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Exportations 2019 : fournitures militaires, aéronautiques et pharmaceutiques à la hausse

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, peut se réjouir d'avoir vu le solde de nos échanges internationaux réduit en 2019, à la faveur d'une croissance plus forte de nos exportations (+3,3 %) que celle de nos importations (2,2 %). Comme chaque année, nous essayons de tirer les principaux enseignements des chiffres des Douanes.

Le déficit a été réduit de près de 4 milliards d'euros en 2019, à -58,9 milliards d'euros, au lieu de -62,8 milliards en 2018. Evidemment, nous restons largement dans le rouge, où nous demeurons cantonnés depuis près de vingt ans, avec une nette dégradation dans les années 2010.

Cependant, on remarquera que, cette fois-ci, la diminution des prix du pétrole ne participe que pour 0,8 milliard à l’amélioration constatée. Ainsi, notre solde manufacturier, qui se creusait régulièrement ces dernières années, s’est réduit de 1,2 milliard en 2019, principalement grâce à la vigueur de nos ventes de produits aéronautiques, pharmaceutiques et de parfums, alors que nous achetons davantage d’automobiles – conséquence du départ de nos productions à l’étranger – ce qui est regrettable, et aussi de machines.

Quant à nos fournitures militaires, nous atteignons un sommet dans le solde positif (5 milliards).

Nous avons donc exporté pour 508 milliards d’euros de biens en 2019, et en avons importé pour 566,9 milliards. Si l’on regarde les zones géographiques, hors la réduction du déficit énergétique (44,8 milliards – tout de même – contre 45,4 en 2018), l’amélioration est essentiellement portée par nos échanges avec l’UE (-32,5 milliards au lieu de -35,1 l’année précédente). Notre déficit se creuse en revanche de nouveau avec l'Asie, de 3,7 milliards, atteignant -35,7 milliards. L'Amérique – et particulièrement les Etats-Unis est, elle, très réceptive à nos produits, avec un excédent en hausse nette, à +6,9 milliards d'euros. Nous enregistrons, a contrario, un déficit de 7 milliards vis-à-vis de l'Europe hors UE.

Nos échanges avec l'Afrique sont quasi stables et à peu près à l'équilibre. Si l'on zoome sur quatre de nos principaux partenaires, on remarque un excédent de 2,7 milliards d'euros vis-à-vis des Etats-Unis, dans un contexte d'échanges sensiblement à la hausse, avec 42,1 milliards d’exportations et 39,4 d’importations.

Ce volume global est relativement comparable à celui réalisé avec la Chine, sauf que le résultat est? dans ce dernier cas de - 32,9 milliards dans ce cas. Très bel excédent par contraste avec le Royaume-Uni, à plus de 12,5 milliards (33,7 de ventes, 21,2 d’achats). On ne sait pas qui aurait le plus à perdre en cas de « no deal » in fine. Pour ce qui est de l'Allemagne, nos échanges avec nos voisins d'outre-Rhin se tassent légèrement, tandis que notre déficit - 14,9 milliards d'euros, s’accroît un peu.

Agroalimentaire, aéronautique et pharmacie en forme

Les évolutions, cette fois par typologies, sont beaucoup plus contrastées d'une année sur l'autre. Des progressions notables sont ainsi enregistrées par l'aéronautique, la pharmacie et l'agroalimentaire. Les livraisons aéronautiques et spatiales ont ainsi progressé de 11,6 % à 64,2 milliards en 2018, cela alors que nous étions déjà précédemment à des seuils très élevés. Cette hausse est portée par les avions assemblés, comme par les moteurs ou les parties d’aéroplane. Les ventes de produits pharmaceutiques bondissent également, à 33,6 milliards (+10,4 %), grâce, en particulier, à une nette progression des importations des USA.

D’autres secteurs ne déméritent pas – loin de là. C’est le cas du textile et de l’habillement (+8,5 %), des parfums et des cosmétiques (+8,8 %), des boissons (+5 %), des produits agricoles (+5,4 %) et, dans une moindre mesure, de l’agroalimentaire (+2,4 %).

En revanche, les exportations de produits automobiles s’effritent encore de 1,6 %, alors que nous produisons de moins en moins en France. Les ventes de navires et de bateaux reculent également de 8 % après, il est vrai, une année 2018 record.

Importations : dynamisme des produits manufacturés

Du côté des importations, nos achats de produits manufacturés demeurent soutenus (+3,1 %), au-delà de la croissance de la demande intérieure globale (+1,4 %). Les achats de produits aéronautiques (+10,2 %) mais aussi de produits pharmaceutiques (+5,6 %), impactent fortement notre demande.

Sans surprise, les importations d’automobiles, également pour les raisons évoquées supra, poursuivent sur leur lancée précédente (+3,8 % après +2,7 % en 2018). Les véhicules (+4,8 %) tirent l’ensemble.

On l’a vu plus haut, nos achats de machines demeurent orientés à la hausse (+4,7 %), ce qui traduit en creux le dynamisme de nos investissements, et témoigne d’indicateurs avancés favorables pour notre économie.

L’investissement est, en effet, demeuré très soutenu en 2019 (+4,7 %, après +2,8 % déjà en 2018), cela étant en grande partie le fait de fournisseurs étrangers. Ces derniers contribuent davantage que les entreprises tricolores à pourvoir à la demande interne.

On peut noter aussi que nos achats de produits agroalimentaires atteignent un nouveau record à 42,1 milliards d'euros. Voilà un point moins positif à nos yeux.

Parmi les autres évolutions remarquables, notons la progression beaucoup plus rapide des achats de biens de consommation à l’extérieur que celle de la consommation finale des ménages (+4 % au lieu de 1,2 %).

Une part de marché mondial stable

En 2019, nos exportations de biens (+1,4 %), se sont situées très près de l’évolution de la demande mondiale (+1,5 %), dans un contexte de très grande stabilité de l’euro. Nos parts de marché restent donc globalement étales. Si la tendance de la France comme des Etats-membres de l’UE est à se tourner davantage vers des zones hors de l’UE, on se satisfera tout de même de l’amélioration globale de notre commerce extérieur.

Commerce extérieur de la France : du bon et du moins bon


Au premier regard, le bilan du commerce extérieur de la France en 2018 ne paraît pas très bon. En effet, le déficit, désormais en grande partie structurel, augmente encore d'environ 2 milliards d'euros, à 50,9 milliards d'euros.Cela représente quand même 3,4 % du PIB. En y regardant de plus près, le bilan est cependant davantage contrasté qu’il n’y paraît.En effet, c’est l’alourdissement de la facture pétrolière qui a été en 2018 le principal responsable de cette dégradation de notre solde commercial. Un alourdissement lié à la remontée sensible des prix de l'or noir, alors que les volumes importés, convient-t-il de noter, décroissent en revanche assez nettement. Quoi qu'il en soit, le déficit énergétique a atteint ainsi 46 milliards d’euros, contre 39,3 milliards en 2017. On voit bien dans ces conditions que la situation s’est améliorée sur d’autres fronts. C’est le cas du secteur manufacturier où notre solde – certes toujours déficitaire – s'améliore de plus de 2 milliards d'euros – à - 33,3 milliards au lieu de - 35,7 en 2017.Cette amélioration est essentiellement due à une remontée sensible de nos ventes aéronautiques, alors que nos soldes automobiles, machines industrielles ou produits métallurgiques se dégradent – parfois sensiblement.Par contraste, le solde agricole revient dans le vert, à 0,8 milliard d'euros, principalement grâce à la reprise plus marquée de nos ventes de céréales ainsi qu'à celle des vins et spiritueux.Dans un contexte de croissance significative du commerce mondial (+5,2 % en 2018 après +5,4 % en 2017), les ventes françaises restent dynamiques, tout en progressant dans une moindre mesure (+3,8 %, après +4,5 % en 2017).La croissance de nos ventes est particulièrement portée par celle des véhicules automobiles et du textile habillement-cuir (+7,9 % et +8,2 % respectivement). De leur côté, les importations progressent à peu près au même rythme que les exportations (+3,9 %).
Tandis que nos livraisons de bateaux partent vers des sommets (3,1 milliards d’euros et 2,3 milliards d’excédent pour le secteur), nos ventes aéronautiques et spatiales, quoique croissant modérément (+2,7 %), représentent toujours un de nos bastions, et occasionnent, au bénéfice également d’un recul de nos achats dans ce domaine, la bagatelle de 27,1 milliards d'euros d'excédent. En revanche, le déficit pour les produits automobiles se creuse encore à 12, 4 milliards d'euros, au lieu de 9,9 en 2017. Les parfums et cosmétiques représentent évidemment toujours un de nos fleurons (avec des ventes en hausse de 6,7 % et un excédent de 11 milliards d’euros en 2018), le troisième après l'aéronautique et les boissons. Notons également la hausse de nos exportations énergétiques (+45,2 %).

