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Hausse des droits de douane : des Américains pas si hostiles que ça
La récente offensive haute en couleur de Donald Trump sur les droits de douane imposés à l’UE et à la Chine, principalement, a donné l’idée au site NYC.eu de faire réaliser une enquête sur les regards croisés des Français et des Américains à ce propos, mais plus généralement au sujet du libre-échange.
A vrai dire, c’est la partie la plus intéressante, car le yo-yo des décisions américaines rend caduques les réponses obtenues sur la question ponctuelle de l’augmentation des droits de douane. Tout juste pourra-t-on retenir que l’opinion des Américains sur les décisions prises par Donald Trump au paroxysme de la crise n’était pas si tranchée que cela. 37 % - c’est quand même assez élevé, approuvaient les taxes imposées aux pays de l’UE, contre 50 % et même 40 % (contre 49 %) celles impactant la Chine.Nos commentateurs médiatiques, aveuglés par leur idéologie, n’y voient pas clair, comme d’habitude. Notons que - ce n’est pas une surprise, le clivage se fait entre électeurs démocrates, qui sont 76 % à désapprouver ces mesures, et les républicains, dont seulement 17 % suivent ce même chemin. Si l’on analyse les réponses plus finement, il semble que les femmes soient davantage rétives à cette politique (54 % contre 43 % chez les hommes), de même que les foyers les plus modestes, qui peuvent craindre l’impact inflationniste, et les jeunes, sans doute pour d’autres raisons.
Pour un libre-échange tempéré aux Etats-Unis
L’étude permet donc de se pencher sur l’opinion des Américains et des Européens quant au libre-échange. Il semblerait à cet égard que les courbes se croisent. La proportion d’Américains se déclarant favorables au libre-échange aurait grimpé de 25 points depuis trente ans, et la fameuse crise de la banane (69 % désormais).
Cybersécurité : l’affaire de tous en entreprise
Une étude récente menée par OpinionWay pour Lockself, éditeur d’une solution SaaS de coffre-fort numérique, démontre à l’envi les risques cyber induits par des pratiques inadéquates. Ces pratiques sont issues d’un manque de formation, surtout dans les entreprises de moins de 50 salariés et par le fait de se sentir bien protégé.
Les analystes de l’étude ont déterminé ainsi « le top 3 » des mauvaises attitudes en entreprise :
- L’usage personnel des outils professionnels pour 49 % d’entre eux d’une manière régulière.
- L’utilisation d’un même identifiant de connexion pour plusieurs comptes professionnels.
- Le partage de documents professionnels par des outils personnels.
Les spécialistes de Lockself pointent spécialement du doigt les mots de passe trop faciles à deviner, ou encore un laisser- aller dans leur communication à un spectre assez large de personnes. A ce propos, ce manque de discernement est davantage perceptible dans les structures de petite taille (52 % contre 30 %), et chez les jeunes de moins de 35 ans, qui se montrent plus insouciants que leurs aînés, allant plus fréquemment télécharger des contenus sans vérification ou cliquer sur des liens sans précaution. Avec à la clé le danger du phishing. Pourquoi cette relative désinvolture de certains ? Sans doute parce qu’une large majorité des publics concernés (64 % dans cette enquête) considère le risque cyber comme faible ou nul ! Du reste, 89 % des interviewés estiment disposer des outils adéquats pour le pallier, et 90 % pour gérer cette situation à leur bureau.Lockself pense que le manque de formation régulière aux menaces numériques pourrait être une des explications de cette insouciance apparente. En effet, 46 % des salariés n’auraient reçu aucune formation en matière de menace numérique, ce nombre montant à 68 % dans les entreprises de moins de 20 salariés.
Gastronomie française : de quoi nous réconcilier ?
Ipsos a publié, à l’occasion de la cérémonie du Guide Michelin 2025, les résultats d’une étude réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1000 de nos compatriotes de 18 à 75 ans, sur leur perception de la gastronomie française. Fait réjouissant, 9 Français sur 10 en ont une bonne opinion.
On sait que notre force réside en grande partie dans nos terroirs. Quels sont ceux qui sont les plus considérés ? Trois régions sont citées d’emblée et dominent le tableau : le Sud-Ouest, la région lyonnaise et la Bretagne. Plus loin viennent l’Alsace et la Bourgogne. Quant aux trois plats mis en exergue par les répondants, ce sont le boeuf bourguignon, le cassoulet et la blanquette de veau. Arrivent un peu loin plus le confit de canard et la choucroute pour compléter ce Top 5.
