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République tchèque : une économie solide hors zone Euro

On parle peu de la République tchèque. Certes, c'est un pays de taille relativement réduite - environ 80 000 km2 pour 10,5 millions d'habitants. Séparée de la Slovaquie, peu après la dislocation de l'Europe de l’Est, son économie est cependant extrêmement solide, et surtout son taux de chômage est actuellement le plus bas de l’Union européenne (2,3 % en septembre dernier). De quoi nous donner envie d’en savoir plus sur ce pays.

Ce taux de chômage extrêmement bas est à rapprocher d'une singularité relative dans l’UE, à savoir que la République tchèque a pour le moment conservé sa monnaie, la couronne, et corollairement, la Banque centrale tchèque, son indépendance. L’instance monétaire suprême en a profité pour mener une politique active de soutien à la croissance dans la première moitié de la présente décennie. Cette croissance a ainsi atteint 4,3 % en 2017, avant de redescendre à 2,9 % l’an dernier, une performance qui pourrait être renouvelée l’an prochain, selon Coface.Après avoir soutenu l'activité économique pendant plusieurs années, la Banque centrale a cependant levé le pied à partir de 2017, en relevant lentement ses taux d’intérêt. Ce qui a contribué à l'appréciation de la couronne, déjà recherchée. Le gouvernement a assoupli quelque peu sa politique budgétaire depuis, tout en veillant à conserver l’équilibre – le solde est toujours positif depuis plusieurs années (1,5 % en 2018), tandis que le ratio dette publique/PIB devrait encore régresser à 32,9 % en 2019 selon Coface. L’économie tchèque pourrait cependant voir ses performances reculer en 2019, sous l’effet d’une part du ralentissement du commerce mondial, d’autre part de l’affaiblissement conjoncturel de l’économie allemande. Or, l’économie du pays de Vaclav Havel est très dépendante du commerce extérieur, qui représente 80 % de son PIB.
Le secteur automobile – on le sait très puissant depuis l’avant-guerre, pèse pour 10 % du PIB, la production étant essentiellement écoulée en Europe.Plus généralement, l'industrie tient une place bien plus importante que la moyenne des pays de l’Union européenne (environ 34 %), à tel point que le gouvernement tchèque souhaite renforcer la part du tertiaire et des services ! Le contraire de ce qui se passe en France !
Tout en s’appuyant sur les fondamentaux de l’économie, les gouvernements tchèques ont, depuis 2014, axé leurs programmes sur la promotion de l’entrepreneuriat et l’investissement, rappellent les experts de Business France. Parallèlement, ils ont veillé à moderniser l’administration publique, de telle sorte qu’elle devienne davantage fonctionnelle et transparente. Le système de retraite a également été modernisé, afin de garantir sa durabilité sur le long terme, indique encore Business France. Cela, alors que la population tend à vieillir, et que le taux de fécondité se situe à 1,6 avec un faible apport migratoire. D’où des tensions sur le marché de l'emploi. Le secteur – principalement contrôlé par des capitaux étrangers, dont ceux de Société Générale, est très solide selon Coface.

La France très présente

Le commerce extérieur, on l’a vu, est le poumon du pays. Il est régulièrement excédentaire. Ses exportations sont principalement centrées sur les biens manufacturés et les matériels de transport, et destinés pour plus de 80 % à l’UE, l’Allemagne en absorbant une grande partie.Les échanges extérieurs sont dynamiques (+5,6 % pour les exportations et 6,3 % en 2017), rappelle Business France. Et le solde est régulièrement excédentaire (6 milliards d’équivalents–euros, toujours en 2017). L'Allemagne se taille la part du lion parmi les partenaires de la République tchèque (32,3 % des exportations de cette dernière, et 26 % des importations), devant la Slovaquie, la Pologne, le Royaume-Uni et la France. Ses excédents sont élevés vis-à-vis de l’Allemagne, de la Slovaquie… et de la France. Cependant, le pays du Printemps de Prague s’emploie à diversifier sa clientèle et ses fournisseurs. La Chine a atteint ainsi 12 % des importations tchèques récemment !
Le point fort de la République tchèque, à savoir notamment les matériels de transport et les machines, est également son talon d’Achille, comme celui de l’Allemagne. Les matériels de transport représentent, en effet, 57 % du total des exportations (données de 2017), et les biens manufacturés 15 %. Ses usines produisent régulièrement plus de 1,3 million de véhicules et emploient la bagatelle de 150 000 salariés. La France figurait au sixième rang des fournisseurs de la République tchèque en 2017, avec 4,7 % de parts de marché. C'est insuffisant pour couvrir nos importations – principalement des équipements mécaniques, électriques, électroniques et bien sûr des automobiles. Depuis la France, nous vendons d’abord des véhicules (17 % du total), de l’électronique (12 %), des machines (11,6 %), des produits pharmaceutiques (8,2 %), des cosmétiques (5,5 %).Bien entendu, le partenariat économique fort entre nos deux pays rend difficile la lecture du bilan réel de nos échanges. La France déploie plus de 500 implantations en République tchèque, employant près de 100 000 personnes. Nous sommes le troisième investisseur étranger en stocks. On pense à Komercni Banka (Société Générale), à Lagardère avec ses radios, à Veolia, à Suez, mais aussi à Havas ou encore à Sanofi. Nous sommes particulièrement implantés dans la gestion des eaux, la rénovation des autoroutes, la réduction des émissions des centrales électriques au charbon… voire dans l’aviation (contrôle aérien… et aéroport de Prague !) Tous ces éléments sont synthétisés par Business France.
La République tchèque est attractive, par sa position au centre de l’Europe, pour le dynamisme de son économie, la qualité de sa main-d’œuvre et aussi par sa position de 27e sur 190 en 2017 dans le très consulté classement Doing Business. Les investisseurs étrangers trouvent particulièrement un intérêt dans l’industrie manufacturière, l’activité financière ou assurancielle, le commerce de gros ou de détail ou encore l’immobilier.En 2017, le stock d’IDE atteignait plus de 108 milliards d’équivalents euros. L’Allemagne arrive largement en tête, avec plus de 35 milliards d’euros, devant la France, talonnée par la Corée du Nord (un peu plus de 14 milliards chacune).
Si l’on considère les flux entrants, le secteur manufacturier pointait toujours en tête en 2016, devant la finance et les activités d’assurance.Parmi les recommandations pratiques pour ceux et celles qui veulent faire des affaires en République tchèque, Business France estime que « l’intermédiation est souvent une formule avantageuse là-bas ». L’expérience prouverait qu’une fois la relation établie, les intermédiaires commerciaux seraient plutôt fidèles.

Etats-Unis : un marché difficile mais attractif, les atouts du grand New York

Notre part de marché dans les importations aux Etats-Unis (1,7%) est relativement faible. La France n’est que le huitième fournisseur mondial des US et le troisième européen, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Cependant, compte tenu de la puissance des Etats-Unis et du montant de leurs exportations (2900 mds USD en 2017), le montant de nos ventes est significatif en valeur absolue – 34 milliards d’euros, soit 7,3% des exportations françaises totales.
Nos trois premiers secteurs d’exportation étaient l’an dernier pour un quart les matériels de transport (avions, navires…), devant les machines et équipements (18,4%) puis l’agro-alimentaire (12,4%). L’an dernier, l’agro-alimentaire précisément (+4,9%), et surtout les produits chimiques, parfums et cosmétiques (+11%) avaient le vent en poupe.
Notons que les entreprises de l’industrie pharmaceutique réalisent 10% de leurs ventes totales à l’étranger dans le pays de Washington. Ces exportations sont d’ailleurs pour une bonne part le fait… de filiales US en France !
Notre part de marché globale est restée relativement stable en 2017, en dépit d’une croissance totale soutenue – de 5%– des importations US. Nos échanges croisés de biens et de services représentent désormais environ 120 milliards d’USD selon Eurostat. Les filières de l’énergie et de l’aéronautique correspondent pour un tiers à ces échanges. Notre balance commerciale est souvent excédentaire – fait notable à souligner. En 2016, elle atteignait 3,6 milliards de dollars. Cet écart positif est principalement dû aux performances de nos secteurs des vins et spiritueux (+3,2 milliards d’USD) ou de la parfumerie-cosmétique (+1,1 milliards d’USD), à parité avec la pharmacie.
En revanche, nous enregistrons un déséquilibre pour ce qui est des machines et matériels électriques ou électroniques (2,5 milliards d’USD), de l’aéronautique (1,7 milliard) ou encore de l’énergie (1,6 milliard).

Retour d’estime pour New York et le Texas

Le Texas et la Californie « sont au cœur de la relation commerciale transatlantique », affirme, chiffres à l’appui, Business France. Le Texas est le premier exportateur de biens vers notre pays – industrie du pétrole aidant – et la Californie le premier importateur de l’Hexagone. 24 000 entreprises françaises sont à l’origine de nos ventes au pays de Appalaches – nombre significatif puisque représentant environ 20% de celles qui travaillent à l’international.
Les IDE croisées sont très importantes également. Notre stock aux Etats-Unis s’élevait à 251 milliards d’USD en 2015, dont 106 dans l’industrie, soit en cinquième position derrière le Royaume-Uni (569 milliards), le Japon (414), le Canada et l’Allemagne (318 milliards). Les 4800 filiales d’entreprises françaises emploieraient actuellement près de 600 000 personnes aujourd’hui. La réciprocité est quasi à l’identique, puisque 4600 filiales d’entreprises américaines dans l’Hexagone feraient travailler un peu moins de 500 000 salariés chez nous. On parle toujours de la Californie et de sa Silicon Valley et de nouveau du Texas avec le gaz de schiste. Cependant, d’autres zones sont à considérer avec attention, selon les secteurs où l’on souhaite se positionner.
Nous avons souhaité cette fois-ci porter notre attention sur le Grand New York (New York, New Jersey et Connecticut) principalement axé sur les services, l’innovation, la haute technologie, la pharmacie et la distribution de gros.


Henri Baïssas : il faut des références et un bon marketing !