Davantage de ventes vers l'Union européenne
Si l’on regarde les régions mondiales, l'évolution de nos ventes est contrastée. On remarque une accélération vers l’UE (+4,5 %), particulièrement en direction de l'Espagne, les « nouveaux membres »… et le Royaume-Uni, qui nous rapporte un excédent de plus de 11 milliards d'euros. On ne sait pas qui a le plus à perdre dans le Brexit.
Très fort dynamisme aussi vers l'Amérique (+10,6 %) et principalement vers les Etats-Unis (boissons et bateaux). En revanche, nos ventes s'effritent vers l’Afrique et le Moyen-Orient. La hausse est dans la moyenne (+3,6 %) vers l'Asie, principalement tirée par la Chine et Singapour. Globalement, nos ventes ont atteint, selon les Douanes, 464, 015 milliards d'euros l'an dernier contre 464, 0,15 en 2017 (chiffres bruts). Et nos importations 560, 782 milliards d’euros.Notre déficit a été de 43,2 milliards d’euros dans la zone euro (dont plus de 16 milliards avec l’Allemagne, 7 avec l’Italie ou encore 8 avec les Pays-Bas ; l’équilibre est quasi parfait avec l’Espagne – notre deuxième client désormais dans l’UE faut-il le souligner).Le déficit reste important avec la Chine et Hong Kong (près de 24 milliards d’euros), en légère baisse cependant, tandis que les Etats-Unis nous favorisent en nous apportant un excédent de 3 milliards d’euros, après plusieurs années de déficit successifs.Le département des statistiques économiques du ministère des Finances a publié un comparatif du solde commercial rapporté au PIB des principaux pays de l’UE. Il apparaît que l’Allemagne est à +7 %, l’Italie – pourtant tant décriée – à 2,3 %, tandis que l’Espagne s’enfonce dans le rouge, à -3 %, devant la France (-3,4 % donc), puis le Royaume-Uni, à -6,6 % (au lieu toutefois de 8,1 % en 2017 – en dépit des prophètes de mauvaise augure). Le déficit britannique est au demeurant traditionnellement lourdement déficitaire.

Québec : une économie prospère, une recherche d'investisseurs et de main d'oeuvre qualifiée

Le Québec a un besoin criant de main-d'œuvre spécialisée. Nous l'avons encore remarqué lors des journées franco-québécoises des 30 novembre et 1er décembre derniers à Paris, où plusieurs dizaines d'entreprises de la Belle Province avaient réservé des stands et envoyé des délégations afin d’accueillir, et si possible de recruter, des personnels français ou francophones qualifiés : ébénistes, chauffeurs routiers, chefs cuisiniers... Des profils que l'on ne trouve que difficilement là-bas, nous expliquaient les exposants. En tout cas, si l’offre est là – 140 000 postes qualifiés seraient actuellement en souffrance au Québec, la demande semblait aussi de la partie, au vu de la foule qui se pressait dans les allées pour faire la queue devant les stands. 1 500 à 2 000 postes étaient à pourvoir lors de ces journées, selon Martin Dupont, directeur général de la région de Drummondville, qui avait amené de nombreuses entreprises avec lui. Nous consacrons un focus à cette région québécoise dans le présent numéro.

Un commerce franco-québecois excédentaire

Les échanges extérieurs franco–québécois s’intensifient, à la faveur d'une reprise sensible de nos exportations vers la Belle Province après des années de relative disette. Nous avons ainsi vendu en 2018 pour 2,1 milliards d'euros de biens au Québec (+14,1 % par rapport à 2017). Les observateurs remarquent que nous revenons presque ainsi au niveau record de 1999 (2,26 milliards d'euros alors).Dans le même temps, l'excédent bilatéral de notre balance commerciale s'est accrue, en raison d'un effet de ciseaux, car nos importations en provenance du Québec ont, dans le même temps, décru. Le solde positif ressort ainsi à 1,1 milliard d’euros (plus 41,7 %).
Quatre grandes catégories de produits français représentent, selon l’Institut de la statistique du Québec, trois quarts de nos ventes là-bas. Dans l’ordre, on relève tout d’abord les « produits des industries chimiques » (620 millions de dollars canadiens CAD), en hausse de 12 % par rapport à 2017. Cette catégorie comprend les produits pharmaceutiques, mais aussi les produits de la parfumerie et les cosmétiques.
En second lieu, viennent les « machines et équipements industriels » (avec 594 millions de CAD environ 21 %). On y trouve notamment les pièces destinées à l’aéronautique. Ensuite, arrive le secteur agroalimentaire (+11 %, à 588 millions de CAD), où l’on trouve le fromage, les vins…Dernière ces grandes strates, celle du matériel de transport (497 millions de CAD, +16 %). Les ustensiles de navigation des aériennes absorbent plus des trois quarts de ce montant. Si l'on regarde maintenant les importations françaises, les trois secteurs principaux sont : les produits minéraux – minerai de fer essentiellement – (455 millions de CAD), les machines et appareils (384 millions de CAD), puis le matériel de transport, (avions principalement), en nette hausse à 248 millions d’euros.
Le Québec demeure la province canadienne avec laquelle nos échanges commerciaux sont les plus denses, représentant près de la moitié du total avec le pays nord-américain à la feuille d’érable.Nous étions en 2018 le septième fournisseur international du Québec et le troisième européen (derrière l’Allemagne, puis le Royaume-Uni, mais avec très peu de différence entre nous). Tout cela loin derrière les Etats-Unis, mais aussi la Chine, et dans une moindre mesure, le Mexique.Si on regarde maintenant les exportations québécoises, nous sommes le premier client, très loin derrière les Etats-Unis (70 % de parts de marché). La Chine et le Mexique sont également devant nous, mais à des niveaux nettement plus faibles.

Drummondville : une industrie puissante, une qualité de vie plaisante

Le Québec ouvre, à travers l’Alena, à un marché de 600 millions de consommateurs potentiels, dont beaucoup à haut pouvoir d'achat… sans compter les possibilités d'exportation vers l'Union européenne, en franchise de droits de douane, grâce au Ceta.Seule région francophone, et en dehors de ses atouts propres, la Belle Province attire les Français : touristes, étudiants, travailleurs et entrepreneurs. Il est vrai aussi que le territoire est vaste, et que le Québec est désireux d’accueillir de nouveaux talents pour son économie. Le taux de chômage n'est que de 3,5 % au Québec – 5,9 % pour l'ensemble du Canada. Voilà, vous êtes convaincu de l'intérêt d'une implantation, d'un investissement, d'une expatriation ! Mais où aller au Québec ? La province représente une superficie égale à cinq fois celle de la France. Même si le Québec habité est plus restreint, vous avez cependant l'embarras du choix. Bien sûr, on pense spontanément à la ville de Montréal, ou à la ville de Québec, sa capitale. Mais il vaut mieux raisonner en termes de spécificité des régions, de leurs activités économiques dominantes – cadrent-elles ou pas avec votre projet – et de la qualité de vie.
Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir Drummondville. Cette région compte 225 000 habitants, et se situe « au centre du Québec », concrètement à 100 km de Montréal et à 150 de la ville du Québec, selon les termes de Martin Dupont, directeur général de son agence de développement économique. « Notre économie est florissante, grâce à un entrepreneuriat dynamique », se réjouit Martin Dupont, utilisant l’expression de « paradis de la PME ».Une économie florissante, mais aussi diversifiée, orientée cependant vers l'industrie, avec un tissu de 650 entreprises manufacturières « qui font la gloire de notre ville et de notre agglomération », lance Martin Dupont.Cette industrie est diversifiée : machinerie–métal–transport (nombreux sous-traitants de Bombardier), avec 4 500 employés, aliments–boissons (2 000 employés), TI (technologies de l'information), ouvrage du bois, produits chimiques, plastique, enfin textile.Le textile, activité largement dominante dans l'industrie jusque dans les années 80, où elle occupait 50 % de la population active dans le secondaire, a chuté aujourd’hui à seulement 1,4 %.


Le calme et la technicité

Au total, la région de Drummondville compte 200 000 emplois dans le commerce et les services et 180 000 – presque autant – dans l’industrie, c’est un niveau très élevé.Il est vrai que la région de Drummondville ne ménage pas ses efforts pour la développer avec, en particulier, des investissements considérables dans des ZI modernes d’une surface totale de 20 millions de mètres carrés. « C’est que chaque emploi manufacturier amène la création simultanée de trois emplois dans le commerce et les services, souligne Martin Dupont, et que cette dynamique correspond bien au recentrage de l’ensemble du Québec sur le secteur manufacturier ». D’où la volonté du Québec d’attirer des talents. A cet égard, Drummondville présente des caractéristiques propres à susciter l’intérêt. Martin Dupont énumère quelques-unes d’entre elles : « Une ville très calme, sûre, de grands espaces, une belle qualité d’existence et un coût de la vie 20 % moins élevé que dans les grands centres ». Des infrastructures appropriées pour les jeunes, en particulier l’Université du Québec–Les Trois-Rivières permettent de compléter les éléments d’attractivité pour les familles.
42 filiales étrangères de 12 pays, dont la France, sont implantées dans la région de Drummondville. La Strasbourgeoise Soprena y emploie ainsi 300 collaborateurs. Pour ceux qui ont besoin d’un accompagnement la SDED dispose des équipes appropriées. On peut venir à Drummondville pour un job qualifié, reprendre une entreprise, mais aussi en démarrer une. Une grande pépinière d’entreprises, facilite leurs débuts – pour les start-ups comme pour les autres projets.

