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Salon Made in France : le rendez-vous des patriotes

Du 9 au 12 novembre, le salon Made in France a attiré Porte de Versailles des milliers de visiteurs (1) dont la plupart repartent chargés de sacs bien remplis. La particularité de ce salon : on ne se contente pas de regarder, toucher, essayer, on achète. Pour pouvoir à Noël, faire de beaux cadeaux.

Le grand public partagerait-il le souci qui étreint (mieux vaut tard que jamais) nos dirigeants devant la désindustrialisation et notre désastreuse balance commerciale courante ?

Patriotisme économique

Ceux qui fabriquent en France n’avaient pas tous de stand au salon… mais ils y étaient de coeur sans doute. Tel Afer « un vêtement à votre identité » dont le patron, Amaury, s’excuse auprès de ses clients d’avoir dû « faire fabriquer quelques sous-vêtements au Portugal ».

Tel Fermob, entreprise sortie de l’atelier d’un maréchal-ferrand spécialiste du fer à cheval, qui évolua dans les années 50 vers le mobilier de jardin - métallique bien sûr. « Innovation dans un métier traditionnel ». Stratégie efficace. B. Reybier, qui a repris l’affaire en 1989, déclarait paradoxalement à un confrère ne pas aimer le made in France. Pourquoi le dire en anglais ? Il est parti à la conquête du Nouveau Monde, un établissement à Atlanta, et de la Chine. Le patriotisme industriel est évidemment plus le fait de PME que des grands groupes selon notre confrère Marianne, partenaire du salon. Même dans les domaines où l’image de la France est un atout réel, le livre par exemple. Hermes a vu ses effectifs à l’étranger croître de 83 % en dix ans - même s’il emploie chez nous 13 000 personnes… Méritoire quand moins de 10 % du CA est réalisé en France ! Pour qui aurait des doutes, notons que le guide de marques-de-France. fr n’accueille que des entreprises pouvant prouver l’origine de leurs produits.

La mode…

Parmi les quelque 1 000 exposants, la mode était le secteur le plus représenté. Sans surprise : il colle à l’image de la France - comme la beauté et le bienêtre : parfums, cosmétiques. Le vélo électrique aussi est à la mode : plus de 50 % des ventes de vélo (2), appuyées par des primes de toutes origines : Etat, région (3) et peut-être par cette petite voix qui nous serine après chaque pub auto au quotidien « privilégiez la marche ou le vélo ». Deux exposants s’y sont lancés : chez C du cycle l’on y reconnaît que, pour l’instant, on se limite à assembler des sous-ensembles venus du Portugal (cadres) ou d’Asie (moteurs, batteries). Radior ressuscite une vieille marque, mais sa création résulte de la concentration d’un groupe d’entrepreneurs de l’Ain investissant dans un secteur d’avenir durable avec l’appui de la région, très active dans ce domaine. Défi commun : un réseau de vélocistes compétents, capables de démontrer - par un essai - performances et agrément justifiant à des prix (3 500 à 4 000 euros) sans commune mesure avec le tout-venant asiatique. Et d’apporter conseils et SAV. A méditer pour tout artisan voulant étendre son rayon d’action.

La Navarre à Paris : un agroalimentaire de qualité et de pointe

La Navarre est une des communautés autonomes espagnoles, tout près de la France. Elle dispose d’un savoir-faire très développé, en particulier dans le secteur de l’agroalimentaire. Une délégation de douze entreprises navarraises est venue récemment à Paris, le but principal du voyage étant pour ces sociétés, souvent des PME, de nouer des contacts dans notre pays afin d’identifier des débouchés supplémentaires pour leurs produits ou leurs services.

Le voyage était organisé dans le cadre du plan international de Navarre du ministère de l’Industrie, de la transition écologique et du commerce numérique, en collaboration avec la Cocef (Chambre officielle de commerce espagnole en France).