Nous nous sommes entretenus avec Henri Baïssas, directeur de la zone Amérique du Nord à Business France, sur les opportunités et les freins d’une implantation aux Etats-Unis, en particulier dans la région de New York.

Conquérir : Pourquoi et comment faut-il aborder les Etats-Unis ?

Henri Baïssas : C’est un territoire immense et un marché colossal. C’est pourquoi il faut s’y intéresser dans le cadre du développement de son entreprise, en ayant en ligne de mire une implantation, car les exportations classiques ne resteront que ponctuelles sans cela. Bien entendu, il faudra choisir avec soin son point de chute de départ, d’où l’on pourra rayonner ensuite…
Il faut observer à cet égard que l’on peut définir à grands traits trois grandes zones d’attractivité aux USA.
Tout d’abord la côte est, autour de New York en particulier, qui concentre 110 millions d’habitants et qui a l’avantage d’une relative proximité avec l’Europe. Nous y reviendrons plus en détail ensuite.
En deuxième lieu, la côte ouest, avec à peu près 50 millions d’habitants et un PIB quasiment identique à celui de la France. Cette région se caractérise par son ouverture à l’innovation, et par l’importance qu’y ont pris les techs…
Enfin, ce que j’appellerais les USA du milieu, que je schématiserais en deux sous-zones :
La partie nord, ancien cœur industriel, en particulier de l’automobile, qui a souffert, à l’image de Detroit, mais qui demeure cependant un pôle significatif.
La partie sud, qui, elle, se développe rapidement dans le secteur industriel autour de Mobile (Alabama) où l’on remarque par exemple l’implantation d’Airbus. Et autour d'Atlanta (Georgie) et des Etats voisins avec, entre autres, ses usines automobiles (BMW en Caroline du Sud notamment).
Ces zones brossées à grands traits représentent des marchés à aborder d’une manière différenciée en termes de comportement par rapport à l’innovation.

Conquérir : Sur quels critères se fonde-t-on pour choisir telle ou telle région que vous avez mentionnée ?

Henri Baïssas : Cela dépend essentiellement de l’activité que l’on souhaite y développer. Ainsi, si l’on est une smart industrie, on ira plus volontiers vers le centre des Etats-Unis (Chicago, Atlanta…). Pour la mode et les médias, la côte est reste en revanche un marché de prédilection. C’est là où se trouvent les principaux donneurs d’ordre en la matière.
Quant aux starts-up, c’est dans la région de San Francisco et la Silicon Valley qu’on les trouve toujours en plus grand nombre. Cependant, le flux vers New York est désormais supérieur à celui vers la Californie…

Conquérir : …pourquoi ce revirement ?

Henri Baïssas : Il y a plusieurs raisons à cela. J’en évoquerais principalement trois :
Tout d’abord la vraie émergence d'un écosystème tech sur New York.
Ensuite, la relative proximité de la côte est par rapport à l’Europe.
Enfin, des coûts salariaux ou d’implantation relativement moindres…

Conquérir : …relativement ?

Henri Baïssas : Relativement, car la fiscalité new-yorkaise, les coûts salariaux… sont quand même très élevés. Pour engager et retenir des collaborateurs qualifiés, il faut les payer cher, car le turn-over est élevé. Le rapport à cet égard est d’environ deux à trois par rapport à la moyenne française. Dès lors, une implantation dans la région de New York est uniquement opportune pour des entreprises de haute technologie ou service à forte valeur ajoutée. Si l’on produit des biens de consommation et que l’on a besoin d’entrepôts de logistique, de surfaces de stockage… mieux vaut aller à Miami ou à Atlanta, voire encore à Philadelphie. Pour les véhicules automobiles autonomes par exemple, le Michigan fera davantage l’affaire… et ainsi de suite.
Quant à New York, c’est une bonne idée pour les éditeurs de solutions. People Doc y a, par exemple, très bien réussi.

Conquérir : Quelques mots sur l’implantation française dans la région de New York ?

Henri Baïssas : Nous évaluons le nombre d’entreprises françaises implantées sur place à 500, essentiellement dans les métiers de services, mais aussi les starts-up, et avec 200 sociétés de la french tech qui y préparent leur décollage mondial.

Conquérir :  Quand et comment sauter le pas vers les Etats-Unis ?

Henri Baïssas : Les USA sont tentants, le marché est fabuleux. Beaucoup d’entreprises tricolores y réussissent et rebondissent ensuite ailleurs après s’être frottées à ce marché très exigeant. Cependant, réussir aux Etats-Unis suppose trois préalables.
D’abord posséder un véritable atout différentiel marketing, qui permettra de se démarquer de la concurrence. Ce qui suppose de bien connaître le marché.
Ensuite, disposer de références sur le marché français, qui « parlent » au marché américain. Je pense à cet égard à un éditeur de solution de e-procurement destinée aux acheteurs, IValua qui a fait venir un client français connu outre-Atlantique pour convaincre de grandes entreprises américaines. Quant à PeopleDoc, elle a mis en avant comme référence Starbucks qui était pourtant un client relativement modeste pour elle en France, mais qui est un nom qui évidemment résonne aux oreilles des Nord-Américains.
Enfin, il faut donner des gages de pérennité de son implantation aux Etats-Unis, en ayant une vision à quelques années de son développement. Moyennant quoi, la rentabilité est souvent là, avec parfois un démarrage moins rapide que prévu, mais souvent des accélérations tout aussi inattendues par la suite.

Propos recueillis par Alain Gazo


 

Commerce extérieur de la France : du bon et du moins bon


Au premier regard, le bilan du commerce extérieur de la France en 2018 ne paraît pas très bon. En effet, le déficit, désormais en grande partie structurel, augmente encore d'environ 2 milliards d'euros, à 50,9 milliards d'euros.Cela représente quand même 3,4 % du PIB. En y regardant de plus près, le bilan est cependant davantage contrasté qu’il n’y paraît.En effet, c’est l’alourdissement de la facture pétrolière qui a été en 2018 le principal responsable de cette dégradation de notre solde commercial. Un alourdissement lié à la remontée sensible des prix de l'or noir, alors que les volumes importés, convient-t-il de noter, décroissent en revanche assez nettement. Quoi qu'il en soit, le déficit énergétique a atteint ainsi 46 milliards d’euros, contre 39,3 milliards en 2017. On voit bien dans ces conditions que la situation s’est améliorée sur d’autres fronts. C’est le cas du secteur manufacturier où notre solde – certes toujours déficitaire – s'améliore de plus de 2 milliards d'euros – à - 33,3 milliards au lieu de - 35,7 en 2017.Cette amélioration est essentiellement due à une remontée sensible de nos ventes aéronautiques, alors que nos soldes automobiles, machines industrielles ou produits métallurgiques se dégradent – parfois sensiblement.Par contraste, le solde agricole revient dans le vert, à 0,8 milliard d'euros, principalement grâce à la reprise plus marquée de nos ventes de céréales ainsi qu'à celle des vins et spiritueux.Dans un contexte de croissance significative du commerce mondial (+5,2 % en 2018 après +5,4 % en 2017), les ventes françaises restent dynamiques, tout en progressant dans une moindre mesure (+3,8 %, après +4,5 % en 2017).La croissance de nos ventes est particulièrement portée par celle des véhicules automobiles et du textile habillement-cuir (+7,9 % et +8,2 % respectivement). De leur côté, les importations progressent à peu près au même rythme que les exportations (+3,9 %).
Tandis que nos livraisons de bateaux partent vers des sommets (3,1 milliards d’euros et 2,3 milliards d’excédent pour le secteur), nos ventes aéronautiques et spatiales, quoique croissant modérément (+2,7 %), représentent toujours un de nos bastions, et occasionnent, au bénéfice également d’un recul de nos achats dans ce domaine, la bagatelle de 27,1 milliards d'euros d'excédent. En revanche, le déficit pour les produits automobiles se creuse encore à 12, 4 milliards d'euros, au lieu de 9,9 en 2017. Les parfums et cosmétiques représentent évidemment toujours un de nos fleurons (avec des ventes en hausse de 6,7 % et un excédent de 11 milliards d’euros en 2018), le troisième après l'aéronautique et les boissons. Notons également la hausse de nos exportations énergétiques (+45,2 %).

Davantage de ventes vers l'Union européenne
Si l’on regarde les régions mondiales, l'évolution de nos ventes est contrastée. On remarque une accélération vers l’UE (+4,5 %), particulièrement en direction de l'Espagne, les « nouveaux membres »… et le Royaume-Uni, qui nous rapporte un excédent de plus de 11 milliards d'euros. On ne sait pas qui a le plus à perdre dans le Brexit.
Très fort dynamisme aussi vers l'Amérique (+10,6 %) et principalement vers les Etats-Unis (boissons et bateaux). En revanche, nos ventes s'effritent vers l’Afrique et le Moyen-Orient. La hausse est dans la moyenne (+3,6 %) vers l'Asie, principalement tirée par la Chine et Singapour. Globalement, nos ventes ont atteint, selon les Douanes, 464, 015 milliards d'euros l'an dernier contre 464, 0,15 en 2017 (chiffres bruts). Et nos importations 560, 782 milliards d’euros.Notre déficit a été de 43,2 milliards d’euros dans la zone euro (dont plus de 16 milliards avec l’Allemagne, 7 avec l’Italie ou encore 8 avec les Pays-Bas ; l’équilibre est quasi parfait avec l’Espagne – notre deuxième client désormais dans l’UE faut-il le souligner).Le déficit reste important avec la Chine et Hong Kong (près de 24 milliards d’euros), en légère baisse cependant, tandis que les Etats-Unis nous favorisent en nous apportant un excédent de 3 milliards d’euros, après plusieurs années de déficit successifs.Le département des statistiques économiques du ministère des Finances a publié un comparatif du solde commercial rapporté au PIB des principaux pays de l’UE. Il apparaît que l’Allemagne est à +7 %, l’Italie – pourtant tant décriée – à 2,3 %, tandis que l’Espagne s’enfonce dans le rouge, à -3 %, devant la France (-3,4 % donc), puis le Royaume-Uni, à -6,6 % (au lieu toutefois de 8,1 % en 2017 – en dépit des prophètes de mauvaise augure). Le déficit britannique est au demeurant traditionnellement lourdement déficitaire.