France : les chefs d’entreprises loin du farniente
Les dirigeants de PME françaises privilégient la croissance de leur clientèle (30 %), et la génération de revenus (26,7 %), bien avant l’équilibre vie personnelle/ vie professionnelle (16,4 %). C’est un des résultats intéressants de l’étude réalisée pour la fintech internationale SumUp, réalisée dans notre pays, ainsi que, à titre comparatif, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie et en Irlande.
Il s’agissait de « décrypter […] Les priorités, ambitions et aspirations des PME européennes » et de savoir quelles sont leurs moteurs pour y parvenir. Nous avons indiqué supra que les dirigeants de PME européennes du panel avaient du point de vue de leur positionnement quant à l’équilibre vie professionnelle/vie professionnelle un comportement similaire au nôtre.Qu’en est-il précisément des vacances ? Si les salariés ont de plus en plus de jours de congé (y compris des RTT), les patrons partent beaucoup moins et moins longtemps.En France, 27,9 % prennent entre trois et quatre semaines de vacances chaque année et 24,3 % seulement une à deux semaines. 13,6 % se la « coulent douce », énonçant un à deux mois de congé, comme leurs homologues allemands. En revanche 35,5 % des Allemands et 38,2 % des Italiens font part de vacances de un à deux mois. Quid du rituel du déjeuner, une tradition qui a tendance à se perdre selon les modalités d’antan ? 34,2 % déclarent une pause de 30 à 60 minutes, à peu près comme en Italie (30,1 %). Un quart de nos compatriotes interrogés font plus court (15 à 30 minutes seulement) et 15,2 % de nos compatriotes dirigeants à l’ancienne, consacrent plus d’une heure à leur repas de midi. Les Allemands et surtout les Britanniques - c’est attendu, déjeunent plutôt « sur le pouce ». Seuls 4,9 % de nos voisins d’outre- Manche passent plus d’une heure à table le midi !
Go Entrepreneurs Paris : toujours de l’engouement pour la création
Eric Lombard, ministre de l’Economie et des Finances, prend la parole à Go Entrepreneurs.
L’événement majeur de l’entrepreneuriat, Go Entrepreneurs Paris, s’est tenu comme chaque année à l’Arena La Défense, les 9 et 10 avrils derniers. En pleine tourmente financière, alors que les droits de douane avaient été considérablement augmentés par les Etats-Unis, le ministre de l’Economie et des Finances, Eric Lombard, fit le déplacement sur le salon, à la rencontre des entrepreneurs, afin de les rassurer et de les encourager dans une démarche de moyen et de long terme.
Plus de 40 000 personnes selon l’organisateur, désormais Ebra Evénements, ont sillonné les allées, écouté des pitchs, pris des conseils et participé à des conférences où des personnalités de renom - créateurs ou experts, prirent la parole. Les conférences ou les ateliers abordaient des thématiques d’intérêt pour les auditeurs, à l’image de celle de notre magazine sur le développement commercial et la fidélisation. D’année en année, du reste, l’aspect « conquête de marchés » gagne du terrain dans les sujets abordés, à côté de celui de la protection sociale du dirigeant, autrefois dominant. Et c’est fort heureux.Qu’en était-il des exposants cette fois ? Les grands institutionnels répondent toujours présents à l’image de l’Urssaf, de l’INPI, de la CCI Ile-de-France et de la BPI, accompagnée de ses structures associées. Les banques ne manquaient pas à l’appel comme Banque Populaire, le CIC, BNP Paribas mais aussi des établissements ciblant davantage les entrepreneurs, voire les TPE/PME, avec Hello Bank Pro (filiale de BNP Paribas) ou encore Qonto, qui est de nature hybride. La Tech n’était pas absente, avec Dell, qui mettait en avant ses nouveaux ordinateurs, « pleinement adaptés à l’utilisation de l’IA ».
