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Grand Genève : une dynamique économique indéniable

Alors que notre commerce extérieur fait toujours triste mine, accumulant records sur records de déficit, l’on observe que les dirigeants des nouvelles sociétés françaises ont désormais en majorité le souci de penser dès leurs débuts à une ou à des implantations à l’étranger. Ils voient souvent loin à cet égard (Etats-Unis, Canada, Asie…). Cependant, la plus grande partie de nos PME ou ETI commencent leur développement hors de l’Hexagone dans des pays limitrophes : Belgique, Luxembourg, Espagne, Portugal, mais aussi Suisse. La Suisse romande, francophone, et en premier lieu Genève, paraissent idoines à cet égard. Mais où en est justement la grande métropole bordant le lac Léman ?


Pour répondre très sommairement à cette question, l’on peut d’emblée dire que cela va plutôt bien, mais que cela pourrait aller encore mieux, dans le canton de Genève, comme en France.
Le franc fort, les démêlés liés à la votation de 2014 demandant une politique restrictive en matière d’immigration, ainsi qu’une réforme de l’IS, ont quelque peu pesé sur l’économie genevoise, avec en point d’orgue, le départ de Merck il y a un an et le licenciement de 1300 employés. Globalement, la première place dans le PIB revient au… secteur public et parapublic (plus de 22%, en nette progression depuis une vingtaine d’années). Le commerce de gros et de détail vient juste après, avec plus de 20%. La raison en est principalement le développement de l’activité sur place de grands négociants en matières premières (Louis Dreyfus, Cargill, Adhax Petroleum, mais aussi Total…). Hors matières premières, signalons encore quant au commerce de gros, la présence significative de Procter et Gamble. Les activités financières et d’assurances, très étendues, n’arrivent qu’en 3e position, représentant 15% du PIB environ.
Les services aux entreprises – hors banque et assurance – ferment la marche, tout en progressant assez nettement, avec un peu plus de 13% du total.
Voilà pour les grandes masses.
Si l’on regarde les choses à l’aide d’une loupe plus précise, on remarquera que, si le canton de Genève compte 35 000 entreprises, la métropole helvète est le siège de 250 multinationales suisses et étrangères. Si Genève demeure une plate-forme financière de renom, avec 114 banques, le luxe est évidemment omniprésent, puisque 94% des grandes marques mondiales y seraient représentées. Parmi elles, 75 entreprises horlogères de prestige, dont Rolex bien entendu. Cependant, le secteur de la pharmacie-chimie, ou encore de la biotech - ce dernier soutenu par les autorités, retiennent également l’attention.
Quant à l’hôtellerie-restauration comme au commerce de détail, ils sont dopés par le secteur public international, estimé à 11% du PIB genevois, et les grandes institutions qui y ont élu domicile. De nombreux congrès ont également lieu à Genève, dont le fameux Salon de l’Auto.

Une coopération transfrontalière exemplaire

L’attractivité du territoire genevois, comme celle du Luxembourg ou de l’Allemagne, entraîne une immigration définitive, ou le plus souvent très temporaire. C’est ce que l’on appelle le phénomène des transfrontaliers. Les Français vont travailler à Genève et logent dans une commune française voisine, où le coût de la vie est nettement moindre. C’est ce que l’on appelle les migrations pendulaires. D’autre part, les entreprises transfrontalières compteraient pour plus de 38% de la valeur ajoutée du canton. Cela ne va pas sans poser de gros problèmes de transport, d’encombrements…
Tout cela mérite d’être coordonné ! D ‘où l’idée d’un projet d’agglomération franco-valdo-genevois qui germa dans les esprits des dirigeants locaux dès le début des années 2000 et qui poursuit aujourd’hui sa consolidation, sous le nom de «Grand Genève».
Le Grand Genève compte une population de près d’un million d’habitants, vivant dans 212 communes en 2015 (45 dans le canton de Genève, 47 dans le district de Nyon, appartenant au canton de Vaud, et 120 en France, dont 42 dans l’Ain et 78 en Haute-Savoie).
D’après les experts, d’un point de vue institutionnel, le Grand Genève peut être considéré comme l’agglomération transfrontalière la plus intégrée, davantage que celle du Luxembourg.
Neuf thématiques de coopération ont été identifiées au départ : urbanisation, mobilité, logement, économie, environnement, formation, santé, culture et relations internationales. La gestion du transport est fondamentale. Afin de limiter la pollution et l’encombrement des routes, les pouvoirs publics souhaitent augmenter la part des transports en commun à l’échelle de l’agglomération en favorisant la coordination entre les partenaires transfrontaliers. La mobilité « douce » est donc privilégiée. Dans ce cadre, une voie verte dédiée aux piétons et aux cyclistes devrait voir le jour dans les prochaines années, de même qu’une liaison ferroviaire de 22 km menant de Saint-Genis Pouilly (Ain) à Annemasse (Haute-Savoie). Elle traversera douze communes et aura plusieurs vocations, dont celle du loisir.
Un plan à échéance 2030 vient d’être adopté par les partenaires du Grand Genève, accentuant leur coopération en matière de mobilité, mais aussi de développement économique.

Rapprocher les cultures

La mobilité n’est pas le seul focus de la coopération transalpine. Le deuxième pourrait être celle de la culture. Les instances, française d’une part, valdo genevoise de l’autre, s’efforcent de rapprocher les cultures économiques des entrepreneurs situés de part et d’autre de la frontière, en organisant des tables rondes de responsables d’entreprises françaises et suisses tous les trimestres. L’idée, c’est de favoriser les échanges alors que nos visions sont, au départ, différentes.
De même que les entreprises tricolores peuvent avoir intérêt (cf. interview du PDG de Jalix) à s’implanter à Genève, leurs homologues suisses ont parfois avantage à faire de même en France.
Selon les représentants du Genevois français, qui regroupe nos collectivités locales participant à l’organisme trans-national, une implantation en France ouvre plus facilement la porte aux marchés de l’UE, et réciproquement en Suisse, au grand international. Une localisation dans nos régions transfrontalières concernées est facilité par une main-d’œuvre qualifiée, un foncier accessible, voire des aides financières directes ou indirectes (subventions, prêts à taux zéro…) et un accompagnement technique ou technologique s’il le faut. D’autres leviers de collaboration peuvent être utilisés de part et d’autre de la frontière : sous-traitance, co-traitance, partenariats commerciaux…
Les responsables du Grand Genevois français insistent sur les bénéfices réciproques du renforcement des liens transfrontaliers. Ainsi, la main-d’œuvre employée en Suisse dispose d’un pouvoir d’achat notablement plus élevé, et en fait bénéficier les commerces ou services locaux en consommant plus chez nous !
Cette main-d’œuvre, elle peut manquer aussi dans le Grand Genève, dans les métiers en tension.
C’est pourquoi les initiatives se multiplient pour développer les formations nécessaires et adapter les cursus à la demande actuelle ou future (à partir du bac Pro, du BTS). A cet égard, une initiative importance a été prise, dénommée La cité des métiers du Grand Genève. C’est un réseau de centres de formation qui s’étend progressivement en France et en Suisse.
Un autre grand axe d’initiatives est celui favorisant l’innovation. Il s’agit d’appels à projets destinés à soutenir des start-ups qui réfléchissent à des idées d’avenir. Ce fut le cas récemment dans le domaine des solutions numériques utilisant les géo-données. Un nouvel appel à projets, concernant cette fois le développement durable (circuits alimentaires courts, climat, énergies…) vient d’être lancé le 14 septembre dernier.
Les lauréats bénéficient d’un certain nombre d’aides fort utiles, en particulier des conseils d’experts en la matière. Le but est évidemment de créer de l’emploi et de la valeur ajoutée !

Une offre de transports variée

Aller faire des affaires en Suisse, ponctuellement ou régulièrement, y séjourner parfois plusieurs jours par semaine pour copiloter une filiale, tout cela nécessite des déplacements.

La Suisse romande est en général privilégiée par les hommes d’affaires français, ne serait-ce qu’en raison de la proximité linguistique. La puissance économique du canton de Genève y est également pour beaucoup, même si certains dirigeants s’implantent dans d’autres villes, comme à Lausanne.
Des moyens de transports variés permettent d’effectuer le déplacement. Tout dépend de l’endroit où l’on va bien sûr. Dans certains cas, la voiture sera privilégiée, mais il faut réussir à se garer ! Les transporteurs aériens effectuent de nombreuses liaisons depuis la France. Air France dessert Genève depuis Orly et Swiss à partir de Roissy. Le train gagne cependant du terrain depuis plusieurs années grâce à la présence de Lyria, filiale de la SNCF (74%) et des Chemins de fer fédéraux suisses (26%).
Lyria dessert la Suisse jusqu’à vingt fois par jour : Genève, mais aussi Lausanne et Zurich depuis la gare de Lyon à Paris. Son atout est lié à plusieurs facteurs.
D’une part, depuis le raccourcissement notable du temps de trajet Paris-Genève, la métropole suisse n’est plus qu’à 3h de la nôtre, de centre-ville à centre-ville. Le confort des rames, où l’on peut travailler dans d’excellentes conditions pendant le parcours y est aussi un atout-maître.
Les horaires des Paris-Genève ont de plus été étudiés pour permettre un aller-retour dans la journée, avec un premier départ de Paris à 7h07, et un retour tardif à 19h41, ce qui offre une journée complète de rendez-vous sur place.
Soucieux d’assurer le confort professionnel de bout en bout, Lyria permet à ses voyageurs d'accéder au salon Grand Voyageur SNCF à la gare de Lyon, sous certaines conditions.
Dès lors, le taux de satisfaction des voyageurs est très élevé, 93% d’après la dernière enquête de BVA en 2016 à ce propos. Notons, chose importante, que les équipes de Lyria sont très attentives à la ponctualité qui atteint, nous précise-t-on 92%[ Moyenne des arrivées à l'heure dans les 15 minutes.].
Afin de s’adapter encore mieux à la demande la clientèle, Lyria lance cet automne une nouvelle offre se traduisant par une segmentation en trois classes : business 1re « pour une expérience sur-mesure et haut de gamme », standard première « pour le meilleur rapport confort-prix » et standard « pour les meilleurs prix sans concession ».
Nous reparlerons de ces nouveaux dispositifs dans notre prochaine édition.
Ils seront en vente dès le 12 octobre pour des voyages à partir du 10 décembre.

 

Société Générale : une volonté d’accompagner les PME à l’export

Le commerce mondial croît moins vite ces dernières années. Cependant, sa progression, de l'ordre de 3 % désormais, est bien supérieure à celle de notre PIB, autour de 1,5 % malgré des troubles politiques dans certains pays, et la chute du pétrole qui a asséché les finances des Etats producteurs. Il y a donc de quoi faire à l’international.