Shanghai : une ville toujours pleine d’attraits

La Chine demeure la deuxième puissance économique mondiale. Certes, sa taille, et celle de sa population pouvaient l’y prédisposer. Mais quand même ! En un peu plus d’une vingtaine d’années, elle a gravi un nombre incalculable d’échelons. Son revenu par habitant est passé de 700 à 13 000 $ US en parité de pouvoir d’achat et le salaire réel a été multiplié par 14 pendant ce temps-là. 

Alors tout va-t-il pour le mieux dans le meilleur des mondes post-maoïstes ? Nous avons souhaité évoquer cette fois-ci, après Canton l’an dernier, la ville-symbole du capitalisme chinois, Shanghai. Non sans donner un bref aperçu préalable du contexte général de l’ancien Empire du Milieu.

Comme on le sait, le président Xi Jinping a conforté son pouvoir ces derniers mois jusqu’à se laisser la possibilité de renouveler son mandat indéfiniment. Il en profitera pour poursuivre le changement de cap annoncé dans son premier mandat : lutte contre la corruption, soutien à la consommation intérieure, basculement progressif vers une plus grande place des services dans le PIB (déjà 52% aujourd’hui), efforts contre la pollution et pour la préservation de l’environnement, atterrissage en douceur de l’économie, réorientation vers des activités à plus forte valeur ajoutée… En revanche, il n’est pas prévu de supprimer la notion de parti unique !
Quoi qu’il en soit, l’économie chinoise continue de surfer sur une croissance tonique, de sans doute 6,7% en 2017, avec une prévision d’un spécialiste de l’assurance-crédit comme Coface à 6,5% en 2018. Les chiffres officiels relatifs aux autres indicateurs économiques sont également rassurants : inflation soutenue vers 2%, impasse budgétaire modérée à un peu plus de 3%, rapport de la dette publique au PIB en hausse, mais encore limitée, devant le porter un peu au-dessus de 50% cette année selon Coface.
Cependant, selon de nombreux experts, en particulier ceux de notre ambassade à Pékin, nombre de ces données sont enjolivées. Malgré tout, le risque souverain, qui a été réévalué à la hausse par certaines agences en 2017, demeure à un assez bon niveau, B selon Coface qui rappelle que la dette est détenue en grande partie par des acteurs internes, alors que le niveau des réserves de change demeure élevé.
Le soldes des échanges extérieurs tend à baisser nettement en revanche, en particulier du fait de la hausse du yuan (+45% depuis 2015). L’endettement des entreprises, voire la solidité des banques, continuent cependant de causer des interrogations, de même que l’impact du vieillissement de la population et celui du renchérissement de la main d’œuvre locale. L’endettement total de l’économie est du coup passé à 260% du PIB fin 2016, selon la BRI.
Face à des risques non négligeables dans le secteur financier, les autorités ont pris un certain nombre de mesures : hausses des taux d’intérêts, contrôles plus rapprochés des établissements…

Shanghaï : la finance en ligne de mire

Shanghaï a été le laboratoire du capitalisme naissant en Chine dans les années 90, après que Deng Xiaoping y a pris la décision de l'ouverture du pays et de la fin du communisme strict. Pendant un temps assez long, ce fut comme un îlot de modernité dans un ensemble encore figé.
Depuis, le « modèle » de Shanghaï s’est étendu au pays tout entier – en tout cas dans les grandes métropoles. Du coup, le berceau de la réforme est moins en vue. Pourtant, Shanghaï demeure une puissance économique essentielle. Mais, au fait, de quoi parle-t-on géographiquement et démographiquement ?Tout d’abord, Shanghaï est une municipalité, à l’instar de Pékin, Tianjin et Chongqin. Elle est de ce fait directement rattachée au pouvoir central. Comptant environ 25 millions d’habitants vivant sur 6340 km², elle jouit d'une situation privilégiée à l'embouchure du fleuve jaune (Yangtsé), ce qui a facilité son rôle de plate-forme majeure du commerce international. Son hinterland actif complète sa puissance et attire ainsi plus de la moitié des investissements directs utilisés dans le pays en 2015.
En agglomérant les trois provinces qui l’entourent et qui sont dans son giron, Shanghaï concentre 16 % de la population chinoise sur 110 000 km² (seulement 1,2 % du territoire chinois), et près de 25 % du PIB chinois.
Aujourd’hui, la métropole de l’Est ambitionne de devenir un des plus grands centres financiers au monde. Voilà qui correspond à la volonté des autorités de l’Empire du Milieu de diversifier son économie, au-delà de la grande usine du monde.
Shanghaï jouit donc d’une économie diversifiée mais aussi d’une population variée. Elle compte 150 000 étrangers. La population vieillit, en raison d’une espérance de vie élevée – 83 ans – ainsi que d’une faible natalité. Seuls 10 % de ses habitants ont actuellement moins de 14 ans. Cela risque évidemment de nuire au dynamisme de la ville dans le futur.Les infrastructures shanghaiennes sont de bon niveau, aussi bien pour le transport de personnes – lignes grande vitesse qui relient correctement la métropole à son arrière-pays, train à sustentation magnétique reliant l'aéroport de Pudong au réseau urbain de métro, que pour les sites portuaires et aéroportuaires, de premier plan. Shanghaï est le premier port du monde pour le trafic de conteneurs, tandis que sa plate-forme aéroportuaire (deux aérodromes) est la plus active de Chine continentale (100 millions de passagers transportés par an).
Le revenu disponible le plus élevé
Shanghaï possède le revenu disponible le plus élevé de Chine (49 867 CN Y par an). Dans ces conditions, les dépenses de consommation augmentent vigoureusement, par exemple 5,2 % en 2015 et 8,1% cette même année pour les ventes de détail. Alors que le secteur secondaire demeure dominant en Chine, malgré un basculement progressif de l’économie vers le tertiaire, Shanghaï se caractérise déjà par un tertiaire tenant le haut du pavé (68 % du PIB), grâce à l’essor des ventes de gros, des services financiers et de l’immobilier.Parallèlement, on l’a évoqué supra, le secteur financier est activement développé et il a compté pour 45 % de la croissance de la grande ville de l’Est en 2015.Le secteur secondaire se montre en revanche moins dynamique, tout en demeurant très puissant. L'industrie lourde représente toujours plus des deux tiers du total (production d'acier). Cependant, des industries plus modernes font leur percée (information électronique, automobile, pétrochimie, équipements) avec cependant des évolutions variées, davantage profitables à la chimie.
Finance et recherche à la hausse
Comme Canton et Pékin, Shanghaï cherche à devenir un pôle d’innovation et de recherche scientifique. La ville annonce des objectifs ambitieux à cet égard : 200 000 start-up, 3000 entreprises technologiques. Les dépenses en R&D sont en augmentation, atteignant 3,7 % du PIB en 2015. Comme ledit PIB est important, les investissements sont donc considérables.Cela étant, quid des entreprises étrangères et de leur activité sur place, sujet qui nous préoccupe essentiellement ? La Chine a la réputation d’être très prudente – voire restrictive, dans les implantations et prises de participation sur place. Cette renommée n’est pas usurpée, si l’on en croit les nombreux témoignages que nous avons pu recueillir. La création d’une zone pilote de libre-échange en 2013 – précisément à Shanghaï – représente un exemple de la bonne volonté affichée par l’Empire du Milieu. Quels sont les avantages concrets de cette zone ? Tout d’abord, les procédures liées à la création d’entreprise sont notablement simplifiées. D’autre part, de nouveaux secteurs sont ouverts au IDE : télécommunications, gaming, transport nautique, services financiers… En trois ans, plus de 3400 sociétés se sont immatriculées. Servant une fois de plus de laboratoire au pays tout entier, Shanghaï voit désormais le système qui a été mis en place dans sa zone franche se déployer dans d’autres zones pilotes dans le pays.

Une présence française significative

Shanghai, sans doute pour toutes ces raisons évoquées supra, est « la destination privilégiée des entreprises françaises en Chine », selon Business France. Cela est vrai dans l'industrie (Air Liquide, Danone, Eramet, Lafarge, Rhodia, Saint-Gobain, ST Micro Electronics), la distribution (Auchan, Carrefour, Decathlon…) et la finance (BNP Paribas comme Natixis y ont établi un centre opérationnel sur place).
Plusieurs grands groupes français ont installé leur centre de R&D en Chine sur Shanghaï : Faurecia, Michelin, Saint-Gobain, Sanofi ou Schneider. Quant à l’Institut Pasteur, il y a réalisé un incubateur dédié à l’accueil de sociétés de biotechnologie, en partenariat avec un institutionnel chinois. Les PME tricolores présentes sur place ont suivi la plupart du temps leur donneur d’ordres. Certains acteurs importants ont investi dans le cadre d’un plan d’action direct, souvent « dans des marchés de niche » selon Business France, comme Ubisoft et Virtus (jeux vidéo), Ethypharm (système d’administration des médicaments), Speria (ex Bacou-Dalloz) dans la protection individuelle. Des initiatives sont également à noter dans le secteur tertiaire (Montagut, Cache-cache, Promod) ou dans les métiers de bouche (Boulangeries Paul).
Or, les avantages compétitifs de la municipalité tendant à s’éroder au profit des provinces limitrophes, les IDE ont subi une détérioration non négligeable au début de la décennie 2010. L’ouverture de la zone de libre-échange en 2013 a contribué à leur redonner de la vigueur.
Quelques mots pour finir sur le commerce extérieur. La municipalité présentait en 2015 une balance des biens et services excédentaire, quoiqu’en hausse de 4,2 % (3106,5 millions de yuans de ventes, 1977,2 d’achats). Shanghaï exporte d’abord vers les USA (23 %), puis vers l’Europe (18,4 %) et le Japon (10,8 %). Les principaux fournisseurs sont l’UE (22%), suivie de l’Asie (12,3%). L’excédent demeure donc pléthorique ! Entre 16 000 et 20 000 Français seraient installés dans la circonscription consulaire de Shanghaï (intégrant l’hinterland décrit supra) 41 % de ceux inscrits sur les registres ont moins de 25 ans !

