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Plus de seniors au travail… ailleurs ?
La réforme des retraites de 2022 devait mécaniquement remonter le taux d’emploi des seniors. Cependant, leur taux d’emploi demeure plus faible en France que dans d’autres pays européens. Patronat et syndicats s’attèlent de nouveau actuellement à le faire remonter. Quoi qu’il en soit, pourquoi cet apparent désamour persistant entre les dirigeants d’entreprises - souvent seniors eux-mêmes - et cette tranche d’âge ? La piste d’une mésentente générationnelle serait-elle la bonne ? Review Jobs a posé la question à 1 058 personnes, du 9 au 12 mars dernier.
Eh non ! Les seniors sont plutôt bien perçus par les jeunes, de moins de 25 ans en particulier, moins bien vus par les dirigeants. En tout cas, 69 % des répondants (71 % et 78 % respectivement chez les plus jeunes !) estiment que les seniors soignent leur travail et 76 % qu'ils sont compétents .
Quid des nouvelles technologies ? Là, 40 % des salariés et 48 % des cadres dirigeants pensent que les salariés seniors sont démunis dans ce domaine. Ce que les intéressés ne sont que 37 % à penser. L’absentéisme ? Les cadres dirigeants jugent à 51 % que les seniors sont davantage fatigués et malades (24 % seulement en moyenne des répondants). Quant au cadre relationnel, 47 % des répondants estiment que les relations professionnelles sont « avant tout fonction du contexte et des personnalités, non de l’âge ».
Alors, faut-il augmenter le taux d’emploi des seniors ? Oui… mais pas dans sa propre entreprise ! 59 % des personnes interrogées considèrent qu’ils apportent un regard intéressant dans leur société et qu’accroître leur taux d’emploi serait un progrès. Mais nombreux sont ceux qui estiment que ce surplus de seniors « ne parviendraient pas à y trouver leur place ». Triste !
« On se trouve face à une situation paradoxale, conclut Nicolas Mariette, fondateur de Review Jobs, les salariés seniors sont jugés globalement compétents, efficaces et investis dans leur travail mais près d’un tiers des jeunes estiment que, malgré ces qualités, un senior ne pourrait pas s’adapter au contexte spécifique de leur entreprise. Cela s’explique, à notre sens, par une forte méconnaissance [de la réalité] : 44 % des sondés déclarent ainsi que les seniors représentent moins de 10 % des effectifs de leur entreprise, ils les côtoient donc peu. Travailler ensemble au quotidien permettra sans doute à tous de se forger une vision plus réaliste de la place des seniors au travail ».
Salon des Maires : des partenariats publics-privés pour les infrastructures
Le salon des Maires (cette année du 21 au 23 novembre), organisé par l’AMF (Association des Maires de France), avec le concours de l’opérateur Infoprodigital, permet toujours aux élus locaux de se retrouver et d’échanger sur leurs préoccupations et leurs perspectives. C’est un congrès, mais en même temps une exposition accompagnée de conférences leur apportant des informations ou des idées pour faciliter la gestion de leurs villes et de leurs villages.
C’est le moment aussi pour les maires d’exposer leurs craintes ou leurs espoirs, à un moment où les médias braquent leurs projecteurs sur eux. Philippe Laurent, l’emblématique vice-président de l’AMF, a, en substance, lors d’une réunion en marge du salon à laquelle nous assistions, critiqué l’interventionnisme exagéré de l’Etat dans la gestion des communes. Un interventionnisme facilité par une autonomie fiscale des collectivités locales réduite à peau de chagrin. En effet, le seul levier significatif encore à la main des communes est la taxe foncière. D’où son augmentation parfois supérieure à celle corrélée à la hausse des bases de la valeur locative.
De fait, les dotations de l’Etat, souvent fléchées comme le rappelle Philippe Laurent - ce qui encore une fois est contraire à l’autonomie des collectivités, tendent à ne pas suivre l’inflation, alors même que les dépenses de fonctionnement augmentent, qu’il faudrait aussi pouvoir relever le salaire des fonctionnaires territoriaux, afin de rendre leurs métiers plus attractifs, et que les besoins d’investissement sont souvent importants.
Cela est particulièrement vrai dans les communes en plein développement, comme celle d’Asnières, dans les Hauts de Seine. Dans cette ville, de nombreuses friches industrielles sont exploitées pour créer des logements, des commerces et un peu moins maintenant, des bureaux.