Dès lors, les banques sont très intéressées pour aider les entreprises à se développer à l'international, d'autant que ce sont souvent les plus dynamiques. Toutes les banques leur prêtent attention, mais toutes n'ont pas forcément les mêmes atouts pour le faire. Société Générale fait partie du top 3, selon différentes études. « La banque est numéro 1 en matière d'émission de garanties internationales, comme pour les crédits documentaires à l’export, et numéro 3 pour ce qui est des crédits documentaires à l’import », signale Alain Piou, responsable trade finance de la banque aux couleurs rouge et noir[ Ndlr : il s’agit d’un classement en fonction du taux de pénétration. ]. Nous nous sommes entretenus avec lui, ainsi qu’avec Julie Niel, responsable du cash management international, afin d’en savoir davantage sur les points forts de leur établissement, ainsi que sur les tendances qu’ils perçoivent quant au positionnement actuel des PME-PMI vis-à-vis de la conquête de marchés à l’étranger.
A ce propos, Alain Piou fait état, à partir d’études récentes, d’un sentiment contrasté : « D’une part, il y a toujours autant de PME et d’ETI qui veulent exporter, et plus généralement se développer à l’international, d’autre part elles tendent majoritairement à se cantonner à l’Union Européenne, à une partie de l’Europe de l’Est ou encore à des marchés perçus comme sûrs, à l’instar des Etats-Unis et du Canada. On observe, ajoute-t-il, une moindre appétence pour le grand export, et une volonté de plus grande sécurisation ».
Alain Piou rappelle qu’il faut opérer un distingo entre l’export vers les pays développés et les autres où, l’environnement économique, bancaire, voire étatique peut mettre à mal du jour au lendemain une opération commerciale et son règlement, sans compter les tracas  causés par des règlementations changeantes. 
D’où l’importance de se faire accompagner, aider, par des spécialistes. En cela, Société Générale dispose d’atouts importants, en raison de son expertise certes, mais aussi et peut-être surtout de son implantation dans 54 pays. « Nous sommes une banque internationale, ponctue Alain Piou, particulièrement bien implantée en Afrique du Nord et francophone ou encore en Europe de l‘Est en tant que banque de détail. « Nous pouvons dès lors apporter des conseils de terrain à nos clients, à propos des partenaires avec lesquels il convient de contracter ou pas, ajoute-t-il, ce qui est moins facile à partir d’un simple bureau de représentation ». Société Générale n’a pas de banques de détail en propre en Asie mais possède notamment des implantations en Inde, en Chine, au Japon, en Corée, à Singapour, à Hong Kong, ainsi qu’au Moyen-Orient et aux Etats-Unis. Et il ne faut pas oublier l’Europe de l’Ouest qui constitue un socle solide de nos capacités internationales.
« Notre large réseau à l’étranger nous permet également d’offrir à nos clients des solutions locales de tenue de compte, rebondit Julie Niel. Notre Cellule de Coopération Internationale permet de faciliter les démarches de mise en relation de nos clients avec notre propre réseau, mais également auprès d’établissements partenaires».
La démarche à l’international se fait en général par étapes successives. On commence par exporter en direct, ou à travers des partenaires, avant de créer une ou plusieurs filiales. Société Générale propose des solutions pour accompagner ce développement. En matière d’accompagnement, en coopération avec Business France, Société Générale peut aider ses clients à trouver des partenaires sur place, par exemple à travers des rencontres ciblées, comme celles organisées en mai dernier à Kuala Lumpur et à Singapour. Seize PME tricolores ont fait ainsi la connaissance de contacts préalablement qualifiés.
Encore en amont, un site internet de la banque regroupe des fiches pays sectorielles, ainsi qu’une nomenclature sur les droits de douane applicables. Le financement des dépenses de prospection est possible, dans la limite de certains montants à des conditions précises dans le cadre d’une assurance proposée actuellement par la Coface[ Au 1er janvier 2017, ce dispositif devrait être géré par BPI (décret non encore paru).
], au titre d’un dispositif d’Etat.
Une fois que les affaires démarrent, il faut « sécuriser les flux ». L’intérêt est de dépendre plutôt d’une banque pour le règlement, et cela passe souvent par un crédit documentaire.

Se consacrer au business

« Dans certains pays, tout peut arriver du jour au lendemain : Restriction stricte de sortie de capitaux, législation contraignante, chaos politique…peuvent empêcher un acheteur de bonne foi de régler l’exportateur français. Ce dernier peut pourtant se protéger de tous ces risques ! »
A cet égard, Alain Piou fait valoir l’expertise « particulière » de Société Générale dans la procédure et la rédaction des documents d’usage en matière de crédits documentaires, dont on sait qu’ils sont complexes. Il met en avant un traitement dans « des back offices situés en France ». C’est évidemment plus simple pour la remise des documents, et peut-être aussi pour éviter des erreurs de traduction.
Notons que le crédit documentaire n'est pas réservé qu’aux gros remettants. Il peut être réalisé pour une seule opération ponctuelle, note Alain Piou.
Voilà, on est partis, tout va bien. Les affaires se développent, on ouvre un compte à l’étranger, une filiale… Comment procéder ?
« Nous nous chargeons de tout en matière de cash management, explique Julie Niel, de l'ouverture du compte à la gestion des encaissements et des décaissements, en passant par la mise à disposition de moyens de paiement ».
Afin que les dirigeants puissent jouir d’une bonne vision d’ensemble, des solutions de reporting, d’une complexité croissante selon leurs besoins, vont être mises en place. Par exemple, si l’on veut centraliser la trésorerie en un point donné.
La plate-forme multi-banques Sogecash Web est bien pratique puisqu’elle est « un point d’entrée unique pour les opérations de paiement et d’encaissement, cela quelle que soit la banque », souligne Julie Niel, qui indique que tous ses confrères ne proposent pas une telle solution. D’autres dispositifs sont envisageables. Ainsi le « host to host » (dialogue direct avec l’ERP du client) ou le Swift, ce dernier réservé aux grandes entreprises ayant des besoins complexes.
« Nos capacités d’accompagnement en matière de cash management sont étendues, depuis l’ouverture de comptes dans différentes devises, à la gestion des encaissements et des paiements qu’ils soient domestiques ou transfrontières » explique Julie Niel.
« Nos clients peuvent alors gérer leurs comptes ouverts à l’étranger, que ce soit auprès de Société Générale ou d’autres banques, grâce à notre plate-forme internet SogecashWeb. Nos clients peuvent l’utiliser comme un point d’entrée unique multi-banques pour consulter les soldes de tous leurs comptes, gérer leurs ordres et avoir accès à leurs différents états de reporting, souligne Julie Niel. Tous nos confrères ne proposent pas une telle solution. D’autres solutions techniques sont naturellement possibles en fonction des besoins de nos clients, comme SFTP ou encore SWIFTNet, ce dernier étant généralement privilégié par les grandes multinationales.»
Les solutions Cash Management de Société Générale peuvent être couplées à notre offre de change qui adresse notamment, en change transactionnel, plus de 130 devises exotiques.

Très bien positionnée sur les « Grands Comptes », Société Générale l’est également sur les PME-PMI grâce à une centaine de centres d’affaires PME-PMI logés dans son réseau de 2000 agences, des conseillers entreprises qui peuvent s’appuyer sur des experts métiers de l’international, et restant proches de leurs clients puisque présents dans les centres d’affaires en région et pas seulement à Paris. »

 

Des mobiles français à la conquête de l’international

Une société marseillaise de création récente, et qui se développe, en France et à l’international, qui plus est à grande vitesse, cela existe. Il s’agit de Wiko, fabricant de smartphones.

Wiko a été créée en 2011 par Laurent Dahan (son Président-Fondateur) et Michel Assadourian (Directeur Général). Tous deux étaient alors depuis plus de dix ans dans le business des télécoms. Au début de la présente décade, ils pressentent que le modèle de fourniture quasi gratuite des terminaux mobiles par les opérateurs, en contrepartie d’un abonnement d’une durée de 12 à 24 mois et à un prix plutôt élevé, allait disparaître. « Cela, avant même l’arrivée de Free en 2012, et de ses offres à prix plus bas », rapportent les fondateurs.
Ils estiment alors que l’on va revenir à des prix de l’abonnement et des mobiles correspondant davantage à leurs vraies valeurs. Dès lors, les fondateurs de Wiko ont imaginé qu’un vrai marché allait s’ouvrir pour les constructeurs de mobiles, y compris à côté des réseaux des opérateurs. Laurent Dahan et Michel Assadourian ont noué un partenariat fort avec le Chinois Tinno Mobiles, « l'un des plus gros fabricant de mobiles qui est dans le top 10 mondial ». Le design, et la R & D s’effectuent en revanche au siège et berceau de l’entreprise. « Nous sommes vraiment une marque française », tient à souligner Hervé Vaillant, responsable Relations Presse et Relations Publiques. L’arrivée de Free a évidemment contribué au succès de Wiko. La cible visée est la génération Y, « à la fois très technophile, mais aussi en recherche de solutions économiques », indique Hervé Vaillant qui refuse cependant la notion de « low cost », pour lui préférer celles de « low price » ou de « low fare ». Les premiers canaux de vente, la distribution agro-alimentaire et le e-commerce ont été depuis complétés par des magasins spécialisés (Darty, Fnac, Boulanger) et désormais… le circuit des opérateurs téléphoniques.
Et la réussite est là, puisqu’aujourd’hui Wiko est n°2 des ventes de mobiles en France, dans le secteur « du retail », derrière Samsung… et devant Apple. Cela, « en apportant des produits correspondant réellement aux besoins des consommateurs, sans couches technologiques inutiles ou trop avant-gardistes », résume en substance Hervé Vaillant.
Wiko se développe en France, mais aussi de plus en plus à l’international, d’abord en Europe, qui représente « 75% de nos 15 millions de mobiles vendus dans le monde ».
Wiko est bien implantée en Afrique, où elle commercialise une gamme adaptée à la situation de ces pays (où la 4G ne passe pas, par exemple), ce qui permet de proposer des prix là encore adaptés aux niveaux de vie locaux.
La société marseillaise pousse également ses pions au Moyen-Orient, en Asie et elle envisage d'être présente dans les prochaines années sur le continent américain.
Pour aller de l’avant à l’international, Wiko a pu compter sur l’appui de partenaire tels que Société Générale. Michel Assadourian, CEO, nous l’explique : « Société Générale nous a considérablement soutenus dans notre développement à l’international. Nous avons notamment bénéficié d’un accompagnement dans l’ouverture de comptes bancaires pour nos filiales en Europe et dans la mise en place d’outils de financement de nos créances en Europe et en Afrique. Société Générale a joué un rôle essentiel pour notre développement sur le continent africain et plus particulièrement en Algérie». Aujourd’hui Wiko, créée il y a donc un peu plus de cinq ans seulement, compte déjà 500 collaborateurs dans le monde, dont 220 en France (200 au siège social à Marseille et 20 à Paris dans les bureux de l'équipe commerciale). Elle est présente dans 35 pays, bientôt 40 d'ici la fin de l'année.

Afrique de l’Ouest : une croissance souvent dynamique

La plupart des pays d’Afrique de l’Ouest connaissent une croissance dynamique. Leur volonté de se doter d’infrastructures plus modernes? jointe dans certains d’entre eux, à une amélioration du pouvoir d’achat des habitants, contribue à dynamiser les échanges, ainsi qu’à susciter un intérêt plus marqué de nos entreprises, pour y exporter, ou s’y implanter. Pour autant, tout n’est pas rose. Nous cherchons pour vous, à la suite de faire la part des choses.