Trafic aérien : la joint-venture Air France-China Eastern Airlines domine le marché

Le trafic aérien sur Shanghai est devenu très dense. De nombreux opérateurs s’y sont intéressés, la plupart du temps en vols dits de 6e liberté, c’est-à-dire avec escale. Même si certains opérateurs ont d’excellents arguments en la matière, rien ne vaut les vols directs, en particulier pour les voyageurs d’affaires.
Air France est bien placée en la matière, avec deux vols quotidiens directs sur Paris-Shanghai. Elle a développé depuis 2012 une joint-venture et un partage de codes sur cette destination avec China Eastern Airlines. En ajoutant les deux vols réalisés par cette compagnie chinoise, septième compagnie mondiale avec 650 avions, ce sont 54 vols quotidiens qui sont proposés par la joint-venture Air France-China Eastern Airlines.
July Liu, directrice générale Europe de China Eastern Airlines, se réjouit du développement du partenariat entre les deux opérateurs, renforcé par la prise de participation de sa compagnie à hauteur de 10% au capital d’Air France-KLM en 2012. « Notre coopération commerciale s’est intensifiée par l’intégration de China Eastern Airlines dans le programme firme d’Air France sur le marché France, incluant le programme Blue Biz destiné aux PME-PMI ».
Un avantage important est à souligner pour les passagers d’Air France et de China Eastern Airlines vers ou à partir de Shanghai. Il s’agit du réseau de quinze correspondances de la compagnie chinoise vers différentes villes de l’Empire du Milieu à partir de son hub situé dans cette métropole économique. Très présente partout dans le monde, China Eastern Airlines dessert « 177 pays et 1074 destinations ». De France, outre ses deux vols en propre sur Paris-Shanghai, elle dessert également en propre trois vols hebdomadaires vers Kunming (province du Yunan), et deux vols en code share vers Pékin avec Air France, qui exploite cette ligne avec ses appareils.

Des Français en conquête

De nombreuses entreprises françaises se sont installées en Chine, particulièrement à Shanghai, et rayonnent parfois sur l’ensemble de l’Empire du Milieu.

C'est le cas de Parex. Ancienne filiale de Lafarge, et appartenant aujourd'hui à un fonds d'investissement britannique, cette société réalise 1 milliard d'euros de CA dans 23 pays. Ses produits sont intégrés dans des éléments nécessaires à la construction, et leur qualité, que revendique Parex, est nécessaire au bon rendu final de l’ensemble. Olivier Chaudet, vice-président Chine de Parex, évoque à cet égard la comparaison avec un fond de teint : « On ne le voit pas, car il est une couche intermédiaire, mais il est indispensable à la performance du tout ».
Parex est un groupe international de chimie de la construction, fournisseur de solutions de spécialité pour l’industrie de la construction et de la rénovation. Ses gammes de produits comprennent des enduits pour la protection et la décoration des façades, des colles à carrelage et revêtements de sols, des systèmes d’étanchéité ainsi que des solutions techniques pour le béton et le génie civil.En Chine, Parex se déploie sur une partie seulement de ces segments. Elle a racheté en 2006 une entreprise chinoise vendant sous licence la marque australienne Davco. Cette filiale chinoise, si elle appartient à 100 % au groupe, conserve cependant certaines méthodes de management précédentes. Du reste, le fondateur en est toujours le PDG. Parex emploie 1000 personnes en Chine, et a essentiellement développé son activité à travers un réseau de 3000 points de vente exclusifs appartenant à des indépendants. « Notre marque est perçue comme haut de gamme ; dès lors un positionnement dans les boutiques spécialisées est pertinent, explique Olivier Chaudet, d’autant que cela nous prémunit de la contrefaçon, toujours très prégnante en Chine ». A cet égard les acheteurs qui peuvent aussi trouver Davco dans 75 000 autres points de vente non exclusifs, sont principalement des professionnels. Le marché – 50 milliards de Renminbis– est important certes eu égard à la taille du pays, mais aussi en raison de spécificités locales. 70 % des appartements sont, en effet, vendus non finis, la décoration étant à faire à son goût (carrelage des sanitaires ou cuisines…). Davco est également distribué à travers le e-commerce, beaucoup plus développé en Chine qu’en France, voire que dans les autres pays occidentaux.L’embourgeoisement progressif d’une partie de la population fait que les ménages se tournent davantage vers le haut de gamme, ce qui favorise Parex. Les différences de niveau de développement entre les différentes zones du pays existent toujours, mais tendent à se rapprocher, selon Olivier Chaudet, installé à Shanghaï depuis quatre ans, mais qui y avait déjà séjourné il y a 20 ans.
20 ans et tout a changé ? A certains égards, oui. Le pouvoir d’achat a notablement augmenté. Le gouvernement a accordé aux Chinois davantage de congés, pour les inciter à plus consommer, et à faire du tourisme, sur place prioritairement. Des fondamentaux demeurent cependant, avertit le vice-président Chine de Parex. Les différences culturelles et la barrière de la langue sont toujours là. Mieux vaut parler le mandarin comme Olivier Chaudet ou être assisté de personnes le maîtrisant, car peu de Chinois parlent anglais. Il pointe surtout à cet égard les difficultés – qui créent cependant de l’émulation – liées au dynamisme commercial et à l’agilité des nationaux, qui ne craignent pas d’essayer un tout nouveau créneau, avant de l’abandonner rapidement si cela ne fonctionne pas. Si on s’est trompé, ce n’est pas grave ! Cette concurrence, versant noir de la médaille, est parfois malheureusement déloyale (copie, contrefaçon). Heureusement, le marché est très vaste !

Opportunités et prudence

Les CCE (conseillers du commerce extérieur) sont très actifs partout dans le monde. Ils peuvent apporter de précieux conseils issus de leurs expériences à des entrepreneurs français désirant se développer à l’international.
A Shanghaï, le groupe des CCE local est particulièrement impliqué dans l’accueil et l’accompagnement de sociétés tricolores désireuses de s’implanter sur place ou d’y exporter. En partenariat avec Business France, ils ont instauré en particulier l’opération « 60 minutes pour convaincre », de nature « à coacher, voire à challenger l’entrepreneur novice », rapporte Laurent Blaevoet, membre des CCE de Shanghaï. « Lorsqu'on porte un projet en Chine, prévient-t-il, il ne faut pas le faire à la légère. Or, poursuit-il, ce marché est complexe à pénétrer, avec des coûts d’entrée qui peuvent être élevés ». Mais les opportunités sont à la mesure de ces difficultés. « L’âme chinoise est pragmatique, toujours à la recherche de nouvelles pratiques, de nouvelles technologies et cela va très vite », rapporte Laurent Blaevoet, au vu de son expérience de vingt ans sur place dans le groupe Chargeurs, dont il est aujourd'hui directeur sur place de la filiale « Films de protection temporaire ». « La Chine est une vraie cocotte-minute, illustre-t-il, une cocotte-minute avec dedans un pouvoir d’achat en constante augmentation, en particulier à Shanghaï, poumon économique de la Chine de l’Est ».
La consommation progresse au diapason et les Chinois – tout au moins une bonne partie d’entre eux, sont facilement atteignables à travers « la machine géante de e-commerce qu’ils ont conçue ». Evidemment, il faut savoir faire preuve de flexibilité et se plier aux us et coutume de la distribution sur place.

Un ticket d’entrée élevé

Si on va en Chine, faut-il commencer par Shanghaï ? Pas évident, répond Laurent Blaevoet. La ville est devenue chère à tous égards et le ticket d’entrée élevé.
« Je connais des exemples d’entreprise – dans les ventes au détail, qui ont commencé par s’implanter dans des villes de deuxième ou troisième rang et, qui une fois un pécule amassé suite à des premiers succès, ont pu en réinvestir ensuite une partie sur Shanghaï », relate Laurent Blaevoet. Au demeurant, la Chine est très diverse. On y adresse « une multitude de sous-marchés, géographiquement mais aussi démographiquement ». Les jeunes n'ont pas les mêmes besoins, ni habitudes que les personnes plus âgées. Ainsi faut-il se garder « des études de marchés généralisées sur l'ensemble du pays », avertit Laurent Blaevoet. Si avoir « le mandarin à son actif » est une arme importante, à condition de bien le maîtriser, les étrangers –10 000 Français à Shanghai, ont à faire face à des Chinois « assez faciles d’accès et pragmatiques ».A ce propos, le CCE met en garde contre « les images souvent négatives » colportées à propos de l’Empire du Milieu : absence de fair-play, contrefaçon… « Certes il faut être prudent, concède-t-il, mais sans être naïf, et il convient de ne pas sombrer dans l’ultra pessimisme, tout en pensant à l’autre et à ses objectifs ». Dans tous les cas, « faites-vous accompagner en amont et sur place par les CCE, Business France et tous les autres partenaires connaisseurs », conclut Laurent Blaevoet.
Tout dirigeant ayant « un projet structuré et formalisé de développement en Chine » qu’il souhaite valider, peut demander à participer à une session « 60 minutes pour convaincre » au secrétariat général des CCE sur place (secretariatgénéralcce-chine.com).
Les PME accompagnées ainsi œuvrent dans des domaines variés. A titre d’exemple, citons des pépinières de fruits à pépins (Malival), des logiciels pour l’industrie pharmaceutique (Euris) ou encore du textile haut de gamme (maillots de bain Jog Swimwear).

France-Québec : une relation privilégiée

La relation France-Québec demeure toujours privilégiée dans le contexte franco-canadien. Même si d'autres provinces de ce pays d'Amérique du Nord drainent depuis quelques années davantage d'investissements tricolores que naguère, la Belle Province demeure notre partenaire principal, tant en termes d’exportations que de créations de filiales ou de prises de participation.