Le point d’orgue de cette semaine de mission commerciale fut la visite du marché de Rungis, ce qui permit aux participants de faire du réseautage et de suivre postérieurement une session de formation sur le marché français, dispensée par Michel Budai, chef de service adjoint de l’Office économique et commercial espagnol à Paris. Les principales zones commerciales du centre de Paris, dont la grande épicerie de Paris, furent également visitées par les douze entreprises participantes, à savoir Carnicas Galar, Kamiku, Hacienda Ortigosa, Ekhi Gold, Embutidos Hortanco, El Navarrico, Artajo, Carnicas Iruna, Loreki, Camporel, Conservas Medrano et Aceites Urzante.

Ses représentants purent, en préambule de ce voyage, présenter et faire déguster leurs produits navarrais au restaurant Le Mesturet à Paris, en présence de Christine Allard, présidente de la Cocef, de Miren Ausín, directeur de l’unité internationale du gouvernement de Navarre et de Mari Paz Ramos, conseillère économique et commerciale cheffe à l’ambassade d’Espagne à Paris, laquelle rappela les forts liens entre nos deux pays. Quant à Miren Ausín, elle nous indiqua que « la diversité géographique, culturelle et climatique de la Navarre se reflétait dans ses produits du terroir, alors que l’agroalimentaire est son deuxième secteur économique ».

Salon des Maires : des partenariats publics-privés pour les infrastructures

Le salon des Maires (cette année du 21 au 23 novembre), organisé par l’AMF (Association des Maires de France), avec le concours de l’opérateur Infoprodigital, permet toujours aux élus locaux de se retrouver et d’échanger sur leurs préoccupations et leurs perspectives. C’est un congrès, mais en même temps une exposition accompagnée de conférences leur apportant des informations ou des idées pour faciliter la gestion de leurs villes et de leurs villages.

C’est le moment aussi pour les maires d’exposer leurs craintes ou leurs espoirs, à un moment où les médias braquent leurs projecteurs sur eux. Philippe Laurent, l’emblématique vice-président de l’AMF, a, en substance, lors d’une réunion en marge du salon à laquelle nous assistions, critiqué l’interventionnisme exagéré de l’Etat dans la gestion des communes. Un interventionnisme facilité par une autonomie fiscale des collectivités locales réduite à peau de chagrin. En effet, le seul levier significatif encore à la main des communes est la taxe foncière. D’où son augmentation parfois supérieure à celle corrélée à la hausse des bases de la valeur locative.

De fait, les dotations de l’Etat, souvent fléchées comme le rappelle Philippe Laurent - ce qui encore une fois est contraire à l’autonomie des collectivités, tendent à ne pas suivre l’inflation, alors même que les dépenses de fonctionnement augmentent, qu’il faudrait aussi pouvoir relever le salaire des fonctionnaires territoriaux, afin de rendre leurs métiers plus attractifs, et que les besoins d’investissement sont souvent importants.

Cela est particulièrement vrai dans les communes en plein développement, comme celle d’Asnières, dans les Hauts de Seine. Dans cette ville, de nombreuses friches industrielles sont exploitées pour créer des logements, des commerces et un peu moins maintenant, des bureaux.

Les exécutifs municipaux doivent donc mettre en place des infrastructures adéquates (écoles, équipements sportifs…). Or, on l’a vu, les finances locales sont limitées, si l’on ne veut pas trop utiliser le levier fiscal, ou fixer des tarifications d’usage des services publics élevées. Dans le cadre de la livraison en cours, ou à venir à brève échéance, de 6600 logements, la commune d’Asnières a ainsi passé un accord avec le groupe Casa Padel, représenté par José Manuel Escoín, son président fondateur et avec RTE. Cet accord vise à la création d’un centre dédié à ce sport dans un des quartiers concernés.

Go Entrepreneurs Lyon : un regain d’affluence

Go Entrepreneurs Lyon, organisé par Les Echos Le Parisien Evénements, a connu un regain d’affluence pour sa 20e édition qui s’est tenue le 22 juin dernier à La Sucrière, dans la capitale rhône-alpine. Cela se remarquait de visu, la source officielle faisant état de 9 600 visiteurs. On revient clairement au niveau d’avant la crise du covid.