 

Côte d’Ivoire : le retour de la locomotive

La Côte d’Ivoire était un des fleurons de l’empire français. Un leader sage a pu la faire passer de la domination coloniale à l’indépendance. C’est pourquoi la communauté française était demeurée importante là-bas. Car, dans le même temps, l’économie était relativement prospère. Après la mort de Houphouët Boigny, la Côte d’Ivoire a connu, dans un premier temps, une transition correcte. Malheureusement, assez rapidement, des conflits politiques? s’appuyant sur des bases ethno-religieuses, ONT plongé le pays dans une crise grave et longue.
Aujourd’hui, les choses se sont apaisées, malgré la proximité d’une zone sahélienne dangereuse. La gouvernance d’Alassane Ouattara paraît solide. Elle a contribué à une reprise économique significative, tandis que les comptes publics étaient surveillés de près, en accord avec le FMI. Ainsi, le solde déficitaire du budget doit-il tendre vers 3% en 2019. Cela rappelle quelque chose ! Il a pourtant tendu augment2 régulièrement ces dernières années, atteignant 4% en 2016, pour une prévision de -3,6% en 2017.
Selon les analystes, l’augmentation des dépenses - certaines d’entre elles indispensables, comme pour la sécurité, la santé ou l’éducation, ont pesé sur le déficit. Il convient de rappeler que la Côte d’Ivoire a bénéficié d’un allègement de sa dette en 2012, ce qui lui permet d’afficher un niveau se situant à un pourcentage raisonnable du PIB (49% en 2016, 48,3% en 2017 selon les projections).
Pendant ce temps-là, la croissance de l’économie demeure extrêmement vigoureuse, à 8% en 2016, après 8,5% en 2015 et peut-être de nouveau 8% cette année. Notons qu’en parallèle l’inflation est très faible (1% en 2016).
Cette croissance est tirée par les grands travaux de remise à niveau des infrastructures, mais aussi par la normalisation de la situation, rappellent en substance les experts de Coface dans leur dernière analyse. Les investissements sont particulièrement soutenus également dans les secteurs agro-alimentaires et du logement, alors que la consommation privée s’avère vigoureuse, à la suite de la mise en place de prix garantis aux agriculteurs, de la CMU, ainsi que d'un relèvement des salaires.
Cependant, les analystes de Coface pointent certaines difficultés. Ils soulignent ainsi la nécessité de continuer à développer le secteur manufacturier, de réduire les inégalités –criantes, en particulier chez les jeunes urbains. Malgré tout, une diversification économique est en cours, au-delà du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial. D’autres richesses, agricoles mais aussi minières ou pétrolières, sont à signaler. La production d’hydrocarbures est cependant actuellement en recul. Elle devrait rebondir d’ici quelques années, à la faveur de la mise en exploitation de nouveaux gisements.

Des échanges commerciaux franco-ivoiriens toniques

Les échanges commerciaux franco-ivoiriens se retrouvent en plein regain, après une stagnation bien compréhensible jusqu’en 2011. Au regard des données de 2015, nous constatons une hausse globale de 10,8% des flux de marchandises, selon les données fournies par le service économique régional d’Afrique de l’Ouest de l’ambassade de France en Côte d’Ivoire. Nos exportations ont pris 3,9% à 1,11 milliard d’euros. La structure de nos ventes reste stable. Dominent les équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques (27%), suivis des produits agricoles et halieutiques (18%) ou encore agro-alimentaires (13%). Notons que les céréales comptent à elles seules pour 11% du total en 2015.
Parmi les poussées notables en 2015, signalons les machines pour l’extraction, la construction ou l’usage général (+29% à 49M€), les équipements de communication (40M€, +28,3%), ou encore informatiques (29M€, +39%).
Quant à l’agro-alimentaire, il est marqué par une notable hausse de nos exportations de vin (+25%, à 15M€). En revanche, nous avons vendu en 2015 moins d’automobiles (17M€, -20%), mais encore de matériel de distribution et de commandes électriques (18M€, -17%). La Côte d’Ivoire reste le 3e client de la France en Afrique sub-saharienne, avec 9% de parts de marché, derrière l’Afrique du Sud (14,8%) et le Nigéria (10,6%). Quant à nos importations de l’ancien pays des éléphants, elles ont bondi de 22% en 2015 à 722M€.
Le cacao se taille, si l’on peut dire, la part du lion (305M€, +13%, en raison de la hausse du prix de cette matière première) devant le café et les autres plantes à boissons (171M€, +61%). La Côte d’Ivoire est devenue notre premier fournisseur en zone France.

IDE 2016

La France arrive en tête des IDE en Côte d’Ivoire en 2016, selon les données fournies par le Cepici, grâce à deux grands investissements privés. Nous arriverions à 12% des agréments (80,6 milliards de francs CFA, juste devant le Nigéria). Le secteur du BTP attire principalement des investisseurs devant les NTIC, l’agro-industrie et les transports. Le gouvernement ivoirien a la volonté de favoriser les investissements étrangers – plus de 50% proviennent d’Afrique, en favorisant l’environnement des affaires.


Sénégal : une industrialisation balbutiante

La capitale du Sénégal, Dakar, était également celle de l’AOF. Force est de regretter que ce pays, malgré le départ d’un président si charismatique, Léopold Sédar Senghor et une succession plutôt bien maîtrisée, soit resté un peu à la traîne ces dernières années. La pauvreté y est encore très prégnante, tandis que l’environnement régional est trouble (problèmes de la Gambie apparemment en cours de résolution, ou encore rébellion endémique en Casamance). Cependant, la croissance, là-aussi, s’emballe. Voilà les raisons de s’intéresser à ce pays.

La croissance a en effet atteint 6,6% en 2016 pour se situer probablement à 6,8% en 2017. De grands projets d’investissement sont mis en œuvre, afin d’améliorer les infrastructures, mais pas seulement. L’Etat a engagé de gros chantiers, mais souhaite y associer des investisseurs privés. Les secteurs stratégiques, résument en substance les analyses de Coface, soutiennent l’économie : agriculture, agro-industrie, énergie, extraction minière, tourisme. Le Sénégal devrait bénéficier à moyen et à long terme, de l’exploitation de nouveaux gisements d’hydrocarbures, au large des côtes, et dés à présent de la mise en service d’une importante centrale à énergie solaire. Tout cela devrait également améliorer la fourniture d’énergie sur place, fourniture parfois déficiente.
Coface souligne d’autre part « l’effet de diversification entrepris à travers le développement des exportations de ciment et des dérivés de phosphates ». Bien entendu, les recettes d’un tourisme en expansion, jointes aux envois d’argent des travailleurs expatriés, constituent des recettes en devises significatives. Les produits des ventes de l’or, des hydrocarbures, et de l’agriculture, sont très fluctuants et liés aux marchés mondiaux des matières premières.
Le Plan Sénégal Emergent (PSE), mis en place avec l’aide de bailleurs de fonds internationaux, devrait soutenir la croissance ces prochaines années, de même que l’amélioration en cours de la gouvernance.
Cependant, le déficit budgétaire, même s’il est en régression, reste élevé (-4,2% du PIB en 2016, peut-être -3,7% cette année). Plus préoccupant, le solde des échanges extérieurs est au rouge vif (-8,4% en 2016, sans doute -8,2% en 2017). Deux points positifs à relever cependant une inflation sage, quoiqu’en hausse récente (1% en 2016, évaluée à 1,8% en 2017), et une dette publique contenue en-deçà de 60% (57,3% en 2016). Les taux d’intérêt souverains demeurent un des plus faibles d’Afrique sub-saharienne… mais les IDE également !

Des IDE poussés par le PSE

Le PSE a dopé les investissements directs étrangers ces dernières années, après une chute de 20% lors de la crise de 2008/2009. Les IDE entrants avaient atteint 403 millions de dollars en 2014, avant de revenir à 345 millions en 2015.
Le stock d’IDE atteignait 20,5% du PIB cette année-là. La découverte en 2016 d’un important gisement gazier sous-marin au large des côtes sénégalo-mauritaniennes devrait favoriser l’afflux d’IDE à l’avenir, de même que le besoin de mise à niveau du réseau électrique, de l’agriculture, des réseaux d’eau potable ainsi que de la santé. Nous soulignerons enfin que la France est historiquement le pays qui investit le plus au Sénégal.
Investir au Sénégal, pourquoi pas ? Mais il faudra faire attention à l’endroit où l’on met les pieds, car ce pays d’Afrique de l’Ouest se situe au 153e rang parmi 189 dans le classement Doing Business de la Banque mondiale établi en 2016 ! L’index de responsabilité des managers pointe à 1,0 (9 aux USA, 5 en Allemagne, 4 en moyenne en Afrique sub-saharienne dans son ensemble !). En revanche, l’index de transparence des transactions se situe à un niveau très satisfaisant (6,02).

Echanges commerciaux : la France premier fournisseur

Le déficit commercial sénégalais avait légèrement reculé à 1715 XOF en 2015, contre 1755 en 2014. La hausse notable des exportations (+13,3% à 1366 XOF) y a largement contribué, alors que les importations ne progressaient que de 4% à 3081 XOF.
La croissance des exportations est portée principalement par une hausse des ventes en volume, « notamment parmi les produits des industries agro-alimentaires et minières », souligne le service économique Sénégal, Cap Vert, Gambie de la direction générale du Trésor. Du côté des importations, les achats d’équipements destinés aux industriels du BTP ont porté la demande, tandis que les cours des produits alimentaires se sont nettement contractés.
Cependant, ce sont ces derniers qui arrivent en tête (22%) devant les hydrocarbures (19%), enfin les machines et appareils.
La France demeurait en 2015 le premier fournisseur du Sénégal (16%), devant la Chine (10%) et le Nigéria (9%). Certains autres pays nous devancent cependant, dans des secteurs précis (sucre pour le Brésil, riz et médicaments pour l’Inde, par exemple). Réciproquement, notre pays est le premier client du Sénégal parmi les pays de l’Union européenne, absorbant 4% des exportations totales. Cependant, le Mali (essentiellement à travers la réexportation de carburant), mais aussi la Suisse, la Côte d’Ivoire, l’Inde et la Chine sont de meilleurs clients que nous ! Notons que le phosphate et ses dérivés (17%), premier poste de ventes à l’étranger du Sénégal devant l’or (11%) - vers la Suisse, et les EAU, à égalité avec les produits halieutiques. Le déséquilibre des échanges commerciaux franco-sénégalais est très important, puisque notre excédent atteignait 681 M€ en 2015 (763 M€ d’exportations, 86 seulement d’importations).

Inde : forte progression des implantations françaises

L’Inde semble moins faire rêver, en tous cas parler d’elle, récemment. Alors qu’on la voyait il y a encore quelques années supplanter la Chine comme relais de croissance, un certain silence semble s’être abattu à ce propos. Alors qu’en est-il réellement ?

Le premier point à rappeler, c’est l’importance du pays, de par sa taille et son nombre d’habitants : plus de 3 millions de km2 et 1,25 milliard d’habitants, avec une moyenne d’âge de 25 ans seulement.
Les besoins de consommation sont donc a priori gigantesques et le dynamisme potentiel, fréquemment lié à la jeunesse, particulièrement élevé. Du reste, la croissance est là, fréquemment à plus de 7%, comme sur l’exercice 2015-2016 (+7,5%).
Parallèlement, comme le relève Coface, certains fondamentaux, à l’instar de l’épargne et de l’investissement sont solides, tandis que « le secteur privé est performant en matière de services ».
Ces services représentent plus de la moitié du PIB. On aurait tendance à penser que l’Inde est passée directement d’un primaire dominant à un tertiaire majoritaire. C’est vrai, mais l’industrie pointe désormais le bout de son nez (plus de 29% du PIB) à la faveur de sa modernisation, alors qu’elle était jusqu’à présent souvent obsolète. L’agriculture emploie plus de la moitié des actifs, et le monde rural abrite les trois quarts des Indiens. La classe moyenne est plus nombreuse qu’auparavant, mais ne dépasse cependant pas 10% de la population totale. Parmi les atouts de l’Inde, Coface relève encore une dette extérieure « modérée » et des réserves de change « confortables ». En revanche, tous les observateurs pointent du doigt le manque flagrant d’infrastructures, les lourdeurs bureaucratiques et bien sûr une cohésion interne parfois chancelante, comme au Cachemire.
De plus, certaines réformes comme l’harmonisation de la TVA, ou l’assouplissement des règles relatives à l’acquisition des terres, demeurent bloquées par la Chambre Haute, contrôlée par le parti du Congrès (opposition). La consommation des ménages est le principal moteur de la croissance, dopée en particulier par la hausse des salaires des fonctionnaires fédéraux, tandis que la politique, accommodante, – là encore – de la Banque centrale, est censée favoriser les initiatives privées, tandis qu’un programme de développement des infrastructures est envisagé. Des finances relativement fragiles pourraient freiner ce mouvement, même si la baisse des cours des matières premières en 2015 a soulagé le pays de Gandhi.
Notons que les IDE sont en progression, à raison inverse des contraintes imposées aux investisseurs étrangers, lesquelles se retrouvent à la baisse.
Coface avertit cependant sur la détérioration de la qualité des actifs des banques publiques, qui gèrent les trois quarts de ceux du marché, alors que l’endettement des entreprises monte.
En 2015, les PIB indien et français étaient quasiment à parité (respectivement 2090 millions de dollars US et 2181). Rapporté au nombre d’habitants, ce n’est plus la même histoire, puisque le PIB indien ressort à 1617 USD, contre 37 728 USD pour le français.
Dans ces conditions, il y a encore beaucoup de pauvreté en Inde, et on ne peut s’étonner de ce que l’IDH figure au 131e rang mondial. « Le niveau de développement de certains Etats indiens est comparable à ceux de […] pays pauvres d’Afrique sub-saharienne », avance même Business France. A l’autre extrémité, l’Inde affiche un nombre élevé de milliardaires en dollars (1711), ce qui la classe de ce point de vue au troisième rang mondial ! Les inégalités sont donc criantes. Point de satisfaction relative pour les Indiens, une dette publique contenue à 64% du PIB (plus de 96% chez nous !).