Les exécutifs municipaux doivent donc mettre en place des infrastructures adéquates (écoles, équipements sportifs…). Or, on l’a vu, les finances locales sont limitées, si l’on ne veut pas trop utiliser le levier fiscal, ou fixer des tarifications d’usage des services publics élevées. Dans le cadre de la livraison en cours, ou à venir à brève échéance, de 6600 logements, la commune d’Asnières a ainsi passé un accord avec le groupe Casa Padel, représenté par José Manuel Escoín, son président fondateur et avec RTE. Cet accord vise à la création d’un centre dédié à ce sport dans un des quartiers concernés.
Au salon : tous paysans !
Si vous vouliez rencontrer des agriculteurs, vous pouviez le faire sans aller Porte de Versailles : ils étaient des dizaines avec leurs tracteurs sur le pont Mirabeau… pour protester contre une technostructure qui entend d’en haut, depuis Paris - voire Bruxelles, réglementer minutieusement notre vie professionnelle. Elle nous donne un bel exemple de ce qu’il ne faut pas faire en matière de gouvernance. Au code du travail de 1 kg 500, s’ajoute un code civil et un code de l’environnement aussi épais. Ils pèsent sur les chefs d’entreprise de tous métiers, comme sur nos paysans. C’est pourquoi, nous avons quand même franchis les portes de ce 60ème salon de l’agriculture en quête de fraternité, car nous partageons les mêmes soucis et les mêmes espoirs.
Carburants
On se presse autour d’une énorme moissonneuse- batteuse « New Holland ». « Ça ne marche sûrement pas à l’électricité » nous dit un visiteur avec un sourire. En effet, les agriculteurs partagent avec le BTP et les transporteurs un gros souci. Le coût du carburant écrase leurs comptes de résultat.
A la clé, la disparition programmée du moteur thermique réputé climato-mortel. Le bio-éthanol produit à partir des cultures de betteraves et de céréales, une solution ? « Pour les agriculteurs sans doute » me dit Aubin sur le stand betterave-sucrière, « environ 55 000 y trouvent des débouchés, mais cela représente moins de 1 % de la SAU, et ne concerne les moteurs essence seulement » précise-t-il. Certains constructeurs livrent des véhicules équipés pour accepter le bio-éthanol. Pour les autres, l’adaptation coûte environ 1000 euros.
Frontières
La moitié des produits alimentaires que nous consommons est importée. A ceux qui s’indignent de voir notre pays envahi au nom d’accords de libre-échange et qui souhaitent des barrières douanières, on réplique benoîtement que ce serait bloquer nos exportations. Exporter, nos agriculteurs savent le faire ! Sans les vins et spiritueux, notre balance commerciale serait déficitaire. La Bretagne, « région la plus agricole de France, qui nourrit au-delà des frontières régionales et nationales » selon les mots d’André Sergent ; aide à l’auto-suffisance alimentaire en contribuant à nourrir 1 français sur 3.
Faut-il encore que nos entreprises ne soient pas pénalisées par des normes auxquelles échappent d’autre pays ! On pense aux normes européennes sur lesquelles nos
administrations en remettent une couche avec la notion « 0 pesticides », pourtant indispensables aux betteraviers dont la production chute, alors que nous importons du sucre.
La Fondation pour la Nature et l’Homme et INTERBEV plaident pour des mesures miroirs, qui consistent à réserver l’action au marché de l’UE à des productions respectant nos règles environnementales et sanitaires. A ce jour, peu de décisions politiques concrètes ont vu le jour.
Paysans et écolos
Une table ronde a réuni Éric Orsenna, Gaspard Koenig, J.M. Sereni, autour des « conséquences sur l’agriculture du changement climatique ». Des écolos n’hésitent pas à affirmer que les activités agricoles l’aggravent. « Limitons les productions agricoles et les troupeaux disent-ils ! » Soit, mais que mangera-t-on ? Nous risquons de manquer d’eau ? On peut la stocker ! Développons des cultures qui en consomment moins, telles que le chanvre qui exige peu d’eau et aucun herbicide. De plus, il procure à la construction un matériau de qualité. Passons sur d’autres mesures techniques. Chacun s’accorde à souhaiter que l’on progresse selon les critères de la nature. Le bon sens peut préserver notre agriculture comme il a, non sans errements, permis de conserver notre production d’électricité nucléaire.