L’IA et la data ne font pas tout dans la conquête des marchés
La conférence récurrente de notre magazine sur le salon a accueilli plus de 200 auditeurs, pour une majorité d’entre eux des porteurs de projets. Jean-Michel Armand, directeur général de Hybird et Alain Gazo, notre directeur de la publication et de la rédaction, sont eux-mêmes des créateurs d’entreprise, passés comme beaucoup par l’enthousiasme de la création, suivie souvent de déboires que l’on a su surmonter et sans l’appui d’investisseurs que l’on trouve souvent aujourd’hui dans les start-ups. Alors bien sûr, concède d’emblée Jean-Michel Armand, l’IA va apporter beaucoup de choses en matière de prospection, mais il ne faut pas tout en attendre. Alain Gazo abonde dans son sens et rappelle les préalables nécessaires à la création : d’abord l’envie, ensuite l’idée et sinon une étude de marché en bonne et due forme, au moins des tests d’acceptation du service ou du produit, au besoin dans un cercle restreint. « Nos premiers clients sont en même temps nos partenaires, car ils vont nous permettre d’affiner nos produits ou nos services », explicite le directeur général d’Hybird. Car il est recommandé de se lancer assez vite, quitte à peaufiner son produit ou son service pendant la première année, souligne Alain Gazo. Cela permet de prendre de vitesse une éventuelle concurrence sur un produit disruptif ou simplement différenciant.
Après les premiers clients, trouvés en général en B2B parmi les proches, il faut élargir ses recherches. Et le patron doit s’y mettre, souligne Alain Gazo. Alors qu’un intervenant dans l’assemblée exprime ses difficultés en matière de prospection téléphonique. Jean-Michel Armand reconnaît qu’au début il rechignait à une prospection « à froid », préférant rebondir sur des contacts obtenus lors de salons professionnels auxquels Hybird participait. Mais aujourd’hui, lui-même et ses équipes s’y sont mis. « Pas à travers un chat-bot », sourit-il. En effet, il se remémore un appel récent où le chat-bot d’un fournisseur potentiel s’est adressé à lui. Conséquence négative, car Jean-Michel Armand y a vu un signe de manque de respect de la part de ceux qui voulaient devenir ses partenaires. Pour le moment, il pense que les prospectés n’ont pas forcément envie d’être « traités » par des robots, en particulier dans la phase de prise de contacts.
Que peut apporter l’IA dans la prospection ? Jean-Michel Armand rappelle que l’IA a été incluse depuis une dizaine d’années déjà dans le CRM d’un éditeur d’envergure mondiale. Aujourd’hui son champ s’est effectivement étendu avec l’arrivée de l’IA générative. « Il ne faut pas tout en attendre, pondère le directeur général d’Hybird, sans doute essentiellement mieux permettre de catégoriser ses segments de clientèle et ses ciblages ». Par exemple en repérant les strates de prospects qui sont a priori proches de ceux qui sont déjà nos clients. Ses clients, on peut les détecter en étant présent sur certains réseaux sociaux, comme LinkedIn, bien sûr aussi en disposant d’un site Internet d’accueil ergonomiquement bien fait. Quid des campagnes de e-mailing ? Jean-Michel Armand croit percevoir un certain retour en grâce de ce canal, mais il convient de veiller à toujours intéresser le lecteur en apportant de l’information. En revanche, les campagnes SMS – trop intrusives – sont bannies.
Selectour : sensibiliser les partenaires à une démarche RSE
Selectour est un réseau coopératif regroupant environ 1 000 agences de voyages, dont 270 spécialisées dans le voyage d’affaires. Ce réseau est le plus ancien et le plus dense en nombre de points de vente en France. Alors que la dimension RSE prend de l’importance en matière de déplacements professionnels, Selectour a mis en place une initiative intéressante dans ce cadre. Nous avons interrogé à ce propos Guillaume de Gouttes, son directeur des achats.
Guillaume de Gouttes a la charge de la négociation, de la contractualisation et de l’animation des contrats. Dans ce cadre, il travaille avec Havas Voyages au sein du GIE ASHA. Lequel permet en particulier de mutualiser un certain nombre de services. Et une démarche en matière de RSE en est ressortie. Concrètement, comment s’est-elle traduite ? En 2024, un questionnaire RSE a été communiqué aux partenaires et fournisseurs de Selectour « ayant plutôt le profil d’opérateurs de voyages d’affaires », explique Guillaume de Gouttes. « Nos agences sont challengées par les entreprises clientes pour adopter elles-mêmes une démarche RSE et aussi pour qu’elles sélectionnent des prestataires qui sont impliqués dans cette dynamique », complète le directeur des achats de Selectour. « Nous avons choisi, pour bâtir le questionnaire, une société reconnue en la matière, Positive Company, à même de labelliser avec nous les prestataires dont le profil serait reconnu pertinent sur le plan environnemental, mais aussi social et sociétal », explicite Guillaume de Gouttes.