France-Québec : une relation privilégiée

La relation France-Québec demeure toujours privilégiée dans le contexte franco-canadien. Même si d'autres provinces de ce pays d'Amérique du Nord drainent depuis quelques années davantage d'investissements tricolores que naguère, la Belle Province demeure notre partenaire principal, tant en termes d’exportations que de créations de filiales ou de prises de participation.

Ainsi, si l'on reprend les données 2017 du ministère de l’Economie du Québec, les importations en provenance de France représentaient alors près de 45 % de la totalité des achats de marchandises canadiennes à notre pays (2, 8 milliards de dollars canadiens), en hausse de 8,6 % par rapport à 2016.La France est le troisième fournisseur du Québec dans l’UE (alors à 28), ce qui ne fait tout de même que 12,2% au total des importations en provenance de l’Union européenne et 3% du total. Les Etats-Unis (35%) se taillent évidemment la part du lion, la Chine (12,5%), l’Allemagne (5,5%) juste devant le Royaume-Uni et dans une moindre mesure le Mexique (4,8%).
Nos cinq groupes de produits les plus vendus sont : le vin de raisin frais (11,7% du total), les avions, les hélicoptères et les autres véhicules aériens ou spatiaux (3,8%); les médicaments dosés (7,3%), les produits de beauté et le maquillage (4,5%); enfin les parties d’avions, d’hélicoptères et de véhicules aériens (3,7%).
Les produits de « moyenne-haute technologie » dominent dans nos ventes sur place, selon les analystes de la Belle Province.
En tous cas, dans un océan de déficits, notre commerce extérieur est régulièrement excédentaire avec le Québec.
En effet, les exportations de marchandises québécoises vers la France n’ont atteint que 1,7 milliard de dollars canadiens en 2017, en dépit d’une hausse de 4,2% par rapport à 2016. A noter que cela représente près de 50% des ventes canadiennes dans notre pays.
Les cinq têtes de gondole québécoises demeurent dans l’ordre : le minerai de fer et ses concentrés (31,4%), les turboréacteurs, les turbopropulseurs et autres turbines à gaz (14,3%), les parties d’avion, d’hélicoptères et autres véhicules aériens (13%), les accumulateurs électriques (4,4%), enfin les huiles de pétrole raffinées. Une part significative de matières premières par conséquent, même si la haute technologie est également bien présente.
Au final, on note un excédent de plus de 1 milliard de dollars canadiens en notre faveur. Remarquons cependant que ce solde varie souvent de manière erratique, car le montant de nos exportations est soumis à d’assez importantes fluctuations, tandis que les ventes canadiennes tendent à augmenter régulièrement, sans à-coups.
Notons que le nombre de filiales d’entreprises françaises établies au Québec s’élevait à 336 en 2016 (48% de celles installées au Canada), et soulignons que nos sociétés ont 733 filiales aux Etats-Unis et seulement 149 au Royaume-Uni.

Une pénurie de main-d’œuvre récurrente

On entend souvent dire que le Québec manque de main-d’œuvre qualifiée. Il semble que ce soit toujours le cas. Le centre d’information et de documentation québécois rapporte ainsi qu’au deuxième trimestre de 2018, une étude menée par ses services démontrait que plus de 100 000 postes étaient alors vacants. Avec 116 440 postes non pourvus, on se retrouve ainsi au niveau le plus élevé depuis 2015.
Les places disponibles se trouvent principalement dans « quatre industries » : la fabrication (16 630), le commerce de détail (14 605), les soins de santé et l’assistance sociale (13 570) puis les services d’hébergement et de restauration (12 820).

Liaisons aériennes : l’abondance

Que ce soit pour des motifs touristiques, d’études ou d’affaires, les relations avec le Canada, et tout particulièrement le Québec, sont très développées.
Pas étonnant dans ces conditions que l’offre aérienne soit étoffée, tout particulièrement en été. Pour Air France, c’est une destination importante, même si la compagnie est déployée partout dans le monde, en direct de Paris ou de province, ou via KLM.

D’autres acteurs sont également impliqués, comme Air Canada mais aussi Air Transat, la valeur montante de ces dernières années. Air Transat appartient au groupe de tourisme canadien Transat, dont l’activité se déploie tout particulièrement en Amérique du Nord et dans les Caraïbes (agences de voyages, tour operating, hôtels). La compagnie aérienne compte actuellement 30 appareils dont 20 A330. Dans le cadre d’un renouvellement de sa flotte, elle va mettre en service à partir de 2019 des A321 « mono-couloirs », notamment pour ses liaisons avec la France (Québec-Charles de Gaulle, Bâle et Nice (Montréal).
« Cela va nous permettre d’augmenter le nombre de fréquences, grâce à cet appareil qui permet une plus grande flexibilité opératoire », se réjouit en substance Gilles Ringwald, directeur commercial monde. Si Air Transat est essentiellement connue pour son activité loisirs, elle s’est intéressée récemment aux déplacements professionnels, en premier lieu ceux générés par les PME. Ses atouts, énumérés par Gilles Ringwald ? Une classe économique supérieure, dite « Club », « avec un service proche de celui d’une classe affaires, un espace séparé de la cabine économique, et une restauration élaborée à l’aide d’un chef ».
Le marché France de Air Transat lui apporte ses plus hauts revenus à l’extérieur, alors que nous avons battu cette année un nouveau record de Français se rendant au Canada (dont 15 000 étudiants). La base parisienne d’Air Transat se trouve au T3 de Roissy, plus fluide que les autres terminaux : 1 à 3 vols quotidiens sur Montréal par jour selon la saison, 3 liaisons hebdomadaires en direct vers Québec en été. Toronto et Vancouver sont également desservis depuis Paris à la belle saison. Des départs, toujours en été, sont possibles depuis les principales villes de province, ainsi que de Bâle.
« Un excellent rapport qualité-prix, avec un taux de ponctualité de 98%, entraîne l’adhésion d’un nombre croissant de voyageurs, y compris pour motif d’affaires ou de bleisure, aussi bien en premium economy qu’en Eco », conclut Gilles Ringwald, non sans indiquer que dès avril, « de nouvelles classes tarifaires avec des billets annulables et remboursables sans frais » apparaîtront à partir de début avril en classe économique.

Air France

Air France dessert Montréal en direct depuis Paris-CDG jusqu’à 13 fois par semaine l’hiver, et jusqu’à 3 fois par jour l’été. Les vols sont effectués en B 777-300 configuré en trois classes (Affaires, Premium Economy, Economy).
Pour les voyageurs qui veulent se rendre dans la capitale de la Province, un car Air France relie l’aéroport international de Montréal à la ville de Québec, cela gratuitement pour les passagers d’Air France ou de KLM.
D’autre part, 15 villes du Canada sont desservies par Westjet, en correspondance depuis Montréal, et en partage de codes avec Air France, ce qui permet, entre autres, l’enregistrement des bagages en soute de bout en bout. Ces vols sont accessibles « à l’ensemble de la gamme tarifaire d’Air France ».

Région de Québec : une alternative à creuser

Vu de ce côté-ci de l’Atlantique, nous percevons en général Montréal comme un pôle économique majeur du Canada, a fortiori du Québec, et la capitale éponyme de la Belle Province comme une ville administrative et touristique. Comme le souligne par ailleurs Xavier Chambon, PDG de Classe Affaires, cette image ne correspond pas à la réalité. Nous nous sommes entretenus à ce propos avec Carl Viel, Président-directeur général de Québec International, structure de développement économique de la région métropolitaine de Québec — une des huit majeures du Canada, et avec la vice-présidente, Line Lagacé.