Qualité et pouvoir d’achat
« Des conditions de travail et des prix dignes » réclame une pétition qui circule en ce moment sur la toile. Même écho au stand de la Confédération Paysanne où Eglantine qui nous reçoit, très courtoisement, énonce un voeu : « un revenu qui tout simplement nous permette de vivre de notre métier ». Elle dénonce les règles de la PAC, basée sur la surface et non sur les personnes employées, ce qui avantage les grandes exploitations. Cela confirme les méfaits des normes bureaucratiques imposées uniformément à des exploitations toutes différentes selon l’activité, la Région, etc.
A l’arrivée, côté consommateur, le pouvoir d’achat limite l’acquisition de produits dont les prix ont sensiblement augmenté. Acheter Français ? Certes, mais l’origine est-elle toujours mentionnée ? Et quels remèdes ? Des prix planchers ? Une TVA modulée ? ou encore le choix de chacun : différer par exemple l’achat d’un smartphone permet de s’offrir nombre de bons repas.
Territoires
Un des mérites du salon de l’agriculture est de faire découvrir ou redécouvrir, aux citadins les Régions et leur choix de vivre loin du béton et des soirées canapés + écrans. Combien de gamins y voient pour la première fois « en vrai » une vache, un mouton ? Les exposants gardent le sens de l’accueil - souvent perdu dans les entreprises - du sourire, de l’humour : « Je vois la vie en rose » « Couleur Manche à l’eau » et sur le stand de la Corrèze « Les fines bouches rient ». Nombreux sont les appels explicites à s’installer en Régions pour y trouver de l’espace à prix raisonnables, des appuis, un personnel motivé, désireux de vivre « au pays ». On découvre des exemples parfois surprenants tel que celui d’un paysagiste reconverti dans l’élevage d’escargots dans le Gard. Le travail a permis à des cadres d’apprécier la vie à la campagne et plus d’un songe à s’y installer en tant que consultant, artisan, hôtelier, commerçant… Il y a des vocations à susciter chez les jeunes gens pour revenir à la Nature. Tant d’agriculteurs sont proches de l’âge de la retraite.
Jean-Louis Wilmes
Les pavillons étrangers très fréquentésEn poursuivant notre visite, nous avons parcouru les allées des pavillons internationaux et d’outre-mer. De nombreuses nationalités et leurs spécialités étaient représentées. On y trouvait une délégation lybienne, preuve que ce pays revient progressivement à la normale. Parmi eux, celui d’Espagne Royale. Andrei Orza nous présente une grande variété de produits provenant de différentes régions espagnoles. Du jambon de Guijuelo, en passant par Teruel, avec un arrêt stratégique dans la Ribera del Duero pour déguster l’un de ses vins, comme celui de la ville de Toro. Sans oublier le fromage Manchego, les boîtes de Conservas Ortiz ou la paella valencienne. En réalité, nous pourrions parfaitement découvrir les saveurs de toute l’Espagne grâce à la variété de ses produits, indique-t-il. Ces produits sont proposés dans la boutique d’Espagne Royale, dans le XIIIème. Une autre ouvrira prochainement à Saint Cloud. L’aventure d’Andrei a commencé à Paris en 2019. Son idée est de mieux faire connaître le jambon ibérique et sa découpe dans des événements. Depuis, son activité de traiteur s’est notablemment élargie et les spécialités proposées à la dégustation reflètent le panorama de la gastronomie espagnole. Il travaille en rélation directe avec les entreprises, les ambassades et les ministères, dans toute la France. L’événement le plus emblématique a été la célébration de la fête nationale espagnole qui s’est tenue au Château de la Muette, siège officiel de l’OCDE. Le succès ne se dément pas, en raison de l’intérêt porté à l’atmosphère et à la qualité espagnoles… y compris la danse flamenco ! Mónica Delgado Manero |
IFTM : regain de visiteurs, ambiance plutôt sereine
Le regain généralisé - ou presque - des voyages, touristiques, mais aussi dans une moindre mesure, professionnels, a contribué positivement sans surprise au succès de l’édition annuelle de l’IFTM (3 au 5 octobre à Paris) dont Conquérir était partenaire. Un moment propice aux rencontres et à la découverte de nouveautés.