Un commerce extérieur franco-indien faible, des implantations tricolores significatives

Le commerce extérieur indien est relativement faible, eu égard à la taille du pays. Il est traditionnellement déficitaire, en raison principalement de sa dépendance énergétique et vis à vis de certaines matières premières, comme l’or, que le pays travaille pour sa bijouterie.
Si l’Union européenne est le premier partenaire commercial de l’Inde, alors qu’un accord de libre-échange est en négociation depuis… 2007, c’est l’Allemagne qui est la plus active en la matière (cinquième fournisseur), loin devant le Royaume-Uni (pourtant puissance coloniale jusqu’en 1947) et la France qui arrive en 25e position – 0,73% des importations indiennes en 2015-2016 –, (Ndlr : exercice prenant fin au 31 mars). Nous comptons surtout sur nos ventes d’avions là-bas… Du coup, en règle générale, nos échanges bilatéraux font ressortir un solde défavorable.
En revanche, nos implantations vont bon train puisque Business France relève plus de 1000 filiales françaises activées par quelque 400 maisons-mères. Nous employons ainsi la bagatelle de 300 000 salariés, en majorité des emplois qualifiés. Ces filiales développent principalement des activités dans les secteurs de pointe, dans le but de vendre leurs productions localement ou ailleurs dans le monde. Ce qui réduit évidemment nos ventes directes depuis la France.
Notons que les Etats-Unis sont les premiers exportateurs en Inde, avec 36, 9 milliards de USD, devant les Emirats Arabes Unis.

Un ensemble très disparate

L’Inde est un Etat fédéral, dont la culture et la langue ne sont pas uniformes. Si l’hindi est la langue officielle de l’Union, on recense 22 langues officielles dans la Constitution. Il semble cependant que l’anglais s’impose de plus en plus comme langue véhiculaire, surtout en ville.
Parmi ses conseils pratiques, Business France souligne que les autorités douanières exigent une obligation de déclaration de toute arrivée de devises d’un montant supérieur à 5000 USD, la monnaie officielle étant la roupie. Sur le plan des contacts, Business France énumère un certain nombre de précautions à prendre dans son attitude. En résumé, pas d’exubérance en général, particulièrement vis à vis des dames ! Quant aux rendez-vous d’affaires, il conviendrait d’être à l’heure, mais la réciproque n’est pas forcément vraie !


Une start-up des biotechnologies en Inde

L’Inde est un marché difficile à pénétrer. Pourtant, c’est là qu’une start-up française du monde des biotechnologies a réussi une percée. Il s’agit de Algentech.

Algentech, fondée en 2009 par Isabelle Malcuit et Alexander Sorokin, son actuel PDG, exerce ses activités dans le développement de technologies d’amélioration génétique des espèces végétales d’intérêt agronomique. Isabelle Malcuit explicite le propos : déterminer les caractères propres à la variété d’une espèce qui favorisent la résistance à une maladie, au stress (comme celui provoqué par une sécheresse), pouvant contribuer à augmenter les rendements… et les transférer ensuite à d’autres. Le gène identifié peut également être transmis à une espèce différente. Dans tous les cas, il s’agit, insiste Isabelle Malcuit, de gènes « présents naturellement dans les plantes ».
Une fois le code ADN de la variété concernée modifiée, on aura affaire à un OGM, organisme génétiquement modifié donc, mais pas transgénique (un organisme transgénique a reçu des caractères extérieurs, comme ceux provenant d’une bactérie par exemple ou d'une autre variété végétale). Il semble que les instances mondiales du secteur ont en projet de faire en sorte de bien distinguer les deux, car les OGM ont mauvaise presse en Europe.

Le salut vient du grand international

Du coup, Algentech peine à commercialiser ses licences ou ses services en France et sur le continent, mis à part pour de la recherche expérimentale pure.
Il faut donc aller à l’étranger lointain chercher des marchés. Algentech commercialise des licences d’exploitation, propose un transfert de savoir-faire, voire des prestations de services (accompagnement…) à des semenciers. Tout cela après un travail de recherche à façon en fonction de la question posée par le client (par exemple résistance à la sécheresse). « Un marché de 20 milliards de dollars US », s’exclame Isabelle Malcuit. Oui, mais chasse gardée de concurrents américains pour le moment. Algentech a donc tenté sa chance en Malaisie, avant de participer à un colloque d’affaires franco-indien organisé par l’ambassade de France à New Delhi à l’automne 2014, se souvient cette dirigeante, docteur en génétique et en amélioration des plantes.
Business France avait bien fait les choses, puisque ses conseillers présentaient ce jour-là à sa start-up française huit structures indiennes susceptibles d’être intéressées par sa technologie. A partir de là, tout est allé très vite, puisque « deux contrats ont été signés en seulement six mois ».
Depuis, Algentech progresse en Inde. L’accompagnement par Business France a été clairement décisif, car « le marché indien est assez fermé». De plus, « l’administration est lourde ». Les relations avec les entreprises indiennes « se passent bien » toujours selon Isabelle Malcuit, « les difficultés provenant plutôt des instituts publics », à cause précisément de la bureaucratie. En revanche, même si elle observe qu’il est important de « respecter la hiérarchie », elle n’a pas relevé de difficultés d’ordre interculturel. « Peut-être sont-elles plus prégnantes au nord de l’Inde », ajoute-t-elle.
Afin de prospérer davantage encore sur place, la start-up vient d’engager un Indien qui suivra les contrats dans le pays. Le siège d’Algentech se situe dans la génopole d’Evry et ses laboratoires à l’Inra de Versailles, qui dispose des installations adéquates.


Webdyn à la conquête de l’Inde

Webdyn s'est elle aussi lancée dans « l'aventure indienne » depuis un peu plus d'un an. Installée à Saint-Germain-en-Laye, et créée en l’an 2000, Webdyn fabrique des concentrateurs d'informations… Concrètement, il s’agit, pour résumer, de boîtiers « embarquant » dans les milieux industriels « trois grands blocs fonctionnels ».
Récupération des données de terrain (paramètres d’équipements, température, hygrométrie…).
Classement et filtrage des données.
Connexion avec le système d’information du client.
Cette PME, qui emploie 25 personnes, a des clients dans tout l’univers industriel (EDF, industrie automobile, SNCF…). La fourniture de concentrateurs s’inscrit dans le grand marché de la communication « machine to machine ».
Parmi tous les concentrateurs élaborés par Webdyn, figure le produit WebdynSun qui récupère les données des centrales photovoltaïques afin de les envoyer, là encore, vers le système d’information du producteur.
Hervé Bibollet, directeur général, savait qu’en Inde, le développement de petites centrales photovoltaïques sur les toitures des bâtiments était une nécessité pour faire parvenir l’électricité dans les zones les plus reculées, car les petites unités constituent son cœur de métier sur ce produit. Il a donc participé il y a deux ans environ à un voyage de prospection sur place, organisé par la CCI d’Ile-de-France, en coopération avec la Chambre de commerce indo-française ainsi que par Business France. « J’ai pu ainsi rencontrer quinze prospects potentiels sur notre produit », se souvient Hervé Bibollet. Il a alors confirmation de « l’énorme potentiel d’un marché des centrales photovoltaïques qui explose ». En revanche, il apprend les « deux conditions » pour travailler efficacement en Inde : s’implanter localement et travailler avec les Indiens.
Dans un premier temps, l'équipe comptait deux personnes, un ingénieur support et un ingénieur d'affaires indien. Aujourd'hui, un an après l'ouverture de leur bureau à New Delhi, l'équipe s'est agrandie avec un ingénieur support supplémentaire. Percevant également la réalité de la complexité administrative indienne « qui n’est pas un vain mot», Hervé Bibollet met en place une structure « ultra-agile » : hébergement dans les locaux de la Chambre de commerce indo-française, ingénieur d’affaires en portage salarial, prestataire de services pour gérer logistique, facturation, formalités douanières…Et le résultat est là, se réjouit-il : plus de 300 boîtiers déjà vendus en un an, avec de belles perspectives. « On nous avait prévenu contre deux risques : des négociations interminables et le risque de copiage », se remémore-t-il. « J’ai suivi une formation à la culture indienne pour me préparer à ce contexte particulier », poursuit-il. Après expérience, Hervé Bibollet estime que les négociations ne sont pas plus difficiles qu’ailleurs, simplement calées sur un mode différent. Quant aux prix, les tarifs pratiqués par sa firme passent le cap actuellement, dans un environnement concurrentiel d’intensité modérée, occupé principalement par des Allemands qui pâtissent de l’absence d’implantation, donc de support sur place, et de locaux dont les produits sont moins performants. Tout n’est pas encore joué cependant, puisque Hervé Bibollet vise maintenant la rentabilité sur place à échéance d’un an. Après, il pourra passer à la phase 2, qui consistera en l’exportation d’autres produits de sa gamme destinés au marché de l'efficacité énergétique. Webdyn envisage également de fabriquer prochainement certains de ses produits directement en Inde.

Vincent Gardy

Corée du Sud : une puissance qui compte

Le potentiel économique de la Corée du Sud, confrontée à deux très grands voisins, la Chine et la Japon, est bien supérieur à celui que pourrait revêtir un pays de taille très moyenne, comptant à peine 50 millions d’habitants. Connue pour ses conglomérats Samsung, Huyndai… elle pourrait gagner à être prise en considération par les PME-PMI en désir d’internationalisation, car sa demande est beaucoup plus diversifiée qu’il n’y paraît de prime abord.

La tentation d’une PME, lorsqu’elle va à l’international, est d’aller au plus près. Cela est certainement moins risqué, mais la concurrence peut être plus rude et ses produits ou services apparaître moins différenciés.
C’est pourquoi Frédéric Claveau, directeur adjoint du Kotra, organisme gouvernemental coréen qui chapeaute l’appui au développement des investissements entrants comme sortants, souligne l’ouverture de la Corée à des produits variés, le Japon semblant plus fermé de ce point de vue. De plus, la Corée étant d’une superficie relativement réduite, il est plus facile d’y cadrer son action que dans la vaste Chine voisine, dotée de centres d’influence très distants les uns des autres. A propos de la Chine, d’ailleurs, pourquoi pas, suggère Frédéric Claveau, utiliser la Corée comme base de conquête en bénéficiant du contrat de libre échange signé entre l’Union européenne et ce pays d’Extrême Orient !