« Des huit grandes régions métropolitaines du Canada, de Québec – 850 000 habitants – est celle dont la croissance est la plus soutenue dans la durée, régulièrement au-dessus de 2 % ; 2,6 % prévus en 2019 », énonce d'emblée Carl Viel. « Et cette croissance, ajoute-t-il aussitôt, s’appuie sur une économie diversifiée, où l’industrie du haut savoir représente 40 % des emplois créés, contre un quart ailleurs. Du reste, poursuit-il, un organisme international de réflexion a classé récemment Québec parmi les 10 premières villes du monde, selon le critère de la diversité économique ».La capitale nationale investit des sommes importantes en R&D. Sept grands secteurs en sont les bénéficiaires : les sciences de la vie, les TIC (incluant le jeux vidéo et l’animation), l'électronique et l'optique-photonique, l'alimentation et la nutrition, les matériaux à valeur ajoutée, l'environnement et l'énergie, les assurances et services financiers. Dynamisme économique, mais dans le contexte « d'une ville à taille humaine et d'une grande agilité pour la mise en place de projets ». Québec International est là pour vous accompagner dans votre processus d’intégration, aussi bien à titre professionnel que personnel. Les investissements tournés vers la haute technologie (numérique, intelligence artificielle…) sont particulièrement appuyés et les créateurs peuvent bénéficier des ressources de l'université Laval, qui accomplit un gros travail de relation entre le milieu universitaire et celui de l’entreprise.
Ubisoft, ou encore Thales (centre de recherches), sont implantés à Québec, mais beaucoup de TPE-PME aussi.
Certains expatriés y ouvrent un commerce ou un service dans le cadre d’une franchise. D’autres reprennent une affaire sur place, dont le cédant veut prendre sa retraite, par exemple. Enfin, d’aucuns tentent un concept pointu. Pour ces derniers, un incubateur de validation commerciale est à leur disposition.
Tous pourront profiter d’une implantation bénéfique en Amérique du Nord, qui leur permettra d’aller plus loin ensuite, en tirant partie des multiples accords commerciaux noués par le Canada, que ce soit avec le Mexique et les Etats-Unis ; avec l’Europe, à travers le Ceta, ou encore avec des pays riverains du Pacifique.Lorsqu’on s’expatrie, – ce sera souvent le cas – on vient avec sa famille. « Les jeunes y trouveront un terrain propice aux études de haut niveau, en particulier avec l'université de Laval dont les diplômes sont reconnus au niveau nord-américain, tandis que les conjoints auront des facilités à trouver un travail alors que nous sommes en pénurie de main-d'œuvre », souligne encore Carl Viel.L'agence de développement économique veillera à appuyer l’entrepreneur sur les volets de l’immigration, comme sur celui des affaires, en l’aidant à structurer son projet.Quant à la question du niveau de vie à Québec, Line Lagacé évoque des chiffres très parlants : des salaires proposés entre 2 500 et 5 000 $ mensuels équivalent euros selon la technicité requise ; alors que le loyer d’un T3 ressort à 450 équivalents euros par mois, et l’achat d’une maison à 100 000-150 000 euros ! Cela est attractif, même si les prix de la vie courante sont proches de ceux constatés à Paris.
Mais attention, réfléchissez bien à votre projet et ne vous lancez pas tête baissée !

Québec : porte d’entrée sur le continent nord-américain

Les rencontres bisannuelles France Québec d’automne se tenaient les 1er et 2 décembre dernier à Paris. Nous avons pu constater l’engouement suscité par une immigration au Québec auprès de nos compatriotes.

Les files d’attente s’allongeaient devant les stands d’environ 200 sociétés canadiennes venues précisément recruter en France. Ces entreprises n’ont apparemment que l’embarras du choix, tant la demande est grande. Cependant, tout n’est pas aussi simple qu’il y paraît pour les postulants. Obtenir un visa de travail requiert une démarche plutôt complexe, et il faut être francophone. Le Québec est attrayant, car l’économie y tourne à plein régime et que le taux de chômage y est très bas – en dessous de 4 %. A côté des cohortes étoffées de l’immigration de travail, ils sont également nombreux à vouloir monter une affaire dans la Belle Province ou d’en reprendre une. Là encore, les opportunités sont là, mais le parcours doit être soigneusement balisé au préalable.Voilà qui a amené Xavier Chambon, entrepreneur français installé au Québec depuis 12 ans, à créer Classe Affaires.Classe Affaires organise des journées exploratoires de trois ou quatre jours au Québec pour des investisseurs potentiels, qui vont permettre à ces derniers de s’imprégner de la culture d’affaires locale, sans oublier le volet individuel d’une implantation, qui revêt parfois les traits d’une réelle expatriation.
Les visiteurs auront un aperçu de quelques points-clés en matière de planification financière, de budget familial, de fiscalité, d’ouverture de compte… et bien sûr aussi de différences culturelles.« Au Québec, on existe par ce qu’on fait et non par ce que l'on est » résume Xavier Chambon d’une manière imagée.Ces visites exploratoires permettent aussi de découvrir rapidement les deux pôles principaux du Québec : Montréal (plutôt tournée vers la haute technologie–intelligence artificielle en particulier) zone la plus plus peuplée, mais «quelque peu saturée et chère», et la métropole de la capitale provinciale, Québec, en pleine expansion. Une fois cette visite exploratoire passée, ceux qui confirment leur intention d'investir au Québec pourront être accompagnés dans la durée par Classe Affaires. Car une préparation plus ample est nécessaire. « Le profil type de celui qui réussit est un entrepreneur bien préparé et qui sait s’adapter », indique Xavier Chambon. Il convient de s’appuyer sur un réseau d’experts en amont (spécialistes de l’immigration) et en aval (avocat, fiscaliste, comptable…), que Classe Affaires peut coordonner. Moyennant quoi, « on se trouvera à portée de main du premier marché mondial essentiel ». Mais, « le Québec, même si on vous tend les bras d’entrée, se mérite », prévient Xavier Chambon. Une implantation sur place peut consister en une reprise d’entreprise car les opportunités sont nombreuses ; l’ouverture d’un commerce ou d’un service en franchise; ou une création ex nihilo. Beaucoup cherchent aussi un relais de croissance à une activité en France en ouvrant une filiale au Canada, dans un marché nord-américain très porteur.

Un designer ébéniste à Montréal

Patrick Darnis, designer ébéniste exerçant sa profession à Chambéry depuis 30 ans, a franchi le pas et s’est installé en août dernier à Montréal, muni d’un visa d’entrepreneur d’une durée de trois ans.
Patrick Darnis continue néanmoins ses activités en France, deux de ses collaborateurs continuant de servir une clientèle locale autour de Chambéry et d’Aix-les-Bains. Il exerce sous la marque Agem, du nom d’un fabricant de meubles sur mesure installé dans la Sarthe. Ses meubles sont produits pour les particuliers comme pour les professionnels (commerces et services). Agem a ainsi développé en France un réseau de 65 agences indépendantes, qui partagent cependant une identité et des actions de communication communes.
Patrick Darnis éprouvait le besoin d’affronter de nouveaux défis, et Agem – une société de 250 personnes – d’aller chercher en Amérique du Nord de nouveaux marchés. C’est ainsi qu’il développa en 2016 un projet d’implantation au Québec. Ce projet prit une forme concrète en août dernier, avec déménagement à la clé de la famille à Montréal.
Ce délai de deux ans fut mis à profit par l’intéressé pour se préparer à son nouvel environnement, avec le concours de Classe Affaires, qui le mit en relation avec son réseau d’experts là-bas (avocats en particulier), « car les lois fiscales, du travail… sont très différentes de celles qui ont cours en France ».
Le temps aussi de réaliser une petite étude de marché qui démontra que la concurrence des designers ébénistes québecois ne bénéficiait pas du précieux support d’un industriel tel qu’Agem. Ce qui permet aussi à Patrick Darnis d’obtenir son précieux visa d’entrepreneur car, pour aller au Canada, il faut montrer patte blanche, à savoir démontrer que l’on apporte « une vraie valeur ajoutée sur place » mais aussi que « son historique n’est pas négatif – casier judiciaire éventuel, dettes fiscales non honorées…
« Leur recherche d’immigration est sélective », résume Patrick Darnis.
Moyennant quoi, il traite déjà actuellement sa première affaire, et se félicite encore de l’état d’esprit des Québecois qui « sont ouverts et dépourvus de préjugés ». Il faut évidemment faire ses preuves ensuite…

Brésil : des perspectives intéressantes

Le Brésil est la première puissance économique d’Amérique latine, mais aussi le pays le plus vaste et le plus peuplé. Il est donc particulièrement digne d’intérêt pour la France, surtout sur le plan des affaires. Le sujet est souvent traité d’une manière caricaturale, en tous cas dans les « grands médias ». Aussi avons-nous décidé de réaliser pour vous une synthèse macro-économique et micro-économique sur la situation exacte du Brésil, ses perspectives, ainsi que, bien entendu, les opportunités qu’il offre pour nos entreprises.