Prospection : l’intérêt de la visioconférence

De nombreux visiteurs donc sur l’exposition, et une influence souvent importante lors des conférences proposées, en particulier la nôtre, qui figure régulièrement dans le top 3 en termes de fréquentation. Cela a été encore le cas cette fois-ci avec plus de 200 auditeurs. Il est vrai que nous contribuons sur ces manifestations depuis 2012 à mettre en avant la thématique du développement commercial, car sans CA, une affaire ne peut évidemment pas tourner longtemps, même si les business angels potentiels se montrent très prévenants, comme le rappela d’emblée Alain Gazo, directeur de notre rédaction qui animait la conférence. « Créer, notait-il, suppose une envie puis un projet, qui doit être différenciant d’une certaine manière, pas forcément disruptif technologiquement ». Ce fut le cas pour Creditsafe, société norvégienne dont la filiale fut créée en France en 2006.

« Nous avions voulu, explique en substance Aurélie Martin, directrice du marketing, offrir une solution accessible et appropriée aux PME-PMI, en se servant d’Internet, qui commençait alors à prendre de l’ampleur ».

Chez Hybird, Jean-Michel Armand avoue, en ce qui le concerne, que si l’envie de créer était bien là – celle partagée par trois camarades jeunes ingénieurs qui s’étaient connus pendant leur parcours universitaire, l’idée exacte était moins évidente. Sans doute celle de créer un logiciel libre. En constatant l’intérêt d’un CRM pour eux-mêmes, il se lancèrent dans ce segment. Une démarche qu’il ne conseille cependant pas aux auditeurs. En effet, il convient de penser à un couple produit-cible ou cibles, « des mini cibles, en ce qui concerne Hybird la segmentation a évidemment également cours à Creditsafe, de manière à repérer les codes NAF les plus réceptifs. » Alain Gazo relevait effectivement qu’une étude, même relativement sommaire, est nécessaire avant un lancement. Cependant, on peut tout à fait peaufiner le produit ou le service dans les premiers mois post-lancement, afin de l’améliorer en fonction des premiers retours d’une réelle expérience.

Si, au départ, en B2B, on peut avoir assez rapidement des clients, issus de relations professionnelles antérieures ou autres, on arrive rapidement au bout de ce parcours. Il faut donc entamer des démarches proactives plus structurées de conquête. L’utilisation des réseaux sociaux vient immédiatement à l’esprit, pour son côté a priori gratuit, en tout cas pour les options de base. Quels réseaux utiliser prioritairement ? Aurélie Martin et Jean-Michel Armand recommandent prioritairement LinkedIn réputé « professionnel ». Aurélie Martin évoque le soin particulier qu’y apporte Creditsafe, qui y publie des posts renforçant la notoriété de l’entreprise et son sérieux, à travers des informations sur son activité, le métier, en somme de la création de contenus. De quoi générer le plus possible de « likes », deuxième niveau de LinkedIn, expose la directrice de marketing.

Réseaux sociaux, e-mailing et site internet

Chez Hybird, on s’est réellement attelés à l’utilisation des réseaux sociaux en 2020, en l’occurrence LinkedIn et dans une moindre mesure Twitter. « Cela nous permet de pousser des informations sur nos activités, nos produits, mais aussi de tenter d’entrer en contact avec certains décideurs », commente Jean-Michel Armand. « Qu’en est-il des campagnes de e-mailing ? », questionne alors Alain Gazo. « Cela demeure un mode de prospection incontournable, répond Aurélie Martin, en respectant cependant un certain nombre de principes de base ». A savoir ? « Tout d’abord partir d’une posture d’information plutôt que de prospection, laquelle n’interviendra que dans un second temps, ensuite se renseigner préalablement avec précision sur l’activité de l’entreprise et le poste exact de l’interlocuteur ciblé ». Moyennant quoi, si l’on respecte la démarche adéquate qui passe avant tout par la délivrance de contenus susceptibles de susciter les demandes entrantes, le taux d’ouverture est loin d’être négligeable, de l’ordre de 25 %, selon la directrice du marketing de Creditsafe, qui recommande des e-mails itératifs, mais suffisamment espacés pour éviter un ressenti de harcèlement.