Un voisinage dynamique mais concurrentiel

Alors, cette Corée comment se porte-t-elle ? On pense toujours à ses difficultés avec son frère ennemi du Nord, qui sont plus de l’ordre du psychologique, car on imagine mal une attaque-suicide de la part du bastion communiste. Cela étant, cette situation de guerre latente, puisque les deux parties séparées n’ont signé qu’un armistice au milieu des années 50, exacerbe le sentiment nationaliste, d’autant que la Corée du Sud est entourée de deux voisins très puissants, la Chine et le Japon, avec lesquels les relations n’ont pas toujours été faciles, cela étant un euphémisme.
Malgré tout, l’économie de cette péninsule d’Extrême Orient demeure puissante. Si sa croissance annuelle est revenue à un niveau plus modéré, en dessous de 3%, depuis 2015, elle atteignait tout de même environ 2,8% en 2016, avant probablement de redescendre un peu en 2017, selon l’assureur Coface.
Toujours selon ce spécialiste du commerce extérieur, les points forts du pays sont principalement une base industrielle diversifiée, des investissements soutenus chez ses voisins en plein développement (Chine, Inde, Vietnam), une électronique de qualité reconnue, malgré quelques déboires récents, un système éducatif performant et des finances publiques saines, malgré les soutiens de l’Etat à la construction navale ou aux constructions de logements, à l’achat de voitures… La dette publique n’atteint pas 40% du PIB. En revanche, selon Coface, l’endettement élevé des ménages et des petites entreprises pose question.
Les dépenses publiques en R&D sont également élevées, même si Frédéric Claveau remarque que les Coréens sont particulièrement experts en développement, mais moins en recherche fondamentale, là où la French Tech commence justement à être reconnue. D’où des complémentarités que creusent d’ores et déjà les PME françaises.
On le sait, la construction navale, mais aussi la sidérurgie, ou encore le textile sont en difficulté, malgré les efforts de l’Etat coréen, confrontés qu’ils sont à la concurrence étrangère, en particulier chinoise. De plus, relève encore Coface, la Corée du Sud n’est pas riche en matières premières, nécessaires à son industrie, d’où des importations qui pèsent parfois lourd, en fonction des prix du marché à l’instant T.
Cependant, le solde courant, confortable, permet de minimiser ce risque. Et puis, la population vieillit, comme en Chine et surtout au Japon. Cela pèse sur la consommation des ménages, donc sur la croissance, sans compter le vieillissement de la population. L’Etat soutient la consommation en abaissant les taux d’intérêt et aussi par des mesures de relance ponctuelles. Un Etat plutôt interventionniste par conséquent car il faut aussi aider les PME, souvent peu compétitives en endettées, alors que les conglomérats (chaebols) se portent bien.

France-Corée : croissance du trafic attendue

Le nombre des visiteurs coréens dans notre pays a baissé en 2016, suite aux attentats et à une perception d’insécurité en France. Néanmoins, les taux de remplissage des différentes compagnies sur la zone se sont maintenus à de très bons niveaux l’an dernier, que ce soit pour Air France et Korean Air, qui opèrent en quotidien vers Séoul et en code share, mais aussi Asiana Airlines, challenger entre Paris et la capitale coréenne « depuis huit ans seulement », signale M. Chun, directeur France.
Asiana Airlines souhaite passer en quotidien depuis Paris le plus rapidement possible, afin d’augmenter ses ventes, mais aussi parallèlement, souligne, M. Chun, de favoriser le trafic, en particulier d’affaires, vers la destination Corée, et réciproquement bien sûr.
Il espère que les Jeux olympiques d’hiver de 2018, qui se dérouleront dans le pays du matin calme, contribueront à l’éveil d’un intérêt plus marqué des Français et, plus généralement des Européens, pour son pays, alors que la Corée est au centre de la puissante zone économique incluant la Chine et le Japon.
A ce propos, M. Chun valorise les nombreuses connexions que sa compagnie propose depuis son hub, non seulement avec le port coréen de Busan, mais surtout avec 32 destinations chinoises et 22 japonaises. Le temps de transit est en général court, à peine plus d’une heure. Si toutefois il devait amener à une connexion le lendemain, Asiana Airlines offre les transferts, les hébergements et les repas nécessaires pendant ce laps de temps.
Car, le service, outre les « tarifs compétitifs » est le leitmotiv d’Asiana Airlines, en particulier sur le Paris-Séoul, où un Boeing 777 configuré avec une nouvelle cabine arrivera en mai. La classe affaires ne comportera plus que 24 sièges-lits inclinables à 180°, respectant également l’intimité de chacun. La classe économie sera également remise à niveau. M Chun se félicite du classement « 5 étoiles » de sa compagnie aux classements Skytrax, cela depuis plusieurs années. Il souligne également que Asiana Airlines, qui compte 83 appareils, se fournit essentiellement chez Airbus et devrait de ce fait arriver à une grande prédominance d’avions de conception et de fabrication européenne dans sa flotte d’ici quelques années.


Jean-Marie Hurtiger : les Coréens sont dynamiques et communicatifs

Jean-Marie Hurtiger est ambassadeur honoraire de la République de Corée (dite Corée du Sud) pour les investissements internationaux. Expatrié sur place pendant six ans à une fonction de Président dans le groupe Renault Samsung Motors, il parle avec passion de ce pays qu’il apprécie, tout en nous fournissant une analyse précise et objective sur des relations d’affaires et de travail sur place, ainsi que sur l’intérêt de s’y implanter.

Conquérir : Pouvez-vous nous brosser brièvement un tableau géographique et historique de la Corée, pays que nous connaissons plutôt mal en Europe ?

Jean-Marie Hurtiger : La république de Corée est à peu près comparable à l’Espagne en termes de PIB et de nombre d’habitants (48 millions actuellement). C’est essentiellement un pays montagneux, avec cependant 30% de plaines où se trouvent les rizières et les deux principales villes, en premier lieu la capitale, Séoul, dont l’agglomération abrite près de la moitié des Coréens. Le climat est plutôt agréable, sauf en été à cause de la mousson. Les paysages hors zones urbaines sont souvent pittoresques. Etat quasi moyenâgeux au XIXe siècle, la Corée s’est ensuite développée sous la férule japonaise, puis toute seule, avant de devenir un pays très solide depuis une vingtaine d’années.

Conquérir : Si l’on est tentés par un développement en Asie, pourquoi choisir la Corée ?

Jean-Marie Hurtiger : Si vous me le permettez, je restreindrai le champ de comparaison à la seule Asie du Sud-Est (Chine septentrionale côtière, Japon et donc Corée). Rendu à ce stade, je dirais que les Coréens sont dynamiques et communicatifs, sachant parler anglais, partageant le sérieux et le la démarche méthodique des Japonais, mais plus ouverts que ces derniers, tandis qu’il sont plus rigoureux que les Chinois. Et en plus, en Chine, les centres de décision sont multiples avec des approches régionales souvent bien distinctes.
Par ailleurs, l’environnement des affaires est assez serein. Le système légal n’est pas trop compliqué, avec des cours de justice à même de faire respecter le droit, et un gouvernement attentif. Lorsqu’on veut s’implanter légèrement au début, on peut demander l’aide du Kotra, qui saura vous procurer un bureau, des conseillers à même de vous fournir toutes informations utiles, légales ou autres, un carnet d’adresses de prestataires partenaires indispensables (avocats…). La chambre de commerce française en Corée peut rendre des services similaires. Comme partout en Asie cependant, il faudra vous faire épauler par un partenaire sur place.
Au demeurant, on peut utiliser la Corée comme plate-forme de conquête du marché chinois, au moins dans un premier temps. In fine, il faudra cependant s’installer dans l’Empire du Milieu, si l’on veut aller plus loin.

Conquérir : Aller en Corée, pour y faire quoi ?

Jean-Marie Hurtiger : Les Coréens acceptent désormais plutôt bien les entreprises étrangères, du moment qu’elles leur rapportent quelque chose bien sûr ! Lorsqu’on dispose de la technologie, de la compétence… il n’est pas compliqué de trouver un partenaire, y compris dans les grands groupes. Dans le cadre de la distribution de produits, il faut impérativement passer par un partenaire coréen. Sans surprise, nos succès sont nombreux dans l’agro-alimentaire (vins, fromages, blé, yaourts…), surtout depuis l’accord de libre-échange entre en vigueur en 2011 avec l’UE. Certaines chaînes françaises comme Kayser se sont installées sur place, pour promouvoir et vendre notre pain.
La cosmétique marche bien sûr aussi mais nos compétences technologiques, par exemple dans la fibre de carbone ou le verre, ont permis à certaines de nos PME de fournir des produits manufacturés semi-finis à de grands « chaebols » comme Hyundai.
La plupart de nos grands groupes du CAC 40 sont installés sur place, ce qui peut s'avérer propice à la sous-traitance tricolore : Saint-Gobain, Valeo, Air liquide, Faurecia, Eurocopter, Total…

Conquérir : Qu’en est-il de ce que l’on pourrait appeler le tempérament des Coréens dans les affaires et le travail ?

Jean-Marie Hurtiger : Sur le plan du pilotage des entreprises, je dirais que l’on observe une certaine contradiction. D’une part, les chaebols – conglomérats si vous voulez – savent parfaitement s’inscrire dans la durée. Ils réfléchissent déjà aux marchés porteurs de demain –biotechnologie, nanotechnologie… anticipant la saturation de ceux où ils figurent parmi les leaders aujourd’hui. Ils investissent en conséquence.
Cependant, quant au business courant, ils font preuve d’une mentalité que j’appellerais « court-termiste »…

Conquérir : … et quant aux relations de travail ?

Jean-Marie Hurtiger : Les mentalités, encore très marquées par le confucianisme, sont très différentes de nôtres. Je me souviens par exemple que lorsque nous avions implanté notre filiale en Corée, nous avions voulu mettre en place une organisation « miroir » de Renault France. En l’occurrence, un système matriciel complexe avec des responsabilités partagées. Cela ne marche pas en Corée, où les cadres s’attendent à chapeauter un secteur bien défini, ce qui n’empêche pas la solidarité dans l’action.
De même, dans la sélection du personnel, les Français préférèrent plutôt les personnes extraverties, spontanées, regorgeant d’idées. Au contraire, les Coréens privilégient la discrétion, la loyauté et de futurs collaborateurs mieux à même de travailler en groupe.
Attentifs au détail, soucieux de terminer la mission qu’on leur a confiée, ils peuvent rester travailler tard au bureau. Leurs collègues du service demeureront volontiers avec eux pour les soutenir moralement et aller ensuite dîner ou prendre un verre. C’est là qu’on peut se dire les choses qui ne vont pas sans faire perdre la face à ceux auxquels on dit « leurs vérités ». Les séminaires de fin de semaine, du type excursion sportive par exemple, constituent aussi à cet égard des soupapes de sécurité…

Conquérir : On dit que les Coréens passent leur vie à travailler ?

Jean-Marie Hurtiger : C’est toujours vrai mais un peu moins qu’avant. La législation prévoit 40 heures de travail par semaine et 4, 5 à 6 semaines de congés par an. En réalité, la tendance des collaborateurs est à en prendre deux, voire trois dernièrement. D’autre part, il existe des conventions collectives d’entreprises qui prévoient l’équivalent des comités d’entreprise, de délégués du personnel…


Notre haute technologie s’impose en Corée

Arkamys : une technologie du son qui séduit les chaebols

Cela fait toujours plaisir. Des PME françaises du monde de la technologie ont su souvent trouver des relais de croissance à l’étranger, en débutant par la Corée. Nous nous sommes entretenus pour évoquer ses succès ou futurs succès avec Philippe Tour, PDG d’Arkamys, qui réalise aujourd’hui 80 % de son CA à l’international et Jean-Jacques Fouchet, PDG de Z3DLAB.