On parle ou on écrit beaucoup sur le Brésil à propos de présidents destitués corrompus, voire déjà condamnés, comme Lula. Ou encore du nouveau chef de l’exécutif, Jair Bolsonaro, qui n’a pas beaucoup d’amis dans la presse occidentale, mais qui a cependant été largement élu par ses concitoyens à l’automne dernier.
Quoi qu’il en soit, le Brésil demeure une des super-puissances dites émergentes. Son industrie est solide et suffisamment diversifiée. Le pays dispose en outre de ressources minérales et agricoles considérables et diversifiées.
Très mal placé en revanche dans le fameux classement « Doing business » (125e rang sur 170 en 2017), l’ancienne colonie de l’Empire portugais fait cependant des efforts en matière de transparence et de lutte contre la corruption.
Son endettement est assez important (78 % en 2019) et à la hausse. Cependant, les créances seraient en grande partie détenues par des investisseurs domestiques. Comme les réserves de change couvrent actuellement plus de deux ans d’importations, on voit qu’il n’y a pas péril en la demeure de ce point de vue-là, même si la charge des intérêts de la dette plombe le solde public (9 % en 2016 au moment du pic de la crise économique, 6 % aujourd’hui).
Notons que les banques qui réalisent de bonnes marges dans un contexte de taux d’intérêt très élevés, semblent solides. Cependant, l’inflation demeure soutenue (4,2 % prévus cette année par Coface) et contrecarre l’amélioration de la compétitivité apportée par la dépréciation du Real.
Le nouveau gouvernement souhaite s’atteler à différentes réformes, d’inspiration libérale, comme celle des retraites, dont les comptes sont largement déficitaires. Il désire également privatiser plusieurs entreprises du secteur afin, principalement, de désendetter l’Etat et d’améliorer le solde public.
Le retour à une relative stabilité politique s’ajoute à ces évolutions pour contribuer à une hausse de la croissance, estimée à 2,5 % en 2019, après une quasi-stagnation durant les trois années précédentes et un fort recul de 2014 à 2016.
Malgré tout, le chômage reste élevé (plus de de 10 % de la population active). Peut-être parce que, comme l’analyse Coface, les coûts de production, particulièrement salariaux, sont élevés et le système éducatif inadéquat pour former des personnels qualifiés.

France-Brésil : un commerce extérieur excédentaire

Le commerce bilatéral franco-brésilien nous est favorable. Certes, le Brésil n’est que notre 22e client, mais il est le premier en Amérique du Sud, et – qui plus est – nous procure un solde positif. C’est assez rare pour être souligné.
Après une baisse liée aux difficultés économiques de notre partenaire, nos ventes avaient atteint 4 514,8 millions d’euros en 2018 (+8 %), face à des importations valorisées à 3 011,9 millions d’euros (+2 %). Dès lors, notre excédent ressortait à1 502 millions.
Business France souligne que le profil de nos exportations vers le Brésil est « […] plus qualitatif que vers le reste du monde, avec 94% de biens à contenu de moyenne et haute technologie (21 %) ». Du côté des importations en revanche, le Brésil nous expédie essentiellement des produits primaires et fossiles (31,5 %), des matériels de transport (34 %), des équipements technologiques (21 %), des produits de l’industrie agro-alimentaire (27 %) ou encore semi industrialisés comme le bois et le papier (16 %).
Nous avons toujours figuré parmi les premiers fournisseurs du Brésil ces dernières années, et troisième parmi les pays de l’UE, derrière l’Allemagne et l’Italie, avec une part de marché plutôt en baisse, autour de 2,5%. 

Un stock français d’IDE significatif

On sait que nos géants tricolores ont investi au Brésil et d’une manière importante, cela depuis de nombreuses années (Carrefour, Renault, Legrand…). Dans ces conditions, la France est statistiquement le 5e investisseur dans le pays amazonien depuis 2010 en termes de stock d’IDE (28,5 milliards de dollars US). Cela représente 6 % des IDE là-bas, derrière les Pays-Bas, les USA, l’Espagne et le Luxembourg. Comme une partie des investissements tricolores ont « transité » par les Pays-Bas et le Luxembourg, Business France estime que les IDE d’origine française devraient plutôt se situer « à la troisième ou à la quatrième place » en stock.
En termes de flux, le Brésil est le premier pays émergent destinataire actuel de nos flux et le 11e mondial. Localement, nous sommes actuellement comptés en 6e position des flux entrants, derrière l’Allemagne. 52 % des stocks français d’IDE sont affectés au secteur des services, 25 % à la finance, 12 % à l’automobile, 10 % au commerce de détail, mais surtout 35 % à l’industrie manufacturière et 9 % à l’industrie extractive.


Au-delà des idées reçues

Cela fait du bien de s’entretenir avec des personnes qui sont sur le terrain, loin des clichés administrés par les grands médias. Leur aveuglement, criant dans l’affaire Dupont de Ligonnès, l’est tout autant dans l’analyse de la situation internationale. Ainsi en est-il pour le Brésil, où le président Jair Bolsonaro – il ne s’agit pas ici de le défendre – est accusé de faire brûler la forêt amazonienne en raison de décisions qu’il aurait prises depuis son arrivée au pouvoir en janvier dernier.
Or, et c’est là un point faible du Brésil pour ceux qui veulent s’y implanter, tout est très lent sur le plan administratif, y compris les mesures mises en place par tout le gouvernement. Ainsi Nathalie Vanegas, qui est agent sur place de Tifanette, société qui exporte des fruits frais français à travers le monde et en particulier en Europe du Sud, nous le confirme en ces termes : « le nouveau Président avait promis, à son arrivée au pouvoir, de réduire les impôts sur les entreprises qui exportent et nous attendons toujours ».
D’une manière générale, « le Brésil est compliqué du point de vue administratif; on n’ouvre pas une société en 48 heures comme aux Etats-Unis », remarque-t-elle. Cet inconvénient est en revanche, un avantage pour ceux et celles qui sont plus persévérants, comme Nathalie Vanegas, puisque la concurrence sur un même créneau en est freinée.
Cependant, note-t-elle, « les habitants sont enthousiastes, énergiques, en particulier dans le monde des affaires et il existe dans ce pays immense de nombreuses opportunités de business ». Elle relève de plus que « le relationnel s’avère plus simple qu’en France, se traduisant par un accès plus aisé au sommet de la hiérarchie des entreprises ». Quant aux étrangers, « ils sont bien accueillis ». En tout cas, Nathalie Vanegas s’y est plue, puisque, après deux ans passés comme VIE à Sao Paolo, elle est revenue s’y installer en février dernier et est devenue l’agent pour le Brésil et une bonne partie de l’Amérique du Sud de Tifanette, son entreprise d’accueil lorsqu’elle était VIE. Ses clients sont des importateurs, des grossistes, des supermarchés, auprès desquels elle commercialise des fruits frais, traditionnels ou bio.
En sens inverse, elle contribue à l’exportation de fruits tropicaux en Amérique du Nord, en Europe, en Russie et même en Asie.
Recherchant désormais « un portfolio plus ample », elle veut monter une société de négoce, plus adaptée au développement de ses activités, en association avec un ancien transitaire spécialisé, toujours dans le domaine agro-alimentaire, vocation de Nathalie Vanegas depuis ses études à l’agro-campus de l’université de Rennes.


GOL : un acteur majeur du transport aérien au Brésil

Conquérir : Pouvez-vous nous faire une présentation générale de la compagnie (lignes opérées, nombre d'avions...)

Eduardo Bernades : GOL est la plus importante compagnie aérienne au Brésil, transportant plus de 33 millions de clients par an. Elle est aussi leader sur les marchés du tourisme de loisir et du tourisme d’affaires dans le pays. En 18 ans d’histoire, la compagnie aérienne a joué un rôle clé dans la démocratisation du transport aérien au Brésil. Actuellement, elle propose 750 vols quotidiens vers 76 destinations - au Brésil, en Amérique du Sud, dans les Caraïbes et aux États-Unis - avec une flotte standardisée de 127 Boeing 737. La compagnie a des alliances stratégiques avec Air France et KLM, en plus d'offrir aux clients 12 accords de partage de codes et plus de 80 accords interlines, apportant ainsi plus d’opportunités et facilitant les correspondances vers les destinations desservis par ces partenariats.
#NovaGOL renforce ce concept en présentant une entreprise leader sur différents aspects: sièges confortables, connectivité et divertissement, offrant la plate-forme la plus complète avec Internet, des films et une télévision en direct gratuite ; une offre de salons VIP pour les vols domestiques et internationaux, le meilleur programme de récompenses sur le marché (Smiles), et un service client reconnu et récompensé par divers organismes, telles que l'ANAC (Agence nationale de l'aviation civile du Brésil), le site Web de défense des consommateurs Reclame Aqui et le Forum brésilien des relations avec le client. En ce qui concerne le transport de marchandises et la logistique, GOLLOG permet l’acquisition, la distribution et la livraison de colis pour diverses régions du pays et à l’étranger. En interne, GOL s'appuie sur une équipe de 15 000 professionnels de l'aviation, des employés hautement qualifiés et soucieux de la sécurité, qui constitue la valeur numéro un de la compagnie aérienne.