Lors de la soirée de l’AFTM (Association française des travel managers) du 4 octobre, Laurence Gaborieau se réjouissait ainsi d’une fréquentation en nette progression (44 000 visiteurs décomptés), par rapport à une édition 2022, que l’on pourrait qualifier d’année de transition, puisqu’on se relevait encore à peine de la période de fermeture du covid. L’engouement a été porté également par la réouverture de destinations, comme celle de la Chine, même si elle est encore relativement récente. La Chine, mais aussi l’Inde, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan disposaient ainsi de pavillons, de même que du côté Amérique, de la Colombie, de l’Argentine… et bien sûr des pays d’Europe. L’agencement de l’événement laissait la place à de larges espaces thématiques ou d’échanges, comme celui du MICE, car les voyages « incentive » reprennent nettement, que ce soit en France, en Europe en général, comme en Suisse (ce qui suscite la création de packages par des opérateurs tels que TGV Lyria, pour faciliter ces opérations).
Les grandes conférences accueillirent un large public, avec la présence de personnalités, en particulier politiques, du plus haut niveau, venues d’Afrique ou du Moyen-Orient ou plus loin. La Jordanie était d’ailleurs très visible sur la manifestation.
Le Club Affaires, géré par l’AFTM en partenariat avec l’IFTM, fonctionne toujours très bien depuis plusieurs années, à la satisfaction du président de l’association, Michel Dieleman. Les conférences spécifiques au monde du déplacement professionnel ont connu une belle affluence, comme à l’habitude. Quant aux exposants de cette zone « Club Affaires », on en retrouvait des fidèles de longue date ou d’autres qui arrivaient pour la première fois. Parmi les habitués, on peut citer Selectour Affaires, American Express Cartes ou encore AirPlus.
Alors que AirPlus vient d’être cédé par Lufthansa à un groupe bancaire suédois, l’émetteur de cartes poursuit normalement ses activités. Julie Troussicot, directrice générale France, faisait part d’une activité soutenue, avec toujours un axe de développement sur le paiement des achats non stratégiques par carte virtuelle, ce qui n’exclut pas bien entendu le métier traditionnel des cartes pour les déplacements professionnels. A propos des cartes virtuelles, elles figurent dans la panoplie d’un acteur américain récemment arrivé sur le marché français, Navan. Il propose une solution de gestion des notes de frais associée à une carte physique que l’on peut remettre à un collaborateur.
Le train à la fête
Avant ou après le VTC et le taxi et, il y a le train et l’avion. Le fer a le vent en poupe, poussé qu’il est par une vision RSE et aussi par sa praticité. Une bonne nouvelle pour les opérateurs, comme la SNCF, même si, comme le disait Sylvain Labesse, directeur des ventes entreprises, « on sera peut-être à un moment donné limités par la capacité ». En effet, la croissance du trafic aura été forte en 2023, en dépit des grèves du premier trimestre. Et le déplacement professionnel augmente aussi, quoique dans une moindre mesure. En tout cas, les perspectives dans ce domaine semblent bonnes puisque, remarque Sylvain Labesse, le nombre de cartes Liberté, porteuses d’avantages, a nettement crû, un signal selon lui d’un engagement des entreprises « à voyager ou à revoyager ».
Pour 2024, il se montre plus réservé, ne serait-ce que parce que l’on part d’un niveau déjà élevé et que la croissance de l’économie a ralenti. Les autres opérateurs ferrés semblent également bien se porter, à l’instar de TGV Lyria, ou encore de Eurostar, qui a fusionné avec Thalys au 1er octobre.
Des opérateurs étrangers s’installent désormais progressivement en France à l’instar de Renfe (Lyon-Madrid et Lyon-Barcelone) et depuis l’an dernier avec une offre spécifique sur Paris–Lyon, de Trenitalia. La compagne italienne propose cinq allersretours quotidiens sur cet axe, avec une offre qui se veut distinctive et qualitative, comportant trois classes, l’Executive, « une première classe d’avion », la première et une classe standard. Tous les samedis et dimanches du 10 décembre jusqu’au 21 avril, un aller- retour quotidien sera prolongé jusqu’à Chambéry.
L’avion reprend vigueur
Le train donc est en plein essor. Qu’en est-il de l’avion ? Nous avons évoqué la question avec Henri Hourcade, directeur général du marché France d’Air France. On sait que le nombre de passagers transportés dans les différentes compagnies a globalement fortement progressé, poussé en majeure partie par l’essor des voyages touristiques. Ce que confirme Henri Hourcade, qui évaluait en octobre le retrait du voyage pour motifs professionnels à 25 % par rapport à la période d’avant-covid. Cela est principalement dû, selon lui, à l’ouverture encore relativement récente de l’Asie.