Même démarche active, mais prudente, chez Hybird qui, à travers ces courriels, publie des renseignements sur les nouvelles versions de son logiciel CReMe, mais aussi sur des thèmes plus généraux qui y sont reliés comme la RGPD. En se gardant, là encore, de saturer les destinataires.

Aujourd’hui, remarque à ce stade Alain Gazo, on a tous le réflexe de consulter sur Google à tout propos. D’où l’importance du site Internet, même hors e-commerce. Jean-Michel Armand acquiesce sur la nécessité d’un site, même réduit, qui va amener des informations sur l’activité de son entreprise et de ce que l’on peut apporter. Avec bien sûr un contact identifié. Un bonheur d’avoir des personnes en quelque sorte dans la salle d’attente ! Tout cela n’empêche pas une démarche davantage proactive par exemple au téléphone ou en visio. Creditsafe a, dès l’origine, implanté un centre d’appels important pour vendre ses prestations et renouveler les abonnements à ses services.

Visio, téléphone et salons

« Désormais, rapporte encore Aurélie Martin, l’apport de la visio, s’agissant d’un produit digital tel que le nôtre, apporte un surplus de ventes de 5 à 10 % par rapport au téléphone seul ». Outre l’aspect « produit digital » propre à Creditsafe, le fait de voir son interlocuteur s’avère un avantage indéniable. Hybird utilise dernièrement davantage la visio, mais aussi le téléphone seul, les webinaires également, souligne son directeur général, des webinaires qui semblent revenir à la mode.

Cela étant, à Hybird, comme à Creditsafe, on apprécie la rencontre direct avec le public, à travers la présence sur des salons, des conférences ciblées… L’occasion de générer des contacts avec profit à condition d’un suivi derrière bien entendu. Des rendez-vous « physiques » sont toujours les bienvenus « car c’est plaisant, commente Jean-Michel Armand, mais plutôt pour finaliser un contrat par exemple ».

IFTM : regain de visiteurs, ambiance plutôt sereine

Le regain généralisé - ou presque - des voyages, touristiques, mais aussi dans une moindre mesure, professionnels, a contribué positivement sans surprise au succès de l’édition annuelle de l’IFTM (3 au 5 octobre à Paris) dont Conquérir était partenaire. Un moment propice aux rencontres et à la découverte de nouveautés.

Lors de la soirée de l’AFTM (Association française des travel managers) du 4 octobre, Laurence Gaborieau se réjouissait ainsi d’une fréquentation en nette progression (44 000 visiteurs décomptés), par rapport à une édition 2022, que l’on pourrait qualifier d’année de transition, puisqu’on se relevait encore à peine de la période de fermeture du covid. L’engouement a été porté également par la réouverture de destinations, comme celle de la Chine, même si elle est encore relativement récente. La Chine, mais aussi l’Inde, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan disposaient ainsi de pavillons, de même que du côté Amérique, de la Colombie, de l’Argentine… et bien sûr des pays d’Europe. L’agencement de l’événement laissait la place à de larges espaces thématiques ou d’échanges, comme celui du MICE, car les voyages « incentive » reprennent nettement, que ce soit en France, en Europe en général, comme en Suisse (ce qui suscite la création de packages par des opérateurs tels que TGV Lyria, pour faciliter ces opérations).

Les grandes conférences accueillirent un large public, avec la présence de personnalités, en particulier politiques, du plus haut niveau, venues d’Afrique ou du Moyen-Orient ou plus loin. La Jordanie était d’ailleurs très visible sur la manifestation.

Le Club Affaires, géré par l’AFTM en partenariat avec l’IFTM, fonctionne toujours très bien depuis plusieurs années, à la satisfaction du président de l’association, Michel Dieleman. Les conférences spécifiques au monde du déplacement professionnel ont connu une belle affluence, comme à l’habitude. Quant aux exposants de cette zone « Club Affaires », on en retrouvait des fidèles de longue date ou d’autres qui arrivaient pour la première fois. Parmi les habitués, on peut citer Selectour Affaires, American Express Cartes ou encore AirPlus.