Conquérir : Pouvez-vous évoquer votre partenariat avec Air France et les avantages pour les voyageurs professionnels, en particulier se rendant au Brésil ?

Eduardo Bernades : En partenariat avec Air France- KLM, nous disposons de la meilleure combinaison de services et de produits, avec une synergie commerciale et un réseau intégré. Ensemble, les compagnies couvrent plus de 99% de la demande entre le Brésil et l'Europe. Il existe plus d'un millier de vols en partage de code dans 18 pays différents. En outre, nous venons de terminer cinq années de partenariat fructueux et stratégique, noué avec le partenariat et la collaboration d’équipes commerciales, alliances et aéroports. Plus de 1,5 million de passagers ont été transportés au cours de cette période. Et à la suite de ce partenariat, les compagnies ont lancé il y a un an un hub stratégique commun à Fortaleza, dans le nord-est du Brésil.


Conquérir : Avez-vous des nouveautés particulières à nous indiquer pour les prochains mois ?

Eduardo Bernades : Au cours des cinq dernières années, GOL a beaucoup investi dans des solutions offrant davantage de bénéfices, rationalisant les processus, optimisant les délais et offrant plus de commodité aux voyageurs d'affaires. Par exemple, les clients ont une meilleure expérience à bord, avec des sièges plus ergonomiques, plus spacieux et plus confortables. La plate-forme de divertissement et de connectivité la plus complète (GOL Online), i comprend une connexion Internet pendant tout le vol vers toutes les destinations du pays et de l'étranger. Télévision en direct et films gratuits. La compagnie propose également une prise USB pour recharger tous les appareils pendant le vol, ainsi, les voyageurs d'affaires ne sont jamais déconnectés, des salons VIP (salons GOL Premium) situés dans les terminaux nationaux et internationaux de Sao Paulo et de Rio de Janeiro. En outre, GOL propose également des fonctionnalités telles que l'application mobile pour la gestion des voyages et des avantages exclusifs pour les clients Diamond (programme de récompenses Smiles) et l'embarquement prioritaire.
En particulier pour les petites et moyennes entreprises, GOL a lancé VoeBiz en partenariat avec Air France et KLM, qui permet à la société/client ainsi qu’aux collaborateurs de gagner des points lors de leurs déplacements professionnels et de les échanger contre de nouveaux billets. Aujourd'hui, ce programme regroupe plus de 15 000 petites et moyennes entreprises enregistrées. GOL compte également 500 contrats d'entreprise bénéficiant de son réseau et d'accords mondiaux, qui offrent des voyages encore plus intégrés à travers le monde et constituent la meilleure solution pour les voyageurs d'affaires. GOL a également des équipes dédiées pour assister les voyageurs d’affaires et dispose du meilleur taux NPS, qui mesure la satisfaction des voyageurs d’affaires.
Ces produits et services sont également associés à un réseau robuste, avec des correspondances plus rapides et plus efficaces dans les principaux hubs (GRU, GIG, BSB, FOR) avec des horaires adaptés, en plus de partenariats avec des sociétés régionales telles que Passaredo et Two Flex, ainsi qu’avec des compagnies internationales comme Air France et KLM.

Conquérir : Parlez-nous de vos produits, avant tout, ceux destinés aux voyageurs d'affaires.

Eduardo Bernades : Toujours en recherche de compétitivité, GOL évalue en permanence de nouvelles opportunités, pour offrir encore plus d’options de vol à ses clients. GOL a connu une augmentation importante de son réseau, en particulier au cours du dernier trimestre, avec des investissements dans les principaux hubs - GRU (aéroport international de São Paulo), GIG, (aéroport International de Rio), BSB (aéroport de Brasilia), CGH (principal aéroport domestique à Sao Paulo)afin de renforcer les activités nationales et internationales. En juillet, GOL a lancé le vol direct Brasilia-Cancún ainsi que la route reliant Recife à Santiago (Chili) - GOL est la seule compagnie aérienne à relier le nord-est à la capitale chilienne. Les attentes pour le second semestre de l’année sont très positives pour GOL, tant dans le secteur des loisirs que dans celui de l’activité, où l’entreprise est le leader du marché. En décembre, GOL lancera de nouveaux vols entre São Paulo et Lima (Pérou).

Maroc : un enracinement affirmé en Afrique

En dépit de difficultés sociales et identitaires en 2017 dans le Rif, qui semblent s’être atténuées depuis, ainsi que de sa sensibilité aux aléas climatiques, le Maroc tire correctement son épingle du jeu, en développant les accords de libre-échange avec de nombreux partenaires – l’Union européenne ou le Moyen Orient principalement, et en développant son influence en Afrique subsaharienne.

Dans ces conditions, Coface, assureur-crédit spécialisé dans la couverture des risques à l’export, attribue la flatteuse note A4 à la fois au risque pays et à l’environnement des affaires de notre voisin d’outre-Méditerranée. C’est rarissime sur le continent africain. Bien sûr, le Maroc bénéficie de sa proximité avec le marché européen, et d’une stratégie de montée en gamme de sa production dans l’industrie, relève Coface. Mais le royaume chérifien a su également prospérer au sud, dans un continent en forte croissance. De plus, le pays s’avère stable politiquement, grâce à un roi davantage présent aux commandes qu’à ses débuts et en dépit d’une instabilité ministérielle fréquente… Cependant, l’agriculture, qui constitue encore une partie importante du PIB, subit les aléas du climat, quant aux céréales en particulier. La sécheresse pesa ainsi lourdement sur le PIB en 2016 (+1,2% seulement) et des pluies bienfaisantes le propulsèrent au contraire à un joli +4,3% en 2017.
Tout ne va pour le mieux pour autant. Le taux de pauvreté demeure significativement élevé, surtout dans certaines régions, de même que le taux de chômage.
La hausse du PIB agricole (+15,1%) a donc dopé le PIB global en 2017. Cependant, d’autres secteurs se sont aussi montrés dynamiques, à l’exemple des industries manufacturières et des services – touristiques en particulier, relèvent encore en substance les experts de Coface. En revanche, la construction reculait, à l’image du marché immobilier résidentiel.
Un régime pluvieux moins favorable, mais pas catastrophique, va aboutir en 2018 à une croissance vraisemblablement un peu moins tonique (2,5%/3%).
La diversification de l’économie chérifienne contribue à tempérer ces effets de balancier. De plus, la consommation reste tonique. Quant à la politique d’investissement, elle est expansive, selon le terme de Coface. On pense par exemple aux grands projets aéroportuaires de Tanger et de Nador. L’investissement public est complété par ceux du secteur privé, stimulés par une politique fiscale accommodante, comme on dit de nos jours. Les exportations sont également tirées à la hausse par des partenaires commerciaux eux-mêmes en bonne forme.
Des comptes publics contrôlés

Du côté des finances publiques, les experts de Coface sont plutôt positifs. La dette publique, légèrement haussière, devrait dépasser les 65 % du PIB à fin 2018, avec un solde public déficitaire en revanche en recul à 3,5 % du même PIB.Les dépenses publiques sont portées par les investissements des entreprises appartenant au secteur de l’Etat, ainsi que par celles de fonctionnement, tirées par les embauches dans l’Education nationale. Cependant, les puissances publiques s’endettent essentiellement sur le marché domestique, et à des conditions, pour le moment, avantageuses.Quant au commerce extérieur, c’est plutôt un point noir, à tout le moins gris, en particulier en raison de la hausse du prix des hydrocarbures, et malgré la poussée des exportations agroalimentaires, automobiles et même aéronautiques. Le phosphate saharien a également vu ses ventes augmenter.
Les comptes extérieurs sont surtout sauvés par l’augmentation des recettes touristiques, celle des transferts des expatriés et ainsi que par la hausse des IME. La flexibilisation du régime des changes, qui avait été un temps envisagée, et dont l’annonce avait créé quelques remous, a été repoussée.