Réseaux de franchise : un bon cru 2023
La Banque Populaire présentait le 5 mars dernier les premiers résultats de sa vingtième enquête annuelle sur la franchise, réalisée en partenariat la FFF, et avec la participation de KANTAR.
André Billard, responsable pôle commerce et franchise de la direction du développement, énuméra un certain nombre de points saillants de l’étude 2023 réalisée auprès de franchiseurs et de franchisés. Si on se réfère à l’IA - un sujet très à la mode, ces derniers se montrent plus réservés que les franchiseurs vis-à-vis de son utilisation dans le cadre de leurs relations.
Si l’on regarde le profil des franchisés, 76 % sont d’anciens salariés - principalement du privé, le reste se répartissant entre ceux qui souhaitent ne pas rester isolés, et… des militaires à la retraite, qui sont souvent appréciés pour leur rigueur. L’âge moyen (37 ans) des nouveaux franchisés demeure à peu près inchangé, tandis que la proportion de femmes passe de 36 à 39 %.
Véronique Discours-Buhot, déléguée générale de la FFF, a tiré, quant à elle, un bilan positif de l’activité de la franchise en 2023, dans un contexte économique en moyenne un peu chahuté.
Voici quelques chiffres qui retiennent l’attention : le nombre de réseaux (2035) a augmenté de 3,2 %, celui des points de vente franchisés de 9 %, à 99 132, et le CA global a bondi de 15,5 à 88, 49 milliards d’euros.
Qui a peur de l’IA ?
A Hollywood, scénaristes, dialoguistes et autres créatifs de l’industrie du cinéma se mettent en grève saisis par la nouvelle grande menace - après la covid et les punaises de lit : l’intelligence artificielle, machine à créer des histoires et des images qui les enverraient au placard. Ainsi que nombre de membres de professions « intellectuelles » (dont les journalistes ?).
Vont-ils inéluctablement connaître le triste sort de maître Cornille et de son moulin réduit à la misère par les minotiers ?
Et les vendeurs ? « Le commercial va-t-il disparaître ? », interroge Vincent Caltabellotta dans son livre (1) où il mesure « la part du commerce où l’humain n’est plus »… toujours plus importante selon lui.
Le digital semble susciter autant d’inquiétudes (2) que de levées de fonds. Y compris pour l’environnement : les Data Center polluent plus que l’avion.
Un livre « augmenté » ?
Dans la forme, l’ouvrage de Vincent Caltadellotta révèle quelques surprises. Il est parsemé de QR codes (une dizaine) auxquels il convient de se reporter pour découvrir le texte complet d’une interview ou d’un schéma permettant à chacun de découvrir les étapes de « l’expérience relationnelle » du cycle de vente de son entreprise. Le lecteur peut se sentir frustré… surtout quand on annonce les « Cent compétences nécessaires au XXIe siècle » dont la liste est à voir… ci-dessus ! On trouve au fil des chapitres des textes (une vingtaine de pages) d’experts (3). L’auteur les cite et leur rend hommage. Partage-t-il les droits d’auteur, me suggère malicieusement un ami. Un détail : si vous n’êtes pas anglophone, munissez- vous de votre dictionnaire pour décoder retargeting, growth hacking, machine à leads, golden keyword et autres inbound marketing. « A partir d’un certain montant d’honoraires, écrivait autrefois le consultant Alexis Joseph, on se doit d’employer un langage hermétique ». Franglais de préférence voire latin de cuisine (la data ou le big data).
Salon Made in France : le rendez-vous des patriotes
Du 9 au 12 novembre, le salon Made in France a attiré Porte de Versailles des milliers de visiteurs (1) dont la plupart repartent chargés de sacs bien remplis. La particularité de ce salon : on ne se contente pas de regarder, toucher, essayer, on achète. Pour pouvoir à Noël, faire de beaux cadeaux.
Le grand public partagerait-il le souci qui étreint (mieux vaut tard que jamais) nos dirigeants devant la désindustrialisation et notre désastreuse balance commerciale courante ?
Patriotisme économique
Ceux qui fabriquent en France n’avaient pas tous de stand au salon… mais ils y étaient de coeur sans doute. Tel Afer « un vêtement à votre identité » dont le patron, Amaury, s’excuse auprès de ses clients d’avoir dû « faire fabriquer quelques sous-vêtements au Portugal ».