Alors que AirPlus vient d’être cédé par Lufthansa à un groupe bancaire suédois, l’émetteur de cartes poursuit normalement ses activités. Julie Troussicot, directrice générale France, faisait part d’une activité soutenue, avec toujours un axe de développement sur le paiement des achats non stratégiques par carte virtuelle, ce qui n’exclut pas bien entendu le métier traditionnel des cartes pour les déplacements professionnels. A propos des cartes virtuelles, elles figurent dans la panoplie d’un acteur américain récemment arrivé sur le marché français, Navan. Il propose une solution de gestion des notes de frais associée à une carte physique que l’on peut remettre à un collaborateur.

Le train à la fête

Avant ou après le VTC et le taxi et, il y a le train et l’avion. Le fer a le vent en poupe, poussé qu’il est par une vision RSE et aussi par sa praticité. Une bonne nouvelle pour les opérateurs, comme la SNCF, même si, comme le disait Sylvain Labesse, directeur des ventes entreprises, « on sera peut-être à un moment donné limités par la capacité ». En effet, la croissance du trafic aura été forte en 2023, en dépit des grèves du premier trimestre. Et le déplacement professionnel augmente aussi, quoique dans une moindre mesure. En tout cas, les perspectives dans ce domaine semblent bonnes puisque, remarque Sylvain Labesse, le nombre de cartes Liberté, porteuses d’avantages, a nettement crû, un signal selon lui d’un engagement des entreprises « à voyager ou à revoyager ».

Pour 2024, il se montre plus réservé, ne serait-ce que parce que l’on part d’un niveau déjà élevé et que la croissance de l’économie a ralenti. Les autres opérateurs ferrés semblent également bien se porter, à l’instar de TGV Lyria, ou encore de Eurostar, qui a fusionné avec Thalys au 1er octobre.

Des opérateurs étrangers s’installent désormais progressivement en France à l’instar de Renfe (Lyon-Madrid et Lyon-Barcelone) et depuis l’an dernier avec une offre spécifique sur Paris–Lyon, de Trenitalia. La compagne italienne propose cinq allersretours quotidiens sur cet axe, avec une offre qui se veut distinctive et qualitative, comportant trois classes, l’Executive, « une première classe d’avion », la première et une classe standard. Tous les samedis et dimanches du 10 décembre jusqu’au 21 avril, un aller- retour quotidien sera prolongé jusqu’à Chambéry.

L’avion reprend vigueur

Le train donc est en plein essor. Qu’en est-il de l’avion ? Nous avons évoqué la question avec Henri Hourcade, directeur général du marché France d’Air France. On sait que le nombre de passagers transportés dans les différentes compagnies a globalement fortement progressé, poussé en majeure partie par l’essor des voyages touristiques. Ce que confirme Henri Hourcade, qui évaluait en octobre le retrait du voyage pour motifs professionnels à 25 % par rapport à la période d’avant-covid. Cela est principalement dû, selon lui, à l’ouverture encore relativement récente de l’Asie.

Les déplacements professionnels revus à la hausse

L’amélioration se poursuit dans le domaine du voyage, y compris celui du déplacement professionnel. « Après des années difficiles, on a besoin de partager au niveau national, comme international, observe Michel Dieleman, président de l’AFTM (Association française des travel managers). Toutefois, tempèret- il, le volume des voyages d’affaires n’est pas encore revenu au niveau de 2019 ».

Quelles en sont les raisons ? Sans doute la recherche du ROI partout, y compris en matière de déplacements joue-t-elle un rôle, comme le suggère François Bougeard, directeur des ventes corporate Europe du Sud - Afrique du Nord chez Accor. Plus généralement, la volonté de serrer les boulons, à travers une politique de voyages qui demeure en général restrictive, remarque Michel Dieleman. Les grands groupes ou les grosses ETI sont sans doute à cet égard davantage concernés, car la visio a nettement impacté les réunions intergroupes en présentiel. Il est vrai que les enjeux financiers sont parfois alors très importants, lorsque les collaborateurs se trouvent aux quatre coins du territoire métropolitain voire plus loin (DOM-TOM, étranger). Des limites budgétaires donc, mais tout de même de bonnes performances pour de nombreux acteurs du secteur hôtelier ou les loueurs de voitures par exemple. Chez Accor, on constate une hausse des taux d’occupation hôtelière. Couplée à celle des prix moyens, elle contribue à ce que l’on se dirige vers une année record en termes de CA, au-dessus de 2019, déjà un excellent millésime.