Philippe Tour a participé «  il y a une quinzaine d'années » au tour de table d’Arkamys, dont la vocation était alors le traitement et l’amélioration du son pour le cinéma et la musique (bandes-son pour les films, DVD, albums musicaux). Lorsque Philippe Tour reprend le contrôle de la société en 2005, il l’oriente vers un autre marché en plein développement, celui des appareils électroniques, passant ainsi «  d’un métier de service à un métier industriel ».
Cependant, la société, dont le siège se trouve actuellement à Paris, reste dans son domaine d’expertise. Elle devient le spécialiste « de la spatialisation du son grâce à la psychoacoustique », en traitant le signal sonore à l’entrée. Arkamys produit un logiciel spécialisé étant « embarqué » principalement dans les véhicules, ou les supports mobiles (smartphones…).
Philippe Tour explicite la méthode à partir de deux exemples. Dans le domaine des smartphones, tout d’abord, les contraintes techniques du fabricant font que les haut-parleurs sont parfois placés de manière peu favorable à une bonne écoute. En insérant le logiciel dans la puce du mobile, le rendu du son perçu par l’utilisateur est amélioré.
Dans l’automobile, Philippe Tour évoque deux avantages de son logiciel pour le constructeur. D’une part, il peut pallier de cette manière une position de ses haut-parleurs peu favorable pour l’écoute – par exemple en bas des portières –, mais pour aussi réduire de leur nombre. Ce qui est intéressant d’un point de vue financier, en matière d’allégement du véhicule et d’économie du carburant… La restitution du son sera notablement améliorée pour le conducteur et les passagers.


Automobile et téléphonie

Armé de sa nouvelle stratégie, Philippe Tour s’est d’abord attaqué avec succès au marché français, chez un opérateur prestigieux dans chacune de ses cibles prioritaires.
 « Nous nous sommes cependant très rapidement rendu compte, se souvient-il, que la croissance de nos marchés serait essentiellement tirée par l'international ». Dès lors, il a recherché des pays à fort potentiel dans ce domaine. La Corée a attiré son attention, en raison de la coexistence là-bas d’industries puissantes de la téléphonie, de la télévision et de l’automobile. Elle devint du coup la cible prioritaire d’Arkamys, avec deux premiers contrats signés en 2013, respectivement avec les géants Samsung et Hyundai. «Nous avons commencé à déployer notre activité avec un salarié, français mais habitant là-bas et connaissant bien la mentalité des Coréens », explique Philippe Tour. Depuis, l’activité d’Arkamys s’est développée en Corée mais aussi au Japon et en Chine, la Corée représentant en quelque sorte son hub en Asie.
« Les clients chinois nous ont indiqué que la confiance qu’ils nous ont accordée d’emblée était liée à notre réussite, rassurante à leurs yeux, en Corée », révèle en substance Philippe Tour.
« En effet, les Coréens, avertit encore Philippe Tour, sont très exigeants en matière de qualité et de rapidité dans l’exécution ». Aujourd’hui, au-delà de l’Asie, Arkamys est présente à San Francisco, avec une R&D réalisée en France. Même si ses logiciels sont insérés aujourd’hui dans un nombre considérable d’automobiles et de mobiles, la concurrence est évidemment rude pour cette PME d’une cinquantaine de personnes, une concurrence provenant soit de laboratoires internes des conglomérats avec lesquels Arkamys travaille, ou de spécialistes du son. « Cependant, souligne-t-il, nous avons toujours une expertise d’avance sur les équipes internes ». Philippe Tour décrit un marché futur plus stable dans l’automobile, avec des acteurs récurrents et installés, tandis que, dans la téléphonie, le géant d'aujourd'hui sera peut-être le nain de demain, voire disparaîtra. Les exemples sont légion.
Quant à la Corée, il estime qu'elle saura d’adapter aux évolutions, et même les précéder en anticipant les besoins de demain, dans les infrastructures Telecom, la 5G…

L’impression additive en 3D en Corée aussi

Z3DLAB est une start-up, spécialisée dans les poudres métalliques, qui s’engage, elle aussi, en Corée. Cette « jeune pousse » francilienne créée en 2014 sous forme de société, vient de conclure une joint-venture avec une entreprise coréenne spécialisée dans les semi-conducteurs qui souhaitait se diversifier. Un des savoir-faire spécifiques de ce partenaire du pays du matin calme réside dans sa compétence des processus de nettoyage des semi-conducteurs. Cela l'a amené à envisager la production de pièces issues de l’impression additive de métal, par exemple des implants dentaires, dont le volume total utilisé annuellement en France serait de 450 000 unités, pour un marché mondial d’une valeur de 10 milliards de dollars US. Or, l’impression additive – par opposition à une fabrication soustractive des pièces, permet par exemple la réalisation de structures alvéolaires amenant potentiellement une ossification et une fixation plus aisées. L’avantage d’une impression additive de métal est également perceptible pour la fabrication de certaines pièces d’avions, d’automobiles…
L’engorgement des chaînes des fonderies, ainsi que leurs process, nécessairement standardisés, leur interdisent dans les faits l’utilisation d’alliages qui peuvent s’avérer parfois plus efficaces.
C’est là le métier de base de Z3DLAB : rechercher des assemblages différents pour proposer des matériaux plus adaptés aux besoins des industriels. Jean-Jacques Fouchet, co-fondateur de Z3DLAB, évoque ainsi le développement, avec le concours du CNRS et du CEA, de matériaux alliant le titane et la céramique. En milieu industriel, ce nouveau constituant est plus solide et plus résistant à la chaleur que la traditionnelle formule titane + aluminium + vanadium. Le second, utile en médecine implantaire (vis des prothèses de hanche, implants dentaires…) se révèle moins toxique pour l’homme et plus souple, ce qui lui permet de s’intégrer plus naturellement dans le tissu osseux. Les certifications, en particulier dans le milieu médical, sont évidemment très longues. Elles sont en cours. Lorsqu’elles seront obtenues, d’ici deux à trois ans, l’usine coréenne pourra démarrer ses activités.
Entretemps, Z3DLAB aura déposé ses brevets auprès de l’homologue européen de l’INPI. C’est fondamental et très rassurant puisque Jean-Jacques Fouchet évoque une bonne protection de la propriété intellectuelle et industrielle en Corée, garantie par la présence d’un ministère de plein exercice qui lui est dédié.
Jean-Jacques Fouchet se montre très satisfait de ses contacts avec ses partenaires coréens, qu’il a « le bonheur de rencontrer par Skype chaque semaine, avec une joie de partage ». « Nous faisons preuve de part et d’autre de rigueur et de volonté d’avancer, mais sans oublier l’importance de la relation humaine », insiste-t-il.
Afin de rendre les échanges plus fluides, Jean-Jacques Fouchet fait appel à une traductrice pour certains aspects pointus, car le niveau d’anglais parlé par les Coréens – comme par nous Français peut-être – n’est pas suffisant dans certains cas pour aller au fond des choses.
Notons que la région Ile-de-France soutient financièrement la start-up dans le cadre de son programme Innov'up Proto 2016 favorisant les sociétés franciliennes innovantes.

 

Chili : une offensive de charme envers la France

La présidente du Chili, Michelle Bachelet, est venue début juin à Paris, pour marquer l’intérêt qu’elle éprouve pour le développement de ses relations avec notre pays, particulièrement en matière économique. Elle souhaite en particulier promouvoir les IDE françaises. Interrogé par nos soins, Vicente Mira, directeur de Invest Chile, agence opérationnelle depuis juin 2015, explique que cinq secteurs prioritaires ont été définis dans le cadre d’une stratégie à moyen et long terme.
Ce sont les services au secteur minier, évidemment fondamental dans le pays andin, le tourisme « soutenable », l’énergie et les infrastructures, les services exportables et enfin l’industrie alimentaire.
Désireux d’attirer les entreprises françaises, en particulier les PME-PMI de ce dernier secteur, une tournée des équipes d’Invest Chile (entre autres organismes) est prévue en octobre à l’occasion du SIAL.
Vicente Mira valorise l’idée de produire au Chili dans ce domaine pour ensuite exporter dans un grand nombre de pays, avec des tarifs douaniers préférentiels, aux Amériques en particulier. Tout en bénéficiant de productions contra-cycliques, puisque le pays de Valparaiso se trouve dans l’hémisphère sud, et également d’une « excellente situation phyto-sanitaire ».
L’économie la plus développée d’Amérique du Sud était jusqu’à présent peu encline à offrir des avantages tels que des détaxes, des primes à l’investissement… Cependant, depuis 2014, la situation a évolué, avec l’apparition de concours à des études, de pré-installation, voire d’installation de la part de l’agence de développement. Des aides sonnantes et trébuchantes sont mêmes possibles si toutefois l’investissement concerne la haute technologie ou l’emploi de postes hautement qualifiés.

Canada : le Ceta dopera-t-il nos échanges ?

La signature du Ceta, traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, a fait beaucoup parler d’elle à l’automne dernier, à la suite du refus un temps affiché par la Belgique de s’exécuter, du fait de l’opposition à ce projet de la région Wallonie-Bruxelles. Le problème des clauses d’arbitrage privé incluses dans l’accord faisaient – font – débat.

Quoi qu’il en soit, c’est l’occasion pour nous de faire un point sur l’économie canadienne, sur nos échanges avec cet immense pays, et aussi sur les opportunités d’y travailler ou d’y investir, à la lumière des évolutions apportées par le Ceta. Il convient de rappeler que le traité doit être maintenant ratifié par les parlements ou les peuples des Etats-membres, mais qu’une exécution provisoire – qui durera sûrement longtemps – est prévue.

Echanges commerciaux : une part congrue de l’UE

La Ceta va peut-être dynamiser les échanges commerciaux Canada-UE, dont la portion est pour le moment congrue, tant il est vrai que l’essentiel des flux canadiens s’effectuent à travers l’Alena, principalement les Etats-Unis bien sûr. Nos échanges bilatéraux étaient même encore en recul au premier semestre 2016, partant pourtant d’un niveau plutôt bas (1,5 milliard d’euros d’exportations, 1,3 d’importations).
Nous pointons en 9e position des fournisseurs de la puissance d’outre-Atlantique, et réciproquement nous sommes le 9e client du Canada.
Le Canada n’est que notre 34e client et notre 32e fournisseur (part de marché de 1,15%). Si l’on intègre les services, nos échanges ont atteint 10 milliards d’euros en 2015. Ils sont à peu de choses près équilibrés, car le solde déficitaire des services est compensé par le surplus commercial.
Au premier semestre 2016, nos exportations ont donc sensiblement reculé (-8,8%, à 1,46 million d’euros) en raison principalement de la baisse des postes « produits chimiques, parfums et cosmétiques », « produits pharmaceutiques », ou encore métallurgiques tandis que l’industrie agro-alimentaire (près de 20% du total) s’avère à peine stable, la relative bonne tenue de nos vins compensant la baisse des alcools. Quant aux matériels de transport, dont l’évolution peut être très rapide, s’agissant principalement de livraisons d’avions coûteux, ils chutaient de 27% pendant les six premiers mois de 2016.
Ce même secteur des « aéronefs et engins spatiaux » représente la bagatelle de près du tiers des exportations canadiennes chez nous. Elles étaient également en recul du premier semestre.


Une présence significative au Canada

Si nos échanges de biens et de services avec le Canada sont relativement faibles, nos investissements dans le pays découvert par Jacques Cartier sont en proportion plus importants. Cependant, notre stock d’IDE a chuté vertigineusement depuis 2005, stock amené à des sommets dans les années 2000, tout particulièrement par le rachat de Seagram par Vivendi. Aujourd’hui, il est de 7,9 milliards de dollars d’euros, soit 1% des IDE au Canada.
Cependant, Eurostat identifie 910 filiales françaises sur place, qui occupent près de 100 000 employés. Nous sommes à cet égard leader des pays de l’UE. Nos entreprises sont principalement implantées au Québec, mais tendent à devenir actives dans l’Ontario, voire dans l’Ouest canadien. Sectoriellement, les services, l’industrie ou encore l’exploitation des ressources naturelles sont les mieux représentées.


Josiane Simon : le CETA, une opportunité unique de renforcer nos liens économiques 

Nous nous sommes entretenus avec Josiane Simon, Ministre-Conseiller aux Affaires économiques et commerciales à l'ambassade du Canada, sur l'évolution prévisible des échanges franco-canadiens et leur potentiel après la signature du CETA.