Ainsi, si l'on reprend les données 2017 du ministère de l’Economie du Québec, les importations en provenance de France représentaient alors près de 45 % de la totalité des achats de marchandises canadiennes à notre pays (2, 8 milliards de dollars canadiens), en hausse de 8,6 % par rapport à 2016.La France est le troisième fournisseur du Québec dans l’UE (alors à 28), ce qui ne fait tout de même que 12,2% au total des importations en provenance de l’Union européenne et 3% du total. Les Etats-Unis (35%) se taillent évidemment la part du lion, la Chine (12,5%), l’Allemagne (5,5%) juste devant le Royaume-Uni et dans une moindre mesure le Mexique (4,8%).
Nos cinq groupes de produits les plus vendus sont : le vin de raisin frais (11,7% du total), les avions, les hélicoptères et les autres véhicules aériens ou spatiaux (3,8%); les médicaments dosés (7,3%), les produits de beauté et le maquillage (4,5%); enfin les parties d’avions, d’hélicoptères et de véhicules aériens (3,7%).
Les produits de « moyenne-haute technologie » dominent dans nos ventes sur place, selon les analystes de la Belle Province.
En tous cas, dans un océan de déficits, notre commerce extérieur est régulièrement excédentaire avec le Québec.
En effet, les exportations de marchandises québécoises vers la France n’ont atteint que 1,7 milliard de dollars canadiens en 2017, en dépit d’une hausse de 4,2% par rapport à 2016. A noter que cela représente près de 50% des ventes canadiennes dans notre pays.
Les cinq têtes de gondole québécoises demeurent dans l’ordre : le minerai de fer et ses concentrés (31,4%), les turboréacteurs, les turbopropulseurs et autres turbines à gaz (14,3%), les parties d’avion, d’hélicoptères et autres véhicules aériens (13%), les accumulateurs électriques (4,4%), enfin les huiles de pétrole raffinées. Une part significative de matières premières par conséquent, même si la haute technologie est également bien présente.
Au final, on note un excédent de plus de 1 milliard de dollars canadiens en notre faveur. Remarquons cependant que ce solde varie souvent de manière erratique, car le montant de nos exportations est soumis à d’assez importantes fluctuations, tandis que les ventes canadiennes tendent à augmenter régulièrement, sans à-coups.
Notons que le nombre de filiales d’entreprises françaises établies au Québec s’élevait à 336 en 2016 (48% de celles installées au Canada), et soulignons que nos sociétés ont 733 filiales aux Etats-Unis et seulement 149 au Royaume-Uni.

Une pénurie de main-d’œuvre récurrente

On entend souvent dire que le Québec manque de main-d’œuvre qualifiée. Il semble que ce soit toujours le cas. Le centre d’information et de documentation québécois rapporte ainsi qu’au deuxième trimestre de 2018, une étude menée par ses services démontrait que plus de 100 000 postes étaient alors vacants. Avec 116 440 postes non pourvus, on se retrouve ainsi au niveau le plus élevé depuis 2015.
Les places disponibles se trouvent principalement dans « quatre industries » : la fabrication (16 630), le commerce de détail (14 605), les soins de santé et l’assistance sociale (13 570) puis les services d’hébergement et de restauration (12 820).

Liaisons aériennes : l’abondance

Que ce soit pour des motifs touristiques, d’études ou d’affaires, les relations avec le Canada, et tout particulièrement le Québec, sont très développées.
Pas étonnant dans ces conditions que l’offre aérienne soit étoffée, tout particulièrement en été. Pour Air France, c’est une destination importante, même si la compagnie est déployée partout dans le monde, en direct de Paris ou de province, ou via KLM.

D’autres acteurs sont également impliqués, comme Air Canada mais aussi Air Transat, la valeur montante de ces dernières années. Air Transat appartient au groupe de tourisme canadien Transat, dont l’activité se déploie tout particulièrement en Amérique du Nord et dans les Caraïbes (agences de voyages, tour operating, hôtels). La compagnie aérienne compte actuellement 30 appareils dont 20 A330. Dans le cadre d’un renouvellement de sa flotte, elle va mettre en service à partir de 2019 des A321 « mono-couloirs », notamment pour ses liaisons avec la France (Québec-Charles de Gaulle, Bâle et Nice (Montréal).
« Cela va nous permettre d’augmenter le nombre de fréquences, grâce à cet appareil qui permet une plus grande flexibilité opératoire », se réjouit en substance Gilles Ringwald, directeur commercial monde. Si Air Transat est essentiellement connue pour son activité loisirs, elle s’est intéressée récemment aux déplacements professionnels, en premier lieu ceux générés par les PME. Ses atouts, énumérés par Gilles Ringwald ? Une classe économique supérieure, dite « Club », « avec un service proche de celui d’une classe affaires, un espace séparé de la cabine économique, et une restauration élaborée à l’aide d’un chef ».
Le marché France de Air Transat lui apporte ses plus hauts revenus à l’extérieur, alors que nous avons battu cette année un nouveau record de Français se rendant au Canada (dont 15 000 étudiants). La base parisienne d’Air Transat se trouve au T3 de Roissy, plus fluide que les autres terminaux : 1 à 3 vols quotidiens sur Montréal par jour selon la saison, 3 liaisons hebdomadaires en direct vers Québec en été. Toronto et Vancouver sont également desservis depuis Paris à la belle saison. Des départs, toujours en été, sont possibles depuis les principales villes de province, ainsi que de Bâle.
« Un excellent rapport qualité-prix, avec un taux de ponctualité de 98%, entraîne l’adhésion d’un nombre croissant de voyageurs, y compris pour motif d’affaires ou de bleisure, aussi bien en premium economy qu’en Eco », conclut Gilles Ringwald, non sans indiquer que dès avril, « de nouvelles classes tarifaires avec des billets annulables et remboursables sans frais » apparaîtront à partir de début avril en classe économique.

Air France

Air France dessert Montréal en direct depuis Paris-CDG jusqu’à 13 fois par semaine l’hiver, et jusqu’à 3 fois par jour l’été. Les vols sont effectués en B 777-300 configuré en trois classes (Affaires, Premium Economy, Economy).
Pour les voyageurs qui veulent se rendre dans la capitale de la Province, un car Air France relie l’aéroport international de Montréal à la ville de Québec, cela gratuitement pour les passagers d’Air France ou de KLM.
D’autre part, 15 villes du Canada sont desservies par Westjet, en correspondance depuis Montréal, et en partage de codes avec Air France, ce qui permet, entre autres, l’enregistrement des bagages en soute de bout en bout. Ces vols sont accessibles « à l’ensemble de la gamme tarifaire d’Air France ».

Région de Québec : une alternative à creuser

Vu de ce côté-ci de l’Atlantique, nous percevons en général Montréal comme un pôle économique majeur du Canada, a fortiori du Québec, et la capitale éponyme de la Belle Province comme une ville administrative et touristique. Comme le souligne par ailleurs Xavier Chambon, PDG de Classe Affaires, cette image ne correspond pas à la réalité. Nous nous sommes entretenus à ce propos avec Carl Viel, Président-directeur général de Québec International, structure de développement économique de la région métropolitaine de Québec — une des huit majeures du Canada, et avec la vice-présidente, Line Lagacé.

« Des huit grandes régions métropolitaines du Canada, de Québec – 850 000 habitants – est celle dont la croissance est la plus soutenue dans la durée, régulièrement au-dessus de 2 % ; 2,6 % prévus en 2019 », énonce d'emblée Carl Viel. « Et cette croissance, ajoute-t-il aussitôt, s’appuie sur une économie diversifiée, où l’industrie du haut savoir représente 40 % des emplois créés, contre un quart ailleurs. Du reste, poursuit-il, un organisme international de réflexion a classé récemment Québec parmi les 10 premières villes du monde, selon le critère de la diversité économique ».La capitale nationale investit des sommes importantes en R&D. Sept grands secteurs en sont les bénéficiaires : les sciences de la vie, les TIC (incluant le jeux vidéo et l’animation), l'électronique et l'optique-photonique, l'alimentation et la nutrition, les matériaux à valeur ajoutée, l'environnement et l'énergie, les assurances et services financiers. Dynamisme économique, mais dans le contexte « d'une ville à taille humaine et d'une grande agilité pour la mise en place de projets ». Québec International est là pour vous accompagner dans votre processus d’intégration, aussi bien à titre professionnel que personnel. Les investissements tournés vers la haute technologie (numérique, intelligence artificielle…) sont particulièrement appuyés et les créateurs peuvent bénéficier des ressources de l'université Laval, qui accomplit un gros travail de relation entre le milieu universitaire et celui de l’entreprise.
Ubisoft, ou encore Thales (centre de recherches), sont implantés à Québec, mais beaucoup de TPE-PME aussi.
Certains expatriés y ouvrent un commerce ou un service dans le cadre d’une franchise. D’autres reprennent une affaire sur place, dont le cédant veut prendre sa retraite, par exemple. Enfin, d’aucuns tentent un concept pointu. Pour ces derniers, un incubateur de validation commerciale est à leur disposition.
Tous pourront profiter d’une implantation bénéfique en Amérique du Nord, qui leur permettra d’aller plus loin ensuite, en tirant partie des multiples accords commerciaux noués par le Canada, que ce soit avec le Mexique et les Etats-Unis ; avec l’Europe, à travers le Ceta, ou encore avec des pays riverains du Pacifique.Lorsqu’on s’expatrie, – ce sera souvent le cas – on vient avec sa famille. « Les jeunes y trouveront un terrain propice aux études de haut niveau, en particulier avec l'université de Laval dont les diplômes sont reconnus au niveau nord-américain, tandis que les conjoints auront des facilités à trouver un travail alors que nous sommes en pénurie de main-d'œuvre », souligne encore Carl Viel.L'agence de développement économique veillera à appuyer l’entrepreneur sur les volets de l’immigration, comme sur celui des affaires, en l’aidant à structurer son projet.Quant à la question du niveau de vie à Québec, Line Lagacé évoque des chiffres très parlants : des salaires proposés entre 2 500 et 5 000 $ mensuels équivalent euros selon la technicité requise ; alors que le loyer d’un T3 ressort à 450 équivalents euros par mois, et l’achat d’une maison à 100 000-150 000 euros ! Cela est attractif, même si les prix de la vie courante sont proches de ceux constatés à Paris.
Mais attention, réfléchissez bien à votre projet et ne vous lancez pas tête baissée !