Commerce extérieur : une part de marché tricolore en baisse

L'expansion économique du continent africain ainsi que les énormes ressources de son sous-sol attirent les convoitises. La Chine y est, en particulier, de plus en plus active. Dès lors, l'omniprésence de la France dans ses anciennes colonies, tant décriée naguère, décroît régulièrement, au profit d’autres nations européennes ou extra-européennes, dont la Chine précisément.Le Maroc ne fait pas exception à la règle. Ainsi, notre part de marché dans les importations du royaume chérifien est-elle certes toujours significative, mais en recul. Dans la décade 2006-2015, nos exportations ont progressé de 1,7 % par an en moyenne, contre 6,4 % pour l'ensemble des achats marocains, toujours en moyenne annuelle.
Aujourd’hui, nous sommes presque talonnés par la Chine (8,2 % de parts de marché en 2015, et troisième fournisseur). L’Espagne, proche voisin du Maroc, il est vrai, tend à nous damer le pion désormais, et est devenue le premier partenaire commercial (achats comme ventes) du pays de l’Atlas. Notre solde bilatéral est en général légèrement excédentaire (24,8 millions d’euros par exemple en 2016).Tout dépend beaucoup de nos exportations de céréales. Lorsque la sécheresse s’abat sur le Maroc, il s’approvisionne à l’extérieur pour cette denrée essentielle. Et ce fut le cas en 2016.Le premier poste de nos exportations est celui des équipements mécaniques, du matériel électrique et électronique (1 206 millions d’euros en 2016), devant les matériels de transport (731 millions en 2016), et les produits agricoles au sens large (548,9 millions en 2016). L’agrégat des autres produits industriels culminait à 1 502 millions d’euros il y a deux ans.De notre côté, nous importons d'abord des matériels de transport : automobile, en particulier, à hauteur de 1 358 millions d'euros en 2016, devant les produits agricoles (689 millions) puis les équipements mécaniques, les matériels électriques, électroniques et informatiques (566 millions d’euros). L’agrégat des « autres produits industriels » atteignait 308 millions d’euros, toujours en 2016, où nous avons vendu globalement pour 4 273 millions d’euros, et acheté pour 4 248 millions d’euros. Un commerce très équilibré en fin de compte.

La France toujours bien placée

Le stock d'IDE français au Maroc s’élevait, selon la Banque de France, à 9,3 milliards d'euros fin 2015, soit 57,4 % du stock total de nos investissements en Afrique du Nord, et 18,7 % de celui du continent africain. Et il est vrai que le Maroc est un des pays les plus attractifs dudit continent. Notre stock d’IDE était en 2015 d’abord fixé dans l’industrie (41,4 %), suivie de l’immobilier (29,5 %), des activités financières (8,6 %), enfin un secteur de l’énergie, de l’eau et de l’assainissement, loin devant l’hôtellerie (2 %). Quand on parle en industrie, il s’agit principalement du secteur agroalimentaire.En termes de flux, la France reste également un des acteurs majeurs en termes d’IDE au Maroc. Ainsi, toujours en 2015, malgré une forte baisse alors par rapport à 2014, les acteurs français avaient investi 5,2 milliard de MAD, juste derrière les Emirats Arabes Unis (6,3 milliards de MAD) et devant les Etats-Unis (3,6 milliards de MAD).
L’Espagne se montre également généralement très active.

République tchèque : une économie solide hors zone Euro

On parle peu de la République tchèque. Certes, c'est un pays de taille relativement réduite - environ 80 000 km2 pour 10,5 millions d'habitants. Séparée de la Slovaquie, peu après la dislocation de l'Europe de l’Est, son économie est cependant extrêmement solide, et surtout son taux de chômage est actuellement le plus bas de l’Union européenne (2,3 % en septembre dernier). De quoi nous donner envie d’en savoir plus sur ce pays.

Ce taux de chômage extrêmement bas est à rapprocher d'une singularité relative dans l’UE, à savoir que la République tchèque a pour le moment conservé sa monnaie, la couronne, et corollairement, la Banque centrale tchèque, son indépendance. L’instance monétaire suprême en a profité pour mener une politique active de soutien à la croissance dans la première moitié de la présente décennie. Cette croissance a ainsi atteint 4,3 % en 2017, avant de redescendre à 2,9 % l’an dernier, une performance qui pourrait être renouvelée l’an prochain, selon Coface.Après avoir soutenu l'activité économique pendant plusieurs années, la Banque centrale a cependant levé le pied à partir de 2017, en relevant lentement ses taux d’intérêt. Ce qui a contribué à l'appréciation de la couronne, déjà recherchée. Le gouvernement a assoupli quelque peu sa politique budgétaire depuis, tout en veillant à conserver l’équilibre – le solde est toujours positif depuis plusieurs années (1,5 % en 2018), tandis que le ratio dette publique/PIB devrait encore régresser à 32,9 % en 2019 selon Coface. L’économie tchèque pourrait cependant voir ses performances reculer en 2019, sous l’effet d’une part du ralentissement du commerce mondial, d’autre part de l’affaiblissement conjoncturel de l’économie allemande. Or, l’économie du pays de Vaclav Havel est très dépendante du commerce extérieur, qui représente 80 % de son PIB.
Le secteur automobile – on le sait très puissant depuis l’avant-guerre, pèse pour 10 % du PIB, la production étant essentiellement écoulée en Europe.Plus généralement, l'industrie tient une place bien plus importante que la moyenne des pays de l’Union européenne (environ 34 %), à tel point que le gouvernement tchèque souhaite renforcer la part du tertiaire et des services ! Le contraire de ce qui se passe en France !
Tout en s’appuyant sur les fondamentaux de l’économie, les gouvernements tchèques ont, depuis 2014, axé leurs programmes sur la promotion de l’entrepreneuriat et l’investissement, rappellent les experts de Business France. Parallèlement, ils ont veillé à moderniser l’administration publique, de telle sorte qu’elle devienne davantage fonctionnelle et transparente. Le système de retraite a également été modernisé, afin de garantir sa durabilité sur le long terme, indique encore Business France. Cela, alors que la population tend à vieillir, et que le taux de fécondité se situe à 1,6 avec un faible apport migratoire. D’où des tensions sur le marché de l'emploi. Le secteur – principalement contrôlé par des capitaux étrangers, dont ceux de Société Générale, est très solide selon Coface.

La France très présente

Le commerce extérieur, on l’a vu, est le poumon du pays. Il est régulièrement excédentaire. Ses exportations sont principalement centrées sur les biens manufacturés et les matériels de transport, et destinés pour plus de 80 % à l’UE, l’Allemagne en absorbant une grande partie.Les échanges extérieurs sont dynamiques (+5,6 % pour les exportations et 6,3 % en 2017), rappelle Business France. Et le solde est régulièrement excédentaire (6 milliards d’équivalents–euros, toujours en 2017). L'Allemagne se taille la part du lion parmi les partenaires de la République tchèque (32,3 % des exportations de cette dernière, et 26 % des importations), devant la Slovaquie, la Pologne, le Royaume-Uni et la France. Ses excédents sont élevés vis-à-vis de l’Allemagne, de la Slovaquie… et de la France. Cependant, le pays du Printemps de Prague s’emploie à diversifier sa clientèle et ses fournisseurs. La Chine a atteint ainsi 12 % des importations tchèques récemment !
Le point fort de la République tchèque, à savoir notamment les matériels de transport et les machines, est également son talon d’Achille, comme celui de l’Allemagne. Les matériels de transport représentent, en effet, 57 % du total des exportations (données de 2017), et les biens manufacturés 15 %. Ses usines produisent régulièrement plus de 1,3 million de véhicules et emploient la bagatelle de 150 000 salariés. La France figurait au sixième rang des fournisseurs de la République tchèque en 2017, avec 4,7 % de parts de marché. C'est insuffisant pour couvrir nos importations – principalement des équipements mécaniques, électriques, électroniques et bien sûr des automobiles. Depuis la France, nous vendons d’abord des véhicules (17 % du total), de l’électronique (12 %), des machines (11,6 %), des produits pharmaceutiques (8,2 %), des cosmétiques (5,5 %).Bien entendu, le partenariat économique fort entre nos deux pays rend difficile la lecture du bilan réel de nos échanges. La France déploie plus de 500 implantations en République tchèque, employant près de 100 000 personnes. Nous sommes le troisième investisseur étranger en stocks. On pense à Komercni Banka (Société Générale), à Lagardère avec ses radios, à Veolia, à Suez, mais aussi à Havas ou encore à Sanofi. Nous sommes particulièrement implantés dans la gestion des eaux, la rénovation des autoroutes, la réduction des émissions des centrales électriques au charbon… voire dans l’aviation (contrôle aérien… et aéroport de Prague !) Tous ces éléments sont synthétisés par Business France.
La République tchèque est attractive, par sa position au centre de l’Europe, pour le dynamisme de son économie, la qualité de sa main-d’œuvre et aussi par sa position de 27e sur 190 en 2017 dans le très consulté classement Doing Business. Les investisseurs étrangers trouvent particulièrement un intérêt dans l’industrie manufacturière, l’activité financière ou assurancielle, le commerce de gros ou de détail ou encore l’immobilier.En 2017, le stock d’IDE atteignait plus de 108 milliards d’équivalents euros. L’Allemagne arrive largement en tête, avec plus de 35 milliards d’euros, devant la France, talonnée par la Corée du Nord (un peu plus de 14 milliards chacune).
Si l’on considère les flux entrants, le secteur manufacturier pointait toujours en tête en 2016, devant la finance et les activités d’assurance.Parmi les recommandations pratiques pour ceux et celles qui veulent faire des affaires en République tchèque, Business France estime que « l’intermédiation est souvent une formule avantageuse là-bas ». L’expérience prouverait qu’une fois la relation établie, les intermédiaires commerciaux seraient plutôt fidèles.