Conquérir : Les échanges commerciaux entre l'Union Européenne et le Canada sont significatifs, mais relativement faibles en pourcentage. Est-ce que la mise en vigueur du CETA va changer la chose ?

Josiane Simon : Le CETA représente une opportunité unique de renforcer des liens économiques privilégiés entre le Canada et l’UE, et particulièrement avec la France. Comme vous le mentionnez, nos relations sont déjà fortes. Le Canada est le 4e partenaire de l’Union européenne au niveau de l’investissement direct, le 8e pour le commerce des services et le 11e pour le commerce des biens. Quant à l’Union européenne, elle se positionne au deuxième rang comme partenaire du Canada sur tous ces plans. Or, d’après une étude conjointe entre le Canada et l’UE réalisée avant le lancement des négociations, cet accord de libre-échange augmenterait le commerce bilatéral de 24% !

Conquérir : Le stock d'investissements français a fortement diminué depuis une dizaine d'années. Les PME tricolores continuent-elles cependant de s'installer chez vous ?

Josiane Simon : Je souhaiterais nuancer cette donnée. Par définition, les chiffres de l’investissement direct bilatéral que vous évoquez ne tiennent pas compte des investissements effectués par l’intermédiaire de pays tiers. Nous notons, de notre côté, une solide progression de la présence française au Canada. En 2014, les entreprises canadiennes détenues par les sociétés françaises possédaient des actifs de plus de $65 milliards de dollars canadiens, contre $51 milliards trois ans plus tôt. Quant aux PME, elles sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser au Canada et à s’y installer.


Conquérir : Qu'y recherchent-elles et que peuvent-elles attendre ?

Josiane Simon : En premier lieu, les PME recherchent des débouchés commerciaux, un relais de croissance. Or, le Canada, 10ème économie mondiale, ouvre la voie à plusieurs marchés. D’abord à son propre marché domestique qui s’étend d’est en l’ouest sur 5500 km. Mais aussi, de manière plus globale, au marché nord-américain. Grâce à l’Accord de libre-échange nord-américain qui date de 1994 (ALENA), les entreprises françaises qui s’implantent au Canada ont accès automatiquement au marché des États-Unis et du Mexique ; soit un accès à près de 500 millions de consommateurs. Et puis, avec une croissance prévue de 1.9% selon l’OCDE et un taux de chômage de 6.9% en décembre 2016, l’économie canadienne se porte bien. Sans oublier que le pays offre également une fiscalité transparente, une main d’œuvre parmi les plus qualifiées et multilingues et…une excellente qualité de vie!


Conquérir : Il semble que nos PME ne sont plus seulement focalisées sur le Québec comme auparavant. Le confirmez-vous ?

Josiane Simon : Absolument. Aujourd’hui, nous comptons des entreprises françaises dans 9 de nos 10 provinces. Elles sont traditionnellement majoritaires au Québec mais l’essor vers l’Ontario et les provinces de l’Ouest, notamment l’Alberta et la Colombie-Britannique, est notable. Nous remarquons aussi des mouvements en deux temps : les PME choisissent d’abord le Québec puis, lorsqu’elles sont bien implantées, elles poursuivent leur croissance dans une autre province. C’est le cas de Linkbynet, par exemple. Ce prestataire d’infogérance, d’hébergement, de cloud s’est implanté à Montréal il y a environ 6 ans, avant de de créer, fort de son succès, une autre filiale à Toronto, quatre ans plus tard.

Conquérir : Dans quels domaines le Canada souhaite-t-il plus particulièrement recevoir des investissements ?

Josiane Simon : Il faut partir du principe que le Canada est un pays très ouvert aux investissements étrangers. Résultat : la quasi-totalité des secteurs sont porteurs! Je pense en particulier à l’agroalimentaire, aux technologies de pointe et aux technologies vertes ou encore aux sciences de la vie....Pour accompagner ce mouvement, le gouvernement canadien a d’ailleurs décidé de mettre sur pied une nouvelle agence pour rendre encore plus simples et attrayants les investissements au Canada. En France, mon équipe de délégués commerciaux offre déjà un service d’appui gratuit aux entrepreneurs français qui envisagent de s’implanter au Canada. Nous les informons sur les différentes opportunités et l’environnement d’affaires, qu’il s’agisse de l’aspect légal, fiscal, ou culturel ! Nous mettons également à leur disposition notre réseau de partenaires.

Conquérir : Souhaitez-vous toujours accueillir des immigrants francophones, et pour quels postes de travail ?

Josiane Simon : L’immigration fait partie de notre histoire : elle a bâti notre pays et aujourd’hui nous en avons besoin pour soutenir notre croissance. Le Canada veut aussi valoriser sa dualité linguistique : l’immigration francophone est donc essentielle. En 2017, le Canada se fixe l’objectif d’accueillir environ 300 000 nouveaux résidents permanents. Près de 15% d’entre eux seront francophones ou bilingues. C’est une véritable opportunité pour les Français, déjà très attirés par le Canada. Près de 60% des immigrés de la catégorie économique sont sélectionnés sur la base de leurs compétences et des besoins du marché du travail. Les opportunités d’emploi sont nombreuses et les domaines variés : de l’informatique à l’hôtellerie-restauration en passant par la finance, le transport ou l’éducation.

Conquérir : Pouvez-vous nous donner quelques données (chiffres...) illustrant l'importance des relations franco-canadiennes ?

Josiane Simon : De par leur histoire et leur langue, le Canada et la France entretiennent une relation unique. Nous venons d’évoquer la force d'attractivité du Canada sur les Français. Et ici trois bons exemples : l’année dernière, 14 000 visas ont été accordés à des jeunes qui cherchaient une expérience temporaire au Canada, plus de 10 000 étudiants ont choisi nos universités et 8 000 personnes y avaient leur résidence permanente. La solidité de nos liens économiques est un autre bon indicateur. La France est le 8ème partenaire commercial du Canada en biens et le 3ème en services avec 5,7 milliards de dollars canadiens d’échanges vers la France (3,2 mds de biens et 2,5 mds de services) et 10,1 milliards d’échanges vers le Canada (6,8 mds de biens et 3,3 mds de services). Les entreprises françaises comptent plus de 900 filiales au Canada. Sans oublier les quelque 270 entreprises canadiennes qui sont représentées en France. Il s’agit d’une relation forte et diversifiée qui gagnera encore plus en profondeur lorsque le CETA sera appliqué.


Fiscalité : une imposition sur les sociétés raisonnable

La société SdM a été fondée il y a cinq ans par trois associés issus des plus grands cabinets mondiaux d'audit et de conseil. SdM est spécialisée dans la fiscalité, et peut également proposer « un service clés en mains » incluant le traitement de la comptabilité. Simon Davari, un des associés fondateurs, revendique « un savoir-faire fiscal étendu » dans une vingtaine de pays dont la France et les Etats-Unis. Tourné vers les grandes entreprises certes, mais d'abord les PME-PMI et les ETI, Simon Davari connaît tout particulièrement, bien entendu, la législation fiscale québécoise et plus généralement canadienne. Ils nous a fait part de ses observations et de ses préconisations.

En préalable, Simon Davari rappelle que le Canada comprend dix provinces, qui ont une part d'autonomie plus ou moins importante, en particulier sur le plan fiscal, le Québec jouissant, comme on le sait, d'une autonomie encore plus poussée.
Des règles locales se superposent donc un peu partout à des règles fédérales. Il faut dès lors prêter attention à ce que l’on fait lorsqu’on souhaite commercialiser ses produits à partir d’une filiale installée dans une province en particulier, par exemple le Québec.
« Nous constatons que de nombreuses sociétés que nous accompagnons raisonnent en silos, souligne Simon Davari, elles envisagent fiscalement séparément la France, le Canada… Or, poursuit-il en substance, il convient d’avoir une vue globale de l’activité, en particulier sous le prisme fiscal. Il faut se souvenir ainsi en premier lieu que la France et le Canada ont signé une convention bilatérale qu’il est impératif d’examiner de près, afin d’optimiser sa charge d’impôts. Quant au Canada, avertit-il, il faut prendre en considération les spécificités provinciales.» Pour simplifier, l’on dira qu’il y a une couche fédérale, à laquelle se superposent des couches provinciales.
Ainsi, en matière de crédit d’impôt-recherche, très avantageux, et poussé par les autorités canadiennes dans le domaine des technologies de l’information, l’échelon fédéral propose un crédit d’impôt, remboursable pour les SPCC* (Sociétés privées de contrôle canadien), et imputable sur de futurs IS pour les autres. A cela peut s’ajouter un crédit d’impôt attribué par la province où siège la filiale. Au Québec, il est remboursable à toutes les sociétés, SPCC ou pas. On peut dès lors l’assimiler à une quasi-subvention. Du coup, illustre Simon Davari, « pour 150 000 dollars de salaires en dollars canadiens, on peut recevoir de 50 000 à 90 000 voire 100 000 dollars en crédit d’impôt recherche pour une SPCC». Etant entendu qu’il s’agit pour les autorités de favoriser les emplois en R&D.
Il est donc plus avantageux d’agir en tant que résident, mais cela suppose un examen préalable attentif de la situation du dirigeant. A propos de sociétés, la classification est plus simple qu’en France ou aux Etats-Unis. De plus l’enjeu du choix est moindre, car il n’entraîne pas de différences substantielles, en termes de traitement fiscal par exemple. Elles fonctionnent, en oiutre sur un mode assez similaire.
Les « incorporated » sont les plus nombreuses (90% environ), contre 10% pour les « limited ». Du point de vue de la gouvernance des sociétés immatriculées au Canada, l’échelon fédéral exige 25% d’administrateurs résidant au Canada. Cette obligation n’est pas requise au Québec. Cependant, une société formée sous la loi fédérale permet un développement plus aisé dans toutes les provinces, souligne en substance Simon Davari.
Au niveau de l’IS, le taux fédéral est de 15% pour toutes les sociétés hors SPCC. Les provinces fixent les taux complémentaires à leur guise. Il est de 11,8% au Québec, un taux conforme à la moyenne, à l’exception des provinces maritimes qui pratiquent un pourcentage plus élevé de l’ordre de 3 à 4 points. Les SPCC sont favorisées parce que des taux favorables leur sont octroyés, jusqu’à une limite – confortable – de 500 000 dollars canadiens de bénéfices : 10,5% à l’échelon fédéral, 8% au Québec, parfois moins ailleurs.
Simon Davari met l’accent sur le fait que le lieu d’imposition provincial se fonde sur différents facteurs (sites de vente, d’implantation…). Autrement dit, ce n’est pas parce que le siège de votre filiale se situe à Montréal que votre taux complémentaire sera toujours celui du Québec, par exemple si vous disposez d'un entrepôt au Nouveau-Brunswick. Inutile de dire que vous avez intérêt à être accompagné par un cabinet connaissant bien la fiscalité sur l’ensemble du Canada !
D’autant que la taxe sur les produits et services (TPS) amène encore d’autres complexités, au niveau Provincial. C'est l’échelon fédéral n’amène pas de complications avec un taux d’une manière uniforme de 5%. Son principe est similaire à notre TVA, puisque l’on récupère la taxe payée sur nos achats.
L’échelon provincial ajoute une « couche » supplémentaire – sauf dans l’Alberta – avec, sans surprise, des taux variables. Mais pour corser un peu le menu, l’assiette est variable, et la récupération de la taxe sur les ventes provinciales n’est pas partout automatique ! Six provinces – dont le Québec – se sont « harmonisées » avec les pratiques fédérales et ajoutent « environ 15% » de taxes sur les ventes. Trois autres fonctionnent plutôt sur le modèle américain, avec des taux un peu plus bas – de 10 à 12% – des assiettes plus réduites, et en revanche l’impossibilité de déduire la taxe provinciale sur les achats. La TPS de 5% sur les achats demeure récupérable.

