fer ainsi que leurs concentrés (7,2 %).

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