Etats-Unis : un marché difficile mais attractif, les atouts du grand New York

Notre part de marché dans les importations aux Etats-Unis (1,7%) est relativement faible. La France n’est que le huitième fournisseur mondial des US et le troisième européen, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Cependant, compte tenu de la puissance des Etats-Unis et du montant de leurs exportations (2900 mds USD en 2017), le montant de nos ventes est significatif en valeur absolue – 34 milliards d’euros, soit 7,3% des exportations françaises totales.
Nos trois premiers secteurs d’exportation étaient l’an dernier pour un quart les matériels de transport (avions, navires…), devant les machines et équipements (18,4%) puis l’agro-alimentaire (12,4%). L’an dernier, l’agro-alimentaire précisément (+4,9%), et surtout les produits chimiques, parfums et cosmétiques (+11%) avaient le vent en poupe.
Notons que les entreprises de l’industrie pharmaceutique réalisent 10% de leurs ventes totales à l’étranger dans le pays de Washington. Ces exportations sont d’ailleurs pour une bonne part le fait… de filiales US en France !
Notre part de marché globale est restée relativement stable en 2017, en dépit d’une croissance totale soutenue – de 5%– des importations US. Nos échanges croisés de biens et de services représentent désormais environ 120 milliards d’USD selon Eurostat. Les filières de l’énergie et de l’aéronautique correspondent pour un tiers à ces échanges. Notre balance commerciale est souvent excédentaire – fait notable à souligner. En 2016, elle atteignait 3,6 milliards de dollars. Cet écart positif est principalement dû aux performances de nos secteurs des vins et spiritueux (+3,2 milliards d’USD) ou de la parfumerie-cosmétique (+1,1 milliards d’USD), à parité avec la pharmacie.
En revanche, nous enregistrons un déséquilibre pour ce qui est des machines et matériels électriques ou électroniques (2,5 milliards d’USD), de l’aéronautique (1,7 milliard) ou encore de l’énergie (1,6 milliard).

Retour d’estime pour New York et le Texas

Le Texas et la Californie « sont au cœur de la relation commerciale transatlantique », affirme, chiffres à l’appui, Business France. Le Texas est le premier exportateur de biens vers notre pays – industrie du pétrole aidant – et la Californie le premier importateur de l’Hexagone. 24 000 entreprises françaises sont à l’origine de nos ventes au pays de Appalaches – nombre significatif puisque représentant environ 20% de celles qui travaillent à l’international.
Les IDE croisées sont très importantes également. Notre stock aux Etats-Unis s’élevait à 251 milliards d’USD en 2015, dont 106 dans l’industrie, soit en cinquième position derrière le Royaume-Uni (569 milliards), le Japon (414), le Canada et l’Allemagne (318 milliards). Les 4800 filiales d’entreprises françaises emploieraient actuellement près de 600 000 personnes aujourd’hui. La réciprocité est quasi à l’identique, puisque 4600 filiales d’entreprises américaines dans l’Hexagone feraient travailler un peu moins de 500 000 salariés chez nous. On parle toujours de la Californie et de sa Silicon Valley et de nouveau du Texas avec le gaz de schiste. Cependant, d’autres zones sont à considérer avec attention, selon les secteurs où l’on souhaite se positionner.
Nous avons souhaité cette fois-ci porter notre attention sur le Grand New York (New York, New Jersey et Connecticut) principalement axé sur les services, l’innovation, la haute technologie, la pharmacie et la distribution de gros.


Henri Baïssas : il faut des références et un bon marketing !

Nous nous sommes entretenus avec Henri Baïssas, directeur de la zone Amérique du Nord à Business France, sur les opportunités et les freins d’une implantation aux Etats-Unis, en particulier dans la région de New York.

Conquérir : Pourquoi et comment faut-il aborder les Etats-Unis ?

Henri Baïssas : C’est un territoire immense et un marché colossal. C’est pourquoi il faut s’y intéresser dans le cadre du développement de son entreprise, en ayant en ligne de mire une implantation, car les exportations classiques ne resteront que ponctuelles sans cela. Bien entendu, il faudra choisir avec soin son point de chute de départ, d’où l’on pourra rayonner ensuite…
Il faut observer à cet égard que l’on peut définir à grands traits trois grandes zones d’attractivité aux USA.
Tout d’abord la côte est, autour de New York en particulier, qui concentre 110 millions d’habitants et qui a l’avantage d’une relative proximité avec l’Europe. Nous y reviendrons plus en détail ensuite.
En deuxième lieu, la côte ouest, avec à peu près 50 millions d’habitants et un PIB quasiment identique à celui de la France. Cette région se caractérise par son ouverture à l’innovation, et par l’importance qu’y ont pris les techs…
Enfin, ce que j’appellerais les USA du milieu, que je schématiserais en deux sous-zones :
La partie nord, ancien cœur industriel, en particulier de l’automobile, qui a souffert, à l’image de Detroit, mais qui demeure cependant un pôle significatif.
La partie sud, qui, elle, se développe rapidement dans le secteur industriel autour de Mobile (Alabama) où l’on remarque par exemple l’implantation d’Airbus. Et autour d'Atlanta (Georgie) et des Etats voisins avec, entre autres, ses usines automobiles (BMW en Caroline du Sud notamment).
Ces zones brossées à grands traits représentent des marchés à aborder d’une manière différenciée en termes de comportement par rapport à l’innovation.

Conquérir : Sur quels critères se fonde-t-on pour choisir telle ou telle région que vous avez mentionnée ?

Henri Baïssas : Cela dépend essentiellement de l’activité que l’on souhaite y développer. Ainsi, si l’on est une smart industrie, on ira plus volontiers vers le centre des Etats-Unis (Chicago, Atlanta…). Pour la mode et les médias, la côte est reste en revanche un marché de prédilection. C’est là où se trouvent les principaux donneurs d’ordre en la matière.
Quant aux starts-up, c’est dans la région de San Francisco et la Silicon Valley qu’on les trouve toujours en plus grand nombre. Cependant, le flux vers New York est désormais supérieur à celui vers la Californie…

Conquérir : …pourquoi ce revirement ?

Henri Baïssas : Il y a plusieurs raisons à cela. J’en évoquerais principalement trois :
Tout d’abord la vraie émergence d'un écosystème tech sur New York.
Ensuite, la relative proximité de la côte est par rapport à l’Europe.
Enfin, des coûts salariaux ou d’implantation relativement moindres…

Conquérir : …relativement ?

Henri Baïssas : Relativement, car la fiscalité new-yorkaise, les coûts salariaux… sont quand même très élevés. Pour engager et retenir des collaborateurs qualifiés, il faut les payer cher, car le turn-over est élevé. Le rapport à cet égard est d’environ deux à trois par rapport à la moyenne française. Dès lors, une implantation dans la région de New York est uniquement opportune pour des entreprises de haute technologie ou service à forte valeur ajoutée. Si l’on produit des biens de consommation et que l’on a besoin d’entrepôts de logistique, de surfaces de stockage… mieux vaut aller à Miami ou à Atlanta, voire encore à Philadelphie. Pour les véhicules automobiles autonomes par exemple, le Michigan fera davantage l’affaire… et ainsi de suite.
Quant à New York, c’est une bonne idée pour les éditeurs de solutions. People Doc y a, par exemple, très bien réussi.

Conquérir : Quelques mots sur l’implantation française dans la région de New York ?

Henri Baïssas : Nous évaluons le nombre d’entreprises françaises implantées sur place à 500, essentiellement dans les métiers de services, mais aussi les starts-up, et avec 200 sociétés de la french tech qui y préparent leur décollage mondial.

Conquérir :  Quand et comment sauter le pas vers les Etats-Unis ?

Henri Baïssas : Les USA sont tentants, le marché est fabuleux. Beaucoup d’entreprises tricolores y réussissent et rebondissent ensuite ailleurs après s’être frottées à ce marché très exigeant. Cependant, réussir aux Etats-Unis suppose trois préalables.
D’abord posséder un véritable atout différentiel marketing, qui permettra de se démarquer de la concurrence. Ce qui suppose de bien connaître le marché.
Ensuite, disposer de références sur le marché français, qui « parlent » au marché américain. Je pense à cet égard à un éditeur de solution de e-procurement destinée aux acheteurs, IValua qui a fait venir un client français connu outre-Atlantique pour convaincre de grandes entreprises américaines. Quant à PeopleDoc, elle a mis en avant comme référence Starbucks qui était pourtant un client relativement modeste pour elle en France, mais qui est un nom qui évidemment résonne aux oreilles des Nord-Américains.
Enfin, il faut donner des gages de pérennité de son implantation aux Etats-Unis, en ayant une vision à quelques années de son développement. Moyennant quoi, la rentabilité est souvent là, avec parfois un démarrage moins rapide que prévu, mais souvent des accélérations tout aussi inattendues par la suite.

Propos recueillis par Alain Gazo


 

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