Des modalités en évolution

Des déplacements qui reviennent à un niveau antérieur à la période du covid voire au-delà, mais leur configuration a-t-elle changé ? Oui, répondent en choeur tous les professionnels que nous avons rencontrés. D’une manière générale, ces observateurs, aussi bien Michel Dieleman que par exemple Sylvain Labesse, directeur des ventes entreprises à la SNCF, évoquent des déplacements parfois moins nombreux mais d’une durée plus longue. Quitte comme le susurre le président de l’AFTM à faire « du leisure », c’est-à-dire à prolonger ou à anticiper un voyage d’affaires en joignant l’utile à l’agréable et à éviter trop d’allers-retours, en particulier en avion, en partie dans une optique de RSE.

Tous les opérateurs – à peu de choses près – se montrent satisfaits de l’exercice 2023. Les opérateurs ferrés bénéficient de la reprise générale, mais aussi de la volonté des entreprises de soigner leur RSE en privilégiant le rail à la voiture ou à l’avion, en restreignant souvent l’usage de ce dernier aux trajets de plus de 2 h 30. Au demeurant, les contraintes de l’Etat La SNCF affiche de très solides performances, explosant ses chiffres sur sa clientèle loisirs en les améliorant nettement sur 2022, et revenant même au niveau de 2019 sur le segment des professionnels, depuis la fin du premier trimestre.

« Ce regain provient de l’attrait du train, mais aussi d’autres facteurs, comme la réduction du nombre de journées télétravaillées ou encore une économie qui est revenue à des conditions plus normales que ces dernières années », analyse en substance Sylvain Labesse. « La poussée du secteur des loisirs, où les voyageurs réservent leurs billets longtemps à l’avance, amène les entreprises à opter à nouveau pour des billets flexibles, en anticipant leurs achats de parcours. Bien entendu, c’est un peu plus cher, mais en faisant appel à la carte Liberté, l’impact est minimisé », souligne, toujours en substance, Sylvain Labesse.

Les opérateurs ferrés transfrontaliers se situent dans la même tendance favorable, voire meilleure, à l’instar de TGV Lyria, où Vincent Cellier, responsable des ventes sociétés, annonce une nette hausse du trafic général sur les sept premiers mois de 2023 à période comparable sur 2022. Ainsi, les chiffres de 2023 s’annoncent- ils supérieurs aux objectifs de la compagnie. Le son de cloche est à peu de choses près le même chez Trenitalia. La compagnie italienne assure cinq allers-retours quotidiens sur l’axe Paris-Lyon dont deux qui vont au-delà, vers Milan. Roberto Rinaudo, président France, parle « d’un taux de remplissage en nette hausse sur 2022 [NDLR : la mise en service des Paris-Lyon terminus date de l’an dernier]. Cette tendance est particulièrement marquée pour le voyage à caractère au moins en partie professionnel qui constitue globalement près de la moitié des trajets », complète-t-il.

Qui a peur de l’IA ?

A Hollywood, scénaristes, dialoguistes et autres créatifs de l’industrie du cinéma se mettent en grève saisis par la nouvelle grande menace - après la covid et les punaises de lit : l’intelligence artificielle, machine à créer des histoires et des images qui les enverraient au placard. Ainsi que nombre de membres de professions « intellectuelles » (dont les journalistes ?).
Vont-ils inéluctablement connaître le triste sort de maître Cornille et de son moulin réduit à la misère par les minotiers ?

Et les vendeurs ? « Le commercial va-t-il disparaître ? », interroge Vincent Caltabellotta dans son livre (1) où il mesure « la part du commerce où l’humain n’est plus »… toujours plus importante selon lui.

Le digital semble susciter autant d’inquiétudes (2) que de levées de fonds. Y compris pour l’environnement : les Data Center polluent plus que l’avion.

Un livre « augmenté » ?