Tel Fermob, entreprise sortie de l’atelier d’un maréchal-ferrand spécialiste du fer à cheval, qui évolua dans les années 50 vers le mobilier de jardin - métallique bien sûr. « Innovation dans un métier traditionnel ». Stratégie efficace. B. Reybier, qui a repris l’affaire en 1989, déclarait paradoxalement à un confrère ne pas aimer le made in France. Pourquoi le dire en anglais ? Il est parti à la conquête du Nouveau Monde, un établissement à Atlanta, et de la Chine. Le patriotisme industriel est évidemment plus le fait de PME que des grands groupes selon notre confrère Marianne, partenaire du salon. Même dans les domaines où l’image de la France est un atout réel, le livre par exemple. Hermes a vu ses effectifs à l’étranger croître de 83 % en dix ans - même s’il emploie chez nous 13 000 personnes… Méritoire quand moins de 10 % du CA est réalisé en France ! Pour qui aurait des doutes, notons que le guide de marques-de-France. fr n’accueille que des entreprises pouvant prouver l’origine de leurs produits.
La mode…
Parmi les quelque 1 000 exposants, la mode était le secteur le plus représenté. Sans surprise : il colle à l’image de la France - comme la beauté et le bienêtre : parfums, cosmétiques. Le vélo électrique aussi est à la mode : plus de 50 % des ventes de vélo (2), appuyées par des primes de toutes origines : Etat, région (3) et peut-être par cette petite voix qui nous serine après chaque pub auto au quotidien « privilégiez la marche ou le vélo ». Deux exposants s’y sont lancés : chez C du cycle l’on y reconnaît que, pour l’instant, on se limite à assembler des sous-ensembles venus du Portugal (cadres) ou d’Asie (moteurs, batteries). Radior ressuscite une vieille marque, mais sa création résulte de la concentration d’un groupe d’entrepreneurs de l’Ain investissant dans un secteur d’avenir durable avec l’appui de la région, très active dans ce domaine. Défi commun : un réseau de vélocistes compétents, capables de démontrer - par un essai - performances et agrément justifiant à des prix (3 500 à 4 000 euros) sans commune mesure avec le tout-venant asiatique. Et d’apporter conseils et SAV. A méditer pour tout artisan voulant étendre son rayon d’action.
La Navarre à Paris : un agroalimentaire de qualité et de pointe
La Navarre est une des communautés autonomes espagnoles, tout près de la France. Elle dispose d’un savoir-faire très développé, en particulier dans le secteur de l’agroalimentaire. Une délégation de douze entreprises navarraises est venue récemment à Paris, le but principal du voyage étant pour ces sociétés, souvent des PME, de nouer des contacts dans notre pays afin d’identifier des débouchés supplémentaires pour leurs produits ou leurs services.
Le voyage était organisé dans le cadre du plan international de Navarre du ministère de l’Industrie, de la transition écologique et du commerce numérique, en collaboration avec la Cocef (Chambre officielle de commerce espagnole en France).
Le point d’orgue de cette semaine de mission commerciale fut la visite du marché de Rungis, ce qui permit aux participants de faire du réseautage et de suivre postérieurement une session de formation sur le marché français, dispensée par Michel Budai, chef de service adjoint de l’Office économique et commercial espagnol à Paris. Les principales zones commerciales du centre de Paris, dont la grande épicerie de Paris, furent également visitées par les douze entreprises participantes, à savoir Carnicas Galar, Kamiku, Hacienda Ortigosa, Ekhi Gold, Embutidos Hortanco, El Navarrico, Artajo, Carnicas Iruna, Loreki, Camporel, Conservas Medrano et Aceites Urzante.
Ses représentants purent, en préambule de ce voyage, présenter et faire déguster leurs produits navarrais au restaurant Le Mesturet à Paris, en présence de Christine Allard, présidente de la Cocef, de Miren Ausín, directeur de l’unité internationale du gouvernement de Navarre et de Mari Paz Ramos, conseillère économique et commerciale cheffe à l’ambassade d’Espagne à Paris, laquelle rappela les forts liens entre nos deux pays. Quant à Miren Ausín, elle nous indiqua que « la diversité géographique, culturelle et climatique de la Navarre se reflétait dans ses produits du terroir, alors que l’agroalimentaire est son deuxième secteur économique ».
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