Québec : porte d’entrée sur le continent nord-américain

Les rencontres bisannuelles France Québec d’automne se tenaient les 1er et 2 décembre dernier à Paris. Nous avons pu constater l’engouement suscité par une immigration au Québec auprès de nos compatriotes.

Les files d’attente s’allongeaient devant les stands d’environ 200 sociétés canadiennes venues précisément recruter en France. Ces entreprises n’ont apparemment que l’embarras du choix, tant la demande est grande. Cependant, tout n’est pas aussi simple qu’il y paraît pour les postulants. Obtenir un visa de travail requiert une démarche plutôt complexe, et il faut être francophone. Le Québec est attrayant, car l’économie y tourne à plein régime et que le taux de chômage y est très bas – en dessous de 4 %. A côté des cohortes étoffées de l’immigration de travail, ils sont également nombreux à vouloir monter une affaire dans la Belle Province ou d’en reprendre une. Là encore, les opportunités sont là, mais le parcours doit être soigneusement balisé au préalable.Voilà qui a amené Xavier Chambon, entrepreneur français installé au Québec depuis 12 ans, à créer Classe Affaires.Classe Affaires organise des journées exploratoires de trois ou quatre jours au Québec pour des investisseurs potentiels, qui vont permettre à ces derniers de s’imprégner de la culture d’affaires locale, sans oublier le volet individuel d’une implantation, qui revêt parfois les traits d’une réelle expatriation.
Les visiteurs auront un aperçu de quelques points-clés en matière de planification financière, de budget familial, de fiscalité, d’ouverture de compte… et bien sûr aussi de différences culturelles.« Au Québec, on existe par ce qu’on fait et non par ce que l'on est » résume Xavier Chambon d’une manière imagée.Ces visites exploratoires permettent aussi de découvrir rapidement les deux pôles principaux du Québec : Montréal (plutôt tournée vers la haute technologie–intelligence artificielle en particulier) zone la plus plus peuplée, mais «quelque peu saturée et chère», et la métropole de la capitale provinciale, Québec, en pleine expansion. Une fois cette visite exploratoire passée, ceux qui confirment leur intention d'investir au Québec pourront être accompagnés dans la durée par Classe Affaires. Car une préparation plus ample est nécessaire. « Le profil type de celui qui réussit est un entrepreneur bien préparé et qui sait s’adapter », indique Xavier Chambon. Il convient de s’appuyer sur un réseau d’experts en amont (spécialistes de l’immigration) et en aval (avocat, fiscaliste, comptable…), que Classe Affaires peut coordonner. Moyennant quoi, « on se trouvera à portée de main du premier marché mondial essentiel ». Mais, « le Québec, même si on vous tend les bras d’entrée, se mérite », prévient Xavier Chambon. Une implantation sur place peut consister en une reprise d’entreprise car les opportunités sont nombreuses ; l’ouverture d’un commerce ou d’un service en franchise; ou une création ex nihilo. Beaucoup cherchent aussi un relais de croissance à une activité en France en ouvrant une filiale au Canada, dans un marché nord-américain très porteur.

Un designer ébéniste à Montréal

Patrick Darnis, designer ébéniste exerçant sa profession à Chambéry depuis 30 ans, a franchi le pas et s’est installé en août dernier à Montréal, muni d’un visa d’entrepreneur d’une durée de trois ans.
Patrick Darnis continue néanmoins ses activités en France, deux de ses collaborateurs continuant de servir une clientèle locale autour de Chambéry et d’Aix-les-Bains. Il exerce sous la marque Agem, du nom d’un fabricant de meubles sur mesure installé dans la Sarthe. Ses meubles sont produits pour les particuliers comme pour les professionnels (commerces et services). Agem a ainsi développé en France un réseau de 65 agences indépendantes, qui partagent cependant une identité et des actions de communication communes.
Patrick Darnis éprouvait le besoin d’affronter de nouveaux défis, et Agem – une société de 250 personnes – d’aller chercher en Amérique du Nord de nouveaux marchés. C’est ainsi qu’il développa en 2016 un projet d’implantation au Québec. Ce projet prit une forme concrète en août dernier, avec déménagement à la clé de la famille à Montréal.
Ce délai de deux ans fut mis à profit par l’intéressé pour se préparer à son nouvel environnement, avec le concours de Classe Affaires, qui le mit en relation avec son réseau d’experts là-bas (avocats en particulier), « car les lois fiscales, du travail… sont très différentes de celles qui ont cours en France ».
Le temps aussi de réaliser une petite étude de marché qui démontra que la concurrence des designers ébénistes québecois ne bénéficiait pas du précieux support d’un industriel tel qu’Agem. Ce qui permet aussi à Patrick Darnis d’obtenir son précieux visa d’entrepreneur car, pour aller au Canada, il faut montrer patte blanche, à savoir démontrer que l’on apporte « une vraie valeur ajoutée sur place » mais aussi que « son historique n’est pas négatif – casier judiciaire éventuel, dettes fiscales non honorées…
« Leur recherche d’immigration est sélective », résume Patrick Darnis.
Moyennant quoi, il traite déjà actuellement sa première affaire, et se félicite encore de l’état d’esprit des Québecois qui « sont ouverts et dépourvus de préjugés ». Il faut évidemment faire ses preuves ensuite…

Pérou : une économie encore trop concentrée

Le Pérou est revenu dans l’actualité avec la libération controversée de l’ancien président Fujimori - précédemment, lourdement condamné, et qui a bénéficié d’une grâce médicale, puis avec la visite du Pape en janvier. Si l’adage « ce n’est pas le Pérou » est bien connu de tous, le pays l’est en fait beaucoup moins, en tous cas en termes de puissance économique. C’est pourquoi nous avons estimé utile de vous apporter un éclairage synthétique à ce sujet.

Le Pérou compte environ 32 millions d'habitants. Ce n'est donc évidemment pas un mastodonte, mais tout de même une puissance moyenne en Amérique latine. La croissance y a été soutenue ces dernières années, malgré, évidemment, un ressac au début de la présente décennie. Dès 2014, la progression du PIB s’est installée à nouveau, atteignant un pic à +3,9 % en 2016, puis environ 3 % en 2017, peut-être un peu moins.
L’environnement des affaires, classé B par la Coface et ressorti au 54e sur sur 190 dans l’enquête 2017 « Doing Business » est plutôt favorable. La corruption est modérée, tandis que les tracasseries administratives ont été minorées par le gouvernement du président Pablo Kuczynski, arrivé au pouvoir en juillet 2016.
La TVA a été réduite pour pousser la consommation, et certaines charges fiscales des entreprises ont été diminuées. Le but principal de cette dernière série de mesures est de dégonfler la baudruche du secteur informel, qui pèse pour les trois quarts du PIB.
Les niveaux de l’inflation (2,5 % en 2017), des comptes courants (à peine plus de 3 % de déficit) sont très raisonnables. Quant au rapport de la dette publique au PIB, il fait rêver (26 % environ en 2017 !). Profitant d'une situation favorable de ce point de vue, le président Pablo Kuczynski a fait accepter par le Parlement une dérogation temporaire jusqu’à 2021 du niveau de déficit maximal fixé constitutionnellement à 1%. Il s’agit de stimuler ainsi le secteur privé non-minier et d’améliorer le climat des affaires.
Le Pérou n’est pas à proprement parler un pays pauvre. Son PIB par habitant ressort à 6167 US $. Cependant, d’importants ilôts de pauvreté subsistent dans les Andes et les zones amazoniennes en particulier. Plus de 20% de la population vit encore en-dessous du seuil de pauvreté admis internationalement.
Quoi qu’il en soit, le Pérou dispose de plusieurs points forts, relevés par Coface dans son analyse 2016, outre ceux évoqué ci-après. En vrac, citons la bonne santé du système bancaire, l’attractivité touristique, d’importantes ressources minières en cuivre dont de nouveaux gisements sont entrés récemment en exploitation, mais aussi en argent, zinc, or… ainsi qu’halieutiques ou énergétiques.
L’appartenance à l’Alliance Pacifique vient conforter ces points forts, et favorise la persistance d’un fort potentiel de croissance. En revanche, plusieurs points noirs sont signalés par Coface, comme la dépendance à la demande mondiale de matières premières, et par voie de conséquence aux besoins chinois ; un climat et une sismologie qui peuvent jouer de mauvais tours aux Péruviens ; l’importance de la culture de la coca, des infrastructures de santé et d’éducation déficientes. A ce dernier égard, l’ampleur du secteur informel ne favorise pas la formation des travailleurs.
Cela étant, la croissance péruvienne est « l’une des plus dynamiques de la région », relèvent encore les experts de Coface.
Elle est portée par une augmentation modérée de la consommation, favorisée par l’amélioration du pouvoir d’achat, ainsi que par des investissements dans certaines infrastructures comme celles de l’assainissement et de l’eau potable, ou encore… de la construction de prisons.
Parallèlement, des efforts sont faits en matière d’éducation.
L’agriculture, pourvoyeuse de ressources non négligeables à l’export, est en pleine modernisation, tandis que, toujours dans le secteur primaire, cette fois dans les mines, les infrastructures sont améliorées, et même de nouveaux sites mis en exploitation.
Notons que la fin – provisoire – du phénomène El Niño va permettre aussi aux Péruviens de respirer – au sens propre comme au figuré.
Cependant, les experts considèrent que les investissements – en particulier dans le secteur privé, demeurent encore insuffisants, étant au demeurant plutôt orientés globalement à la baisse.