*SPCC : Sociétés privées de contrôle canadien : le capital doit être détenu au maximum à 50% par des non résidents.


Un ROI plus rapide qu’aux Etats-Unis

Altios a pour vocation l’accompagnement du développement international des entreprises françaises. Présente à travers 24 bureaux dans 17 pays, elle l'est en particulier à Montréal. Ce bureau est dirigé par Patrick Ferron. Il nous fait bénéficier de son expérience de terrain.

Pourquoi cibler le Canada lorsqu’on vise le marché nord-américain ? Après tout, les USA bénéficient d’un potentiel clairement plus important, ne serait-ce que par une population dix fois plus nombreuse !
Certes, rétorque Patrick Ferron, qui a dirigé le bureau d’Altios de New York pendant plusieurs années. Mais attention, avertit-il immédiatement. « Percer aux Etats-Unis représente un défi important et des investissements significatifs dans la durée, souvent en perdant de l’argent pendant deux-trois ans, voire plus… En outre, il faut trouver la porte d’entrée. Est-ce Atlanta, Dallas, New York ? »
Dans ces conditions, le Canada peut permettre, en quelque sorte, de se faire la main dans le marché nord-américain et surtout de prendre moins de risques. « En effet, nous confie Patrick Ferron, les investissements, proportionnés à une population plus restreinte, seront moindres, et le ROI plus rapide. En outre, le marché est plus facilement appréhendable, le Québec s’avère de ce point de vue très propice parce qu’on y parle français, que la communauté d’affaires y est très présente, et que les liens s’établissent donc très vite », ajoute-t-il.
Les secteurs les plus porteurs, rapporte Patrick Ferron, sont l’aéronautique à Montréal (un des quatre grands clusters mondiaux), les TIC, l’agro-alimentaire, les mines et l’énergie, sans oublier l’industrie au sens large. Deux tiers des entreprises françaises accompagnées par Altios le sont au Québec, un tiers en Ontario.
L’Ontario permet une immersion dans le monde anglophone, lorsqu’on veut ultérieurement percer aux USA. Quoi qu’il en soit, anglophone ou pas, le Canadien est avant tout un Nord-Américain, rappelle Patrick Ferron, avec une mentalité d'affaires différente de la nôtre. Ainsi, il relève la relative lenteur du processus décisionnel dans le pays de la police montée, tout simplement en raison de la consultation préalable à un choix de l’équipe de management.
L’accueil est chaleureux, le contact facile, mais le sourire de fin d’entretien cache peut-être un futur refus. Autrement dit, ne vous emballez pas ! Autre conseil délivré par Patrick Ferron, proposez des solutions qui ne couvrent peut-être que 90% des besoins de vos interlocuteurs, mais qui coûtent moins cher. « Le Canadien, comme tous les Nord-Américains, est très pragmatique, il a plutôt une vision de ROI à court terme », synthétise-t-il. Et puis, le bouche à oreille fera ensuite son office pour trouver d’autres clients dans un pays, certes vaste, mais peu peuplé.
Au Canada comme ailleurs, Patrick Ferron conseille enfin de développer rapidement une présence commerciale en propre sur place, éventuellement sous forme de filiale. Cela donne confiance aux partenaires et clients sur place, en montrant une détermination à s’implanter de manière pérenne. Le filtre du distributeur est également ainsi évité.

Chine : un grand pays qui se cherche

Après la formidable expansion liée à la politique menée par le petit timonier, Deng Xiaoping, à partir des années 1980, la Chine semble se chercher aujourd’hui un nouveau souffle, au sens propre comme au figuré d’ailleurs, tant la problématique de la pollution y est prégnante. Nous avons souhaité dans ce numéro faire un point sur l’évolution du pays de la grande muraille, à l’aune bien sûr des opportunités, mais aussi des difficultés que peuvent présenter les initiatives que vous, patrons de PME-PMI ou d’ETI, pourrez prendre là-bas.

Le premier constat est clair : certes, la croissance est moins robuste en pourcentage qu’auparavant (un peu plus de 6,5% au lieu de 10% pendant longtemps) mais l’on part évidemment de plus haut, et la Chine détient la deuxième place du concert des nations en termes de PIB. Le PIB par habitant est cependant beaucoup moins élevé qu’en France (8220 USD contre 38 458 USD chez nous). Elle demeure le pays le plus peuplé au monde, avec près de 1,4 milliard d’habitants vivant dans un peu moins de 10 millions de km2. La politique de l’enfant unique, abandonnée en 2015, a pourtant freiné la progression et provoqué un vieillissement de la population qui commence à poser des problèmes.
Quoi qu’il en soit, l’atterrissage, en principe en douceur, de l’économie chinoise devrait se poursuivre en 2016, malgré les mesures de relance budgétaire, car, relève l’assureur Coface, les entreprises sont très endettées et dès lors l’assouplissement monétaire s’avère inefficace. Quant à l’augmentation du revenu disponible, elle devrait ralentir et freiner la progression de la demande intérieure que souhaitent promouvoir les autorités dans un contexte de moindre consommation. Malgré une explosion des ventes en ligne, le commerce de détail est en effet moins vigoureux, selon le FMI.
Les performances à l’export sont également moins spectaculaires que précédemment. C’est lié à la relative faiblesse de la demande internationale, mais aussi à une compétitivité mise à mal par la hausse des salaires qui rend certains pays d’Asie du Sud Est plus attractifs de ce point de vue. Un autre point d’inquiétude soulevé par Coface est relatif à l’endettement élevé des entreprises, particulièrement des PME-PMI, lesquelles auraient de plus en plus souvent recours au « shadow banking » qui finance des projets à des taux prohibitifs. De même, la Bourse a franchement reculé ces derniers mois et le marché obligataire a connu des défauts «  en nombre croissant » sans pourtant que les investisseurs cèdent la panique. D’ailleurs, les services financiers poursuivent leur développement. Le marché de l’immobilier est quelque peu déprimé même si les prix sont repartis à la hausse dans les grandes villes. Un « choc de grande ampleur » est cependant probable, selon les experts de Coface.
L’assureur, dans son dernier rapport sur l’Empire du Milieu, insiste cependant sur « un accès difficile […] aux bilans d’entreprises, et sur une protection en ligne insuffisante des créanciers.

Commerce extérieur : une part croissante de la France

On l’a vu plus haut, les exportations chinoises ont quelque peu rebondi au premier trimestre. L’an dernier, elles avaient cependant reculé sensiblement à 2277,1 millions de dollars (-2,8%) tandis que les importations connaissaient une baisse beaucoup plus marquée, en partie liée à la chute des prix du pétrole (-14,3% à 1682 millions de dollars). On voit que l’excédent chinois reste considérable.
Dans ce contexte, le commerce extérieur bilatéral franco-chinois a progressé d’environ 10% en 2015. Si nos exportations progressent, avec 16,4 milliards d’euros (cumul sur les onze premiers mois de 2015), notre déficit demeure considérable, à 26,1 milliards d’euros.
La Chine s’avérait néanmoins notre 7e plus gros client (4,33% de nos exportations) et notre deuxième fournisseur (9,39% de leurs importations). Loin derrière les plus grands fournisseurs de l’Empire du Milieu (la Corée du Sud, Taïwan, les USA, le Japon, l’Allemagne, l’Australie voire le Brésil), nous tirons cependant notre épingle du jeu dans l’aéronautique, les équipements numériques, l’électronique et l’informatique, les produits alimentaires, et bien sûr les parfums et cosmétiques. A propos de vins, notre part se maintient à 43,8% en 2015, malgré la concurrence chilienne et australienne. Notre part est encore plus importante dans les spiritueux (76% en 2014).
Face à une clientèle chinoise davantage férue de produits réputés plus sains et plus occidentaux, nos produits épiciers et laitiers trouvent davantage preneur. La tendance est la même dans le domaine de la santé, en raison du vieillissement de la population, mais aussi d’une plus grande propension à de meilleurs soins. Business France relève ainsi que le marché des dispositifs médicaux va bientôt accéder au premier rang mondial. Nous sommes n°1 en matière de cosmétiques.
Une population nombreuse augure d’un marché automobile puissant. C’est le cas. Et nous tirons notre épingle du jeu, avec Renault ou encore DS. 23,5 millions de véhicules ont été vendus en 2014.
Dans le domaine énergétique, nos offres en matière d’énergie propre, souvent performantes, peuvent trouver leur place, explique Business France, alors que la pollution dont souffrent les villes chinoises retient l’attention des autorités. Le plan quinquennal en cours prévoit l’accroissement de la part du nucléaire, mais aussi celle des énergies renouvelables.
Si l’on observe un léger ralentissement des PME entrant en Chine (128,5 milliards d’USD pour 2014, soit +3,7% en glissement annuel d’après la Banque mondiale), le pays-phare de l’Asie de l’Est reste la première destination mondiale des PME, loin devant les Etats-Unis (92,4 milliards d’USD pour ces derniers en 2014).
Quant à nous, nous serions, d’après le ministère du Commerce intérieur de Pékin, le 8e plus gros investisseur étranger et surtout le deuxième européen pour les huit premiers mois de 2015.
Toujours d’après les autorités chinoises, plus de 1500 entreprises tricolores étaient présentes là-bas en 2014, ce qui correspond à environ 2500 implantations. Elles sont principalement concentrées à Shanghaï (36%), à Pékin (20%) ou encore dans le secteur de Canton (15%). Nos entrepreneurs s’implantent désormais aussi dans les zones moins répertoriés précédemment, du centre et de l’ouest.

 
Quelques conseils élémentaires

Business France nous rappelle un certain nombre de conseils élémentaires. Le « global english » est insuffisant en Chine, en tout cas en règle générale. « Le mandarin reste la langue des affaires » soulignent ses experts. Dès lors, il convient de faire appel à « un interprète de bon niveau » pour les rendez-vous d’affaires.
Les recherches sur la Chine sont essentiellement accessibles sur place à travers les seuls sites de recherche chinois. En ce qui concerne les importations, elles sont soumises à trois catégories de droits et de taxes. Les droits de douane à proprement parler, la TVA et une taxe sur la consommation. Business France met également en garde sur les normes en matière d’emballage ou d’étiquetage, ces normes pouvant parfois s’imposer, même pour des exportations temporaires, en vue d’expositions par exemple.
En revanche, les experts de Business France se veulent rassurants en matière de protection intellectuelle, la législation en vigueur leur paraissant raisonnablement protectrice à cet égard. Mais, évidemment, la réglementation est complexe et il convient de s’entourer de bons spécialistes en la matière.

Transport aérien : l’abondance

Tous les principaux acteurs aériens, et même de nombreux plus petits, se sont intéressés au trafic vers la Chine, en progression exponentielle ces dernières années. Air France revendique le fait d’y avoir été présente bien avant les autres, dès 1966, ce dans la foulée de la politique gaulliste et du rapprochement de notre pays avec la Chine populaire. Cette longue histoire a sans doute contribué au fait qu’Air France KLM est leader européen sur les liaisons entre l’Europe et l’Empire du Milieu, en nombre de passagers transportés. Les deux compagnies desservent neuf destinations en propre depuis leurs hubs respectifs de Paris CDG et Amsterdam-Schipol : Pékin, Chengdu, Canton, Hangzhou, Hong Kong, Shanghaï, Taïpei, Wuhan et Xiamen. Ce qui représente jusqu’à 89 vols par semaine dans cette configuration.
En termes de confort du passager, Air France propose son nouveau produit long-courrier Best sur l’ensemble des destinations opérées en propre (Pékin, Canton, Hong Kong, Shanghaï et Wuhan/Canton). L’A380 dessert Shanghaï et Hong Kong (certains jours de la semaine). De nombreuses autres villes chinoises sont reliées grâce à des partenariats avec des compagnies chinoises.

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