Dans la forme, l’ouvrage de Vincent Caltadellotta révèle quelques surprises. Il est parsemé de QR codes (une dizaine) auxquels il convient de se reporter pour découvrir le texte complet d’une interview ou d’un schéma permettant à chacun de découvrir les étapes de « l’expérience relationnelle » du cycle de vente de son entreprise. Le lecteur peut se sentir frustré… surtout quand on annonce les « Cent compétences nécessaires au XXIe siècle » dont la liste est à voir… ci-dessus ! On trouve au fil des chapitres des textes (une vingtaine de pages) d’experts (3). L’auteur les cite et leur rend hommage. Partage-t-il les droits d’auteur, me suggère malicieusement un ami. Un détail : si vous n’êtes pas anglophone, munissez- vous de votre dictionnaire pour décoder retargeting, growth hacking, machine à leads, golden keyword et autres inbound marketing. « A partir d’un certain montant d’honoraires, écrivait autrefois le consultant Alexis Joseph, on se doit d’employer un langage hermétique ». Franglais de préférence voire latin de cuisine (la data ou le big data).

Absentéisme : un phénomène en hausse !

Workplace Solutions a publié récemment les résultats de son sixième baromètre de l’absentéisme. L’étude a été confiée à BVA People Consulting, qui a interrogé
« 303 DRH et 1 500 salariés en mai 2023 ».

Ce sujet de l’absentéisme, qui nuit beaucoup à la productivité des entreprises et au climat social, puisque ce sont les présents qui absorbent les surplus de travail ainsi générés, a été abordé au plus haut niveau de l’Etat. Le phénomène est important puisque le taux d’absentéisme aurait augmenté de 28,6 % depuis 2014, avec une forte accélération dernièrement. En cause la santé mentale des salariés, dont la dégradation apparaît pour moitié liée au travail, l’autre à des raisons personnelles. Désormais, les arrêts de travail reliés à ces perturbations mentales talonnent ceux des maladies ordinaires, loin devant les TMS et les longues maladies. Lorsque les arrêts sont la conséquence de la vie professionnelle, les tensions liées à l’organisation du travail, ou encore les pratiques managériales du manager de proximité sont les principales causes citées. Notons que la part des salariés déclarant en 2023 avoir été au moins un jour en arrêt sur les douze derniers mois est plus importante chez les jeunes – 45 % dans la tranche 18-29 ans et 47 % dans celle des 30-39 ans, ainsi que parmi les encadrants (43 %). En revanche, la durée moyenne des arrêts est en léger recul, puisque les périodes inférieures à une semaine montent à 29 % (versus 23 % en 2019), alors que celles d’une semaine à trois mois reculent à 28 % contre 34 %. Tout cela a évidemment un impact sur l’organisation de l’entreprise et sur le moral de ceux qui restent.

Au total, compte tenu des inconvénients relatifs aux remplacements éventuels rendus nécessaires, le coût des arrêts de travail représenterait 18 % de la masse salariale, cela alors que 61 % des DRH interrogés émettent des doutes sur la justification d’au moins certains arrêts.

« Le bilan que dresse cette étude est riche d’enseignements qui sont à la fois inquiétants et positifs. Si la santé mentale occupe la première place des causes d’arrêt, il y a fort à parier qu’il s’agit d’un impact durable des années de pandémie. La hausse de l’absentéisme chez les encadrants et les jeunes montre une plus grande exigence sur les conditions de travail et traduit peut-être un changement du rapport au travail des Français dans un contexte de marché du travail plus favorable, et va dans le sens de la préconisation du CESE qui propose d’inscrire l’écoute des salariés parmi les principes généraux de prévention du code du travail dans son avis du 25 avril dernier. Par ailleurs, alors que le nombre de jours de télétravail fait débat, l’étude apporte un éclairage intéressant quant à l’impact du télétravail sur l’absentéisme », commente Christian Mainguy, consultant senior global de Workplace Options.

Méthodologie : l’enquête a été réalisée par BVA People Consulting pour Workplace Options par Internet du 5 au 16 mai 2023 auprès de 1.500 salariés d’entreprises de plus de 50 salariés et auprès d’un échantillon représentatif de 303 DRH.

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