Des IDE en berne

Un recul régulier des IDE depuis 2012 aggrave la situation du point de vue des investissements. En effet, après avoir atteint cette année-là un niveau record, les flux de capitaux en provenance de l'étranger ont reculé constamment depuis, à l'instar de la presque totalité de l’Amérique latine il est vrai.
Malgré tout, le cadre juridique et fiscal qu'on peut juger attrayant, en matière de rapatriement de dividendes en particulier – permet au Pérou de demeurer le quatrième pays récepteur d’IDE en Amérique du Sud. Seuls le devancent le Brésil, la Colombie et le Chili.
Malgré tout, les IDE reçus en 2016 avaient accusé une nette baisse, à 6,86 milliards de dollars US contre 8,27 en 2015, selon la CNUCED. Cette tendance défavorable devrait persister jusqu’en 2019.
Sans grande surprise, l’Espagne est le premier investisseur étranger, devant le Royaume-Uni. Les Etats-Unis figurent non loin derrière, tandis que les Pays-Bas, mais aussi les voisins colombien et chilien sont également très actifs. L’industrie minière, les communications, les finances, l’industrie et l’énergie sont les secteurs les plus courtisés de ce point de vue.
Outre une politique non restrictive sur les dividendes, ainsi que nous l’avons indiqué supra, les investisseurs trouvent sur place des conditions salariales favorables par rapport à celles des pays voisins.
La consolidation de l’Etat de droit, malgré de gros efforts dans la lutte contre la corruption mériterait quand même d’être encore amplifiée, alors que le président Kuczynski a mis l’accent sur le développement de l’économie. On attend dès lors également un abaissement des barrières douanières.

Commerce extérieur : une reprise post El Niño

Le phénomène El Niño a des retentissements importants sur l’agriculture péruvienne, par conséquent sur sa production et ses capacités à exporter. Lorsqu’il se termine provisoirement, la situation du pays des Incas s’améliore, dopée par des exportations plus dynamiques.
Conjuguée à la hausse parallèle de la production et des exportations de cuivre, le retour à un climat moins extrême aura ainsi contribué à améliorer les comptes extérieurs péruviens en 2016, puis en 2017. A vrai dire, ces comptes sont équilibrés en règle générale. Sans doute une consommation loin d’être frénétique y est pour beaucoup.Evidemment, le prix des matières premières, en particulier celle du cuivre, ainsi que le comportement de la devise locale, le « nuevo » Sol, alors à la hausse, a permis en 2015 au Pérou de réduire la valeur de ses importations de 5,1% en valeur (mais +8 ,6% en volume) alors que l’achat de biens de consommation a pris 5,8% en volume. Il est vrai que celui des biens d’équipement reculait de 11,6 %, ce qui n’est en revanche pas franchement bon signe.
Les principaux fournisseurs du pays andin étaient en 2016 la Chine (22,8 % du total), les Etats-Unis (19,6 %), puis, le Brésil (5,9 %), le Mexique (4,6 %), ou encore la Corée du Sud (3,6%). La France est loin derrière avec 0,9% d’un total de 36,1 milliards de dollars en 2014.
Les ventes de la France au Pérou sont très diversifiées. Cependant, quelques postes ressortent légèrement de l’ensemble. Tout d’abord nos exportations de matériel militaire du type munitions au sens large (mines, missiles, grenades, cartouches…) pour 8 % du total. Le domaine de la santé – animale ou humaine – prend plus de 9 % (médicaments, sérum, sang humain ou animal…). L’appareillage électrique dépasse quant à lui les 5 %, tandis que les biens d’équipement en matière aérodynamique (turboréacteur…), nous ont apporté 4,1 % de notre CA en 2016.

Un commerce extérieur péruvien équilibré

L'effet de change favorable a donc contribué à ce que les comptes extérieurs péruviens passent légèrement dans le vert en 2016, d'autant que les exportations ont eu le vent en poupe, en volume et surtout en valeur (+16,5 %), grâce à la bonne tenue des ventes de cuivre (+24,4 %) et d’or (+16,5 %).
Les produits du secteur primaire représentent 70 % du total. Notons que le Pérou regorge de minerais précieux, dans tous les cas forts utiles à la production industrielle (premier producteur d’or, de plomb, et d’étain en Amérique latine, sans compter l’argent, le zinc…). Les hydrocarbures ne sont pas non plus à négliger dans les exportations péruviennes.
Du côté de l’agriculture et de la pêche, notons l’essor du café, ou encore de la farine de poisson. Le textile, la confection, la chimie et l’agro-alimentaire représentent 30 % des ventes. Celle-ci s sont conditionnées par la demande régionale, et ont donc souffert ces dernières années du marasme ambiant en Amérique latine.
Eu égard au spectre des exportations péruviennes, on ne s’étonnera pas que la Chine soit le premier client du pays andin (23,4%, devant les Etats-Unis (17,2%)… et la Suisse (7,1%). Puis viennent le Canada (4,7%) et la Corée du Sud (3,8%). La France n’arrive qu’en 24e position parmi ses clients (0,7% du total des exportations péruviennes).
Nos achats ressortent principalement du domaine agro-alimentaire (fruits) ou encore de la pêche (mollusques, crustacés…) de conserves ou assimilées, et puis évidemment des cafés ou des produits dérivés, pour respectivement 17,6%, 13,2%, 10,7% et 5,9%. Les hydrocarbures comptaient pour 10,8% du total en 2016.
Les échanges extérieurs péruviens sont ainsi repartis à la hausse après une chute sensible depuis 2012. Ils étaient passés de 88,5 milliards de dollars en 2012 à 71,5 milliards en 2015, avant de remonter à 72,4 il y a deux ans.
Les experts du Trésor français apprécient favorablement cette évolution des comptes extérieurs du Pérou. Ils estiment que l'excédent commercial devrait s’accentuer, tant bien sûr que les prix des matières premières et la conjoncture mondiale vont dans le même bon sens. Ce solde commercial positif soutient une croissance qui tend cependant à être moins tonique, même si l’on reste au-dessus de 2 %.
Les spécialistes du Trésor français pointent également du doigt la trop grande dépendance géographique du commerce extérieur du pays andin vis-à-vis de la Chine et des Etats-Unis, ainsi que la baisse sensible de l’investissement public en 2017.

Maroc : un enracinement affirmé en Afrique

En dépit de difficultés sociales et identitaires en 2017 dans le Rif, qui semblent s’être atténuées depuis, ainsi que de sa sensibilité aux aléas climatiques, le Maroc tire correctement son épingle du jeu, en développant les accords de libre-échange avec de nombreux partenaires – l’Union européenne ou le Moyen Orient principalement, et en développant son influence en Afrique subsaharienne.

Dans ces conditions, Coface, assureur-crédit spécialisé dans la couverture des risques à l’export, attribue la flatteuse note A4 à la fois au risque pays et à l’environnement des affaires de notre voisin d’outre-Méditerranée. C’est rarissime sur le continent africain. Bien sûr, le Maroc bénéficie de sa proximité avec le marché européen, et d’une stratégie de montée en gamme de sa production dans l’industrie, relève Coface. Mais le royaume chérifien a su également prospérer au sud, dans un continent en forte croissance. De plus, le pays s’avère stable politiquement, grâce à un roi davantage présent aux commandes qu’à ses débuts et en dépit d’une instabilité ministérielle fréquente… Cependant, l’agriculture, qui constitue encore une partie importante du PIB, subit les aléas du climat, quant aux céréales en particulier. La sécheresse pesa ainsi lourdement sur le PIB en 2016 (+1,2% seulement) et des pluies bienfaisantes le propulsèrent au contraire à un joli +4,3% en 2017.
Tout ne va pour le mieux pour autant. Le taux de pauvreté demeure significativement élevé, surtout dans certaines régions, de même que le taux de chômage.
La hausse du PIB agricole (+15,1%) a donc dopé le PIB global en 2017. Cependant, d’autres secteurs se sont aussi montrés dynamiques, à l’exemple des industries manufacturières et des services – touristiques en particulier, relèvent encore en substance les experts de Coface. En revanche, la construction reculait, à l’image du marché immobilier résidentiel.
Un régime pluvieux moins favorable, mais pas catastrophique, va aboutir en 2018 à une croissance vraisemblablement un peu moins tonique (2,5%/3%).
La diversification de l’économie chérifienne contribue à tempérer ces effets de balancier. De plus, la consommation reste tonique. Quant à la politique d’investissement, elle est expansive, selon le terme de Coface. On pense par exemple aux grands projets aéroportuaires de Tanger et de Nador. L’investissement public est complété par ceux du secteur privé, stimulés par une politique fiscale accommodante, comme on dit de nos jours. Les exportations sont également tirées à la hausse par des partenaires commerciaux eux-mêmes en bonne forme.
Des comptes publics contrôlés

Du côté des finances publiques, les experts de Coface sont plutôt positifs. La dette publique, légèrement haussière, devrait dépasser les 65 % du PIB à fin 2018, avec un solde public déficitaire en revanche en recul à 3,5 % du même PIB.Les dépenses publiques sont portées par les investissements des entreprises appartenant au secteur de l’Etat, ainsi que par celles de fonctionnement, tirées par les embauches dans l’Education nationale. Cependant, les puissances publiques s’endettent essentiellement sur le marché domestique, et à des conditions, pour le moment, avantageuses.Quant au commerce extérieur, c’est plutôt un point noir, à tout le moins gris, en particulier en raison de la hausse du prix des hydrocarbures, et malgré la poussée des exportations agroalimentaires, automobiles et même aéronautiques. Le phosphate saharien a également vu ses ventes augmenter.
Les comptes extérieurs sont surtout sauvés par l’augmentation des recettes touristiques, celle des transferts des expatriés et ainsi que par la hausse des IME. La flexibilisation du régime des changes, qui avait été un temps envisagée, et dont l’annonce avait créé quelques remous, a été repoussée.