Une cinquantaine de fournisseurs du réseau Selectour ont été consultés sur des questions très précises.
Déplacements professionnels : la RSE pousse le transport ferré
Le volume des déplacements professionnels semble à la hausse depuis le début de l’année, malgré une conjoncture économique plutôt atone. Cependant, tous les acteurs ne profitent pas d’une manière égale de cette tendance soutenue du voyage, qui est plus notable du reste dans le tourisme. La RSE s’impose de plus en plus dans les entreprises, y compris dans les PME, ainsi qu’on le constate chez Selectour Affaires. Dès lors, le transport ferré prend encore des parts de marché, à la faveur des politiques menées, mais aussi de l’arrivée ou du renforcement de la concurrence, comme celle de Trenitalia, tandis qu’Eurostar harmonise sa politique tarifaire, après la fusion avec Thalys et que TGV Lyria va plus loin dans le service proposé aux passagers. La SNCF veille aussi au grain, en adaptant son offre.
TGV Lyria : des innovations remarquées en termes de services
TGV Lyria, filiale de SNCF Voyageurs et des CFF (Chemins de fer fédéraux suisses), spécialiste des liaisons ferroviaires entre nos deux pays, continue d’innover régulièrement à l’écoute de ses clients. Rappelons tout d’abord comment se présente le panorama des parcours effectués : dix-sept allers-retours quotidiens et quatre destinations desservies en Suisse : Genève, Lausanne, Bâle et Zurich. Quinze rames duplex, mises en place progressivement depuis fin 2019, ont permis une augmentation de 30 % de la capacité, désormais de 18 000 places. TGV Lyria n’a pas de concurrence directe dans le ferré, mais fait face à celle de l’automobile alors que le prix des carburants a notablement baissé, et aussi en second lieu, de l’avion, avec une vingtaine d’allers-retours entre Paris et la Suisse. « Cependant, note Marie-Hélène Bazaine, responsable marchés France, Europe et Overseas, la progression du nombre de passagers transportés a été forte en 2023 et 2024, les déplacements professionnels représentant environ un tiers du total ». Le début 2025 augure bien de la suite. Cependant, TGV Lyria veut encore faire mieux, pour aller au-delà du taux de satisfaction de 83 % obtenu « sur l’ensemble des parcours » en 2024. Et surtout pour se rapprocher du désir des voyageurs « d’une expérience originale au-delà des prérequis de la ponctualité et du confort », explicite Marie-Hélène Bazaine.
Trenitalia se lance sur Paris-Marseille
Marco Caposciutti, PDG de Trenitalia France, a de quoi se réjouir des perspectives de l’année 2025. En premier lieu, le 1er avril marquera le grand retour du Paris-Milan après presque deux ans d’absence suite à l’éboulement dans les Alpes. Le rétablissement de cette ligne s’accompagne de l’instauration de deux arrêts permanents sur le parcours, l’un à Saint-Jean de Maurienne en France, l’autre à Oulx sur le versant italien. Marco Caposciutti signale également que Trenitalia dessert Lyon-Milan sans changement de train. Deux allers-retours sont prévus, via Lyon Part-Dieu, comme précédemment. La capitale des Gaules sera desservie au total cinq fois par jour avec pour terminus Lyon Perrache pour trois d’entre eux (6 à partir du 15 juin pour La Part- Dieu).
La grande nouveauté de l’année réside dans l’ouverture d’un Paris-Marseille. « Nous souhaitons grâce à cela accroître la part du train sur un nouvel axe, car avec quatre allers-retours quotidiens, nous augmentons de 25 % la capacité du transport ferré », souligne Marco Caposciutti. En effet, l’expérience prouve en Italie comme sur le Paris-Lyon, que « la concurrence s’avère bénéfique en matière d’amélioration de services et de prix ».
Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine : renforcer et développer l’attractivité des villes moyennes
Jean-Christophe Fromantin est maire de Neuilly sur Seine depuis 2008 et vice-président du conseil du département des Hautsde- Seine en charge des infrastructures. Au-delà de ses mandats franciliens, il porte des réflexions sur le déséquilibre territorial de la France et sur les solutions qui pourraient être envisagées pour résoudre ce problème. Il est également doctorant à IAE Paris-Sorbonne où il interroge le modèle des quartiers d’affaires. Ses idées, ancrées dans ses contacts réguliers et profonds avec les maires des « territoires », tranchent par rapport au consensus ambiant. Nous l’avons rencontré et lui avons posé quelques questions pour en savoir plus.
Conquérir : Quel constat faites-vous de la situation aujourd’hui en termes d’équilibre territorial ?
Jean-Christophe Fromantin : L’absence de stratégie territoriale et de politique d’aménagement du territoire a créé un véritable déséquilibre territorial en France. Des villes débordent, d’autres se vident avec des problématiques de logement insolubles. Une doxa métropolitaine, mal appréhendée, nous a fait perdre beaucoup de temps et prive la France d’un potentiel de développement. Les Français sont majoritairement demandeurs d’une amélioration de leur cadre de vie. Ce constat est d’autant plus inquiétant qu’une recentralisation forte freine de plus en plus les initiatives locales et régionales. Je pense en particulier à la perte d’indépendance fiscale des collectivités.
Conquérir : Vous préconisez à la fois une plus grande décentralisation et un retour à la planification, abandonnée à la suite de la suppression de la Datar. N’est-ce pas contradictoire ?
Jean-Christophe Fromantin : L’urbanisme et l’aménagement du territoire s’inscrivent traditionnellement dans des systèmes organisés. La distribution des services publics, les moyens de transport, les investissements ou les infrastructures ne peuvent pas s’improviser. Ils répondent d’une organisation claire et cohérente. Pour mener des politiques efficaces, nous avons besoin d’un schéma prospectif national avec une forte visibilité. Une décentralisation, pour être opérationnelle, s’inscrit évidemment dans un cadre stratégique qui soit à la fois stable et vers lequel convergent les composantes de l’action publique. Quand nous sommes à la tête d’une commune, d’un département ou d’une région, il est utile de connaître la stratégie territoriale de l’Etat afin d’inscrire nos politiques publiques dans un environnement qui n’est pas remis en cause à chaque arbitrage budgétaire. C’est à cette condition que nous pouvons investir durablement. Si nous investissons dans une école et qu’une maternité ferme, tout le monde est perdant.
Conquérir : On veut aujourd’hui densifier davantage les zones déjà urbanisées afin d’éviter l’artificialisation de nouveaux sols. Vous proposez une alternative à ce schéma, avec une attention particulière portée aux villes moyennes. Pourriez-vous nous préciser votre pensée à ce sujet ?
Jean-Christophe Fromantin : Je ne crois pas à un avenir polarisé autour de quelques métropoles. Je crois à un schéma plus équilibré qui concilie des lieux de vie à taille humaine et des métropoles dont la première vocation est d’être des espaces de rencontres et d’échanges. C’est la raison pour laquelle j’alerte sur l’enjeu des villes moyennes - qui sont les villes plébiscitées par les Français, et dans les innovations qui peuvent progressivement les doter d’un standard de services comparables aux grandes villes d’hier. Cette approche plus équilibrée entre les zones rurales, un semis de villes moyennes et quelques métropoles significatives aurait l’avantage de mieux répondre aux projets de vie des Français, de relancer une économie diversifiée, adossée à la diversité de nos atouts culturels et de nos avantages comparatifs, et d’offrir une perspective écologique plus apaisée…
Conquérir : …quels exemples concrets de ce modèle seraient illustratifs du bien-fondé de cette thèse ?
Jean-Christophe Fromantin : Le logement est un bon exemple. Il manque des centaines de milliers de logement en région parisienne alors que des logements sont disponibles dans des dizaines de villes moyennes dont le dynamisme, la qualité de vie et la proximité de grands centres urbains sont autant d’atouts. Pour autant, les incertitudes sur les politiques de santé ou d’éducation, mais aussi les errements des systèmes de transport dissuadent beaucoup de Français de faire le pas vers les villes moyennes. C’est aussi un handicap pour la relance industrielle de la France et pour les investissements. Notre économie a besoin de formations professionnelles et d’emplois. Or, beaucoup de PME régionales peinent à recruter car l’aménagement du territoire n’apporte pas les garanties d’un accès équitable aux services publics.
Propos recueillis par Alain Gazo
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