Commerce extérieur : une part de marché tricolore en baisse

L'expansion économique du continent africain ainsi que les énormes ressources de son sous-sol attirent les convoitises. La Chine y est, en particulier, de plus en plus active. Dès lors, l'omniprésence de la France dans ses anciennes colonies, tant décriée naguère, décroît régulièrement, au profit d’autres nations européennes ou extra-européennes, dont la Chine précisément.Le Maroc ne fait pas exception à la règle. Ainsi, notre part de marché dans les importations du royaume chérifien est-elle certes toujours significative, mais en recul. Dans la décade 2006-2015, nos exportations ont progressé de 1,7 % par an en moyenne, contre 6,4 % pour l'ensemble des achats marocains, toujours en moyenne annuelle.
Aujourd’hui, nous sommes presque talonnés par la Chine (8,2 % de parts de marché en 2015, et troisième fournisseur). L’Espagne, proche voisin du Maroc, il est vrai, tend à nous damer le pion désormais, et est devenue le premier partenaire commercial (achats comme ventes) du pays de l’Atlas. Notre solde bilatéral est en général légèrement excédentaire (24,8 millions d’euros par exemple en 2016).Tout dépend beaucoup de nos exportations de céréales. Lorsque la sécheresse s’abat sur le Maroc, il s’approvisionne à l’extérieur pour cette denrée essentielle. Et ce fut le cas en 2016.Le premier poste de nos exportations est celui des équipements mécaniques, du matériel électrique et électronique (1 206 millions d’euros en 2016), devant les matériels de transport (731 millions en 2016), et les produits agricoles au sens large (548,9 millions en 2016). L’agrégat des autres produits industriels culminait à 1 502 millions d’euros il y a deux ans.De notre côté, nous importons d'abord des matériels de transport : automobile, en particulier, à hauteur de 1 358 millions d'euros en 2016, devant les produits agricoles (689 millions) puis les équipements mécaniques, les matériels électriques, électroniques et informatiques (566 millions d’euros). L’agrégat des « autres produits industriels » atteignait 308 millions d’euros, toujours en 2016, où nous avons vendu globalement pour 4 273 millions d’euros, et acheté pour 4 248 millions d’euros. Un commerce très équilibré en fin de compte.

La France toujours bien placée

Le stock d'IDE français au Maroc s’élevait, selon la Banque de France, à 9,3 milliards d'euros fin 2015, soit 57,4 % du stock total de nos investissements en Afrique du Nord, et 18,7 % de celui du continent africain. Et il est vrai que le Maroc est un des pays les plus attractifs dudit continent. Notre stock d’IDE était en 2015 d’abord fixé dans l’industrie (41,4 %), suivie de l’immobilier (29,5 %), des activités financières (8,6 %), enfin un secteur de l’énergie, de l’eau et de l’assainissement, loin devant l’hôtellerie (2 %). Quand on parle en industrie, il s’agit principalement du secteur agroalimentaire.En termes de flux, la France reste également un des acteurs majeurs en termes d’IDE au Maroc. Ainsi, toujours en 2015, malgré une forte baisse alors par rapport à 2014, les acteurs français avaient investi 5,2 milliard de MAD, juste derrière les Emirats Arabes Unis (6,3 milliards de MAD) et devant les Etats-Unis (3,6 milliards de MAD).
L’Espagne se montre également généralement très active.

Chine : Canton attire les investisseurs français

Le Parti communiste chinois a tenu récemment son congrès annuel. Xi Jinping a réaffirmé à cette occasion ses orientations et affermi son pouvoir, qu’il tient d’une main ferme. Cependant, l’ancien Empire du Milieu est très difficile à appréhender globalement, lorsqu’on veut y réaliser des affaires. Nous voulions aujourd’hui vous donner un éclairage sur la dynamique et sudiste province du Guangdong (Canton). D’autant qu’elle pèse régulièrement pour plus de 10% du PIB chinois et plus du quart de ses exportations.

Les entrepreneurs tricolores, attentifs à ces données, ont du reste concentré largement leurs investissements dans la région de Canton ces dernières années, parfois jusqu’à 50% du total. Dans le même temps, elle capte environ 20% des flux commerciaux franco-chinois, rappelait assez récemment le service économique régional (SER) de notre ambassade à Pékin.
Alors, pourquoi cet attrait ? Notre SER en détaille les principales raisons : un tissu manufacturier dense, de caractère « de plus en plus innovant », des secteurs high-tech et financiers sur place, et, bien entendu, la proximité des régions administratives spéciales de Hong Kong et Macao.
Province la plus urbaine de Chine, Guangdong compte plus de 110 millions d’habitants. Le niveau d’éducation y est élevé, puisqu’on dénombre 138 institutions supérieures, où étudient plus de 520 000 élèves. Notons que 19 « laboratoires clé d’Etat » y sont délocalisés. L’université Sun Yat-sen de Canton figure au 14e rang des plus prestigieuses du pays, tandis que l’université technologique de Chine du Sud, sise dans la même ville, bénéficie également d’une réputation dépassant largement les frontières du pays.

Une économie plus dynamique que la moyenne

On sait que la croissance chinoise demeure très élevée, au-dessus de 6% et même proche à nouveau de 7%.
Malgré les difficultés d’obtenir des chiffres totalement fiables au niveau national et encore davantage à l’échelon local, on peut être quasiment certains que la province de Canton se développe à un niveau encore plus élevé, sans doute près de 8%. En 2014, son PIB atteignait ainsi 6779,2 milliards de yuans, ce qui la plaçait une fois de plus en tête des régions les plus prospères. La classe moyenne y progresse rapidement, sans compter celle des très riches, puisque le revenu disponible par habitant dépasse les 26 000 yuans.
Comme partout cependant, il existe un écart considérable – de 1 à 12 – entre les niveaux de vie respectifs des populations rurale et citadine. Les autorités provinciales en sont parfaitement conscientes et cherchent à réduire cet écart. Bon courage !
Cette santé insolente de l’économie régionale est sans doute en partie imputable à un secteur privé fort sur place. Shenzhen, deuxième ville du Guangdong, compterait ainsi près de 75 chefs d’entreprises pour 1000 habitants. Shenzhen et Canton comptent d’autre part chacune environ 50 000 millionnaires (respectivement troisième et quatrième rangs nationaux). Les capitalistes hongkongais ne s’y sont pas trompés, puisqu’ils représentent plus de 60% des IDE captés ces dernières années. La province s’est affirmée « comme le hinterland de la colonie britannique dans les années 80 », rappelle notre SER à Pékin. Une grande partie de l’industrie hongkongaise y a été délocalisée : électronique, jouets, textile, chaussures, ordinateurs…
Quoi qu’il en soit, le secteur secondaire reste puissant, avec plus de 45% du PIB local. Parmi les secteurs les plus en vue, on remarque la fabrication d’équipements de communication, d’ordinateurs et d’équipement électroniques, puis celle d’équipements et de machines électriques, de produits chimiques, mais aussi la construction automobile.
Au milieu des années 2010, près de 1,6 million de véhicules étaient produits dans le Guangdong, soit 13% de la production nationale. Nissan, Toyota, Hyundai, DS sont présents. De plus, dans le cadre de la zone franche développée depuis mars 2015, des dispositions ont été prises pour favoriser le commerce d’automobiles et de composants autos.
Au-delà de l’automobile, le SER relève le fait que les autorités provinciales cherchent à développer les télécommunications et la pétrochimie. Pour l’heure, l’électronique, les équipements électroniques et l’automobile dominent toujours largement. Malgré sa puissance, le secteur secondaire est toutefois surpassé par le tertiaire (49% du total, un secteur tiré par la vente de gros et de détail 24%), l’immobilier (plus de 12%) mais aussi les secteurs financiers et logistiques.
Les ventes au détail de produits de consommation courante explosent littéralement depuis deux ans. Elles atteignent aujourd’hui annuellement plus de 3000 milliards de yuans, soit plus de 10% de celles réalisées sur l’ensemble du territoire chinois.

Commerce et investissements : la France très active

20% du commerce franco-chinois passe régulièrement par le Guangdong. En 2013, par exemple, la France s’avérait le quatrième partenaire commercial européen de la province, avec 9,7 milliards de USD de flux, cependant largement derrière l’Allemagne (22, 9 milliards USD), le Royaume-Uni (14,4 milliards) et les Pays-Bas (12,6 milliards).
Sans surprise, notre balance commerciale avec cette région de l’Empire du Milieu était largement déficitaire de 3,8 milliards USD (2,9 milliards de ventes contre 6,7 milliards d’achats).
Notons qu’au niveau mondial, notre rang – 18e – est modeste dans le classement des partenaires commerciaux du Guangdong. Hong Kong arrive, on s’en doute, largement en tête du palmarès, devant les USA, le Japon, la Corée du Sud…
Portée historiquement par des exportations à faible prix, la province de Canton voit son commerce extérieur demeurer largement excédentaire. Cependant, les autorités peinent à dynamiser les exportations de produits à haute valeur ajoutée.
Logiquement, les principaux produits importés localement sont les matières plastiques primaires, le pétrole brut, le cuivre et l’acier.
Parallèlement, le Guangdong draine près d’un quart des IDE réalisés en Chine, par exemple 26,9 milliards d’USD en 2014. Plus de 6000 nouveaux projets avaient alors été approuvés par les autorités locales, pour un montant de 43,1 milliards d’USD. Plus de 2500 entreprises étrangères sont enregistrées sur place. Le stock d’IDE français cumulés de 1979 à 2013 se montait à 2,2 milliards d’USD. Près de 50% des IDE français sont régulièrement réalisés sur place. La France y est ainsi le deuxième investisseur européen, derrière les Pays-Bas.
Parmi les entreprises françaises connues – on trouve beaucoup de PME aussi – notons Faurecia, Valeo, EDF, Alstom, Schneider, Total, Véolia Environnement, BNP Paribas, le Crédit Agricole, Société Générale, Auchan, Carrefour, Decathlon, Sanofi-Pasteur…
La zone de libre-échange de Guangdong, approuvée fin 2013, mue par le modèle instauré cette même année à Shanghai devrait accélérer ces mouvements.

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